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Prise en charge médicale des Personnes vivant avec le vih
Bilan biologique
− ASAT, ALAT, gamma-GT, phosphatases alcalines, bilirubine totale et conjuguée, albumi-
némie (un taux de transaminases normal n’exclut pas l’existence de lésions hépatiques,
parfois sévères)
− numération formule sanguine, plaquettes
taux de prothrombine (+ facteur V si traitement par anti-vitamine K ou diminution du TP)
− Ag HBs, anticorps anti-HBc, anticorps anti-HBs (notamment pour vacciner si absence de
marqueur sérologique et de protection)
− IgG anti-VHA (pour vacciner en l’absence de protection)
− alpha-fœtoprotéine (si fibrose F3/F4)
− bilan lipidique, glycémie, HbA1c, coefficient de saturation, test de HOMA (insulinémie et
glycémie à jeun)
Examens complémen-
taires non biologiques
− échographie abdominale
− si suspicion de cirrhose, endoscopie digestive haute (recherche de varices œsopha-
giennes) (cf. paragraphe « Cirrhose »).
Évaluation de l’atteinte
hépatique − par méthodes non invasives, ou si besoin par ponction biopsie hépatique (PBH)
L’évaluation de l’atteinte hépatique (fibrose, activité) :
• doit se faire par des méthodes non invasives, et si besoin par ponction biopsie hépatique
(PBH) ;
• doit permettre :
– d’aider à la décision d’initiation d’un traitement anti-VHC dans certaines situations (par
la mise en évidence ou non d’une fibrose significative F>2),
– d’aider au diagnostic de cirrhose (F=4) et à la mise en place des mesures de dépistage et
de prévention des complications associées.
Les méthodes non invasives d’évaluation de la brose
L’élastométrie ultrasonore impulsionnelle (Fibroscan®) est une technique non invasive
qui permet de mesurer de manière objective et quantitative la dureté du foie, elle-même
corrélée au degré de fibrose hépatique. Plusieurs études montrent une performance dia-
gnostique entre 80 et 97 % pour la détermination des différents degrés de fibrose (cf.
tableau2). Cette méthode, validée chez les patients co-infectés, permet aussi de suivre la
progression de la maladie hépatique[10-12]. Les limites techniques de cet examen sont
résumées dans le tableau3.
Plusieurs scores biochimiques directs ou indirects de fibrose ont été étudiés chez les
patients co-infectés. Trois scores (le Fibromètre®, l’Hépascore et le Fibrotest®) ont une
performance diagnostique supérieure [13]. Des déviations fortes d’un seul marqueur
(hyperbilirubinémie constitutionnelle ou médicamenteuse liée à l’atazanavir, hémolyse
quelle qu’en soit la cause, syndrome inflammatoire) peuvent conduire à une mauvaise
interprétation du test biochimique (cf. tableau3). De plus, ces scores n’ont aucune valeur
en cas d’hépatite aiguë, de cytolyse médicamenteuse importante ou d’augmentation
importante des gamma-GT liée aux traitements.
La ponction biopsie hépatique (PBH)
La PBH peut être réalisée au cours d’une brève hospitalisation, ou en hôpital de jour dans
certaines conditions (voie transpariétale, absence de complication immédiate, résidence
à moins de 30 min d’un centre hospitalier, retour à domicile accompagné, présence d’un
tiers à domicile, bonne compréhension du patient des complications possibles). Elle sera
réalisée le plus souvent par voie transpariétale, après repérage échographique mais tou-
jours sous échographie en présence de nodule(s), d’angiome ou d’obstacle anatomique, ou
par voie transjugulaire en cas de troubles de la coagulation ou d’ascite. Une prémédication
appropriée, voire une anesthésie générale rapide, augmente beaucoup le confort du geste
et son acceptation par le patient.
La réalisation d’une PBH est associée à des complications chez 1à 5% des patients, et à
une mortalité variant entre 1/1000à 1/10000. Les limites de la PBH sont illustrées dans le
tableau3. La PBH est habituellement interprétée à l’aide d’un score semi-quantitatif d’acti-
vité nécrotico-inflammatoire et de fibrose, le plus utilisé étant le score Métavir composé de
4 grades d’activité (A0à A3) et de 5 stades de fibrose (F0à F4).