ties proximales des membres, associés à des contractures
musculaires et tendineuses précoces, puis à des troubles
conductifs cardiaques chez l’adulte. Des mutations hété-
rozygotes du gène LMNA ont ensuite été découvertes dans
deux autres maladies : une forme de cardiomyopathie
dilatée (dilated cardiomyopathy and conduction-system
disease [DCM-CD]) et une forme de dystrophie muscu-
laire des ceintures (limb-girdle muscular dystrophy, type
1B [LGMD]). Ces trois pathologies, EDMD, DCM-CD
et LGMD, ont en commun des troubles conductifs car-
diaques de sévérité variable, exposant parfois au risque de
mort subite et pouvant nécessiter la pose d’un pacemaker
ou d’un défibrillateur implantable. Ces phénotypes mus-
culaires et/ou cardiaques peuvent être de sévérité très
variable, allant de formes asymptomatiques à des formes
gravissimes de dystrophies musculaires congénitales. Les
mutations, très diverses, peuvent affecter chacun des
domaines protéiques des lamines A/C.
Le même gène LMNA a ensuite été impliqué dans la lipo-
dystrophie partielle familiale de Dunnigan (FPLD, appelée
aussi FPLD de type 2), de transmission autosomique domi-
nante (2). Les mutations, le plus souvent faux-sens, affec-
tent dans plus de trois quarts des cas le codon 482 dans
l’exon 8 du gène, qui code pour la partie globulaire C-ter-
minale de la protéine, impliquée dans la liaison à l’ADN et
à certains facteurs de transcription dont SREBP-1, qui
intervient dans la différenciation adipocytaire. Survenant
de manière encore inexpliquée à la puberté, la FPLD est
caractérisée par une disparition du tissu adipeux sous-
cutané au niveau du tronc et des membres, associée à une
accumulation de tissu adipeux dans
la région intra-abdominale périvis-
cérale et cervicofaciale (donnant
parfois un aspect pseudo-cushin-
goïde au patient), et à une hyper-
trophie musculaire, en particulier
des mollets (figure). Les anoma-
lies biologiques sont marquées par
une insulinorésistance souvent
sévère, pouvant se traduire clini-
quement par un acanthosis nigri-
cans, c’est-à-dire par un aspect de
peau épaissie et brunâtre aux plis
de flexion, en particulier axillaires.
L’insulinorésistance se complique
progressivement de troubles de la
tolérance au glucose puis de dia-
bète, souvent difficile à contrôler.
La dyslipidémie est fréquente et
précoce, associant une hypertrigly-
céridémie souvent majeure et une
baisse du HDL-cholestérol. Enfin,
sont fréquemment retrouvés une
stéatose hépatique, une hyperten-
sion artérielle et un syndrome des
ovaires polykystiques avec hyper-
androgénie chez la femme. La sévérité des troubles semble
être dépendante du sexe, les femmes présentant une lipo-
dystrophie et des anomalies métaboliques plus sévères (3).
Les complications dégénératives du diabète, la pancréatite
aiguë secondaire aux poussées d’hypertriglycéridémie, la
cirrhose hépatique et les complications cardiovasculaires
(secondaires à une athérosclérose précoce) sont les princi-
pales causes de morbimortalité dans la FPLD (4).
Une forme de neuropathie axonale (Charcot-Marie-Tooth
disorder, type 2 [CMT2]) a été ensuite montrée comme
associée à la mutation homozygote R298C du gène
LMNA, dans le domaine central de dimérisation (5). Cette
maladie s’exprime dès l’enfance, associant fatigabilité
musculaire bilatérale et symétrique, atrophie musculaire
distale des quatre membres, aréflexie et raréfaction des
fibres axonales myélinisées périphériques en histologie.
De façon inattendue, le gène LMNA a été impliqué en
2002 dans deux syndromes de vieillissement accéléré : la
dysplasie acromandibulaire et la progéria, syndrome de
Hutchinson-Gilford. Cette dernière, extrêmement rare
(moins d’un cas pour un million de naissances), se déve-
loppe progressivement après la naissance, dès l’âge de
6 mois, et associe retard de croissance, lipoatrophie géné-
ralisée, faciès typique (avec micrognathie, exophtalmie et
nez crochu [bird-like facies], atteinte sclérodermiforme de
la peau, ostéolyse claviculaire et phalangienne, et signes
évoquant un vieillissement précoce (alopécie, ostéoporose,
atteinte dégénérative des cartilages, athérosclérose, calci-
fications artérielles, etc.). Le décès est précoce, en
moyenne vers l’âge de 14 ans, du fait de l’atteinte cardio-
vasculaire. La mutation la plus fréquemment retrouvée est
hétérozygote ; elle apparaît de novo et concerne spécifi-
quement la région C-terminale de la seule isoforme A de
la lamine. Par activation d’un site cryptique d’épissage,
cette mutation entraîne la production d’une forme tronquée
de la lamine A, appelée “progérine”, incapable de subir la
maturation protéolytique normale de la protéine (6, 7). Des
signes cliniques très similaires, mais moins sévères et plus
tardifs, caractérisent la dysplasie acromandibulaire, dans
laquelle on retrouve aussi une lipodystrophie partielle, une
insulinorésistance, une hypertriglycéridémie et une baisse
du HDL-cholestérol. Ce syndrome est dû soit à des muta-
tions LMNA homozygotes touchant, comme dans la lipo-
dystrophie de Dunnigan, le domaine globulaire C-termi-
nal des lamines A et C, soit à une mutation inactivatrice
homozygote du gène codant l’enzyme ZMPSTE24, métal-
loprotéase impliquée dans la maturation post-traduction-
nelle de la prélamine A en lamine A. Enfin, la dermopathie
restrictive est la laminopathie à la fois la plus grave et la
plus récemment individualisée. Cette pathologie extrême-
ment rare s’exprime par un retard de croissance intra-uté-
rin sévère et une dysplasie majeure de la peau, rigide et
tendue, réalisant une véritable gangue restrictive. Une
hypoplasie pulmonaire entraîne le décès au cours de la
première semaine de vie, chez des enfants qui présentent
aussi les signes osseux caractéristiques de la progéria. Les
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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 2, mars/avril 2006
Mise au point
Mise au point
Figure. Patiente atteinte
de lipodystrophie
de Dunnigan.