Les patients sont incités à intégrer un réseau de soins

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23. septembre 2011
SUISSE, PAGE 5
Les patients sont incités à intégrer un réseau de
soins
Après le Conseil des Etats, le National a adopté la réforme de Didier
Burkhalter
Laure Pingoud, Berne
Sept ans. C’est le temps qu’il aura fallu au parlement pour mettre sous toit la réforme
des réseaux de soins, qui vise à promouvoir un modèle de prise en charge globale du
patient, le managed care . Hier, le Conseil national a accepté le compromis de la
dernière chance adopté la semaine dernière par le Conseil des Etats. Malgré
l’opposition des socialistes, d’une minorité des Verts et de quelques UDC. Mais le
peuple pourrait trancher. Des médecins souhaitent lancer un référendum, que la
majorité des membres de la Fédération des médecins suisses (FMH) est prête à
soutenir, selon un sondage interne.
Qu’est-ce qu’un réseau de soins?
En adhérant à un réseau, un patient accepte de limiter son choix du médecin en
s’engageant avec un groupe de professionnels. Ceux-ci ont décidé de collaborer, ont
passé un contrat avec un ou plusieurs assureurs et sont liés par une coresponsabilité
budgétaire. «Une liste de médecins n’est pas considérée comme un réseau, précise
Claude Ruey (PLR, VD). Il s’agit de soignants qui se coordonnent autour du patient.
Cela évite notamment les doubles examens et le surdosage de médicaments.»
Toutes les formules de baisses de primes proposées par les caisses ne relèvent donc
pas du managed care: s’engager à passer par son médecin de famille, à téléphoner à
un référent ou à recourir à une pharmacie partenaire de l’assureur ne suffit pas.
Actuellement, il n’en existe qu’un seul vrai réseau en Suisse romande, le Genevois
Delta.
Quel intérêt?
«Quel est l’enjeu? Tourner le paquebot de la politique de la santé dans le bon sens en
s’orientant vers la qualité des soins, non plus vers la chasse aux bons risques. Cela
peut permettre de stabiliser les coûts durablement», résume Didier Burkhalter.
Au-delà des divergences, les politiques s’entendent sur ce constat: en évitant la
fragmentation des soins, en coordonnant la chaîne de traitements, en s’engageant à
des contrôles de qualité, les réseaux doivent permettre une meilleure prise en charge
du patient. Plus rationnelle aussi.
Sera-t-il obligatoire d’adhérer à un réseau?
Non, le patient n’est pas contraint de passer par un réseau de soins. Mais il devra en
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payer le prix, car la promotion du modèle de managed care prévu par la loi passe par
des incitations financières. Le Conseil fédéral vise 60% de patients affiliés d’ici à trois
ans.
Quel prix pour le patient?
Les personnes qui privilégient le libre choix de leur médecin verront augmenter leur participation
aux frais: une fois dépassée leur franchise, ils devront s’acquitter d’une quote-part de 15% des
frais, contre 10% aujourd’hui. Celle-ci ne bougera en revanche pas pour les assurés affiliés à un
réseau. Même différence pour le plafond annuel des coûts: tandis que les premiers devront
assumer jusqu’à 1000 francs de leur poche, soit 300francs de plus qu’aujourd’hui, les affiliés
auront une participation maximale de 500francs, soit un gain de 200francs. Ces montants pourront
toutefois être adaptés par le Conseil fédéral au bout de trois ans. «Cela va augmenter», prédit
Stéphane Rossini (PS/VS), qui dénonce un système basé sur la punition plutôt que l’incitation.
Y a-t-il une obligation d’offrir des réseaux partout?
C’est le point de contestation majeur du PS, qui ne croit pas au modèle incitatif prévu
et voulait contraindre les caisses à proposer des réseaux aux assurés afin de garantir
leur présence partout. Pour Didier Burkhalter, les dispositions transitoires auront le
même effet. Si le managed care ne se généralise pas au bout de trois ans, le Conseil
fédéral pourra en effet obliger les assureurs à disposer d’une telle offre.
En attendant, que se passera-t-il pour les patients qui n’ont accès à aucun réseau? Rien par
rapport à aujourd’hui. Ils continueront d’avoir une quote-part de 10% et un plafond de participation
annuelle de 700francs. En revanche, c’est 200francs de plus que ceux qui pourront profiter de
l’incitation à entrer dans un réseau.
L'ARTICLE EST ÉGALEMENT PARU LE MÊME JOUR DANS: TRIBUNE DE GENÈVE.
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