Jean-Pierre GESLIN, professeur à l'Ecole Normale - IUFM du Bourget Marie-Christine et Christian Eyraud, instituteurs et le CM1 de l'école Jean Jaurès à Aubervilliers VOUS PRESENTENT … L'expression des représentations… FAUT-IL Y CROIRE ? Dessin (remanié) : "Le mulot" Les représentations préalables des enfants … FAUT-IL Y CROIRE ? Jean-Pierre GESLIN, professeur 2 Des Dessin : Gotlib Dessin : Samir Jean-Pierre GESLIN, professeur 3 Jean-Pierre GESLIN, professeur 4 Dessin : Ribeiro Jean-Pierre GESLIN, professeur 5 Dessin : Gotlib Dessin : Fabrice Jean-Pierre GESLIN, professeur 6 Dessin : Mouhoubi Jean-Pierre GESLIN, professeur 7 La plante carnivore de Claire (voir texte page précédente) Jean-Pierre GESLIN, professeur 8 Dessin : Kaoutel Jean-Pierre GESLIN, professeur 9 CE QUE NOUS AVONS VU… Séquence menée en commun par Marie-Antoinette, Christian Eyraud et Jean-Pierre Geslin de 9 h à 10 h30 Mardi 2 mai, 9 heures, école Jean Jaurès à Aubervilliers… assistent à la séquence des instituteurs de Condorcet, de Babeuf et de l’école d’accueil… IL NOUS A SEMBLÉ QU’UN DES COLLÈGUES INVITÉS ETAIT ABSENT… Nous nous installons dans une salle attenante à la classe… arrivée des petits monstres du CM1. Mme Eyraud a agrafé sur le tableau l’ensemble des dessins des CM1, chacun a enregistré ses commentaires au magnétophone. Les élèves viennent montrer leurs productions tandis que leur voix enregistrée apporte des précisions. De nombreuses contradictions apparaissent quant à la taille, les organes des sens postulés, l’alimentation, le lieu et le mode de vie des plantes carnivores. « IL FAUDRAIT REGARDER DE VRAIES PLANTES CARNIVORES »… Nous retournons dans la classe : distribution de plantes du genre dionée… les enfants touchent les feuilles et constate, avec des cris d’effroi et de joie, que toutes les feuilles excitées se referment (à une ou 2 exceptions près) en se repliant au niveau de leur ligne médiane. Les questions formulées par les enfants sont notées au tableau puis relues, corrigées et classées. Les grands problèmes issus du retraitement des questions sont reportés sur une grande feuille de papier (qui pourra ensuite être roulée). Nous ajoutons les hypothèses des élèves en regard (voir colonnes 1 et 2 page 19). Feuille de Dionée après réouverture Photo Pierre Gélinaud Jean-Pierre GESLIN, professeur 10 DEUX GROUPES DEBUTENT SPONTANEMENT… UNE EXPERIMENTATION : • des fourmis sont capturées dans la cour et placées dans des feuilles. • Un granulé (aliment pour cobaye) dépasse de 2 lobes repliés. Groupe 1 : Jean-Pierre GESLIN, professeur 11 Groupe 2 : Jean-Pierre GESLIN, professeur 12 Groupe 3 : Jean-Pierre GESLIN, professeur 13 Groupe 4 : Jean-Pierre GESLIN, professeur 14 Etude comparée des mécanismes de la capture puis recherche des réponses aux questions posées par les enfants : Jeudi 24 mai… Jean-Pierre Geslin, chargé d’assumer la séquence, arrive rouge et confus avec ¼ d’heure de retard… en insistant sur le caractère exceptionnel et même rarissime de la situation… les grèves de cheminots et les embouteillages consécutifs… Recherche documentaire : mécanismes de la capture Le document de la page 18 est présenté aux élèves : 1. Deux diapositives de dionée sont projetées : Il faut retrouver la plante dans le document et lire le texte correspondant sur la droite « La dionée : 20 dents une cage ». « Cette plante pousse aux Etats-Unis sur une étroite bande côtière, à l’ouest. La dionée à la grosseur des marguerites des champs. Ses feuilles s’élargissent à la partie terminale en une lame arrondie, divisée exactement au centre par la nervure principale, comme les pages d’un livre ouvert. Sur chaque bord pousse une 20 aine de dents pointues, tandis qu’au centre de chaque moitié de feuille se dressent 3 soies très raides. Quand un insecte se pose sur une feuille et touche l’une de ces 3 soies, les 2 moitiés se ferment violemment, les dents du bord s’imbriquent les unes dans les autres et l’insecte est pris au piège ». … simple révision. 2. Présentation d’une sarracénie (de l’espèce flava) achetée chez un fleuriste, recherche du végétal dans le document puis lecture du texte Urnes de Sarracenia flava correspondant : Cliché Pierre Gélinaud « Les sarracénies » : « Les sarracénies prospèrent en Amérique du Nord, dans les régions marécageuses de la côte orientale. Si un botaniste… se met à cultiver chez lui une petite de sarracénie, les mouches disparaissent : elles sont englouties par les ascidies de la plante, véritable attrape-mouches vivant. La feuille s’est transformée en un tube (qui peut atteindre parfois 30 cm de long), dont la partie extérieure, couverte d’un nectar sucré, attire les insectes. Arrivés au bord du précipice…ceux-ci glissent et ne peuvent plus ressortir : d’innombrables écailles bien raides et dirigées vers le bas les en empêchent ». Jean-Pierre GESLIN, professeur 15 Il existe différentes espèces de sarracénies mais toutes ont des feuilles en cornet renfermant une pis-cine miniature où viennent se noyer les insectes. Les enfants remarquent que la sarracénie introduite dans la classe possède un capuchon bien développé. Ce capuchon n’est pas mobile… à quoi pour-rait-il bien servir ? Deux solutions sont envisagées : • Il empêche que l’eau de pluie ne remplisse la feuille et fasse déborder la piscine. • Si un insecte tente de s ‘échapper de l’urne en volant, il y a de fortes « chances » pour qu’il heurte le couvercle et retombe dans le piège. 3. Trois diapositives de drosera permettent de comprendre le mouvement des tentacules. Le texte du document apporte quelques informations complémentaires. « Le drosera » « Si un insecte tombe sur le bord d’une feuille de drosera, point où le liquide visqueux est rare, les tentacules additionnent leurs efforts pour le pousser au centre de la feuille et se rendre plus à même de le saisir. Si 2 insectes se posent en même temps sur une seule feuille, la plante s’ingénie à les engloutir tous les 2. Les tentacules se répartissent les tâches, et chaque insecte est saisi par la moitié d’entre eux ». 4. Une diapositive d’un pied d’utriculaire est suivie par d’autres centrées sur les petites outres présentes sur les feuilles immergées ; l’une de ces urnes renferme une larve de moustique. Il est demandé de se reporter au texte qui fournit des précisions. « Cette plante aquatique a des feuilles submergées. Celles-ci possèdent de nombreux petits renflements de 3 à 5 mm de long, remplis d’air. Chaque renflement est muni d’une valvule… qui ne s’ouvre que vers l’intérieur… Drosera se repliant sur une mouche. Urnes d’Utricularia dimorphanta Cliché Pierre Gélinaud Jean-Pierre GESLIN, professeur 16 A peine une petite bête aquatique (généralement un petit crustacé) touche t-elle l’un des poils porté par le couvercle que la valvule s’ouvre laissant l’eau pénétrer violemment » à l’intérieur et engloutissant le petit animal. « La pression referme alors la valvule, et la plante… digère ». Les élèves désirent connaître le nom du petit crustacé représenté dans le document diapositive : « C’est une daphnie »… « Ah oui, on en donne aux poissons de la classe »… « Mais alors, elles sont séchées ». 5. Les 3 méthodes de capture : Le texte de la colonne de gauche du document présente des difficultés d’un point de vue vocabulaire (« trébuchet », « sécrétion », « préhensible » et même « déclic »). « Les plantes carnivores ont trois moyens pour capturer leurs proies : * Feuilles se transformant en coupes ou tubes (appelés ascidies) ; elles se comportent vis-à-vis des minuscules bestioles comme des trébuchets ». * Sécrétions de substances visqueuses qui retiennent la proie. * Organes préhensiles, fonctionnant comme par un déclic pour emprisonner les victimes ». « Dans quelle catégorie 1, 2 ou 3 classeras-tu les 4 espèces de plantes carnivores A, B, C et D présentées dans cette page » (voir page suivante). Plantes Carnivores ----Dispositifs de capture Des urnes ou ascidies Sécrétions visqueuses Organes préhensiles avec déclic Trébuchet : nom masculin 1. Piège pour les petits oiseaux. 2. Petite balance de précision pour peser de très faibles quantités. Sécrétion : nom féminin Produit fabriqué par une glande. Préhensile : Qui peut servir à la préhension = à saisir. Déclic : nom masculin Bouton destiné à déclencher un mécanisme (en particulier, celui d'un appareil photo) ; bruit provoqué par ce déclenchement. A Utriculaire B Dionée C Sarracénie D Dionée OUI NON OUI NON NON NON NON OUI OUI OUI NON NON Conclusion : L’utriculaire peut être placée dans les types 1 et 3. Sarracenia psittacina Cliché Pierre Gélinaud Jean-Pierre GESLIN, professeur 17 Document destiné aux élèves : « Les plantes « Cette plante carnivores aquatique a des feuilles ont 3 moyens submergées. pour Celles-ci capturer possèdent de leurs proies : nombreux petits renfle1) Feuilles se ments de 3 à 5 transformant mm de long, en coupes ou tubes (appelés Chaque renflement est muni d’une valvule… qui ne s’ouvre que vers l’intérieur… A peine une petite bête aquatique (généralement un petit crustacé) touche t-elle l’un des poils porté par le couvercle que ascidies) ; la valvule s’ouvre laissant l’eau pénétrer violemment » à l’intérieur et engloutissant le petit animal. elles se comportent « La pression referme alors la valvule, et la plante… digère ». vis-à-vis des La dionée : 20 dents une cage : minuscules « Cette plante pousse aux Etats-Unis sur bestioles une étroite bande côtière, à l’ouest. La comme des dionée à la grosseur des marguerites des trébuchets (= champs. Ses feuilles s’élargissent à la partie pièges pour terminale en une lame arrondie, divisée oiseaux)». exactement au centre par la nervure principale, comme les pages d’un livre 2) « Sécrétions ouvert. Sur chaque bord pousse une 20 aine de substances de dents pointues visqueuses qui retiennent la tandis qu’au centre de chaque moitié de feuille se dressent 3 soies très raides. Quand un insecte se proie ». pose sur une feuille et touche l’une de ces 3 soies, les 2 moitiés se ferment violemment, les dents du bord s’imbriquent les unes dans les autres et l’insecte est pris au piège ». 3) « Organes Les sarracénies : « Elles préhensiles, prospèrent en Amérique du fonctionnant Nord, dans les régions comme par un marécageuses de la côte déclic pour orientale. Si un botaniste… se emprisonner met à cultiver chez lui une les victimes ». petite de sarracénie, les mouches disparaissent : elles « Dans quelle sont englouties par les catégorie 1, 2 ascidies de la plante, véritable ou 3 classerasattrape-mouches vivant. tu les 4 espèces de La feuille s’est transformée en un tube (qui peut atteindre parfois 30 cm de long), dont la partie extérieure, couverte d’un nectar sucré, attire les insectes. Arrivés au bord du précipice… ceux-ci plantes carnivores A, glissent et ne peuvent plus ressortir : d’innombrables écailles bien raides et dirigées vers le bas les en empêchent ». B, C et D présentées dans cette page. Si un insecte tombe sur le bord d’une feuille de drosera, point où le liquide visqueux est rare, les tentacules additionnent leurs efforts pour le pousser au centre de la feuille et se rendre plus à même de le saisir. Si 2 insectes se posent en même temps sur une seule feuille, la plante s’ingénie à les engloutir tous les 2. Les tentacules se répartissent les tâches, et chaque insecte est saisi par la moitié d’entre eux ». Dessins modifiés "Pour la Science" d'avril 1978 : Yolande Heslop-Harrison Jean-Pierre GESLIN, professeur 18 Recherche des réponses aux questions posées le mardi 22 mai : Nos questions : Nos suppositions : Dispositifs expériences, résultats et conclusions : 1. Que mangent les dionées ? Des fourmis et des mouches Des grenouilles Du gigot et du poulet (viande) Des œufs Du pain Des aliments pour cobaye De la carotte De la salade, des feuilles, de l’herbe Du bois et du carton Nous expérimenterons quand nous disposerons du matériel et nous vérifierons dans des documents. Il vaudrait mieux dire : que digèrent-elles ? … Des hommes… 2. Faut-il les arroser ? OUI En l’absence de matériel, la recherche sera seulement documentaire. Voir les résultats page suivante. ------------------------------------NON, elles sont trop petites Sur l’étiquette des plantes, il était indiqué qu’il fallait placer les dionées dans un plat contenant de l’eau Il faut les arroser. 3. Pourquoi ne se rouvrent-elles plus quand on a provoqué la fermeture ? Comment faire pour les rouvrir ? 4. Pourquoi une fourmi vivante n’a t-elle pas provoqué la fermeture des 2 lobes de la feuille ? Les feuilles se rouvrent le 24 mai : il faut tout simplement attendre. Il faut attendre. Groupe 1 : la plante est peut être fatiguée. Groupe 1 et 3 : la fourmi n’a peut être pas touché les soies qui provoquent la fermeture des lobes. Groupe 2 et 3 : la feuille était abîmée. 5. Pourquoi les feuilles se dirigentelles vers le bas et jamais vers le haut ? -------------- Jean-Pierre GESLIN, professeur Nous recommençons l’expérience : maintenant les feuilles se ferment… L’expérience antérieure avait peut-être concerné une feuille fatiguée ou anormale ou malade ou blessée… L’hypothèse des soies non touchées est également plausible. Nous avons vu une dionée dont les feuilles étaient dressées : cela dépend des plantes. 19 Que mangent les Dionées ? (expérience et résultats) Que mangent les dionées ? Il vaudrait mieux dire : que digèrentelles ? Des fourmis et des mouches Des grenouilles Du gigot et du poulet (viande) Des œufs Du pain Aliments pour cobaye De la carotte De la salade, des feuilles, de l’herbe Du bois et du carton … Des hommes… Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI Pas réouverte Un peu NON NON NON NON NON OUI En partie En partie OUI Pas réouverte Pas réouverte Un peu et en meurt Un peu et meurt NON NON NON NON NON NON NON NON NON NON NON, elles sont trop petites Jean-Pierre GESLIN, professeur 20 Recherche des réponses aux questions posées le mardi 22 mai : Népenthès Népenthès Jean-Pierre GESLIN, professeur 21 Qu’apporte la capture aux plantes carnivores ? Lundi 4 juin : séquence conduite par Marie-Antoinette et Christian Eyraud. Les tableaux de résultats sont complétés puis un 1er document est distribué. Qu’est ce qui rapproche les aliments digérés par les dionées ? Composition Sucres (= pour 100 glucides) grammes en grammes Œufs entiers 1 Blanc d’œuf 1 Jaune d’œuf 1 Pain 51 Salade 3 Carotte 9 Viande négligeable Crustacés négligeable (sans la cuticule) Graisses (= lipides) en grammes 11 négligeable 32 1 négligeable négligeable 13 2 Protides en grammes 13 11 16 8 1 1 20 20 Eau en grammes 74 87 50 38 95 89 65 76 Sels minéraux en grammes 1 1 1 2 1 1 2 2 Complément : 1) Sucres, graisses et protides sont réunis sous le nom de composés organiques et eau et sels minéraux sous le nom de composés minéraux. 2) Les sucres ne contiennent pas d’azote ni de phosphore, les graisses en renferment un peu. …Par contre, les protides en contiennent de grandes quantités. 3) Les crustacés, les insectes et les araignées sont des animaux très proches (on les réunit dans le même embranchement des invertébrés à pattes articulées ou « arthropodes ») et ayant à peu près la même composition chimique. CONCLUSION 1 : Les échanges aboutissent à l’idée que les dionées digèrent les aliments riches en protides c’est-à-dire ceux qui renferment le plus d’azote et de phosphore. Jean-Pierre GESLIN, professeur 22 Remise d’un second document : qu’observe t-on ? Document « Tavernier », éditions Bordas. CONCLUSION 2 : Lorsqu’une plante est placée sur un milieu dépourvu de phosphore, elle grandit moins bien. CONCLUSION 3 : Placée sur un milieu où l’azote est absent, la plante présente une taille encore plus faible (et de plus, les feuilles jaunissent, ce qui n’est pas le cas sur le milieu carencé en phosphore). Remise d’un 3ème document : OU VIVENT LES DIONEES ? La dionée est originaire des marais et des régions humides et moussues d’Amérique du Nord. Comme la plupart des plantes carnivores, elle pousse en des lieux où l’azote et le phosphore sont peu disponibles. Quelle solution a trouvé la dionée à ce problème ? Dessin : « Le Mulot ». Jean-Pierre GESLIN, professeur 23 Ce qui est vrai pour la dionée l’est aussi pour les autres plantes carnivores comme cette sarracénie. Photo Pierre Gélinaud Jean-Pierre GESLIN, professeur 24