בס"ד ' HOL HAMOED PESSAH Ce fascicule est dédié à la refoua chlema de Margaret Simha bat Soly et à la mémoire de Chmouel Claude ben Mouni La particularité du miracle de la Mer Rouge (Par Rav David Temstet) La émouna: la clé de la réussite (Par Rav Yitshak Assuli) Mais où sont les miracles de la Mer rouge ? (Par Rav Ron Chaya) Savoir dire les choses sans tuer l'autre (Par Rav Mordehai Bitton) Impossible n'est pas tefila ! (Par Rav Raphael Sadin) Le travail de to'hène (2eme partie) (Par Rav David Sitbon) Espace Torah remercie Léa Marciano pour son dévouement et son professionalisme 1 ' La particularité du miracle de la Mer Rouge (Par Rav David Temstet) Dans la paracha de Béchalah, il est dit: "Vayiréou ha'am eth Hachem"; et, étonnamment, ces mots indiquent que c'est à partir du miracle de la Mer Rouge que le Klal Israël a commencé à craindre Hachem. Mais, comme le demande le Midrash, fallait-il vraiment ce miracle pour que le peuple commence à craindre Hachem ? Les nombreux miracles qui ont eu lieu en Egypte ne suffisaient-ils pas aussi pour déclencher ce sentiment ? Dans son livre Béménou'hot , le malakh Réphaël Berdugo explique une idée dont parle aussi le Beth Halévy (ceci nous montre d'ailleurs que la Torah est la même, qu'elle ait été étudiée à Mékness ou à Brisk; que ceux qui ont étudié la Torah avec les grands maîtres se rejoignent sur les idées de celle-ci): Hachem gère ce monde avec rigueur et miséricorde. Dans Sa bonté, Hachem nous permet de vivre et nous donne tout ce dont nous avons besoin. Mais d'un autre côté, lorsqu'une personne ne respecte pas les lois de ce monde et dépasse les limites qu'Il a fixé, Il est obligé d'intervenir. De même que si l'on veut véritablement élever un enfant, si on veut qu'il puisse se comporter comme il faut, on ne peut pas lui donner que de l'amour et des choses qui lui sont agréables; on est parfois obligé de lui fixer des limites. Les dix plaies d'Égypte ont montré la rigueur d'Hachem envers les Égyptiens, qui ont été trop loin dans la souffrance qu'ils ont infligée au Klal Israël. Nous avons une mitsva d'aimer Hachem, mais aussi une mitsva de Le craindre. Or si la vie se passait toujours comme nous l'entendions, sans que nous ayons la moindre épreuve ou difficulté, cela nous permettrait de développer, dans le meilleur des cas, notre reconnaissance et notre amour envers Hachem. Mais cela ne nous permettrait pas de Le craindre. Car si on n'a jamais eu d'autorité face à nous, si personne ne nous a jamais fait peur ni imposé quoi que ce soit, on n'arrive pas à ressentir de la crainte. A contrario, une personne qui a été très éprouvée, qui a traversé beaucoup de difficultés, arrive (dans le meilleur des cas) à craindre Hachem, mais elle a du mal à L ' a i m e r. L'ouverture de la Mer Rouge, cependant, nous indique comment arriver à aimer Hachem et à Le craindre. Les plaies d'Egypte montrent la rigueur d'Hachem envers les Égyptiens. En effet, les lois de la nature ne fonctionnaient 2 ' plus normalement envers eux (puisque, par exemple, l'eau devenait du sang), mais seulement envers les Bené Israël. Elles étaient donc une sanction envers les Égyptiens, pour le mal qu'ils ont causé aux Bené Israël, et montraient donc la rigueur d'Hachem envers eux.La traversée de la Mer, par contre, montre à la fois l'amour d'Hachem envers les Bené Israël (qu'Hachem a sauvé) et Sa rigueur envers les Égyptiens (qu'Il a ensuite noyé). La crainte qu'ont alors ressenti les Bené Israël ne provenait pas seulement d'une manifestation de Sa rigueur, mais du fait qu'Il a exprimé au même moment de la rigueur et de la miséricorde. A la fin de parachat Béha'alotekha, nous voyons aussi un moment où Hachem a exprimé Sa rigueur et Sa miséricorde. En effet, lorsque Myriam a eu la tsaraat pour avoir dit du lachone hara sur son frère Moché, d'un côté elle a dû être isolée (et c'est alors la rigueur d'Hachem qui s'est exprimée); mais d'un autre côté, Hachem, dans sa miséricorde, a demandé à ce que tout le peuple l'attende, et ne poursuive pas son voyage avant qu'elle ne soit guérie (comme l'explique Rachi, Il l'a ainsi récompensée pour avoir surveillé son frère Moché lorsqu'il était encore bébé et qu'il avait alors été déposé sur le Nil). Ceci nous enseigne un grand message: même dans les moments de difficultés, nous pouvons voir la bonté d'Hachem. Celle-ci n'est alors pas toujours évidente à voir mais si on la cherche, on la trouve. Un Juif arrive à voir la bonté et la miséricorde d'Hachem même lorsqu'Il lui dit "Non!" (c'est-à-dire même lorsque les choses ne se passent pas tel que lui l'aurait voulu). La spécificité du peuple juif, c'est d'être capable d'entendre un non d'Hachem. Le Midrash raconte, en effet, qu'après que Chelomo Hamélekh ait construit le Beth Midrash, il a demandé à Hachem: -de toujours accepter la tefila qu'un goy viendrait y faire; -mais de n'accepter celle d'un Juif que si c'est bon pour lui (pour ce Juif). Car seuls nous, Juifs, qui avons traversé la Mer Rouge, sommes capables d'entendre un non d'Hachem. De déceler Sa ra'hamim (miséricorde) même dans les moments de din (rigueur). Car nous, Juifs, savons que même derrière les plus grandes difficultés se cache une énorme bonté d'Hachem. 3 ' La émouna: la clé de la réussite (Par Rav Yitshak Assuli) On parle souvent de émouna (confiance en Hachem) en considérant celle-ci comme une aide pour surmonter les difficultés de la vie. Et il est vrai que celui qui a de la émouna arrivera plus facilement à gérer les problèmes que celui qui n'en a pas ?Mais la émouna n'est pas seulement une aide pour surmonter les difficultés. Elle permet de créer les évènements, au lieu de simplement les subir. Elle permet aux choses de venir vers nous. Cette idée, nous la trouvons à plusieurs endroits dans la Torah, et notamment dans la paracha de Béchala'h. Et c'est une idée très importante, puisque nous devons l'utiliser presque à chaque minute de notre vie. Mais en quoi la paracha de Béchala'h la rappelle-t-elle ? Dans la paracha de Béchala'h, la Torah nous parle du moment où les Bené Israël se sont retrouvés face à la Mer, et où les Égyptiens étaient derrière eux, en train de les poursuivre. Moché Rabbénou, ne sachant pas comment Hachem allait sauver les Bené Israël, se mit à Le prier. Mais Hachem lui dit: "Ce n'est pas le moment de prier! Parle aux Bené Israël et qu'ils avancent !".Rachi explique ces propos très étonnants: pourquoi n'étaitce pas le moment de prier ? Dans une situation aussi éprouvante, n'était-il pas évident de demander l'aide d'Hachem ? Par conséquent, pourquoi n'est-ce pas le moment de prier mais d'avancer ? Rachi explique qu'Hachem a dit à Moché: "Tu n'as pas besoin de prier, car tes ancêtres ont déjà cru en Moi. Malgré toutes les épreuves auxquelles ils ont été confronté, et même s'ils n'ont pas vu la récompense de leur émouna. C'est grâce à cette émouna que la Mer va s'ouvrir". C'est aussi grâce à la émouna que les Bené Israël ont pu suivre Hachem sans amener de provisions pour la route avec eux, si ce n'est une pâte qui n'a même pas eu le temps de lever. Ils avaient alors une très grande confiance en Hachem. Et c'est cette émouna, cette confiance aveugle qu'ils ont eu envers Hachem, qui va créer, plus tard, l'événement de l'ouverture de la Mer Rouge. Rav Yérou'ham dit que les Bené Israël, grâce à leur émouna, sont au delà de la nature; et que la tefila, c'est la dimension de la nature. Cela signifie que lorsqu'on prie, on ne fait pas des miracles. On permet à l'abondance de venir dans ce monde, de la manière dont Hachem a voulu qu'elle y vienne. Mais la émouna est beaucoup plus forte que la tefila, car elle permet à des miracles d'avoir lieu. C'est la émouna qui nous a permis (à nous, Bené Israël) d'être encore là aujourd'hui, malgré toutes les tentatives de destruction à notre encontre. La émouna permet de ne pas seulement subir les évènements, mais au contraire de les créer. Et s'il faut, par exemple, avoir la émouna en la venue du Machiah, y croire fermement même s'il tarde à venir, c'est parce que le fait de croire en cet événement entraînera sa réalisation. Alors que si, au contraire, on n'y croit pas, rien ne se passe. De même, dans la vie, il y a des gens qui changent très fréquemment de travail car ils en sont toujours insatisfaits; alors que d'autres, au contraire, occupent le même poste depuis des années (voire des générations, puisqu'il s'agit parfois aussi de l'affaire dans laquelle travaillaient leur père et leur grand-père), et tout se passe bien. Car ces derniers ont la émouna, ils ont confiance en eux et savent qu'ils vont réussir (même s'ils ne savent pas forcément comment). Alors que les autres ne croient pas en ce qu'ils font. Par conséquent, ils ne réussissent pas. La émouna est le moteur de toute réalisation. Parfois, nous ne comprenons pas pourquoi nous devons traverser telle ou telle difficulté. Mais une situation 4 ' d'épreuve est justement l'occasion de garder une émouna complète en Hachem, et donc de vivre ensuite un événement très positif.Hachem a créé le monde de la rigueur, et celui de la miséricorde. Le monde de la rigueur, c'est celui où je ne comprends pas; où ce qui me permet de vivre, c'est la émouna. Le passage par ce monde est nécessaire pour accéder au monde de la miséricorde. La miséricorde, c'est l'ouverture de la Mer Rouge. C'est la réussite dans la parnassa ou dans l'éducation des enfants. D'ailleurs, pour que des enfants puissent réussir, il est indispensable d'avoir confiance en eux. De même pour la réussite du couple, ou pour notre propre réussite: pour qu'elle puisse avoir lieu, il faut y croire ! Récemment, des statistiques ont été publiées, et elles ont révélé que l'homme qui réussit un examen n'est pas le plus intelligent de tous les candidats, mais celui qui a confiance en lui. Celui qui sait qu'il va y arriver.Chaque fois qu'on a eu une faiblesse, c'était en raison d'un manque de émouna. Partir défaitiste, pessimiste, c'est rater d'avance. Aujourd'hui, l'avenir et la réussite de nos enfants dépend de la confiance qu'on a en eux. La émouna est extrêmement importante. C'est la clé de la réussite de la vie.La émouna est plus forte que la prière. Elle permet de créer même des miracles. Cette émouna, c'est la force du Am Israël. C'est ce qui nous a permis de passer les épreuves. C'est ce qui nous a permis d'ouvrir la Mer Rouge. Au moment où les Bené Israël se sont retrouvés devant la Mer, ce n'était pas le moment de prier. Car à ce moment-là, il fallait un miracle. Et pour qu'un miracle ait lieu, la émouna est indispensable. Dans les moments difficiles, il faut s'habituer à dire (et à penser) "Gam zou létova (tout est pour le bien)!". Car c'est cette phrase "magique" qui nous amènera à voir des miracles dans nos vies. 5 ' Mais où sont les miracles de la Mer rouge ? (Par Rav Ron Chaya) Pourquoi Dieu n'opère-t-Il pas aujourd'hui des miracles grandioses comme par exemple ceux de l'ouverture de la mer rouge ? Tout simplement pour nous préserver. Lorsqu'il y a un dévoilement de Dieu, notre libre arbitre est altéré, et nous sommes presque obligés de choisir la vérité. En tous les cas, la logique nous conduit à cela. Car pour persister à faire le mal alors qu'on voit clairement la vérité, il faut vraiment être simple d'esprit !Or le Klal Israël, malgré un miracle aussi grandiose que celui de la mer rouge et la révélation au mont Sinaï, a opté pour faire le mal : il y a eu la faute du Veau d'or, celle des explorateurs, les plaintes dans le désert… Hazal comptent dix grosses bévues qu'a fait le Klal Israël dans le désert. Pour avoir opté pour le mal malgré un si grand dévoilement de Dieu, le Klal Israël méritait la mort. Il y a échappé plusieurs fois grâce à Moché qui a intercédé en sa faveur. Mais il est arrivé que Dieu dise: "Je ne serai plus au milieu de vous mais j'enverrai Mon ange", car Il savait qu'à ce moment-là, le peuple n'était plus à la hauteur de supporter Sa présence. Lorsque le peuple choisit le mal, Dieu se retire un peu, et la vérité devient moins claire et évidente. Lorsque le peuple continue à choisir le mal, Dieu se retire encore plus, et ainsi de suite. C'est ce qu'on appelle yéridath hadorot (la régression des générations). Parce qu'on s'enfonce, Dieu se retire (pour nous préserver). Et parce qu'Il se retire, on s'enfonce. Lorsqu'on a touché le fond du panier (à la période où, avant la Seconde guerre mondiale, les juifs quittaient la Torah par millions ; et il ne s'agissait pas, comme aujourd'hui, d'ignares en Torah. Il s'agissait de gens cutivés), il y a soudain eu, par la miséricorde divine, un mouvement contraire de téchouva, de gens qui reviennent à la Torah. Par conséquent, Dieu se dévoile à nous de plus en plus, et nous assistons ainsi à des miracles tels qu'il n'y en a pas eu depuis des milliers d'années (voir à ce sujet les cours suivants sur leava.fr: Le bouclier d'Israël, Le chant de Gaza, Un cours exceptionnel: la seule solution. Ils parlent de miracles extraordinaires, où on voit presque clairement la main de Dieu). Parce que nous nous approchons de Dieu, Il peut nous faire de tels miracles sans nous mettre en danger. Certes, même de nos jours, de nombreux Juifs sont assimilés . Mais il y en a aussi qui reviennent à la Torah. Or dans une période d'obscurité comme la nôtre, chaque Juif qui revient à la Torah créé une lumière extraordinaire (en plein jour, la lumière d'une bougie est inutile. Mais en pleine nuit, elle repousse beaucoup d'obscurité). Aujourd'hui, on est dans la plus grande touma (impureté). En effet, combien de mal une personne peut faire ou voir sur Internet, en seulement quelques clics! Donc celui qui va à contresens de tout cela (en se préservant de ce dont la Torah nous demande de nous préserver) apporte énormément de lumière dans le monde. Toute personne qui fait téchouva à notre époque, en tenant bon malgré la débauche environnante, entraîne beaucoup de bien dans le monde. Suite à cette téchouva, Hachem se dévoile encore plus à nous, ce qui entraîne plus de téchouva, puis plus de dévoilement, et ainsi de suite. Nous sommes alors dans un cercle vertueux, qui nous amènera à la venue du Machiah. Celui-ci viendra lorsque nous aurons fait téchouva, comme l'indiquent les mots " ולשבי פשע ביעקב ובא לציון גואל Que ce soit très bientôt, amen ! 6 Savoir dire les choses sans tuer l'autre (Par Rav Mordehai Bitton) ' Entre Pessah et Chavouot, nous avons l'habitude de lire les Pirké Avot. Interrogeons-nous donc sur cette troisième partie de la Torah, qui concerne le comportement de l'homme envers luimême ()בין אדם לעצמו. La Torah contient en effet des éléments concernant la relation de l'homme envers Hachem ()בין אדם למקום, celle de l'homme envers son prochain (בין אדם )לחברוet celle de l'homme envers luimême ()בין אדם לעצמו. A la première Michna des Pirké Avot, il est dIt: ""הוו מתונים בדין. Ces mots signifient que le Dayane (juge rabbinique) doit être capable de "naviguer" pour trouver des solutions. Certains problèmes semblent, en effet, insolubles, et il faut donc une certaine vivacité d'esprit pour pouvoir les résoudre. Rav Ben Tsion Abba Chaoul, par exemple, disait et cela est connu de tous les décisionnaires, que l'essentiel ci dans la cave à vin du magasin. Mais un jour, lorsqu'il y revint, il remarqua que le porte-monnaie n'était plus à l'endroit où il l'avait laissé. Il le chercha dans le magasin, mais ne le trouva pas. Il alla alors voir le Dayane de sa ville, et lui dit: "J'ai perdu mon porte-monnaie et, à ma connaissance, la seule personne qui possède la clé de la cave à vin où je l'avais laissé est le propriétaire de celleci. Que faire ?". Le Dayane proposa alors de convoquer le propriétaire. Il l'interrogea mais celuici nia totalement avoir volé quoi que ce soit. Et il se mit très en colère qu'on ait osé le suspecter. Le Rav déclara alors: "Ok, le porte-monnaie n'est pas chez toi, et je ne peux pas penser une chose pareille. Mais tu es pourtant d'accord que le porte-monnaie a disparu. Et s'il n'est pas chez toi, je suis donc obligé de suspecter qu'un goy s'est infiltré dans des décisions qu'un décisionnaire doit prendre ne sont pas marquées dans le Choul'hane Aroukh. Elles reposent sur son שיקול הדעת, c'est-à-dire sa capacité à réfléchir à partir de l'étude qu'il a derrière lui. Les deux histoires suivantes, rapportées par Rav Ovadia Yossef, montrent comment des Rabbanim ont su dénouer des problèmes: 1) Un homme avait un magasin de vin, et un employé qui y travaillait. Cet employé gardait son argent dans un porte-monnaie et, la nuit, il laissait celui- ton magasin, qu'il a fouillé dans la cave et bougé une ou plusieurs barriques de vin, rendant par conséquent ce dernier non-cachère. Je vais donc être obligé de proclamer dans la ville que le vin vendu dans ton magasin n'est plus cachère...". En entendant cela, le propriétaire reconnut que c'était lui qui avait volé le porte-monnaie de son employé, et il le lui rendit. 2) Un autre homme fut, un jour, suspecté de vol. Il s'agissait d'un aubergiste, accusé de vol par un client qui avait laissé de l'argent dans sa 7 ' chambre. Selon ce client, qui ne retrouvait plus l'argent dans sa chambre, l'hôtel était sous la responsabilité de l'aubergiste, et celui-ci était donc responsable des vols qui pouvaient y avoir lieu. Les deux hommes se présentèrent donc chez le Dayane, qui suspectait fortement l'aubergiste, sentant qu'il ne s'agissait pas d'un homme sérieux... Il lui demanda donc: "Pouvez-vous s'il vous plaît me passer votre tabatière un instant ?". Puis il appela son chamach et lui dit: "Tu vas vite courir à l'auberge de cet homme, et dire à sa femme qu'il est chez moi en din Torah, et qu'il lui demande de lui rendre l'argent qu'il lui a confié, parce qu'il faut le rendre à la personne à laquelle il appartient. Et pour lui prouver qu'il veut qu'elle fasse cela, tu lui montreras cette tabatière.". Le chamach agit ainsi, la femme de l'aubergiste lui donna l'argent, il l'apporta au Rav, qui le rendit à son propriétaire, en lui demandant de quitter la ville pour l'instant. Puis le Rav revint vers l'aubergiste, et lui rendit sa tabatière. Peu après, l'aubergiste rentra chez lui et, après avoir parlé à sa femme, il comprit ce qu'il s'était passé. L'aubergiste aurait pu arriver à la même conclusion (qu'il avait mal agit en volant) si on lui avait dit frontalement des mots tels que: "Tu es un voleur! Ce que tu as fait est très grave! N'as-tu pas honte d'avoir agit ainsi ?!". Mais le Rav, en agissant comme il l'avait fait, a fait preuve de bien plus d'intelligence et de finesse. Il a permis à l'aubergiste de se rendre compte de lui-même de sa faute. C'est de cette manière (en laissant à la personne qui a mal agi la possibilité de réparer ce qu'elle a fait, au lieu de lui donner l'impression que c'est irréparable) qu'on accomplit correctement la mitsva de réprimander son prochain (הוכח תוכיח )את עמיתך. Parfois, nous devons faire comprendre certaines choses à certaines personnes. Mais il est alors très important de leur laisser un makom, c'est-à-dire une possibilité d'exister et de réparer ce qu'elles n'ont pas bien fait. Pour arriver à cela, il faut être מתון בדין, c'est-à-dire faire preuve d'intelligence et de finesse, au lieu de dire les choses trop directement. Le fait que les Pirké Avot commencent par cet enseignement (le premier à y être rapporté) montre à quel point celui-ci est important... 8 ' Impossible n'est pas tefila ! (Par Rav Raphael Sadin) Mme Greenberg était une dame assez âgée. Son état de santé commençait à décliner, et elle accepta donc que ses enfants qui avaient du mal à s'occuper d'elle, la placent dans une maison de retraite. Au début, les enfants venaient la voir assez souvent. Mais par la suite, ils vinrent un peu moins... Et un jour, l'hôpital les appela pour leur annoncer... que leur mère était décédée. Ils vinrent alors sur place mais, le temps qu'ils arrivent, l'enterrement avait déjà eu lieu. Ils n'avaient donc plus la possibilité de voir leur mère. Honteux, ils se mirent à regretter de ne pas être venus lui rendre visite plus souvent, de s'être trop laissés entraîner par leurs occupations quotidiennes... Ces regrets continuèrent pendant les sept jours de deuil. Mais alors que la semaine de deuil était presque terminée, le téléphone sonna. Une fille de la défunte décrocha, entendit une voix au bout du fil et... s'évanouit ! Alors qu'on essaya de la réanimer, le téléphone sonna de nouveau. Cette fois-ci, un fils de la défunte décrocha, mais, après avoir entendu la voix de la personne qui appelait, il s'évanouit aussi ! Un troisième fils, plus "solide", parla à l'interlocuteur au téléphone. Et celui- ci n'était autre que... sa mère, que tous croyaient décédée et dont ils étaient actuellement en train de porter le deuil ! Mais que s'était-il passé ? La mère au téléphone dit à son fils: "Je m'inquiète, voilà trois semaines que vous n'êtes pas venus me voir ! Que se passe-t-il ? Estce que vous allez bien ?". Le fils n'osa évidemment pas lui dire qu'ils la croyaient décédée et qu'ils étaient en ce moment occupés à faire son "deuil" ! Quelques instants plus tard, un des enfants de la "défunte" eut au téléphone le directeur de l'hôpital. Celui-ci se confondit en excuses, et expliqua qu'il y avait en fait, dans son hôpital, deux Mme Greenberg; et qu'il y avait donc eu une confusion entre ces deux dames ! Celle qui avait été enterrée n'était donc pas la mère des enfants qui portaient le deuil ! D'un côté, c'était un scandale: les enfants avaient eu tellement peur, ils s'étaient tellement attristés, ils avaient tellement regrettés, ils s'étaient endeuillés, alors que.... Mais d'un autre côté, ils étaient tellement contents de retrouver leur mère !! Ils promirent alors de venir la voir à tour de rôle, de sorte à ce qu'elle ait, au moins une fois tous les deux jours, un enfant qui vienne lui rendre visite. De son côté, le directeur de l'hôpital était bien embêté: comment, en effet, annoncer aux autres Greenberg que leur mère était décédée... depuis presque une semaine ?! Il appela quand-même le fils de cette dame et, avec beaucoup de précautions, lui annonça la terrible nouvelle. Mais le garçon ne sembla pas le moins du monde ébranlé, puisqu'il se contenta de répondre froidement: "Très bien, brûlezla et envoyez-moi la facture!", avant de raccrocher sèchement. Choqué, le directeur se demanda si le garçon avait bien compris la nouvelle qu'il venait d'annoncer. Il le rappela donc, mais 9 ' celui-ci lui répondit, d'un ton froid et agacé: "J'ai très bien compris, ma mère est décédée. Mais je ne veux pas qu'on lui fasse d'enterrement juif. Je veux qu'on la brûle. Alors faites-le, puis envoyez-moi la facture lorsque ce sera fait ! Là, je n'ai pas le temps, je suis occupé!". Et il raccrocha brusquement. Après coup, on découvrit que la Mme Greenberg qui était décédée venait d'une famille religieuse, mais que le fils qu'elle a eu (celui qui disait "Brûlez-la et envoyez-moi la facture!") était devenu un hérétique, très matérialiste, qui ne croyait en rien. Sa mère le suppliait: "Lorsque je mourrai, fais-moi un enterrement juif!", mais lui répondait: "Hors de question! C'est contre mes principes! Moi je suis pour le crématorium: on brûle et on n'en parle plus!". Et chaque jour, Mme Greenberg priait de toutes ses forces Dieu de lui accorder un enterrement juif... On aurait pu penser qu'avec un fils aussi rebelle que le sien, ses prières seraient vaines. En effet, comment espérer bénéficier d'un enterrement conforme à la loi juive avec un fils qui y était aussi fermement opposé ? Mais Hachem, voyant la sincérité de cette dame, lui accorda ce qu'elle désirait tant: un enterrement fidèle à la loi juive. Et la confusion qui eut lieu à l'hôpital (et qui entraîna qu'une dame soit enterrée à la place d'une autre et que des enfants prennent le deuil alors qu'ils n'avaient en fait pas de raison de s'endeuiller) ne fut que le moyen d'y arriver. Cette erreur a, en effet, permis à Mme Greenberg d'être enterrée comme elle le voulait. Et plus que cela: grâce à la confusion, Mme Greenberg a même pu être honorée pendant presque toute la semaine de deuil, par des gens qui ont fait chiv'a pour elle alors qu'ils pensaient le faire pour leur propre mère. Cette histoire montre qu'il ne faut jamais désespérer d'une tefila. Qu'il vaut toujours la peine de prier Hachem de nous sortir de tel ou tel problème, même lorsque ce dernier semble être impossible à résoudre. Hachem a de nombreux moyens de nous venir en aide !Le désespoir est l'ennemi de la spiritualité et de la métaphysique. Il faut toujours continuer à espérer et à prier car, pour Hachem, tout est possible ! Avec un fils aussi rebelle que le sien, il semblait impossible que Mme Greenberg puisse un jour bénéficier d'un enterrement juif. Mais cette dame a prié fort, elle s'en est entièrement remis à Hachem, qui a non seulement répondu à sa demande (en lui accordant un enterrement juif) mais qui lui a donné encore plus: Il a fait en sorte que, pendant la semaine de deuil, sa mémoire soit honorée, et que des prières soient alors récitées pour l'élévation de son âme. Que cette histoire, racontée aussi dans ce but, contribue à l'élever encore davantage, ! אמן כן יהי רצון 10 ' Le travail de to'hène (2eme partie) (Par Rav David Sitbon) Nous avons vu précédemment : -qu'il est permis pendant Chabbat de couper en petit morceaux de la viande ou du fromage; -et ce pour une raison très simple: à l'époque du Michkane, ce qu'on avait l'habitude de moudre, c'était des choses qui poussent de la terre. Ce qui ne pousse pas de la terre n'entre pas dans la mélakha de to'hène, et peut donc être coupé en petits morceaux pendant Chabbat. Par contre, il est interdit pendant Chabbat: -de râper un aliment avec une râpe; -même s'il ne s'agit pas d'un aliment qui pousse de la terre mais par exemple d'un morceau de fromage. Car:-même si, comme nous l'avons vu, il est permis pendant Chabbat de couper du fromage en petits morceaux; -il n'est pas permis en ce jour d'utiliser une râpe à cet effet (car cela serait alors ouvdine dé'hol, c'est-à-dire que cela ressemblerait à un travail effectué habituellement en semaine). Dans la mélakha de bichoul, il y a un principe selon lequel ( אין בישול אחר בישולc'està-dire, en gros, qu'une chose qui a été entièrement cuite avant Chabbat peut être réchauffée pendant Chabbat sur une plata). De même, dans la mélakha de to'hène, il y a un principe selon lequel ( אין תחינה אחר תחינהqui implique qu'une chose qui a été moulue avant Chabbat peut être de nouveau moulue pendant Chabbat). En vertu de ce principe, il sera permis pendant Chabbat d'écraser du pain. Car, en effet, le pain est fait avec de la farine, qui elle-même provient du blé. Or lors de la fabrication de la farine, le blé a déjà été écrasé; et on pourra donc sans problème l'écraser pendant Chabbat (en écrasant du pain), bien qu'il provienne de la terre. 11