OBJECTIF
Devant l’inévitable griserie suscitée par l’éclosion d’un nouveau projet, il faudrait
systématiquement s’interroger afin de savoir pourquoi cette entreprise n’a jamais été menée par
d’autres auparavant. A travers cette interrogation, il faudrait ainsi se demander crument si ce
projet se justifie vraiment et même s’il est conforme avec ce que nous pouvons percevoir du
daath Torah ? Et quand, de plus, un tel projet vise à développer l’étude de la Torah, une autre
crainte doit alors nous envahir : celle de mener une action totalement contreproductive. Le
risque réside toujours dans le fait d’instrumentaliser la Torah et son étude à des fins
intellectuelles, esthétiques, politiques, idéologiques ou tous simplement pratiques. La réalité de
notre exil ne s’impose pas immédiatement à nous. Et pourtant ! Nous devons encore nous
confronter à cette faute qui provoqua la destruction du Temple : ne pas avoir prononcé de
bénédiction avant d’étudier la Torah. Car l’étude de la Torah ne doit jamais être, même de
façon subtile, instrumentalisée.
Nous souhaitons, avec l’aide d’Hachem, éviter ces écueils les plus grossiers et contribuer ainsi
un tant soit peu à la gloire de notre Créateur. Nous estimons en effet qu’une telle publication
est aujourd’hui une nécessité et que l’orthodoxie francophone possède la maturité pour la faire
vivre et l’alimenter, renouant ainsi, un peu, avec le brillant passé de nos maitres qui ont vécu
en terre de France.
Et c’est précisément parce que notre seul objectif est de favoriser l’étude et l’expression d’une
Torah francophone, en conformité avec les orientations que nous indiquent les grands de la
Torah, que nous risquons de nous confronter à des enjeux particulièrement délicats. Ce projet
intellectuel et spirituel est indispensable pour stimuler nos défenses théoriques faces aux
interrogations que soulèvent la frénésie sociale, la confusion mentale et parfois même la
malhonnêteté idéologique : en définitive, le désir radical de penser et de formaliser a toujours
fondé un mode de résistance spécifiquement juif aux agressions de l’histoire. Voici donc les
quatre grandes problématiques que Yessodot cherchera à aborder en priorité :
Se confronter aux questions soulevées par la modernité
Poser des questions théoriques en relation avec des aspects méthodologiques
Interroger la problématique de l’universel
Favoriser l’éclosion d’une lecture en français des textes et à travers elle assumer une
expression culturelle spécifiquement française
Ces quatre axes de travail ne constituent en aucun cas une nouvelle position idéologique (une
nouvelle chita)! . Notre référence restera toujours l’étude menée par ’havrouta dans l’anonymat
du beth Hamidrach. Et même si nous cherchons à favoriser le passage à l’écriture de certains
parmi notre nouvelle génération de Talmid ‘hakham en les accompagnant dans leur production
écrite : cela ne constitue nullement un but en soi, mais un moyen de provoquer une émulation
et un enthousiasme, de façon que l’étude de la Torah devienne la préoccupation essentielle de
nos vies. Afin de penser ce que l’on ressent et de ressentir ce que l’on pense, selon la Torah.
Cela reste la seule réponse à apporter aux angoisses, interrogations, …