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mt pédiatrie, vol.10, n° 1, janvier-février 2007 11
Devant la multitude de formules
infantiles disponibles, les méde-
cins amenés à s’occuper des enfants doi-
vent adapter leur choix à l’âge et à la
pathologie de l’enfant.
En première intention, la substitution à
proposer en cas d’allergie prouvée aux
protéines du lait de vache est une for-
mule hypoallergénique vraie (hydroly-
sat de protéines). Les protéines ont subi
une hydrolyse extensive, de sorte qu’ils
ne persistent que des protéines de poids
moléculaire inférieur à 1 500 daltons.
Les recommandations des différentes
sociétés savantes sont fondées sur des
études cliniques aux méthodologies
rigoureuses démontrant une tolérance
de l’hydrolysat chez au moins 90 % des
enfants allergiques au lait de vache
(intervalle de confiance 95 %). Les indi-
cations sont l’allergie aux protéines du
lait de vache authentifiées par des tests
standardisés, le syndrome de malab-
sorption et la malnutrition. La classifi-
cation des formules ayant subi une
hydrolyse extensive des protéines est
décrite dans le
tableau 1 . Tous les autres
laits originaires d’autres espèces ani-
males (chèvre, brebis, jument, ânesse…)
sont contre-indiqués au cours de l’al-
lergie aux protéines du lait de vache.
Bien que la charge antigénique pro-
téique des hydrolysats soit plusieurs mil-
lions de fois plus faible que celle du lait
de vache, il peut arriver que des quan-
tités significatives d’antigènes pro-
téiques intacts soient présentes dans ces
substitutifs. La réduction du poids molé-
culaire des protéines ne suffit pas à
garantir la non-antigénicité. De plus,
les lipides et les carbohydrates, non
atteints par l’hydolyse, peuvent lier des
structures protéiques et favoriser la pro-
duction de nouveaux épitopes. Initia-
lement anecdotiques, les observations
de réactions adverses aux hydrolysats
de protéines semblent de plus en plus
fréquentes. L’incidence précise devrait
être définie par des études épidémio-
logiques basées sur des critères dia-
gnostiques certains. L’allergie aux
hydrolysats semble correspondre à une
forme sévère d’allergie aux protéines
du lait de vache. En effet, en compa-
raison avec les allergies au lait de vache,
les allergiques aux hydrolysats acquiè-
rent la tolérance du lait à un âge plus
élevé. La présence d’allergies alimen-
taires multiples est un critère pronostic
défavorable. Chez 22 enfants aller-
giques au lait et aux hydrolysats, de
Boissieu
et al. observent une guérison
à l’âge moyen de 11,8 mois. Il est de
25,8 mois chez les enfants qui présen-
tent d’autres allergies alimentaires. La
différence est statistiquement signifi-
cative (p = 0,0001).
Les indications d’une substitution par
une formule hypoallergénique vraie
comportant 100 % d’acides aminés
(Néocate®) sont les enfants allergiques
aux hydrolysats de protéines, atteints
d’allergies alimentaires multiples, d’al-
lergies alimentaires au début très pré-
coce, de signes digestifs persistants sous
hydrolysats.
1. Ammar F, De Boissieu D, Dupont C. Aller-
gie aux hydrolysats de protéines. À propos
de 20 cas. Arch Pédiatr 1999 ; 6 : 837-43.
2. De Boissieu D, Dupont C. Allergy to exten-
sively hydrolyzed cow’s milk proteins in
infants: safety and duration of amino acid-
based formula.
J Pediatr 2002 ; 141 : 271-3.
À qui prescrire une formule d’acide aminé (Néocate)®
Tableau 1. Classification
des hydrolysats de protéines
Hydrolysats de protéines du lactosérum
Alfaré®(Nestlé)
Peptijunior®(Nutricia)
Hydrolysats de caséine
Galliagène Progress®(Gallia)
Nutramigen®(Mead Johnson)
Pregestimil®(Mead Johnson)
Allernova®(Novalac)
Isolats de soja et collagène de porc
Prégomine®(Milupa)
Acide aminé de synthèse
Néocate®(SHS International)
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