Le Journal de la Société canadienne de rhumatologie / 15
l’exercice d’une spécialité médicale est fondé là-dessus!
Trop souvent, les rapports de consultation sont identiques
aux notes de consultation dans les dossiers des hôpitaux
universitaires. Il existe une bonne blague à ce sujet (que
connaissent la plupart des médecins orienteurs). Souvent, le
spécialiste effectue un examen physique très attentif, mais il
utilise un jargon rhumatologique pour le décrire; il donne
son opinion professionnelle, mais sans préciser la démarche
diagnostique ni les motifs de ses recommandations. Le rhu-
matologue doit préciser s’il va effectuer personnellement le
suivi ou si le médecin orienteur doit s’en occuper. Dans la
première éventualité, le rhumatologue se doit d’expliquer
clairement au patient et au médecin traitant que ce suivi se
fera en partenariat, cela signifie que le rhumatologue devra
signaler toutes les consultations subséquentes au médecin
orienteur et non pas expédier un rapport occasionnel. La
gestion d’un cabinet de consultation peut se faire de diver-
ses manières, mais je crois que les stagiaires ne les connais-
sent pas.
Parlons maintenant de la communication entre patient et
rhumatologue, qui va bien au-delà de l’entretien au sujet du
diagnostic et du traitement. Les patients ont besoin de
savoir quel sera le rôle du rhumatologue dans leur prise en
charge. Lors de la première visite, il peut être très utile de
remettre au patient une fiche d’information qui répondra
d’emblée à bien des questions.
Un autre aspect ignoré dans la formation des stagiaires
est la rédaction des rapports médico-légaux. Peu importe
que vous refusiez de faire des examens médicaux indépen-
dants, vous serez un jour ou l’autre obligé d’acquiescer à la
demande d’un avocat si l’un de vos patients est blessé dans
un accident ou si l’on sollicite votre opinion médicale dans
une situation litigieuse. Il importe donc de montrer aux sta-
giaires à rédiger de tels rapports. Les principes de base sont
assez simples à enseigner.
Avez-vous déjà commis des erreurs de gestion médicale
lourdes de conséquences et qui vous ont fait regretter cette
lacune dans votre formation?
On doit enseigner aux stagiaires à facturer leurs honoraires
professionnels comme il se doit. Dans chaque province, le
gouvernement a établi sa grille de tarifs pour les honoraires
médicaux, et il est important de savoir l’appliquer efficace-
ment et conformément à l’éthique. Un médecin risque de se
priver de revenus ou, pire encore, de commettre une erreur de
facturation qui l’obligera à se défendre devant les agences de
réglementation et le Collège des médecins. Pour des rhumato-
logues débutants, je crois qu’une clinique qui regroupe deux
ou trois rhumatologues cliniciens peut être rentable.
J’aurais dû lire The Wealthy Barber avant de commencer
à travailler. Cela m’aurait aidé à mettre sur pied un pro-
gramme d’épargne régulière et structurée, tout en conti-
nuant à rembourser mes dettes d’études et mon hypothè-
que. On ne doit jamais négliger l’importance des vaccins
contre les maladies infantiles ni celle des intérêts composés!
J’aurais dû consulter un conseiller financier dès le début
de ma pratique. Les médecins oublient souvent que leurs
compétences sont dans l’exercice de la médecine, et ils ont
la triste (mais méritée!) réputation d’être les pires investis-
seurs. Sur le marché boursier, même les avocats disent qu’il
faut vendre lorsque les médecins achètent!
Qui vous a donné des conseils pour le démarrage de votre
pratique?
Personne, mais, comme je vous l’ai déjà dit, j’ai évité le
pire en commençant à exercer dans une grande clinique
qui s’était dotée d’une structure administrative et d’un ser-
vice de comptabilité.
Les médecins ont accès à de nombreuses ressources,
notamment au programme « Solution pratiques en gestion
médicale ». Tous les programmes de formation devraient se
prévaloir de ses conférenciers et de ses documents de
référence. Ces ressources n’ont peut-être pas toutes les
réponses, mais elles peuvent aider à les trouver.
Carter Thorne, M.D.
Maître de conférences, Université de Toronto
Quelle formation devraient recevoir les rhumatologues pour
gérer leur pratique médicale indépendante?
Les rhumatologues qui ont l’intention d’exercer dans la col-
lectivité doivent d’abord déterminer s’ils préfèrent la pra-
tique individuelle de la médecine, la pratique avec un autre
rhumatologue ou la pratique de groupe avec divers spécia-
listes. Ce choix permet parfois d’éviter certaines décisions
d’affaires et certains coûts; cette démarche doit néanmoins
être faite par tous les médecins qui commencent à exercer.
Les médecins stagiaires devraient être renseignés sur les
avantages et les inconvénients de chaque type de pratique.
Il serait également préférable de ne pas limiter cette forma-
tion à un cours théorique, mais de permettre aussi aux sta-
giaires d’aller sur le terrain, par exemple au cabinet de leur
mentor. Parmi les points à aborder, en voici quelques-uns :
• Local : loué ou acheté en copropriété?
• Secrétaire : embauche, rémunération, description de ses
tâches
• Système informatique et facturation