Plantes carnivores tout savoir J-P Geslin

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Est-ce possible ?
(Dessin : Castan)
Dessin"La Hulotte"
Un drosera à feuilles rondes digérant un syrphe
Même merlin n'aurait pas
imaginé ça !
(dessin Yolande Heslop "Pour la Science" d'avril 1978)
(Dessin : Castan)
Que mangent les
plantes carnivores ?
Une plante carnivore n'est jamais bien grande, ses pièges ont une taille qui se
situe entre 2 millimètres et 30 centimètres de long… Elle ne risque pas de te
manger. Ses proies sont toujours de très petits animaux, de minuscules bestioles…
Si tes copains prétendent qu'elle avale des éléphants ou des rhinocéros, c'est que ce
sont de très gros menteurs… bien plus gros que les plantes que nous allons étudier!
Tu veux savoir ce que mange l'une des 550 espèces de plantes carnivores
que l'on peut trouver sur notre planète ?
EXPERIMENTE POUR TROUVER LA REPONSE :
Achète chez ton fleuriste une "dionée", il en coûtera à maman environ 45
francs (regarde dans ta tirelire avant de lui
demander l'argent!)… et donne-lui à
manger. Comment ? … En déposant sur ses
feuilles différents aliments… toujours en
très petite quantité.
Les feuilles vont se refermer pendant
plusieurs jours… peut être plus d'un mois…
soyons patients !
Si, lorsque la feuille se rouvrira, il ne
Feuille de Dionée très grossie :
reste plus rien ou presque, c'est que la plante
a digéré ce que tu lui as donné.
COMPLETE LE TABLEAU SUIVANT :
A été
digéré
Tout petit morceau de sucre
Minuscule morceau de beurre
Fragment de pâte
"Miette" de jambon
Fibre de viande crue hachée
Copeau de carotte râpée
Petit cube de blanc d'œuf cuit
N'a pas
été digéré
En partie
Information de dernière minute : le "drosera", autre plante carnivore,
nous a écrit qu'il préférait le jambon et la saucisse au sucre et à la pomme de terre.
Jean-Pierre GESLIN, professeur.
Dessin : Gotlib
2
QUE MANGENT LES PLANTES CARNIVORES DANS LA NATURE ?
NOM DE LA PLANTE :
SES ALIMENTS :
Dionée " gobe-mouches" Insectes comme des libellules,
= Vénus fly-trap parfois de petites araignées…
Utriculaires De minuscules animaux aquatiques
(en particulier des larves de "ver de
vase" = "chironome" et des petits crustacés
aquatiques : les "daphnies", que tu donnes - mortes à manger à tes poissons).
Insectes (mouches, papillons, pucerons, fourmis).
Droseras
Insectes de petite taille (moucherons, moustiques,
Grassettes
parfois papillons). Les fourmis, souvent prises,
Dessin : "La Hulotte"
s'échappent assez fréquemment.
Insectes,
parfois des mille-pattes, très rarement de
Sarracénies
minuscules grenouilles.
Insectes (fourmis surtout, petits coléoptères) mais
Népenthès
aussi araignées, scorpions, mille-pattes, escargots et
même petites grenouilles, oiseaux et rats venus
chercher la fraîcheur ou se désaltérer.
Dionée gobe-mouches
Photographie Serge Lavayssière
Tiges d'utriculaire d'eaux douces portant de
petites outres qui sont des pièges.
Photographie Pierre Gélinaud
Grassette (= Pinguicula)
Photographie Serge Lavayssière
Sarracénie
Photographie : Pierre Gélinaud
Jean-Pierre GESLIN, professeur.
Népenthès
Photographie : Pierre Gélinaud
3
Comment les bestioles sont-elles attirées par
les plantes carnivores ?
A) La dionée gobemouches :
1 seule espèce de dionée. L'insecte
est attiré par la rosée qui recouvre
les feuilles à 2 lobes. Peut-être
s'approche t-il alors pour se
désaltérer ?
B) Les utriculaires :
Ces 280 espèces de plantes
(aquatiques, terrestres ou fixées sur
d'autres plantes : on les dit alors
"épiphytes"), dont 4 en France,
sont dépourvues de racines.
Elles portent, au niveau de leurs
feuilles immergées ou à l'air libre,
des outres de 2 à 5 millimètres qui
sont en fait des pièges.
C'est par hasard que les petits
animaux aquatiques ou terrestres
(selon le cas) viennent heurter ces
minuscules vésicules (que l'on avait
d'abord considérées, chez les
plantes aquatiques, comme des
flotteurs).
c) Les droseras :
100 espèces de "droseras" (du grec
"drosos" = rosée) ou "rossolis"
(Dessin "Pour la Science" d'avril 1978 : Yolande Heslop)
dont 3 en France. Chaque feuille de
drosera porte environ 200 minus-cules
tentacules tous terminés par une petite
boule de colle rouge qui brille au soleil et
attire les insectes. Pourquoi, à ton avis, les
droséras sont-ils encore appelés "rosée du
soleil" ?
D) Les grassettes :
Les grassettes (80 espèces dont 5 en France)
sont encore appelées "Pinguiculas" du latin
pinguis = gras. Leurs feuilles sont en effet
visqueuses, c'est-à-dire grasses et humides,
quand on les touche. L'insecte, sans doute
attiré par l'aspect brillant des feuilles, se
pose et reste englué.
Une grassette : "Pinguicula grandiflora"
Jean-Pierre GESLIN, professeur.
Photographie J. Ph. Resello
4
E) Les népenthès :
Ces 75 espèces de plantes tropicales d'Asie
du Sud-Est encore appelée "pots à eau" ou
"urnes des singes" ou "pipes du
Hollandais"ont certaines de leurs feuilles
transformées en entonnoirs ou "ascidies" (de
quelques centimètres à 30 ou 40 cm selon
l'espèce) recouvertes par un opercule.
Le bord de chaque entonnoir est enduit d'un
liquide sucré : le nectar.
L'insecte, attiré par le nectar (et peut-être
par la couleur vive) se pose puis s'enfonce
dans l'entonnoir… il ne pourra plus
remonter et se noiera au fond de l'urne.
F) Les sarracénies :
9 espèces de sarracénies dans le monde qui
nous viennent toutes du Nord des Etats-Unis.
Les sarracénies, comme les népenthès,
sécrètent également du nectar sur le bord
des urnes. De plus, le liquide sucré forme
une piste qui s'enfonce à l'intérieur de
l'entonnoir.
L'insecte, en pompant sa nourriture, suit
cette piste, s'enfonce progressivement puis se
noie dans le liquide qui remplit le fond.
Urne de la "Nepenthes ventricosa".
Le clapet, au dessus de l'entonnoir
n'est pas mobile. Selon les espèces,
l'urne vit de 1 à 20 mois.
Photographie : Pierre Gélinaud
Urne de la sarracénie "flava".
Le clapet, au dessus de l'entonnoir
n'est pas mobile.
Dessin (remanié) : "Le Mulot"?
Jean-Pierre GESLIN, professeur.
Photographie Serge Lavayssière
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Détection et capture des proies
chez les plantes
carnivores :
A) La détection de la proie :
La méthode utilisée est très différente de celle que pratique
l'affreuse bestiole de gauche qui est entrée sans permission dans
cette page.
Les plantes carnivores n'ont jamais de système nerveux et sont
Dessin "La Hulotte"
dépourvues d'organes des sens… Elles ne font jamais appel à la
vue, à l'odorat ou à l'audition pour repérer leur proie.
C'est le contact avec la plante qui est seul susceptible d'entraîner une
réaction.
B) La capture de la proie :
1. La dionée gobe-mouches :
Dessin modifié "Pour la Science" d'avril 1978 : Yolande Heslop.
C'est le contact de l'insecte
avec les poils sensibles installés
sur la face supérieure des
feuilles qui est à l'origine du
repliement des 2 lobes de cette
feuille à une vitesse très
variable (selon la température
et l'ensoleillement).
… En 1/30ème de seconde
(affirment certains) à 20
secondes pour les plus lentes.
2 stimulations sont nécessaires
(sur 2 poils différents ou sur
un même poil).
----------------------------------
2. Les utriculaires :
Lorsque la daphnie frappe
involontairement à la porte de
l'une des petites outres (ou
utricules), au niveau de l'un
des 4 poils déclencheurs, elle
provoque l'ouverture du clapet
vers l'intérieur.
L'ouverture crée une
aspiration d'eau qui entraîne
le petit crustacé à l'intérieur
de l'outre en 1/30ème de
seconde.
Dessin modifié "Pour la Science" d'avril 1978 : Yolande Heslop.
Jean-Pierre GESLIN, professeur.
6
Le clapet se referme immédiatement. Il faudra une
1/2 heure à 2 heures pour que le piège puisse à
nouveau fonctionner.
3. Les droseras :
La feuille fonctionne comme du papier tuemouches. Plus l'insecte s'agite plus il s'englue.
Ensuite, les tentacules gluants se replient lentement
sur la proie (en 1 ou 2 heures).
Dessin modifié "Pour la Science" d'avril 1978 : Yolande Heslop-Harrison.
4. Les népenthès et les sarracénies :
Elles ne participent pas activement à la capture des proies. Les petits
animaux viennent d'eux-mêmes au fond des urnes et ne peuvent ressortir du fait de
la présence :
* de poils orientés vers le bas (sarracénies)
* ou d'écailles situées près de la sortie et formant une "couche cireuse" qui se
détache sous les pattes lorsque le prisonnier tente de remonter (Nepenthes).
S'il s'agit d'un insecte et qu'il parvient à s'envoler, il risque fort de heurter le
"couvercle" (lorsque celui-ci existe) et de retomber dans le piège.
Dessin modifié "Pour la Science" d'avril 1978 : Yolande Heslop-Harrison.
Jean-Pierre GESLIN, professeur.
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La digestion
chez les plantes
carnivores :
Contrairement à ce que tu pourrais
croire, les plantes carnivores n'ont ni
Dessin"La Hulotte"
bouche, ni langue, ni dents véritables.
Par contre, leurs feuilles fonctionnent un peu comme ton estomac ou ton intestin :
elles libèrent des sucs digestifs qui vont digérer les insectes ne laissant que leur
enveloppe ou cuticule (certains appellent cette "peau dure" la "carapace" mais il est
mieux de la nommer "cuticule"). Les aliments digérés ou nutriments passent ensuite
dans toute la plante.
Quand les sucs digestifs sont-ils libérés ?
Plantes
carnivores
Avant la capture
Népenthès*
Sarracénies
Après la capture
Dionée
Grassettes
Utriculaires
* Tu es peut-être surpris que les népenthès
figurent à la fois dans la 1ère et la 3ème colonne.
C'est parce que les chercheurs ne sont pas tous
d'accord. Certains pensent que ces plantes
fabriquent leurs sucs digestifs uniquement
avant la capture des proies. D'autres affirment
que lorsqu'un insecte touche les poils présents
au fond des urnes, cela fait redémarrer la
sécrétion des sucs digestifs (sucs digestifs =
enzymes). Il est très difficile de savoir qui a
raison car les népenthès (comme d'ailleurs les
sarracénies et les utriculaires) se font aider par
des végétaux microscopiques présents dans les
urnes. Ces microbes appelés "bactéries"
sécrètent aussi des sucs digestifs.
Avant et après la capture
Népenthès*
Droseras
Il ne reste que la cuticule de l'insecte
après réouverture de la feuille de dionée.
Photographie : Pierre Gélinaud
Jean-Pierre GESLIN, professeur.
8
Quelle est la durée de la digestion ?
Elle est évidemment fonction de la taille de l'animal capturé.
Cas des plantes carnivores modifiant leur aspect
lorsque la digestion est terminée :
1) La dionée gobe-mouches :
On peut aussi utiliser un
crayon … ou tout autre objet
pour déclencher le piège…
* Si tu caresses avec un pinceau ou avec un cheveu les
poils à l'intérieur d'une feuille de dionée, elle se ferme et
ne se rouvrira qu'1 ou 2 jours plus tard.
* Si tu places dans la feuille un insecte ou un morceau
de viande, elle ne se rouvrira que lorsque la digestion
sera terminée, soit de 9 à 35 jours après la capture.
* Souvent, les enfants pensent que la nervure de la
feuille est un intestin… ils se trompent…
2) Les grassettes :
La feuille s'enroule après la capture, elle se déroulera 2
à 3 jours plus tard, la digestion terminée. Quand la
proie est trop grosse, la feuille sécrète tellement de sucs
digestifs qu'elle pourrit… On peut dire qu'elle meurt
d'indigestion.
Dessin : Castan.
3) Les droseras :
Lorsque la plante a fini de digérer, les tentacules se redressent (1 ou 2 jours après la
capture.
Cas des népenthès,
sarracénies et
utriculaires :
La digestion dure ici encore
quelques jours mais la
plante ne modifie pas son
aspect quand elle a terminé.
Dessin : "La Hulotte"
Ce petit lézard : un
gecko, s'est fait
capturer par une
dionée. Heureusement
Léon Garrido, l'auteur
de la photographie, l'a
libéré.
Jean-Pierre GESLIN, professeur.
9
Quel est l'intérêt pour
les plantes carnivores ?
Tu as sans doute déjà entendu parler d'azote… on en trouve en grande
quantité dans l'air qui nous entoure, mélangé à l'oxygène.
Les plantes carnivores vivent en général dans des tourbières où le sol est
pauvre en azote et elles sont incapables de prendre l'azote qui se trouve dans
l'air… Il leur fallait trouver une solution… C'est la digestion des petits
animaux qui leur fournit l'azote dont elles ont besoin.
Si on empêche une plante carnivore de capturer des insectes, elle est
plus petite et produit moins de graines… mais elle ne meurt pas.
ENCORE UN DRAME FAMILIAL :
De jeunes corbeaux ayant lu ce petit livre ont décidé de se mettre au
régime insectivore comme les plantes que nous venons d'étudier.
Dessin"La Hulotte"
Les dessins sont de :
* Castan (les mages) et
* Pierre Déon : extraits de la revue " La Hulotte" (tous les autres sauf le droséra en page 1)
Les photographies proviennent de 3 sites Internet :
* Serge Lavayssière (instituteur) : Ma page Plantes Carnivores - Annexe de Dionée : http://dionee.free.fr , E-mail :
[email protected]
* Pierre Gélinaud (professeur) : http://www.multimania.com/piilou/
* Ass. Fr. d'Amateurs de Plantes Carnivores : Dionée http://www.multimania.com/dionaea/
Jean-Pierre GESLIN, professeur.
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