EXPOSITION FRIBOURG
Joël Dewarrat: élever l’art, les pieds sur terre
L’artiste peintre Joël
Dewarrat participe à
l’exposition collective
Séjours en Art, vernie
dimanche à la galerie Ilford
à Fribourg. Membre du
collectif d’artistes Ruletka,
le Châtelois y défend une
vision décomplexée
et antiélitiste de l’art.
L’Art, avec un grand A, a-t-il sa place
sur des T-shirts, des coussins, ou
encore au milieu de carlingues, pour
fêter les dix ans d’une carrosserie auto-
mobile? Plus d’un féru du 3eart – la
peinture – crierait à l’anathème: «Multi-
plication d’une œuvre, unique par dé-
finition», se récrimineraient certains,
«marchandisation d’une précieuse ins-
piration», accuseraient les autres; «au-
tant mettre la muse sur le trottoir», résu-
meraient les plus chagrins.
La course aux bourses?
Non merci!
Autant de considérations néo-
romantiques, qui font aujourd’hui, au
mieux, sourire Joël Dewarrat, dit Jod. A
39 ans, l’artiste peintre châtelois ne fait
plus dans la dentelle d’une peinture
soutenue par des bourses, ou tributaire
de subventions. «Il est important que
ces aides existent, mais il ne faut pas
compter dessus, affirme-t-il. Elles sont
d’ailleurs souvent destinées à soutenir
des artistes répondant à des canons bien
précis. Tant mieux si certains peuvent
en profiter, mais les autres doivent trou-
ver des manières de persévérer de façon
autonome dans la pratique de leur art.»
Facile à dire? Par une politique des
petits pas, Joël Dewarrat s’attache à
prouver le contraire. Avec son com-
plice, l’artiste bullois Sébastien Vallé-
lian, il forme le collectif Ruletka, clin
d’œil ironique et un brin cynique à l’ar-
bitraire de la chance, version russe. Le
duo a des centaines d’heures de pein-
ture et de discussions à son actif, des
toiles qui dialoguent face-à-face dans
l’atelier partagé, et des performances
live au bar Le Buro à Bulle. Intéressan-
tes artistiquement, les perfos sont égale-
ment lucratives, et permettent une mise
en spectacle non négligable pour la
popularité du duo. D’autres projets
(T-shirts, coussins, prêts de toiles aux
hôtels ou administrations) permettront
également de donner une assise écono-
mique au collectif. «Le but est de prati-
quer une peinture «viable», qui fonc-
tionne comme une petite entreprise,
préconise Joël Dewarrat. Dans l’art,
comme ailleurs, il faut que ça roule!»
Indépendant… puis libre
Ce bon sens, l’artiste au sourire de
Bouddha espiègle le doit peut-être à sa
formation initiale de décorateur-étala-
giste, apprise aux Arts appliqués à
Vevey. Un métier qui lui fera voir du
pays – stage de décorateur de plateaux
à la TSR sur un tournage de Navarro, et
décors pour le Théâtre des Osses –
avant qu’il ne s’initie au graphisme, et
crée sa propre boîte de décoration dans
l’événementiel.
Parallèlement, ses toiles sont accro-
chées au château de Gruyères, en
Italie, au Javits Convention center à
New York, en passant par des galeries à
Genève, Lausanne et Montreux. «Le
côté mondain et élitiste de l’art, je m’en
suis lassé», résume Joël Dewarrat, qui
De croquis en esquisses, Joël Dewarrat construit des figures en lignes continues, qui titillent la logique et interrogent le sens KK
La Galerie Ilford, lieu d’exposition histori-
que, se niche dans le NH Hôtel de
Fribourg. Large couloir donnant l’accès à
un centre de congrès, elle se partagera
entre les quatre artistes de Séjours en Art,
pour cette première exposition collective.
Ruletka (Joël Dewarrat et Sébastien
Vallélian) y dévoileront leur travail –
volontiers ironique ou décalé – sur la
déformation. Alors que Jod travaille sur la
ligne continue et ses contresens – comme
cette «Babel» construite de figures
humaines inextricablement enchevêtrées,
Sébastien Vallélian lui fait écho avec ses
compositions plus charnelles, telle cette
Louise Brooks dont le visage multiplié se
déforme, mi-tragique, mi-grottesque.
Lartiste peintre Marie France Krähenbühl
égrènera de son côté ses univers urbains,
autant d’atmosphères du quotidien ani-
mées de touches très vives, et Stéphane
Sudan, grand voyageur, dévoilera ses
compositions de techniques mixtes, aux
mille détails rappelant ses contrées de
bourlingue. Après cette première exposi-
tion collective, à voir jusqu’au 6 novem-
bre, chaque artiste ou collectif bénéfi-
ciera d’une exposition individuelle. K
KK
K
Le couloir, cette «place to be» artistique
Le roman d’Ariane Delafontaine
Prince des montagnes,
le petit cheval qui voulait servir les hommes
L
uigi qui, étonnamment, se sent plus
détendu que d’habitude, décide de
profiter de cette semaine pour se reposer
et récupérer enfin, après toutes ces
années chargées en émotions, suite à la
maladie de Mina ainsi qu’à son décès
prématuré. Encore un effet du rêve sans
doute!
Cette nuit-là, il fait un autre rêve
marquant, Prince les accompagne, lui et
Lisa sur un chemin entouré d’eau!
Le matin du 24 décembre, Luigi et
Lisa vont faire quelques courses au
magasin du village. Ils achètent quelques
victuailles pour la veillée de Noël et
pour le reste de la semaine. Luigi confie
Lisa quelques minutes à l’épicière, le
temps d’aller lui acheter un cadeau et
quelques boules et guirlandes pour
décorer le sapin de Noël. Pendant ce
temps-là, Maria, la jeune épicière,
écoute Lisa lui raconter l’histoire de son
Prince, le plus beau cheval de la monta-
gne, le plus fort et le plus intelligent, son
cheval «à elle». Maria qui connaît la
situation de Luigi, s’en va chercher un
grand sac de papier qui contient quel-
ques cadeaux emballés dans du joli
papier.
C’est pour qui tous ces cadeaux?
demande Lisa!
C’est le Père Noël qui les a déposés
ici pour ton papa et toi, explique Maria.
Lisa du haut de ses quatre ans rétor-
que:
Moi mon papa, c’est lui le Père
Noël, je sais, je l’ai bien vu se cacher
pour m’acheter un cadeau. Mais alors
celui-là de Père Noël c’est qui? C’est le
tien?
Maria ne sait plus quoi répondre,
heureusement, Luigi arrive et fait diver-
sion.
Ben alors, Lisa qu’est-ce que tu lui
racontes de beau aujourd’hui?
Vendredi 21 octobre 2011 culture & loisirs Le Messager 11
préfère aujourd’hui développer ses
activités artistiques en leur offrant, si
possible, l’accès au plus grand nombre.
«Le tout est de trouver des supports qui
ne péjorent pas la notion d’art», estime-
t-il. Des mandats de décoration, mais
sur le mode de l’installation, pourraient
bien jalonner l’avenir du tandem artis-
tique de Ruletka, à l’instar, peut-être, de
la décoration du Lausanne under-
ground film festival (LUFF) l’an pro-
chain.
Katharina Kubicek
Vernissage dimanche à la Galerie
Ilford, au NH Hôtel de Fribourg, dès 16 h.
EXPOSITION REMAUFENS
Carrés et doigts de fée
Le Collège de Remaufens accueille
l’exposition artisanale du Groupe
d’animation villageoise. A l’honneur
cette année, les patchworks réalisés
par le groupe Patch & Tchach.
L
e groupe de dames Patch & Tchach,
spécialisé dans la confection de
patchworks, présente sa première exposi-
tion, dans la salle des sociétés du Collège
de Remaufens, depuis demain jusqu’au
1er novembre. «Cette exposition, on l’at-
tendait avec impatience. On a pris l’habi-
tude de montrer nos travaux aux autres
membres du club lors de nos réunions
mensuelles, mais nous n’avions encore
jamais eu l’occasion de le faire plus
loin», commente la Remaufensoise De-
nise Tâche, qui organise cette exposition
en collaboration avec le Groupe d’ani-
mation villageoise.
Les visiteurs ont ainsi l’occasion de
découvrir une soixante de créations du
groupe de dames, ainsi que le défi, lancé
aux douze exposantes: «le carré dans
tous ses états». Chacune avait ainsi pour
mission de confectionner un carré de
30 cm sur 30 avec deux couleurs tirées
au sort. «La confection de chaque pièce,
que ce soit une couverture, une décora-
tion ou un carré, requiert un nombre
incalculable d’heures de travail. Nous
avons commencé à préparer cette expo-
sition ce printemps», explique Denise
Tâche.
Ce groupe de patchwork existe de-
puis 2002 et avait été fondé par Jacque-
line Eisenring. «Nous étions nombreuses
à être interpellées par la vitrine où elle
exposait ses créations. Et Patch & Tchach
est né des cours qu’elle donnait. Aujour-
d’hui, même si Jacqueline a quitté le
groupe l’année dernière, nous sommes
encore une quinzaine de membres»,
explique Denise Tâche. XF
Vernissage demain dès 17 h. Exposition
visible: les dimanches de 14 h à 17 h, mardi
et vendredi de 19 h à 21 h, ainsi que le
29 octobre et le 1er novembre de 14 h à 17 h.
Je lui ai dit que je t’ai vu faire le
Père Noël et ça l’embête bien!
Luigi et Maria se regardent et pouf-
fent de rire. Ça, c’est du Lisa pure sou-
che, dit-il avant de s’en aller tout en sou-
haitant de joyeuses fêtes à l’épicière. Ils
grimpent dans la jeep et Lisa jette un
regard à l’arrière. Oui! Il y a bien un
paquet dissimulé en partie sous un ciré
et elle se réjouit de savoir ce que c’est…
De retour à la bergerie, Luigi ranime
le feu et réchauffe la soupe tout en
regardant Lisa trier les boules qu’elle
choisit pour décorer le petit sapin de
Noël. Celui-ci, cultivé d’année en année
dans un grand pot de terre, a l’âge de
Lisa! Mina n’aimait pas couper les
arbres, alors elle avait récupéré un jeune
sapin et l’avait mis en pot, espérant qu’il
reprendrait racines. (à suivre)
Publicité
Publicité
1 / 1 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !