Hol Hamoed Pessah 5776

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‫בס"ד‬
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HOL HAMOED PESSAH
Ce fascicule est dédié à la refoua chlema de
Margaret Simha bat Soly et à la mémoire de
Chmouel Claude ben Mouni
La particularité du miracle de la Mer Rouge
(Par Rav David Temstet)
La émouna: la clé de la réussite
(Par Rav Yitshak Assuli)
Mais où sont les miracles de la Mer rouge ?
(Par Rav Ron Chaya)
Savoir dire les choses sans tuer l'autre
(Par Rav Mordehai Bitton)
Impossible n'est pas tefila !
(Par Rav Raphael Sadin)
Le travail de to'hène (2eme partie)
(Par Rav David Sitbon)
Espace Torah remercie Léa Marciano pour son dévouement et son professionalisme
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La particularité du miracle de la Mer Rouge
(Par Rav David Temstet)
Dans la paracha de Béchalah, il est
dit: "Vayiréou ha'am eth Hachem"; et,
étonnamment, ces mots indiquent que
c'est à partir du miracle de la Mer Rouge
que le Klal Israël a commencé à craindre
Hachem. Mais, comme le demande le
Midrash, fallait-il vraiment ce miracle
pour que le peuple commence à craindre
Hachem ? Les nombreux miracles qui
ont eu lieu en Egypte ne suffisaient-ils
pas aussi pour déclencher ce sentiment
? Dans son livre Béménou'hot , le
malakh Réphaël Berdugo explique une
idée dont parle aussi le Beth Halévy
(ceci nous montre d'ailleurs que la Torah
est la même, qu'elle ait été étudiée à
Mékness ou à Brisk; que ceux qui ont
étudié la Torah avec les grands maîtres
se rejoignent sur les idées de celle-ci):
Hachem gère ce monde avec rigueur et
miséricorde.
Dans Sa bonté, Hachem nous permet
de vivre et nous donne tout ce dont nous
avons besoin. Mais d'un autre côté,
lorsqu'une personne ne respecte pas les
lois de ce monde et dépasse les limites
qu'Il a fixé, Il est obligé d'intervenir.
De même que si l'on veut véritablement
élever un enfant, si on veut qu'il puisse se
comporter comme il faut, on ne peut pas
lui donner que de l'amour et des choses
qui lui sont agréables; on est parfois
obligé de lui fixer des limites.
Les dix plaies d'Égypte ont montré la
rigueur d'Hachem envers les Égyptiens,
qui ont été trop loin dans la souffrance
qu'ils ont infligée au Klal Israël.
Nous avons une mitsva d'aimer Hachem,
mais aussi une mitsva de Le craindre.
Or si la vie se passait toujours comme
nous l'entendions, sans que nous ayons
la moindre épreuve ou difficulté, cela
nous permettrait de développer, dans le
meilleur des cas, notre reconnaissance et
notre amour envers Hachem. Mais cela ne
nous permettrait pas de Le craindre. Car
si on n'a jamais
eu
d'autorité
face à nous, si
personne
ne
nous a jamais fait
peur ni imposé
quoi que ce soit,
on n'arrive pas
à ressentir de la
crainte.
A
contrario,
une
personne
qui a été très
éprouvée,
qui a traversé
beaucoup
de
difficultés, arrive
(dans le meilleur
des
cas)
à
craindre Hachem, mais elle a du mal à
L ' a i m e r.
L'ouverture de la Mer Rouge, cependant,
nous indique comment arriver à aimer
Hachem et à Le craindre.
Les plaies d'Egypte montrent la rigueur
d'Hachem envers les Égyptiens. En effet,
les lois de la nature ne fonctionnaient
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plus normalement envers eux (puisque, par exemple, l'eau devenait du sang),
mais seulement envers les Bené Israël. Elles étaient donc une sanction envers
les Égyptiens, pour le mal qu'ils ont causé aux Bené Israël, et montraient donc la
rigueur d'Hachem envers eux.La traversée de la Mer, par contre, montre à la fois
l'amour d'Hachem envers les Bené Israël (qu'Hachem a sauvé) et Sa rigueur envers
les Égyptiens (qu'Il a ensuite noyé). La crainte qu'ont alors ressenti les Bené Israël
ne provenait pas seulement d'une manifestation de Sa rigueur, mais du fait qu'Il a
exprimé au même moment de la rigueur et de la miséricorde. A la fin de parachat
Béha'alotekha, nous voyons aussi un moment où Hachem a exprimé Sa rigueur et Sa
miséricorde. En effet, lorsque Myriam a eu la tsaraat pour avoir dit du lachone hara
sur son frère Moché, d'un côté elle a dû être isolée (et c'est alors la rigueur d'Hachem
qui s'est exprimée); mais d'un autre côté, Hachem, dans sa miséricorde, a demandé
à ce que tout le peuple l'attende, et ne poursuive pas son voyage avant qu'elle ne soit
guérie (comme l'explique Rachi, Il l'a ainsi récompensée pour avoir surveillé son frère
Moché lorsqu'il était encore bébé et qu'il avait alors été déposé sur le Nil). Ceci nous
enseigne un grand message: même dans les moments de difficultés, nous pouvons
voir la bonté d'Hachem. Celle-ci n'est alors pas toujours évidente à voir mais si on la
cherche, on la trouve. Un Juif arrive à voir la bonté et la miséricorde d'Hachem même
lorsqu'Il lui dit "Non!" (c'est-à-dire même lorsque les choses ne se passent pas tel
que lui l'aurait voulu). La spécificité du peuple juif, c'est d'être capable d'entendre
un non d'Hachem. Le Midrash raconte, en effet, qu'après que Chelomo Hamélekh ait
construit le Beth Midrash, il a demandé à Hachem:
-de toujours accepter la tefila qu'un goy viendrait y faire;
-mais de n'accepter celle d'un Juif que si c'est bon pour lui (pour ce Juif).
Car seuls nous, Juifs, qui avons traversé la Mer Rouge, sommes capables d'entendre
un non d'Hachem. De déceler Sa ra'hamim (miséricorde) même dans les moments de
din (rigueur). Car nous, Juifs, savons que même derrière les plus grandes difficultés
se cache une énorme bonté d'Hachem.
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La émouna: la clé de la réussite
(Par Rav Yitshak Assuli)
On parle souvent de émouna (confiance en
Hachem) en considérant celle-ci comme
une aide pour surmonter les difficultés de
la vie. Et il est vrai que celui qui a de la
émouna arrivera plus facilement à gérer
les problèmes que celui qui n'en a pas
?Mais la émouna n'est pas seulement
une aide pour surmonter les difficultés.
Elle permet de créer les évènements, au
lieu de simplement les subir. Elle permet
aux choses de venir vers nous.
Cette idée, nous la trouvons à plusieurs
endroits dans la Torah, et notamment
dans la paracha de Béchala'h. Et c'est
une idée très importante, puisque nous
devons l'utiliser presque à chaque minute
de notre vie. Mais en quoi la paracha de
Béchala'h la rappelle-t-elle ?
Dans la paracha de Béchala'h, la Torah
nous parle du moment où les Bené Israël
se sont retrouvés face à la Mer, et où les
Égyptiens étaient derrière eux, en train
de les poursuivre. Moché Rabbénou,
ne sachant pas comment Hachem allait
sauver les Bené Israël, se mit à Le prier.
Mais Hachem lui dit: "Ce n'est pas le
moment de prier! Parle aux Bené Israël
et qu'ils avancent !".Rachi explique ces
propos très étonnants: pourquoi n'étaitce pas le moment de prier ? Dans une
situation aussi éprouvante, n'était-il pas
évident de demander l'aide d'Hachem
? Par conséquent, pourquoi n'est-ce
pas le moment de prier mais d'avancer
? Rachi explique qu'Hachem a dit à
Moché: "Tu n'as pas besoin de prier, car
tes ancêtres ont déjà cru en Moi. Malgré
toutes les épreuves auxquelles ils ont été
confronté, et même s'ils n'ont pas vu la
récompense de leur émouna. C'est grâce
à cette émouna que la Mer va s'ouvrir".
C'est aussi grâce à la émouna que les
Bené Israël ont pu suivre Hachem sans
amener de provisions pour la route avec
eux, si ce n'est une pâte qui n'a même
pas eu le temps de lever. Ils avaient alors
une très grande confiance en Hachem.
Et c'est cette émouna, cette confiance
aveugle qu'ils ont eu envers Hachem,
qui va créer, plus tard, l'événement de
l'ouverture de la Mer Rouge.
Rav Yérou'ham dit que les Bené Israël,
grâce à leur émouna, sont au delà de la
nature; et que la tefila, c'est la dimension
de la nature. Cela signifie que lorsqu'on
prie, on ne fait pas des miracles. On
permet à l'abondance de venir dans ce
monde, de la manière dont Hachem a
voulu qu'elle y vienne. Mais la émouna
est beaucoup plus forte que la tefila, car
elle permet à des miracles d'avoir lieu.
C'est la émouna qui nous a permis
(à nous, Bené Israël) d'être encore là
aujourd'hui, malgré toutes les tentatives
de destruction à notre encontre.
La émouna permet de ne pas seulement
subir les évènements, mais au contraire
de les créer.
Et s'il faut, par exemple, avoir la émouna en
la venue du Machiah, y croire fermement
même s'il tarde à venir, c'est parce que le
fait de croire en cet événement entraînera
sa réalisation. Alors que si, au contraire,
on n'y croit pas, rien ne se passe.
De même, dans la vie, il y a des gens qui
changent très fréquemment de travail car
ils en sont toujours insatisfaits; alors que
d'autres, au contraire, occupent le même
poste depuis des années (voire des
générations, puisqu'il s'agit parfois aussi
de l'affaire dans laquelle travaillaient leur
père et leur grand-père), et tout se passe
bien. Car ces derniers ont la émouna,
ils ont confiance en eux et savent qu'ils
vont réussir (même s'ils ne savent pas
forcément comment).
Alors que les autres ne croient pas en
ce qu'ils font. Par conséquent, ils ne
réussissent pas.
La émouna est le moteur de toute
réalisation.
Parfois, nous ne comprenons pas
pourquoi nous devons traverser telle
ou telle difficulté. Mais une situation
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d'épreuve est justement l'occasion de garder une émouna complète en Hachem, et
donc de vivre ensuite un événement très positif.Hachem a créé le monde de la rigueur,
et celui de la miséricorde. Le monde de la rigueur, c'est celui où je ne comprends
pas; où ce qui me permet de vivre, c'est la émouna. Le passage par ce monde est
nécessaire pour accéder au monde de la miséricorde. La miséricorde, c'est l'ouverture
de la Mer Rouge. C'est la réussite dans la parnassa ou dans l'éducation des enfants.
D'ailleurs, pour que des enfants puissent réussir, il est indispensable d'avoir confiance
en eux. De même pour la réussite du couple, ou pour notre propre réussite: pour
qu'elle puisse avoir lieu, il faut y croire !
Récemment, des statistiques ont été publiées, et elles ont révélé que l'homme qui
réussit un examen n'est pas le plus intelligent de tous les candidats, mais celui qui a
confiance en lui. Celui qui sait qu'il va y arriver.Chaque fois qu'on a eu une faiblesse,
c'était en raison d'un manque de émouna. Partir défaitiste, pessimiste, c'est rater
d'avance. Aujourd'hui, l'avenir et la réussite de nos enfants dépend de la confiance
qu'on a en eux. La émouna est extrêmement importante. C'est la clé de la réussite de
la vie.La émouna est plus forte que la prière. Elle permet de créer même des miracles.
Cette émouna, c'est la force du Am Israël. C'est ce qui nous a permis de passer les
épreuves. C'est ce qui nous a permis d'ouvrir la Mer Rouge.
Au moment où les Bené Israël se sont retrouvés devant la Mer, ce n'était pas le moment
de prier. Car à ce moment-là, il fallait un miracle. Et pour qu'un miracle ait lieu, la
émouna est indispensable. Dans les moments difficiles, il faut s'habituer à dire (et à
penser) "Gam zou létova (tout est pour le bien)!". Car c'est cette phrase "magique" qui
nous amènera à voir des miracles dans nos vies.
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Mais où sont les miracles de la Mer rouge ?
(Par Rav Ron Chaya)
Pourquoi Dieu n'opère-t-Il pas aujourd'hui
des miracles grandioses comme par
exemple ceux de l'ouverture de la mer
rouge ?
Tout simplement pour nous préserver.
Lorsqu'il y a un dévoilement de Dieu,
notre libre arbitre est altéré, et nous
sommes presque obligés de choisir la
vérité. En tous les cas, la logique nous
conduit à cela. Car pour persister à faire
le mal alors qu'on voit clairement la
vérité, il faut vraiment être simple d'esprit
!Or le Klal Israël, malgré un miracle aussi
grandiose que celui de la mer rouge et
la révélation au mont Sinaï, a opté pour
faire le mal : il y a eu la faute du Veau
d'or, celle des explorateurs, les plaintes
dans le désert… Hazal comptent dix
grosses bévues qu'a fait le Klal Israël
dans le désert. Pour avoir opté pour le
mal malgré un si grand dévoilement de
Dieu, le Klal Israël méritait la mort. Il y
a échappé plusieurs fois grâce à Moché
qui a intercédé en sa faveur. Mais il est
arrivé que Dieu dise: "Je ne serai plus
au milieu de vous mais j'enverrai Mon
ange", car Il savait qu'à ce moment-là,
le peuple n'était plus à la hauteur de
supporter Sa présence.
Lorsque le peuple choisit le mal, Dieu se
retire un peu, et la vérité devient moins
claire et évidente. Lorsque le peuple
continue à choisir le mal, Dieu se retire
encore plus, et ainsi de suite. C'est
ce qu'on appelle yéridath hadorot (la
régression des générations).
Parce qu'on s'enfonce, Dieu se retire
(pour nous préserver). Et parce qu'Il se
retire, on s'enfonce. Lorsqu'on a touché
le fond du panier (à la période où, avant
la Seconde guerre mondiale, les juifs
quittaient la Torah par millions ; et il
ne s'agissait pas, comme aujourd'hui,
d'ignares en Torah. Il s'agissait de
gens cutivés), il y a soudain eu, par
la miséricorde divine, un mouvement
contraire de téchouva, de gens qui
reviennent à la Torah. Par conséquent,
Dieu se dévoile à nous de plus en plus,
et nous assistons ainsi à des miracles
tels qu'il n'y en a pas eu depuis des
milliers d'années (voir à ce sujet les
cours suivants sur leava.fr: Le bouclier
d'Israël, Le chant de Gaza, Un cours
exceptionnel: la seule solution. Ils parlent
de miracles extraordinaires, où on voit
presque clairement la main de Dieu).
Parce que nous nous approchons de
Dieu, Il peut nous faire de tels miracles
sans nous mettre en danger.
Certes, même de nos jours, de nombreux
Juifs sont assimilés . Mais il y en a aussi
qui reviennent à la Torah. Or dans une
période d'obscurité comme la nôtre,
chaque Juif qui revient à la Torah créé
une lumière extraordinaire (en plein jour,
la lumière d'une bougie est inutile. Mais
en pleine nuit, elle repousse beaucoup
d'obscurité).
Aujourd'hui, on est dans la plus grande
touma (impureté). En effet, combien de
mal une personne peut faire ou voir sur
Internet, en seulement quelques clics!
Donc celui qui va à contresens de tout
cela (en se préservant de ce dont la
Torah nous demande de nous préserver)
apporte énormément de lumière dans le
monde. Toute personne qui fait téchouva
à notre époque, en tenant bon malgré
la débauche environnante, entraîne
beaucoup de bien dans le monde.
Suite à cette téchouva, Hachem se
dévoile encore plus à nous, ce qui
entraîne plus de téchouva, puis plus de
dévoilement, et ainsi de suite.
Nous sommes alors dans un cercle
vertueux, qui nous amènera à la venue
du Machiah. Celui-ci viendra lorsque
nous aurons fait téchouva, comme
l'indiquent les mots "
‫ולשבי פשע ביעקב ובא לציון גואל‬
Que ce soit très bientôt, amen !
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Savoir dire les choses sans tuer l'autre
(Par Rav Mordehai Bitton)
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Entre Pessah et Chavouot, nous
avons l'habitude de lire les Pirké Avot.
Interrogeons-nous donc sur cette
troisième partie de la Torah, qui concerne
le comportement de l'homme envers luimême (‫)בין אדם לעצמו‬.
La Torah contient en effet des éléments
concernant la relation de l'homme
envers Hachem (‫)בין אדם למקום‬, celle de
l'homme envers son prochain (‫בין אדם‬
‫ )לחברו‬et celle de l'homme envers luimême (‫)בין אדם לעצמו‬.
A la première Michna des Pirké Avot, il est
dIt: "‫"הוו מתונים בדין‬. Ces mots signifient
que le Dayane (juge rabbinique) doit être
capable de "naviguer" pour trouver des
solutions. Certains problèmes semblent,
en effet, insolubles, et il faut donc une
certaine vivacité d'esprit pour pouvoir les
résoudre. Rav Ben Tsion Abba Chaoul,
par exemple, disait et cela est connu de
tous les décisionnaires, que l'essentiel
ci dans la cave à vin du magasin.
Mais un jour, lorsqu'il y revint, il remarqua
que le porte-monnaie n'était plus à
l'endroit où il l'avait laissé. Il le chercha
dans le magasin, mais ne le trouva pas.
Il alla alors voir le Dayane de sa ville, et
lui dit: "J'ai perdu mon porte-monnaie et,
à ma connaissance, la seule personne
qui possède la clé de la cave à vin où je
l'avais laissé est le propriétaire de celleci. Que faire ?".
Le Dayane proposa alors de convoquer
le propriétaire. Il l'interrogea mais celuici nia totalement avoir volé quoi que ce
soit. Et il se mit très en colère qu'on ait
osé le suspecter. Le Rav déclara alors:
"Ok, le porte-monnaie n'est pas chez
toi, et je ne peux pas penser une chose
pareille. Mais tu es pourtant d'accord
que le porte-monnaie a disparu. Et s'il
n'est pas chez toi, je suis donc obligé de
suspecter qu'un goy s'est infiltré dans
des décisions qu'un décisionnaire doit
prendre ne sont pas marquées dans le
Choul'hane Aroukh. Elles reposent sur
son ‫שיקול הדעת‬, c'est-à-dire sa capacité
à réfléchir à partir de l'étude qu'il a
derrière lui. Les deux histoires suivantes,
rapportées par Rav Ovadia Yossef,
montrent comment des Rabbanim ont su
dénouer des problèmes:
1) Un homme avait un magasin de
vin, et un employé qui y travaillait. Cet
employé gardait son argent dans un
porte-monnaie et, la nuit, il laissait celui-
ton magasin, qu'il a fouillé dans la cave
et bougé une ou plusieurs barriques de
vin, rendant par conséquent ce dernier
non-cachère. Je vais donc être obligé de
proclamer dans la ville que le vin vendu
dans ton magasin n'est plus cachère...".
En entendant cela, le propriétaire
reconnut que c'était lui qui avait volé
le porte-monnaie de son employé, et il
le lui rendit. 2) Un autre homme fut, un
jour, suspecté de vol. Il s'agissait d'un
aubergiste, accusé de vol par un client
qui avait laissé de l'argent dans sa
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chambre. Selon ce client, qui ne retrouvait plus l'argent dans sa chambre, l'hôtel
était sous la responsabilité de l'aubergiste, et celui-ci était donc responsable des
vols qui pouvaient y avoir lieu.
Les deux hommes se présentèrent donc chez le Dayane, qui suspectait fortement
l'aubergiste, sentant qu'il ne s'agissait pas d'un homme sérieux... Il lui demanda
donc: "Pouvez-vous s'il vous plaît me passer votre tabatière un instant ?". Puis il
appela son chamach et lui dit: "Tu vas vite courir à l'auberge de cet homme, et dire
à sa femme qu'il est chez moi en din Torah, et qu'il lui demande de lui rendre l'argent
qu'il lui a confié, parce qu'il faut le rendre à la personne à laquelle il appartient. Et
pour lui prouver qu'il veut qu'elle fasse cela, tu lui montreras cette tabatière.". Le
chamach agit ainsi, la femme de l'aubergiste lui donna l'argent, il l'apporta au Rav,
qui le rendit à son propriétaire, en lui demandant de quitter la ville pour l'instant.
Puis le Rav revint vers l'aubergiste, et lui rendit sa tabatière.
Peu après, l'aubergiste rentra chez lui et, après avoir parlé à sa femme, il comprit
ce qu'il s'était passé. L'aubergiste aurait pu arriver à la même conclusion (qu'il
avait mal agit en volant) si on lui avait dit frontalement des mots tels que: "Tu es
un voleur! Ce que tu as fait est très grave! N'as-tu pas honte d'avoir agit ainsi ?!".
Mais le Rav, en agissant comme il l'avait fait, a fait preuve de bien plus d'intelligence
et de finesse. Il a permis à l'aubergiste de se rendre compte de lui-même de sa
faute. C'est de cette manière (en laissant à la personne qui a mal agi la possibilité
de réparer ce qu'elle a fait, au lieu de lui donner l'impression que c'est irréparable)
qu'on accomplit correctement la mitsva de réprimander son prochain (‫הוכח תוכיח‬
‫)את עמיתך‬. Parfois, nous devons faire comprendre certaines choses à certaines
personnes. Mais il est alors très important de leur laisser un makom, c'est-à-dire
une possibilité d'exister et de réparer ce qu'elles n'ont pas bien fait.
Pour arriver à cela, il faut être ‫מתון בדין‬, c'est-à-dire faire preuve d'intelligence et de
finesse, au lieu de dire les choses trop directement.
Le fait que les Pirké Avot commencent par cet enseignement (le premier à y être
rapporté) montre à quel point celui-ci est important...
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Impossible n'est pas tefila !
(Par Rav Raphael Sadin)
Mme Greenberg était une dame assez
âgée. Son état de santé commençait à
décliner, et elle accepta donc que ses
enfants qui avaient du mal à s'occuper
d'elle, la placent dans une maison de
retraite. Au début, les enfants venaient la
voir assez souvent. Mais par la suite, ils
vinrent un peu moins... Et un jour, l'hôpital
les appela pour leur annoncer... que leur
mère était décédée.
Ils vinrent alors sur place mais, le temps
qu'ils arrivent, l'enterrement avait déjà eu
lieu. Ils n'avaient donc plus la possibilité
de voir leur mère. Honteux, ils se mirent
à regretter de ne pas être venus lui
rendre visite plus souvent, de s'être trop
laissés entraîner par leurs occupations
quotidiennes...
Ces regrets continuèrent pendant les
sept jours de deuil. Mais alors que la
semaine de deuil était presque terminée,
le téléphone sonna. Une fille de la défunte
décrocha, entendit une voix au bout du fil
et... s'évanouit ! Alors qu'on essaya de la
réanimer, le téléphone sonna de nouveau.
Cette fois-ci, un fils de la défunte décrocha,
mais, après avoir entendu la voix de la
personne qui appelait, il s'évanouit aussi !
Un troisième fils, plus "solide", parla à
l'interlocuteur au téléphone. Et celui-
ci n'était autre que... sa mère, que tous
croyaient décédée et dont ils étaient
actuellement en train de porter le deuil !
Mais que s'était-il passé ? La mère au
téléphone dit à son fils: "Je m'inquiète,
voilà trois semaines que vous n'êtes pas
venus me voir ! Que se passe-t-il ? Estce que vous allez bien ?". Le fils n'osa
évidemment pas lui dire qu'ils la croyaient
décédée et qu'ils étaient en ce moment
occupés à faire son "deuil" !
Quelques instants plus tard, un des
enfants de la "défunte" eut au téléphone
le directeur de l'hôpital. Celui-ci se
confondit en excuses, et expliqua qu'il y
avait en fait, dans son hôpital, deux Mme
Greenberg; et qu'il y avait donc eu une
confusion entre ces deux dames ! Celle
qui avait été enterrée n'était donc pas la
mère des enfants qui portaient le deuil !
D'un côté, c'était un scandale: les enfants
avaient eu tellement peur, ils s'étaient
tellement attristés, ils avaient tellement
regrettés, ils s'étaient endeuillés, alors
que....
Mais d'un autre côté, ils étaient tellement
contents de retrouver leur mère !!
Ils promirent alors de venir la voir à tour
de rôle, de sorte à ce qu'elle ait, au moins
une fois tous les deux jours, un enfant qui
vienne lui rendre visite.
De son côté, le directeur de l'hôpital était
bien embêté: comment, en effet, annoncer
aux autres Greenberg que leur mère était
décédée... depuis presque une semaine
?! Il appela quand-même le fils de cette
dame et, avec beaucoup de précautions,
lui annonça la terrible nouvelle. Mais
le garçon ne sembla pas le moins du
monde ébranlé, puisqu'il se contenta de
répondre froidement: "Très bien, brûlezla et envoyez-moi la facture!", avant de
raccrocher sèchement.
Choqué, le directeur se demanda si le
garçon avait bien compris la nouvelle qu'il
venait d'annoncer. Il le rappela donc, mais
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celui-ci lui répondit, d'un ton froid et agacé: "J'ai très bien compris, ma mère est
décédée. Mais je ne veux pas qu'on lui fasse d'enterrement juif. Je veux qu'on la
brûle. Alors faites-le, puis envoyez-moi la facture lorsque ce sera fait ! Là, je n'ai pas
le temps, je suis occupé!". Et il raccrocha brusquement. Après coup, on découvrit
que la Mme Greenberg qui était décédée venait d'une famille religieuse, mais que
le fils qu'elle a eu (celui qui disait "Brûlez-la et envoyez-moi la facture!") était devenu
un hérétique, très matérialiste, qui ne croyait en rien. Sa mère le suppliait: "Lorsque
je mourrai, fais-moi un enterrement juif!", mais lui répondait: "Hors de question!
C'est contre mes principes! Moi je suis pour le crématorium: on brûle et on n'en
parle plus!". Et chaque jour, Mme Greenberg priait de toutes ses forces Dieu de
lui accorder un enterrement juif... On aurait pu penser qu'avec un fils aussi rebelle
que le sien, ses prières seraient vaines. En effet, comment espérer bénéficier d'un
enterrement conforme à la loi juive avec un fils qui y était aussi fermement opposé
? Mais Hachem, voyant la sincérité de cette dame, lui accorda ce qu'elle désirait
tant: un enterrement fidèle à la loi juive. Et la confusion qui eut lieu à l'hôpital (et
qui entraîna qu'une dame soit enterrée à la place d'une autre et que des enfants
prennent le deuil alors qu'ils n'avaient en fait pas de raison de s'endeuiller) ne
fut que le moyen d'y arriver. Cette erreur a, en effet, permis à Mme Greenberg
d'être enterrée comme elle le voulait. Et plus que cela: grâce à la confusion, Mme
Greenberg a même pu être honorée pendant presque toute la semaine de deuil,
par des gens qui ont fait chiv'a pour elle alors qu'ils pensaient le faire pour leur
propre mère. Cette histoire montre qu'il ne faut jamais désespérer d'une tefila. Qu'il
vaut toujours la peine de prier Hachem de nous sortir de tel ou tel problème, même
lorsque ce dernier semble être impossible à résoudre. Hachem a de nombreux
moyens de nous venir en aide !Le désespoir est l'ennemi de la spiritualité et de la
métaphysique. Il faut toujours continuer à espérer et à prier car, pour Hachem, tout
est possible ! Avec un fils aussi rebelle que le sien, il semblait impossible que Mme
Greenberg puisse un jour bénéficier d'un enterrement juif. Mais cette dame a prié
fort, elle s'en est entièrement remis à Hachem, qui a non seulement répondu à sa
demande (en lui accordant un enterrement juif) mais qui lui a donné encore plus: Il
a fait en sorte que, pendant la semaine de deuil, sa mémoire soit honorée, et que
des prières soient alors récitées pour l'élévation de son âme.
Que cette histoire, racontée aussi dans ce but, contribue à l'élever encore davantage,
‫! אמן כן יהי רצון‬
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Le travail de to'hène (2eme partie)
(Par Rav David Sitbon)
Nous avons vu précédemment :
-qu'il est permis pendant Chabbat de couper en petit morceaux de la viande ou du
fromage; -et ce pour une raison très simple: à l'époque du Michkane, ce qu'on avait
l'habitude de moudre, c'était des choses qui poussent de la terre.
Ce qui ne pousse pas de la terre n'entre pas dans la mélakha de to'hène, et peut donc
être coupé en petits morceaux pendant Chabbat.
Par contre, il est interdit pendant Chabbat:
-de râper un aliment avec une râpe;
-même s'il ne s'agit pas d'un aliment qui pousse de la terre mais par exemple d'un
morceau de fromage.
Car:-même si, comme nous l'avons vu, il est permis pendant Chabbat de couper du
fromage en petits morceaux;
-il n'est pas permis en ce jour d'utiliser une râpe à cet effet (car cela serait alors
ouvdine dé'hol, c'est-à-dire que cela ressemblerait à un travail effectué habituellement
en semaine).
Dans la mélakha de bichoul, il y a un principe selon lequel ‫( אין בישול אחר בישול‬c'està-dire, en gros, qu'une chose qui a été entièrement cuite avant Chabbat peut être
réchauffée pendant Chabbat sur une plata). De même, dans la mélakha de to'hène, il
y a un principe selon lequel ‫( אין תחינה אחר תחינה‬qui implique qu'une chose qui a été
moulue avant Chabbat peut être de nouveau moulue pendant Chabbat).
En vertu de ce principe, il sera permis pendant Chabbat d'écraser du pain. Car, en
effet, le pain est fait avec de la farine, qui elle-même provient du blé. Or lors de la
fabrication de la farine, le blé a déjà été écrasé; et on pourra donc sans problème
l'écraser pendant Chabbat (en écrasant du pain), bien qu'il provienne de la terre.
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