Journal Identification = ABC Article Identification = 0897 Date: October 22, 2013 Time: 1:35 pm
Ann Biol Clin, vol. 71, sp´
ecial 1, novembre 2013 9
Diagnostic et prise en charge des infections materno-fœtales
potentiellement contaminants pour l’entourage. L’absence
ou la présence d’excrétion virale pourra être contrôlée par
PCR sur la salive ou sur les urines (le transport de ces
prélèvements doit également être effectuéà-20◦C).
Que ce soit au cours de la grossesse ou à la naissance, aucun
antiviral n’est actif contre le virus de la rubéole. En France,
des gammaglobulines polyvalentes sont disponibles mais
leur efficacité n’a jamais été démontrée.
La prise en charge de l’infection repose sur l’évaluation du
pronostic de l’atteinte fœtale en fonction de la date présu-
mée de l’infection maternelle. En effet, en dehors du terme
de la grossesse auquel survient l’infection, aucun facteur
prédictif de sévérité n’a été établi.
Lorsque l’infection maternelle survient avant la 12eSA, les
risques d’infection et de malformations fœtales sont très
importants ce qui justifie d’accéder, parfois d’emblée, à
une demande d’interruption de grossesse pour raison médi-
cale. Cependant, si un examen échographique détaillé et
une recherche d’ARN viral dans le LA sont réalisés et se
révèlent négatifs, la grossesse pourra être poursuivie.
Lorsque l’infection maternelle survient entre la 12eet la
18eSA, l’aide du diagnostic anténatal est précieuse pour
évaluer l’infection fœtale, mais ne permet pas de prédire
les éventuelles malformations congénitales consécutives à
l’infection. Par ailleurs, en dehors des atteintes cardiaques
et parfois oculaires, ces anomalies sont difficilement acces-
sibles à l’échographie obstétricale. En plus de l’examen
pédiatrique à la naissance, la survenue de troubles de
l’audition sera particulièrement recherchée au cours des
premières années de vie.
Passée la 20eSA, le risque d’infection fœtale demeure élevé
jusqu’à la fin de la grossesse, mais le risque de rubéole
congénitale malformative est quasi nul. La grossesse sera
poursuivie et l’infection congénitale sera tout de même
recherchée à la naissance.
Il est important de rappeler qu’aujourd’hui, en France, la
rubéole ne devrait plus exister puisqu’il existe un vac-
cin vivant atténué, très efficace (souche RA 27/3 combiné
dans le vaccin trivalent rougeole/oreillons) et pratiquement
dénué d’effet secondaire majeur. Il est recommandé à tous
les enfants entre 12 et 24 mois une dose du vaccin tri-
valent contre la rougeole, les oreillons et la rubéole à 12
mois et une seconde dose entre 16 et 18 mois ainsi qu’à
toute femme en âge de procréer séronégative, de préférence
avant toute grossesse ou juste après l’accouchement pour
celles qui auraient été dépistées négatives pendant leur gros-
sesse [4]. Il n’y a pas lieu de revacciner des femmes ayant
rec¸u deux injections de vaccin rubéole ou trivalent, quel
que soit le résultat de la sérologie, si elle a été pratiquée.
S’agissant d’un vaccin vivant atténué, il est déconseillé de
l’administrer durant la grossesse et toute grossesse doit être
évitée dans le mois qui suit la vaccination. Par contre, même
si la souche vaccinale a été détectée dans le lait maternel,
la vaccination juste après l’accouchement ne constitue pas
une contre-indication à l’allaitement.
Cytomégalovirus
On estime que les infections à CMV représentent la
première cause d’infections congénitales dans les pays
développés, et qu’il y aurait chaque année environ1%des
nouveau-nés qui auraient acquis cette infection in utero.Le
CMV est la principale cause de handicaps neurosensoriels
consécutifs à une infection congénitale. Toutefois, parmi
ces enfants environ 80 % ne garderont aucune séquelle de
cette infection
Globalement, en Europe de l’Ouest, 50 % des femmes en
âge de procréer sont immunisées contre le CMV, mais la
prévalence varie en fonction du statut socio-économique, de
l’âge, de la profession, de la parité et de l’origine ethnique.
Les femmes les plus exposées sont les femmes séronéga-
tives travaillant au contact de très jeunes enfants ou ayant
un premier enfant en crèche, car la circulation de ce virus
est extrêmement fréquente au sein des collectivités de très
jeunes enfants [5]. La transmission s’effectue par contacts
étroits d’individu à individu (à partir des urines, des sécré-
tions oro-pharyngées, du lait, des larmes, des sécrétions
génitales...). En France, le rapport de l’Anaes (Agence
nationale d’accréditation et d’évaluation en santé) de 2004
préconise que les femmes enceintes soient informées des
mesures d’hygiène universelles, à respecter pendant leur
grossesse (tableau 1).
Il est couramment admis que le risque d’une transmis-
sion materno-fœtale du CMV résulte majoritairement d’une
primo-infection maternelle péri- ou post-conceptionnelle.
L’incidence de la primo-infection durant la grossesse est
estimée entre 0,5 et 2 %. Environ 30-50 % de ces femmes
transmettront le virus à leur fœtus, mais ce taux de trans-
mission varie en fonction du terme de la grossesse où est
contractée l’infection (environ 30-40 % au 1er,50%au
2eet 70-80 % au 3etrimestre). La transmission au fœtus
s’effectue alors par voie hématogène transplacentaire lors
de la virémie maternelle concomitante à la primo-infection.
Dans une moindre mesure, le fœtus peut s’infecter suite à
une réactivation ou une réinfection maternelle. On estime
que 10 à 30 % des femmes immunisées excréteront du virus
au cours de leur grossesse, et qu’environ 0,2 % des enfants,
nés de mère séropositive pour le CMV avant leur grossesse,
seront infectés à la naissance. La transmission materno-
fœtale du CMV après infection maternelle secondaire est
difficile à estimer dans la mesure où le diagnostic de la réin-
fection ou de la réactivation est très difficile et non réalisé
en pratique.
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