Démonstration. Notons Φl’ensemble des idéaux non nuls de A ne vérifiant pas la propriété énoncée et supposons
que Φ6=∅.
Comme Aest nœthérien, Φpossède un élément maximal. Notons-le a. Alors an’est pas un idéal premier donc il
existe x et y n’appartenant pas à atels que xy ∈a. On en déduit, par maximalité, que a+Ax 6∈ Φet donc on peut
écrire a+Ax ⊃p1...pm. De même on a a+Ay ⊃q1...qn.
On en déduit que a⊃(a+Ax) (a+Ay)⊃p1...pmq1...qn, ce qui contredit le fait que a∈Φ.
Lemme 2.1.2 Soit A un anneau nœthérien. Alors tout idéal de A contient un produit d’idéaux premiers.
Démonstration. Comme précédemment.
Définition 2.1.2 Soit Aun anneau intègre. Soit Kson corps des fractions. On dit que Aest intégralement clos
si les seuls éléments de Kqui sont entiers sur A(ie qui sont racines d’un polynôme unitaire à coefficients dans A)
sont les éléments de A.
Définition 2.1.3 (Anneau de Dedekind) Un anneau Aest dit de Dedekind s’il est nœthérien, intégralement
clos et si tout idéal premier non nul de Aest maximal.
Par exemple, tout anneau principal est un anneau de Dedekind.
Définition 2.1.4 (Idéal fractionnaire) Soit Aun anneau intègre. On note Kson corps des fractions. On
appelle idéal fractionnaire ade Atout A-module inclus dans Ktel qu’il existe d∈Avérifiant a⊂d−1A. Les idéaux
de Asont des idéaux fractionnaires de A(en effet, on peut choisir d= 1). On les appelle parfois des idéaux entiers.
Lemme 2.1.3 Soit Aun anneau de Dedekind. Soit pun idéal premier non nul de A, alors il existe un unique
idéal fractionnaire de A,p0tel que pp0=A.
Remarque 2.1.1 p0est noté p−1
Démonstration. Posons p0={x∈K/xp⊂A}. C’est un idéal fractionnaire de A(en effet, tout élément xnon nul
de pvérifie xp0⊂A).
Montrons tout d’abord que p06=A. En effet, soit x6= 0 appartenant à p. D’après le lemme 2.1.1, on peut écrire
Ax ⊃p1...pn. On peut choisir nminimal. On a alors p⊃Ax ⊃p1...pnet donc il existe jtel que p⊃pj. Par
maximalité, on obtient p=pj. On peut supposer j= 1. Posons maintenant b=p2...pnde sorte que l’on a Ax ⊃pb
et Ax 6⊃ b(par minimalité de n). Considérons donc y∈b−Ax. On a alors yx−16∈ Aet py⊂pb ⊂Ax et donc, par
définition de p0,yx−1∈p0. On en déduit finalement que p06=A.
On vérifie que pp0⊂A. D’autre part, A⊂p0et donc p⊂pp0puis par maximalité pp0=pou pp0=A.
Supposons que pp0=p. Soit x∈p0, alors pour tout n, on a xnp⊂p. On en déduit que A[x]est un idéal fractionnaire.
En effet, tout élément dnon nul de pvérifie alors A[x]⊂d−1A. Mais d−1Aest un A-module de type fini donc A[x]
est un A-module de type fini (car Aest nœtherien), ce qui prouve que xest entier sur Apuis est un élément de A
(car Aest intégralement clos). On en déduit que p0=A, ce qui est faux.
Finalement, on a bien pp0=A.
Théorème 2.1.4 Soit Aun anneau de Dedekind, alors tout idéal fractionnaire non nul ade As’écrit, de façon
unique, comme produit d’idéaux premiers de A. C’est-à-dire:
a=Y
ppremier
pnp(a)(où les np(a)sont des entiers relatifs presque tous nuls)
Démonstration. Remarquons tout d’abord que, via l’égalité a= (da) (Ad)−1, on peut supposer que aest un idéal
entier (ie un idéal de A).
Notons Φl’ensemble des idéaux entiers de Aqui ne s’écrivent pas comme produit d’idéaux premiers et supposons
que Φ6=∅. Alors, comme Aest nœthérien, Φadmet un élément maximal a. On a bien entendu a6=Adonc d’après
le théorème de Krull, il existe pun idéal premier de Atel que a⊂p. On a alors ap−1⊂pp−1=Aet a⊂ap−1(car
A⊂p−1car p⊂A). On montre comme dans la preuve précédente que l’on ne peut pas avoir a=ap−1et donc on
obtient ap−16∈ Φde sorte que l’on peut écrire ap−1=p1...pnpuis a=pp1...pn, ce qui est absurde. On en déduit
que Φ = ∅, ce qui prouve l’existence de la décomposition.
Pour montrer l’unicité, il suffit de voir que Y
ppremier
pnp=A!implique np= 0 pour tout p. Supposons que ce n’est
pas le cas. Alors regroupant les puissances positives et les puissances négatives, on obtient l’égalité pα1
1...pαm
m=
qβ1
1...qβn
noù tous les exposants ainsi que met nsont strictement positifs et tous les idéaux premiers qui apparaissent
sont distincts. Mais alors on a p1⊃qβ1
1...qβn
net donc il existe un entier jtel que p1⊃qjet puis par maximalité
p1=qj, ce qui est supposé faux.
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