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Perspectives |
Titres à revenu xe par rapport aux actions
Nous sommes modérément optimistes pour les actions, mais
attendons plus de volatilité
Après cinq années de progression presque ininterrompue,
les marchés boursiers demeurent attrayants. Les actions
poursuivent sur leur lancée et le cycle économique devrait
leur rester favorable. Quelques ombres au tableau méritent
toutefois d’être surveillées.
Premièrement, la prime de risque du marché boursier (le
rendement attendu moins le taux d’intérêt à court terme réel)
est attrayante, mais pas parce que les actions s’échangent à
des ratios cours/bénéces (C/B) bon marché. En fait, les ratios
C/B mondiaux correspondent à peu près à leur valeur. Si la
prime de risque sur les actions est élevée, c’est parce que les
banques centrales maintiennent des politiques monétaires
extrêmement accommodantes. Cette prime offre un ratio
risque-rendement généreux si l’on considère la volatilité
récente des marchés boursiers, qui a été faible selon les normes
historiques. Quand la politique monétaire commencera à se
normaliser, les taux d’intérêt et la volatilité monteront et le
rapport risque/rendement se détériorera.
Deuxièmement, la phase d’expansion se poursuit, mais à pas
de tortue. La croissance nominale accélérera à peine, d’après
nos projections. Les sociétés peineront donc à accroître
fortement leur chiffre d’affaires et devront une fois de plus
compter sur leurs marges pour augmenter leurs bénéces. En
fait, les ventes mondiales sont anémiques depuis 2012, et deux
tiers de la croissance des bénéces sont venus de l’expansion
des marges. Pendant les douze prochains mois, la croissance
des bénéces devrait être modérée, au diapason de la faible
expansion économique que nous prévoyons. La bonne
nouvelle est que, l’ination restant maîtrisée, les banques
centrales pourront maintenir des politiques hautement
accommodantes plus longtemps.
Nous conservons une surpondération prudente des
actions, prévoyant que les initiatives des banques centrales
soutiendront l’expansion économique et entraîneront une
croissance durable des bénéces. Vu les rendements modérés
attendus pour les actions et le potentiel de hausse limité
des rendements obligataires, les actions devraient encore
dépasser les obligations, mais plus modestement que pendant
les douze derniers mois.
Perspectives des marchés boursiers
Des cycles très différents
Ces dernières années, les marchés émergents ont vu diminuer
leur croissance économique et leurs bénéces, principalement
par le secteur des ressources naturelles – en dehors duquel
les bénéces sont en fait assez robustes, surtout en Asie.
En 2014, les marchés émergents ne sont toutefois plus aussi
exposés aux matières premières qu’ils l’ont déjà été. En 2007,
les secteurs liés aux investissements (énergie, matériaux,
produits industriels) représentaient 42 % de l’indice MSCI
Marchés émergents, contre 41 % pour les secteurs liés à la
consommation (consommation discrétionnaire, consommation
de base, technologie et services nanciers). Aujourd’hui, ces
proportions sont passées à 25 % et 61 %, respectivement.
L’indice est donc en plus en plus mû par la montée de la classe
moyenne en Chine et dans le reste de l’Asie.
Le marché boursier chinois connaît depuis cinq ans une
performance terne, sous-performant le reste du monde
et tirant les cours des matières premières vers le bas. Cette
performance décevante cache une décélération de la
croissance économique et la peur constante que le secteur de
l’immobilier n’implose. En réalité, les sociétés chinoises restent
très rentables. En conséquence, la Chine gure aujourd’hui
parmi les marchés mondiaux les plus attrayants et les plus
lucratifs. Des indicateurs de valorisation tels que le ratio C/B
y sont presque trois fois plus bas qu’il y a cinq ans et plus de
deux fois plus bas que la moyenne mondiale. Il ne faut pas
s’attendre à ce que la Chine croisse à son rythme historique,
mais elle s’est stabilisée à un rythme plus durable après avoir
ralenti et sa croissance tendancielle devrait être largement
sufsante pour générer des bénéces solides. Le reste de
l’Asie donne aussi des signes d’améliorations cycliques. Tous
les pays asiatiques ne peuvent pas être considérés comme
aussi intéressants que la Chine, mais la plupart ont un fort
potentiel de croissance. Nous continuons de surpondérer les
marchés émergents pour leur valorisation séduisante et leurs
perspectives de croissance relativement solides.
En Europe, la croissance des ventes des sociétés est devenue
négative. La faiblesse en Europe est généralisée, mais les
valeurs nancières ont eu un impact négatif disproportionné.
La zone euro n’est pas encore sortie de sa dernière récession,
du moins pas sous l’angle des bénéces. Les sociétés
européennes ont aussi dû composer avec un euro fort, qui les
a fortement freinées ces deux dernières années. L’ination
restant en deçà de la cible de la BCE, cette dernière devra
maintenir une politique monétaire très accommodante dans
l’avenir prévisible. L’euro a commencé à se déprécier cette
année. Jusqu’à présent, cela a peu contribué à corriger les
déséquilibres fondamentaux dans sa zone, mais son repli
devrait se poursuivre et aider les exportateurs européens. Les
banques ont passé des années à se restructurer et à se préparer
pour l’examen de la qualité de leurs actifs dont on connaîtra
bientôt les conclusions, et des enquêtes montrent maintenant
que la demande de crédit s’améliore. Dotées de bilans assainis,
les banques devraient pouvoir utiliser le nancement peu cher
offert par la BCE. Grâce à une détente monétaire extrême
et à des valorisations décentes, les actions européennes
devraient offrir un rendement honorable au cours des douze
prochains mois.