Les réseaux de médecins: ce que j`en pense (5)

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News_444.qxp
8.2.2008
9:37
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actualité, info
Les réseaux de médecins :
ce que j’en pense (5)
Managed care : plus de questions que de réponses ?
Parmi les différentes versions auxquelles le managed care peut donner
naissance, la plus citée est la formule
uand les amis de la Revue HMO (Health Maintenance Organization).
médicale suisse m’ont deman- Selon toujours le même dictionnaire,
dé de donner mon opinion sur HMO «désigne une forme particulière
le managed care, j’ai d’abord d’assurance rendue possible par la
pensé refuser, vu mon incompétence LAMal dans le but de réduire les coûts
dans le domaine, d’autant plus que de la santé» (et les soins ?). «Fondée
Bertrand Kiefer a récemment publié sur le choix limité des fournisseurs de
une excellente mise au point dans la prestations» (selon quels critères et par
revue. Je me suis ensuite dit que cette qui ?), «cette caisse de santé (ou plan
incompétence devait être partagée par de santé) ne vise pas, en premier lieu, à
bon nombre de collègues, plus occu- combattre la maladie, mais à préserver
pés à soigner ou à vivre qu’à manager. la santé» (tiens, les médecins ne lutteLe profane a donc accepté de s’expri- raient plus qu’accessoirement contre la
mer, plutôt pour questionner que pérorer. maladie et, ce serait nouveau, les caisAvec Google, plus le droit d’ignorer ; ses prendraient en charge la prévenrecherche de la définition de managed tion?). «Tous les partenaires ont un intécare et clic : en français et selon les rêt commun» (financier ?) : «que l’état
sources : «Réseau de soins coordon- de santé des assurés soit le meilleur
nés ou intégrés» (ah bon, est-ce actuel- possible et que les coûts de la guérilement l’anarchie ?). Mais encore ? Se- son soient réduits» (sélection des rislon le dictionnaire
ques ? Pénalisasuisse de politique
tion des patients à
«… avant de faire les frais
sociale, «il s’agit
mauvaise hygiène
d’une nouvelle aventure, il
d’un système de
vie ?).
est impératif d’attendre les de Où
gestion des prestrouver les
résultats des études en
tations de soins
réponses à ces
cours …»
(combien de nouquestions? La FMH
veaux postes de
n’en fournit pas le
gestionnaires et à quel prix ?), «coor- début d’une ébauche. Par contre, la
donné, qui a pour but de conjuguer une Société vaudoise de médecine semble
amélioration de la qualité des soins» animée des mêmes interrogations puis(sont-ils actuellement si médiocres ?) que, sans y répondre, elle a édité une
«avec des coûts moins élevés» (le beur- série de garde-fous très sensés ; mais
re et l’argent du beurre ?). «Il se carac- on a l’impression que, s’il en était tenu
térise par un contact étroit entre les compte, le managed care ressemblefournisseurs de soins reconnus par le rait au système en cours (et pourquoi
réseau» (selon quels critères et par qui?) pas ?).
Finalement, c’est l’Observatoire suis«et l’assureur. Les premiers acceptent
des rémunérations moins élevées» (et se de la santé qui donne la réponse, à
les seconds ?), «mais bénéficient de la savoir… qu’il n’y en a pas ! En effet, il
clientèle du réseau» (ne serait-ce pas indique clairement que «la preuve scienau bénéfice exclusif des médecins nou- tifique de l’efficacité du managed care
vellement installés ?). «Les assurés doi- n’a été apportée jusqu’à présent que
vent en principe consulter le médecin de cas en cas». Par exemple, on ne sait
généraliste avant les médecins spécia- pas encore si les économies recherlistes» (complètement convaincu qu’il chées sont faites en se passant judis’agit d’habitude de la meilleure prise cieusement d’actes superflus ou en reen charge, mais quelle est la garantie nonçant à des démarches pourtant
contre un éventuel abus de pouvoir de nécessaires ! De plus, nulle évaluation
tel ou tel médecin et la liberté de con- possible des impacts relationnels soisulter ne représente-t-elle pas en soi gnés-soignants. Que deviendraient les
une forme de contrôle de qualité infor- multiples réseaux informels qu’ont tissé
mel ?). «L’origine vient des Etats-Unis» entre eux les intervenants ? Car nous
(les soins pour une large part de la travaillons tous en réseau depuis longpopulation n’y sont-ils pas de plus en temps dans un système basé sur la
plus catastrophiques?) «Ce système est liberté et la confiance… avec toutes
reconnu et appliqué en Suisse, encou- ses imperfections. Peut-on raisonnaragé depuis 1994 par la LAMal» (avec blement croire que ces imperfections
seraient gommées par un système de
quels résultats ?).
Q
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Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 13 février 2008
contrainte rigide ? Ne serait-ce pas simplement une prise de pouvoir définitive
des gestionnaires qui pourraient ainsi
imposer que tel patient ne pourra être
suivi que par tel ou tel médecin omnipraticien qui lui-même ne pourra plus
travailler avec les spécialistes de son
choix ?
Et quid de l’impact sur les réels facteurs d’augmentation des coûts de la
santé, à savoir le vieillissement de la
population, les progrès médicaux et la
plus grande morbidité des populations
immigrées ?
Il me semble donc, qu’avant de faire
les frais d’une nouvelle aventure, il est
impératif d’attendre les résultats des études apparemment en cours, à condition
que les critères d’évaluation soient basés plutôt sur l’efficience du système
managed care et la satisfaction des patients que sur la baisse des coûts, uniquement. Changer pour changer n’est
pas un bon programme. Si le principe
de précaution représente souvent un
frein au progrès, il serait pourtant de
mise dans le cas particulier. Courir le
risque de sacrifier la qualité des soins
sur l’autel d’un activisme politique aventureux ne paraît pas raisonnable. Gardons un peu de folie pour des causes
plus «fun».
Dr Alain Frei
Gastro-entérologie FMH
30, av. Louis Ruchonnet
1003 Lausanne
[email protected]
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de médecins ?
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Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 30 janvier 2008
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