
politique monétaire et ce d’autant
plus, que la Banque Centrale
américaine continue à suivre avec
attention l’évolution des risques liés à
la volatilité des marchés financiers qui
pourraient se traduire par une
détérioration des conditions
financières et par un ralentissement
de la croissance mondiale. Bien que
les récentes évolutions des marchés
semble réduire la probabilité d’une
nouvelle intervention, 2016 sera de
toute façon une année importante. Les
marchés pourront estimer si la
réactivité de la Fed, qui a
radicalement changé depuis la crise,
peut tendre à se normaliser
progressivement. Si une stabilisation
des taux d'intérêt américains vers des
niveaux plus neutres devrait encore se
faire attendre, les marchés pourraient
l’interpréter comme un signal négatif
pour l'économie réelle des pays
développés et pour les marchés
financiers en général, dans la mesure
où cela serait l’annonce que le retour
à la normalité sera plus long que
prévu. Dans le panorama mondial , les
pays émergeants restent l’un des
maillon faible, bien que dans des
proportions différentes. Il est probable
qu’une hausse des taux de la Fed
pénalise en priorité les économies des
pays qui présentent les déséquilibres
budgétaires importants et sont donc
tributaires des flux financiers
internationaux.
LES INTERVENTIONS DE M.DRAGHI
La BCE a annoncé le 3 décembre un
nouvel assouplissement monétaire,
dont l’objectif est d'encourager une
reprise de l'inflation, qui, semble être
pour l’instant plus lente que prévu.
Le paquet de mesures présenté par la
BCE comprend :
- une baisse de 10 points de
base des taux d'intérêts sur les dépôts
pour les porter à -0,3%;
- la reconduction pour six mois
du programme de rachat d'obligations,
qui durera donc au moins jusqu'à
mars 2017 et, puisque les achats
mensuels sont maintenus à 60
milliards d'Euros, un QE2 qui atteint le
montant de 360 milliards d’euros;
- le réinvestissement des titres
arrivant à échéance pour ne pas
ralentir la croissance du bilan de la
BCE;
- l'inclusion des dettes
régionales dans le programme de
rachat d'obligations.
Si l’on considère que le taux de dépôt
est devenu la principale référence de
la politique monétaire de la BCE, que
ce taux se trouve de surcroit très en-
dessous de zéro alors et que les
courbes de rendement sont très basse
voire négatives, on constate que le
rôle que joue le taux de change est
devenu prépondérant pour déterminer
les conditions financières de la zone
Euro. Ceci explique l'attention
particulière que porte l’institut dirigé
par Mario Draghi au taux de change
EUR/USD. Pendant la plus grande
partie de l’année 2015, la BCE a
considéré comme satisfaisant un taux
de change compris entre 1,10 et 1,15.
Cependant, après l'été, l'intensification
de la crise des marchés émergents et
l'effondrement des prix du pétrole ont
contribué à ramener les objectifs de la
BCE vers un EUR/USD compris entre
1,05 et 1,10. A ce niveau, le taux de
change devrait continuer à soutenir la
croissance de la zone Euro, sans
entraver la phase de normalisation
des taux d'intérêt de la Fed. Un nouvel
assouplissement monétaire en 2016
est dès lors très probable, d’autant
que l’on peut s’attendre à ce que
l'inflation reste stable et loin de la
cible des 2% et ce au moins jusqu'en
2017 et probablement au-delà. L’Euro
devrait continuer à se renforcer
progressivement. L’effondrement des
prix du pétrole en début d’année a
encore attisé les risques d’une baisse
de l'inflation et renforce la probabilité
d'une nouvelle intervention monétaire,
ceci probablement dès la réunion de
la BCE du 10 mars. La BCE pourrait
également profiter de cette occasion
pour annoncer une nouvelle
prolongation de son programme de
rachat de titres (QE3) combinée à une
nouvelle baisse du taux de dépôt, tout
en tentant de limiter d’éventuelles
répercussions négatives sur la
profitabilité, déjà fortement entamée,
des banques de la zone Euro. Cette
troisième phase de Quantitative
Easing pourrait en outre nécessiter de
rehausser la limite de concentration
(actuellement la BCE peut acheter
jusqu'à 33% de chaque émission sans
CACs - clauses d'action collective) et /
ou de rendre éligibles au programme
des titres moins liquides que la dette
publique, comme par exemple des
obligations de sociétés privées.