ÉVÈNEMENT Dr Larbi Mariche*, à Santé Mag, "L’allergie aux protéines de lait de vache, mal diagnostiquée, peut nuire à la croissance de l’enfant" L’allergie aux protéines de lait de vache est une forme d’allergie alimentaire, qui touche, surtout, les nourrissons et les enfants de moins de trois ans. Il est assez fréquent que cette l’allergie soit associée à une autre forme d’allergie alimentaire (par exemple, aux œufs, aux protéines de blé, ou à l’arachide). L'allergie au lait de vache représente 13% des allergies alimentaires de l'enfant et touche 2 à 3% des nourrissons de moins de 2 ans. Le point avec le docteur Larbi Mariche. Propos recueillis par Tanina Ait 20 Santé Mag: Qu’est-ce que l'allergie aux protéines du lait de vache ? fants, par an, en France), avec une survenue dans 90% avant l’âge de 3 mois. Dr L. Mariche: L’allergie aux protéines du lait de vache(APLV) est définie par la survenue de manifestations cliniques, dues à une réponse anormale, après ingestion de ces protéines. C'est une forme d'allergie alimentaire. Y a-t-il un terrain prédisposant à cette allergie alimentaire ? Le risque de développer une APLV est augmenté de 20 à 35% si l'un des parents est atopique et de 40 à 60 p 100, si les deux parents le sont. Touche-t-elle beaucoup d'enfants ? L'APLV touche 2 à 3 enfants pour 100, de moins de un an (environ 24 000 en- Comment se manifeste l’allergie ? L'APLV est responsable d'une grande variété de symptômes. On distingue Santé-MAG N°30 - Mai 2014 deux grandes formes cliniques: les réactions allergiques aigues (immédiates), plutôt IgE dépendantes, ou Ig E-médiée, ou les symptômes apparaissent dans un délai de 2 heures, après la prise de lait. les réactions allergiques retardées (chroniques), non IgE dépendantes, ou non Ig E-médiée, ou les manifestations cliniques apparaissent après un délai de plusieurs heures, ou plusieurs jours. Les principaux symptômes sont: symptômes gastro-intestinaux: régurgi- ÉVÈNEMENT tation fréquentes, vomissements, reflux gastro-œsophagien(RGO); diarrhée, constipation, douleurs abdominales; selles sanglantes, anémie ferriprive symptômes dermatologiques: dermatite atypique (DA), urticaire, gonflements des paupières et des lèvres; symptômes respiratoires et ORL: écoulement nasal, toux chronique, otites, asthme du nourrisson; - l'anaphylaxie représente 9% des cas et peut se traduire par la mort subite du nourrisson. Les formes retardées donnent lieu à une symptomatologie digestive (5060%), cutanée (50-60%), ou respiratoires (20-30%). Dans l'urgence, que faire quand l'allergie se manifeste ? Dans ce cas précis, les parents du patient doivent posséder une trousse d'urgence contenant: Adrénaline (ANAPEN stylo, prêt à l'emploi), Antihistaminiques (liste longue), Corticoïdes (nombreuse formes galéniques), afin d'intervenir, en cas d'erreurs de régime. Quels sont les tests de diagnostic ? Il existe trois tests, pour l'orientation diagnostique: les prick-tests, de réalisation facile; les patch-tests, ou test épicutané (DIALLERTEST, qui coûte 22 Euros); le dosage unitaire des IgE sériques spécifiques des protéines du lait de vache (cap RAST et techniques comparables); un test pour le diagnostic de certitude: le test de provocation oral (TPO). Quelles sont les complications de l'APLV? Si elle n'est pas diagnostiquée au bon moment et prise en charge à temps, une APLV peut provoquer des lésions de l'intestin et diminuer l'absorption des nutriments. Des carences peuvent se développer et nuire à la croissance de l'enfant. Comment évolue la maladie ? L’évolution se fait vers l'acquisition d'une tolérance l'APLV IgE-médiée et guérit, spontanément, dans la majorité des cas: 45% à 2 ans, 74% à 5 ans et 85% à 8,6 ans. Seul un petit nombre d'enfants ne guérissent pas spontanément. Quel est son traitement ? Le meilleur traitement est de faire un régime d'épreuve d'éviction (exclusion) du lait, avec utilisation d'un produit de substitution adapté (lait de régime), avec surveillance clinique et biologique, basée sur le suivi dans le temps du taux d'IgE spécifiques, qui aident à déterminer l’âge de la réintroduction (régime alimentaire normal), qui se fera progressivement; généralement, vers l’âge de un an. Les nourrissons allergiques aux PLV ne doivent pas être nourris avec du lait de chèvre, de brebis, de jument, ou de lait dit "de SOJA". Comment prévenir ce type d'allergie ? Éviter de donner des biberons de lait, à la maternité; Prolonger l'allaitement maternel (au sein) pendant les quatre à six premiers mois. Dans le cas où l'allaitement maternel n'est pas possible, le pédiatre peut conseiller l'usage de laits dits hydrolysats poussés (hydrolysat extensif des PLV). Il en existe plusieurs types: hydrolysats de protéines du lactosérum: ALFARE. PEPTIJUNIOR. ALLERNOVA AR. ALTHERA hydrolysats de caséine: GALLIAGENE. PREGESTIMIL. NUTRAMIGEN. NUTRIBEN. Peptide EHF. D’autres alternatives utilisations d’hydrolysats poussés de protéines de RIZ. En cas d'échec d'hydrolysat poussé, donné en première intention, la prescription, en deuxième intention, d'une préparation à base d'acides aminés (NEOCATE) est justifiée (lait de synthèse, réservé aux patients présentant une allergie aux hydrolysats; mais, à coût très élevé) *Docteur Larbi Mariche, Pédiatre et auteur de plusieurs ouvrages-références: - Asthme de l’enfant; - Acné juvénile; - Allaitement maternel; - Fièvre et douleurs de l’enfant; - Pas d’alternative au lait maternel. Signature génétique et réponse aux médicaments La levure fournit des indices génétiques sur la réponse aux médicaments à l'honneur Pour la première fois, des chercheurs ont pu identifier, de façon séparée, les facteurs génétiques et environnementaux liés aux effets des médicaments, nous permettant, ainsi, de pouvoir prédire, davantage, comment un médicament nous affectera. Des chercheurs de l'Université de Colombie-Britannique (UBC) ont exposés 6.000 souches de levure à 3000 médicaments. Les souches de levure ont été modifiées de sorte que leur réponse puisse être mesurée. Les chercheurs ont constaté que les cellules de levure ont, environ, 50 principales façons de réagir, en réponse à tous les médicaments. Ces 50 principaux types de réaction, connus comme étant des signatures de gènes, sont comme les empreintes digitales, qui identifient tous les gènes et leur pertinence pour un traitement spécifique. Ce nombre, relativement faible, de signatures génétiques signifie qu'il pourrait être possible d'utiliser, par la suite, le génome d'une personne, pour prédire sa réponse aux médicaments. Il rendrait, également, plus facile l'identification de traitements plus efficaces. "Il s'agit d'une carte de référence de départ, pour comprendre la variation de la réponse aux médicaments", explique le Pr. Guri Giaever, Professeur à la Faculté des Sciences pharmaceutiques d’UBC, et auteur principal de l'étude, publiée dans la revue Science. "Cela sera pas simple, mais nos résultats suggèrent que c'est un problème qui peut être résolu." Le Pr. Corey Nislow, également Professeur à la Faculté de UBC et auteur de l'étude, explique que cette recherche nous permettra de mieux comprendre comment et pourquoi certains médicaments fonctionnent et pas d'autres, sur des individus. N°30 - Mai 2014 Santé-MAG 21 21