INTRODUCTION
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la manière
dont nous pensons (le processus de pensée). Quand on
nous dit, par exemple, que le consommateur ne pense pas en mots,
nous devons assimiler une notion peu familière du processus de
pensée et changer notre manière de communiquer avec la clientèle.
« Les managers peuvent dépenser des sommes faramineuses pour
régler un problème avant d’envisager l’idée même qu’ils pourraient
changer leur façon de l’aborder », note Vincent Barabba, cadre de
direction à General Motors. Abolir un paradigme, c’est renoncer aux
multiples hypothèses, attentes et règles de décision formelles et infor-
melles qui gouvernent nos pensées et nos actions
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. Malheureuse-
ment, l’expression
changement de paradigme
est aujourd’hui tellement
galvaudée que lorsqu’on s’en targue, on pense plus à une mode qu’à
un changement fondamental des schémas de pensée.
Autre problème : le rejet hâtif des idées. Les praticiens du marke-
ting écartent trop souvent des idées pertinentes sans leur accorder
l’attention qu’elles méritent. Cette intolérance trouve ses origines
dans un mépris malsain et à peine voilé pour l’apprentissage. Dans
une allocution adressée à des dirigeants de l’industrie agroalimentaire
à l’occasion d’une assemblée qui s’est tenue à la Harvard Business
School, Peter Brabeck-Lemathe, vice-président du conseil d’admi-
nistration et directeur général de Nestlé (entreprise qui s’est
intéressée de près au fonctionnement du cerveau et qui accorde une
large place à l’apprentissage), a fait remarquer que les professionnels
du marketing « placent le sens commun personnel au-dessus de tout
ce que les connaissances scientifiques et les sciences humaines
peuvent nous apporter ». Le directeur général d’une société interna-
tionale de biens de consommation va même plus loin : « Certains
professionnels du marketing pensent qu’il leur suffit de lire les maga-
zines économiques populaires pour être au courant de tout, dit-il. Ils
méprisent tout le reste. Dans toute autre profession, les gens qui affi-
cheraient de telles attitudes ne feraient pas long feu. » Ce jugement
peut paraître dur, mais nous pouvons tous y reconnaître certains de
nos collègues qui affichent ce genre d’ignorance dédaigneuse.
Cela dit, il n’est pas forcément mauvais de résister aux nouvelles
idées, pourvu que nous ne le fassions pas uniquement parce qu’elles
perturbent la sphère rassurante de nos habitudes cognitives et affec-
tives.
Nous devons suspendre notre jugement sur les idées nouvelles
pour
nous demander d’abord : « Cette idée pourrait-elle avoir une