Exposé de maîtrise 1999-2000
Zest simplement connexe
(Sujet proposé par Yves Laszlo)
par
Erwan Biland
et
Xavier Caruso
La théorie de la ramification présente deux aspects, l’un algébrique et
l’autre topologique. Dans la théorie topologique, on montre qu’une sur-
face Sest simplement connexe si et seulement si tout revêtement non
trivial de Sse ramifie en au moins un point. Dans la théorie algébrique,
on montre que tout corps de nombres distinct de Qse ramifie en au moins
un idéal premier. On relie les deux théories en étudiant les surfaces de
Riemann et leurs corps de fonctions méromorphes. L’énoncé ń Zest
simplement connexe ż provient de cette analogie.
Contents
I La ramification 3
1 Ramification et revêtement des surfaces 3
1.1 Surfaces topologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Surfaces de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2 Ramification et extensions de corps 4
2.1 Les anneaux de Dedekind . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.2 Ramification pour les anneaux principaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
II Surfaces de Riemann et corps de fonctions méromorphes 9
3 Revêtements ramifiés et extensions étales 9
3.1 Le foncteur M................................................ 9
3.2 Une équivalence de catégories . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
4 Lien avec la ramification 10
III Zest simplement connexe 12
5 Préliminaires 12
5.1 Réseaux sur un espace euclidien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
5.2 Discriminant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
5.3 Norme d’un idéal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
6 Démonstration 16
6.1 Discriminant et ramification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
6.2 L’espace de Minkowski . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
7 Compléments 18
7.1 Un résultat de finitude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
7.2 Le théorème des unités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
8 L’exemple de Q[d]20
8.1 Cas où dn’est pas congru à 1modulo 4.................................. 21
8.2 Cas où dest congru à 1modulo 4...................................... 21
8.3 Extension au cas général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2
Part I
La ramification
1 Ramification et revêtement des surfaces
Dans cette partie, on va définir deux théories de la ramification ; l’une est topologique et porte sur les revêtements
de surfaces, l’autre est algébrique et concerne les extensions de corps.
1.1 Surfaces topologiques
Définition 1.1.1 On appelle surface topologique une variété topologique complexe de dimension 1.
Définition 1.1.2 Soient Bet Xdes surfaces topologiques ; on appelle revêtement étale fini de Bpar Xune
application π:XBtelle que, pour tout bB, il existe un voisinage ouvert Vde bet des ouverts (Ui)1in
en nombre fini, disjoints deux à deux, tels que :
π1(V) =
n
G
i=1
Ui
pour tout i,1in,πinduit un homéomorphisme de Uisur V.
Définition 1.1.3 Avec les notations précédentes, l’application b7→ nest localement constante. Donc si Best
connexe, nne dépend pas du point bchoisi. On l’appelle le degré du revêtement.
On appelle Dle disque unité ouvert de Cet D?=D− {0}. On appelle carte centrée de Xen x, une carte
définie sur un voisinage de xà valeur dans Dqui envoie xen 0.
Définition 1.1.4 Soient Bet Xdes surfaces topologiques ; on appelle revêtement ramifié fini de Bpar Xune
application π:XBtelle que, pour tout bB, il existe un voisinage ouvert Vde bet des ouverts (Ui)1in
en nombre fini, disjoints deux à deux, tels que :
π1(V) =
n
G
i=1
Ui
pour tout i,1in, il existe xiUitel que π(xi) = bet des cartes complexes, UiDet VD, centrées
respectivement en xiet en btelles que l’application πs’écrive dans ces cartes z7→ zdiavec diN?.
Définition 1.1.5 L’entier didéfini précédemment ne dépend que de xi. On l’appelle l’indice de ramification de π
en xi.
Définition 1.1.6 On dit que πse ramifie en bBs’il existe un point xau dessus de bd’indice de ramification
strictement supérieur à 1. L’ensemble des points où πse ramifie est appelé l’ensemble de ramification de π. C’est
une partie fermée discrète de B.
Définition 1.1.7 L’application b7→ Pdiest localement constante. Donc si on suppose que Best connexe, on
définit de même que précédemment le degré d’un revêtement ramifié fini.
La notion de revêtement ramifié fini découle naturellement de la notion de revêtement étale fini comme le montre
le théorème suivant:
Théorème 1.1.1 Soit Bune surface topologique, une partie fermée discrète dans Bet π:XBun
revêtement étale fini. Alors il existe une surface topologique e
XXet un revêtement ramifié fini eπ:e
XB
prolongeant π. De plus e
XXest une partie fermée discrète de e
X.
3
Démonstration. Faisons-le tout d’abord dans le cas où B=Det ∆ = {0}. Quitte à raisonner séparément sur
chaque composante connexe, on peut supposer que Xest connexe. On prend π:XD− {0}un revêtement fini
de degré det fl’application de D?dans lui même qui à zassocie zd. Soient b0D?,x0un point au-dessus de b0et
x0D?, tel que f(x0) = b0. L’application π?:π1(X, x0)π1(D?, b0)est injective. En identifiant π1(D?, b0)àZ,
l’image de π?est dZ. En effet, si [α]désigne un générateur de π1(D?, b0),[α]agit sur la fibre au-dessus de b0par un
cycle d’ordre d. De même f?:π1(D?, x0)π1(D?, b0)a pour image dZ. Prenons alors uun lacet de Xd’origine
x0. On considère v=πuqui est un lacet dans D?d’origine b0. On peut le relever en un chemin ud’origine x0
dans D?. Les propriétés de π?et de f?prouvent alors que uest un lacet.
On peut ainsi définir une application ψde la façon suivante. Soit xX. Considérons uun chemin reliant x0àx.
On considère v=πuet ule relèvement de vd’origine x0. En posant ψ(x) = u(1), on vient de voir que ψ(x)
ne dépend pas du choix du chemin u. L’application ψainsi définie est continue grâce à la continuité du relèvement.
Comme on peut faire la même opération dans l’autre sens, on en déduit que ψest un homéomorphisme. On a ainsi
le diagramme commutatif suivant:
Xψ//
π
;
;
;
;
;D?
z7→ zd
D?
On pose alors e
X=Xt{ex}et on prolonge la topologie de sorte que e
ψprolongée en expar 0reste un homéomorphisme.
On prolonge également πen eπen posant eπ(ex) = 0.eπest alors un revêtement ramifié fini de degré dde D.
Pour le cas général, on considère (Vb)bdes ouverts disjoints de Btels que bVb. On choisit des cartes centrées
en b,ψb:VbDet on se ramène ainsi au cas précédent.
1.2 Surfaces de Riemann
Définition 1.2.1 On appelle surface de Riemann une variété analytique complexe de dimension 1.
On dispose du théorème très important :
Théorème 1.2.1 Soient Bune surface de Riemann, Xune surface topologiques et π:XBun revêtement
ramifié fini. Alors il existe une unique structure de surface de Riemann sur Xtelle que πsoit holomorphe.
Démonstration. Soit l’ensemble de ramification de π. On se place tout d’abord dans le cas B=D,∆ = {0}et X
connexe. On note dle degré de pi :XD. On retrouve la situation du théorème 1.1.1 pour π:Xπ1(0) D?.
On construit alors une carte ψ:XDcomme précédemment. ψdéfinit une structure analytique sur X. On
remarque que ψainsi définie est unique modulo les rotations d’angle 2kπ
d.
On se ramène au cas général comme précédemment en découpant Ben domaines de cartes centrées sur lesquels π
ne se ramifie qu’au centre. On dispose alors d’un atlas sur Xet la remarque que l’on vient de faire montre que les
changements de cartes sont analytiques.
Si on choisit deux structures holomorphes σet σ0sur X, alors on vérifie que l’application identité de (X, σ)dans
(X, σ0)est holomorphe et donc les deux structures sont équivalentes.
2 Ramification et extensions de corps
2.1 Les anneaux de Dedekind
Définition 2.1.1 (Anneau nœthérien) On dit qu’un anneau Aest nœthérien s’il satisfait à l’une des trois
conditions équivalentes suivantes:
i) Tout idéal de Aest engendré par un nombre fini d’éléments (ie tout idéal de Aest un A-module de type fini).
ii) Toute suite croissante d’idéaux de Aest stationnaire.
iii) Toute famille non vide d’idéaux de Aadmet un élément maximal.
Lemme 2.1.1 Soit A un anneau nœthérien intègre. Alors tout idéal non nul de A contient un produit d’idéaux
premiers non nuls.
4
Démonstration. Notons Φl’ensemble des idéaux non nuls de A ne vérifiant pas la propriété énoncée et supposons
que Φ6=.
Comme Aest nœthérien, Φpossède un élément maximal. Notons-le a. Alors an’est pas un idéal premier donc il
existe x et y n’appartenant pas à atels que xy a. On en déduit, par maximalité, que a+Ax 6∈ Φet donc on peut
écrire a+Ax p1...pm. De même on a a+Ay q1...qn.
On en déduit que a(a+Ax) (a+Ay)p1...pmq1...qn, ce qui contredit le fait que aΦ.
Lemme 2.1.2 Soit A un anneau nœthérien. Alors tout idéal de A contient un produit d’idéaux premiers.
Démonstration. Comme précédemment.
Définition 2.1.2 Soit Aun anneau intègre. Soit Kson corps des fractions. On dit que Aest intégralement clos
si les seuls éléments de Kqui sont entiers sur A(ie qui sont racines d’un polynôme unitaire à coefficients dans A)
sont les éléments de A.
Définition 2.1.3 (Anneau de Dedekind) Un anneau Aest dit de Dedekind s’il est nœthérien, intégralement
clos et si tout idéal premier non nul de Aest maximal.
Par exemple, tout anneau principal est un anneau de Dedekind.
Définition 2.1.4 (Idéal fractionnaire) Soit Aun anneau intègre. On note Kson corps des fractions. On
appelle idéal fractionnaire ade Atout A-module inclus dans Ktel qu’il existe dAvérifiant ad1A. Les idéaux
de Asont des idéaux fractionnaires de A(en effet, on peut choisir d= 1). On les appelle parfois des idéaux entiers.
Lemme 2.1.3 Soit Aun anneau de Dedekind. Soit pun idéal premier non nul de A, alors il existe un unique
idéal fractionnaire de A,p0tel que pp0=A.
Remarque 2.1.1 p0est noté p1
Démonstration. Posons p0={xK/xpA}. C’est un idéal fractionnaire de A(en effet, tout élément xnon nul
de pvérifie xp0A).
Montrons tout d’abord que p06=A. En effet, soit x6= 0 appartenant à p. D’après le lemme 2.1.1, on peut écrire
Ax p1...pn. On peut choisir nminimal. On a alors pAx p1...pnet donc il existe jtel que ppj. Par
maximalité, on obtient p=pj. On peut supposer j= 1. Posons maintenant b=p2...pnde sorte que l’on a Ax pb
et Ax 6⊃ b(par minimalité de n). Considérons donc ybAx. On a alors yx16∈ Aet pypb Ax et donc, par
définition de p0,yx1p0. On en déduit finalement que p06=A.
On vérifie que pp0A. D’autre part, Ap0et donc ppp0puis par maximalité pp0=pou pp0=A.
Supposons que pp0=p. Soit xp0, alors pour tout n, on a xnpp. On en déduit que A[x]est un idéal fractionnaire.
En effet, tout élément dnon nul de pvérifie alors A[x]d1A. Mais d1Aest un A-module de type fini donc A[x]
est un A-module de type fini (car Aest nœtherien), ce qui prouve que xest entier sur Apuis est un élément de A
(car Aest intégralement clos). On en déduit que p0=A, ce qui est faux.
Finalement, on a bien pp0=A.
Théorème 2.1.4 Soit Aun anneau de Dedekind, alors tout idéal fractionnaire non nul ade As’écrit, de façon
unique, comme produit d’idéaux premiers de A. C’est-à-dire:
a=Y
ppremier
pnp(a)(où les np(a)sont des entiers relatifs presque tous nuls)
Démonstration. Remarquons tout d’abord que, via l’égalité a= (da) (Ad)1, on peut supposer que aest un idéal
entier (ie un idéal de A).
Notons Φl’ensemble des idéaux entiers de Aqui ne s’écrivent pas comme produit d’idéaux premiers et supposons
que Φ6=. Alors, comme Aest nœthérien, Φadmet un élément maximal a. On a bien entendu a6=Adonc d’après
le théorème de Krull, il existe pun idéal premier de Atel que ap. On a alors ap1pp1=Aet aap1(car
Ap1car pA). On montre comme dans la preuve précédente que l’on ne peut pas avoir a=ap1et donc on
obtient ap16∈ Φde sorte que l’on peut écrire ap1=p1...pnpuis a=pp1...pn, ce qui est absurde. On en déduit
que Φ = , ce qui prouve l’existence de la décomposition.
Pour montrer l’unicité, il suffit de voir que Y
ppremier
pnp=A!implique np= 0 pour tout p. Supposons que ce n’est
pas le cas. Alors regroupant les puissances positives et les puissances négatives, on obtient l’égalité pα1
1...pαm
m=
qβ1
1...qβn
noù tous les exposants ainsi que met nsont strictement positifs et tous les idéaux premiers qui apparaissent
sont distincts. Mais alors on a p1qβ1
1...qβn
net donc il existe un entier jtel que p1qjet puis par maximalité
p1=qj, ce qui est supposé faux.
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