Lycée Jules Ferry, Cannes Année 2016-2017 Classe préparatoire TSI 2e année Mathématiques - D. Broizat TD2 : Compléments d’algèbre linéaire I Exercices guidés Exercice 1 (Une famille infinie libre) Pour tout k ∈ N∗ on considère la fonction fk définie sur R par fk (x) = ekx . On souhaite montrer que la famille de fonctions (fk )k∈N∗ est une famille libre de l’espace vectoriel des fonctions de R dans R. Pour cela, nous allons raisonner par récurrence pour montrer que la propriété P(n) : « la famille (f1 , f2 , . . . , fn ) est libre », est vraie pour tout n ∈ N∗ . 1. Justifier que la propriété P(1) est vraie. 2. Soit n ∈ N∗ fixé. On suppose que la propriété P(n) est vraie. On souhaite montrer que la famille (f1 , f2 , . . . , fn+1 ) est libre, donc on cherche tous les réels a1 , . . . , an+1 tels que : ∀x ∈ R, a1 f1 (x) + . . . + an+1 fn+1 (x) = 0. (a) Diviser l’égalité ci-dessus par e(n+1)x puis en faisant tendre x vers une valeur bien choisie, montrer que an+1 = 0. (b) Montrer ensuite que a1 = . . . = an = 0 puis conclure. Exercice 2 (Des hyperplans) Soit E un espace vectoriel de dimension finie n. On considère H1 , H2 , . . . , Hn des hyperplans de E. 1. À l’aide de la formule de Grassmann vue en TSI 1, montrer que dim(H1 ∩ H2 ) > n − 2. 2. À l’aide d’un raisonnement par récurrence sur k, montrer que : ∀k ∈ [ 1; n]], dim(H1 ∩ . . . ∩ Hk ) > n − k. Exercice 3 (Matrice d’un endomorphisme dans une base adaptée) Soit E = R3 et B = (e1 , e2 , e3 ) la base canonique de E. Soit f l’endomorphisme de E défini par : f (e1 ) = 2e2 + 3e3 f (e2 ) = 2e1 − 5e2 − 8e3 f (e3 ) = −e1 + 4e2 + 6e3 . 1. Justifier l’existence et l’unicité de f . 2. Construire sa matrice représentative dans la base canonique. 3. On rappelle que IdE désigne l’application identité de E dans E. (a) Sans expliciter Ker(f − IdE ), montrer que Ker(f − IdE ) est stable par f . (b) Déterminer Ker(f − IdE ) et en donner une base. 4. (a) Sans expliciter Ker(f 2 + IdE ), montrer que Ker(f 2 + IdE ) est stable par f . (b) Déterminer Ker(f 2 + IdE ) et en donner une base. 5. Montrer que R3 = Ker(f − IdE ) ⊕ Ker(f 2 + IdE ). 6. Déterminer la matrice représentative de f dans une base adaptée à la somme directe précédente. Exercice 4 (Endomorphismes nilpotents) Etant donné un K-espace vectoriel E de dimension finie n ∈ N∗ , on considère un endomorphisme nilpotent u de E, c’est-à-dire u ∈ L(E) tel qu’il existe r ∈ N∗ avec ur = 0L(E) . On pose alors : p = min{k ∈ N∗ , uk = 0L(E) }. TD2 Compléments d’algèbre linéaire 1. 2. 3. 4. 2/ 4 Justifier qu’il existe x0 ∈ E tel que up−1 (x0 ) 6= 0. Montrer que la famille (x0 , u(x0 ), · · · , up−1 (x0 )) est libre. En déduire que p ≤ n et que un = 0L(E) . Déterminer le rang de l’application u dans le cas où p = n. Exercice 5 (Somme de trois sous-espaces) Soient E un K-espace vectoriel, F , G, F 0 , G0 des sous-espaces vectoriels de E. On suppose E = F ⊕ G, E = F 0 ⊕ G0 et F 0 ⊂ G. 1. Qu’est-ce que le sous-espace somme F + F 0 + (G ∩ G0 ) ? 2. Montrer que tout vecteur x ∈ E est dans F + F 0 + (G ∩ G0 ). On pourra s’appuyer sur le fait que E = F + G, mais aussi E = F 0 + G0 . 3. Montrer que les trois sous-espaces F, F 0 , G ∩ G0 sont en somme directe. Attention, vu qu’il y a plus de 2 sous-espaces, il ne suffit pas de vérifier que l’intersection est nulle, ni même que les intersections deux à deux sont nulles. On utilisera ici la caractérisation par la décomposition du vecteur nul. 4. Montrer finalement que F ⊕ F 0 ⊕ (G ∩ G0 ) = E. Exercice 6 (Matrices de Pauli) Pour M = a c b d ∈ M2 (C), on note M = a c b d la conjuguée de M . T On note G l’ensemble des matrices M ∈ M2 (C) vérifiant M = M et tr(M ) = 0. On considère d’abord M2 (C) comme un C-espace vectoriel (K = C). 1. Déterminer une base de M2 (C). Quelle est sa dimension ? 2. L’ensemble G est-il un sous-espace vectoriel de M2 (C) ? On considère maintenant M2 (C) comme un R-espace vectoriel (K = R). 3. Déterminer une base de M2 (C). Quelle est sa dimension ? 4. Montrer que l’ensemble G est un sous-espace vectoriel de M2 (C). 5. Donner une base de G. Quelle est sa dimension ? II Exercices faciles Exercice 7 (Un autre invariant deX similitude) Pour A ∈ Mn (K), on pose S(A) = ai,j × aj,i . (i,j)∈[[1,n]]2 1. Exprimer S(A) en fonction de la trace de A2 . 2. Montrer que si A et B sont semblables, alors S(A) = S(B). Exercice 8 (Supplémentaire d’une droite) Dans E = Rn , on pose e = (1, 0, · · · , 0), D = V ect(e) et H = ( (x1 , · · · , xn ) ∈ Rn , n X ) xi = 0 . i=1 Montrer que E = D ⊕ H. III Exercices moyens Exercice 9 (Une famille libre de polynômes) Soient n ∈ N, z0 , · · · , zn ∈ C deux à deux distincts. Montrer que la famille ((X − zk )n )0≤k≤n est libre dans C[X]. On pourra procéder par récurrence sur n ∈ N et utiliser la dérivation. Lycée Jules Ferry - TSI 2 (2016-2017) Mathématiques (D. Broizat) TD2 Compléments d’algèbre linéaire 3/ 4 Exercice 10 (Familles libres de fonctions) Montrer que les familles de fonctions suivantes sont libres : 1 si x ≥ a . 0 si x < a 2) (ga )a∈R où pour tout a ∈ R, on définit ga :]0; +∞[→ R par ga (x) = xa . Avant toute chose, rappeler la définition de xa . . . 3) (hn )n∈N où pour tout n ∈ N, on définit hn : R → R par hn (x) = sin(xn ). Indication : on pourra dériver une combinaison linéaire nulle. 4) (sin, sin ◦ sin, sin ◦ sin ◦ sin). Indication : on pourra effectuer un DL en 0 d’une combinaison linéaire nulle. 1) (fa )a∈R où pour tout a ∈ R, on définit fa : R → R par fa (x) = Exercice 11 Soit E un K-espace vectoriel et A, B deux sev de E. Soit C un supplémentaire de A ∩ B dans B. Montrer que A et C sont supplémentaires dans A + B. Exercice 12 (Fonctions paires/impaires) Dans l’espace vectoriel E = RR des fonctions de R dans R, montrer que l’ensemble P des fonctions paires et l’ensemble I des fonctions impaires sont des sous-espaces supplémentaires. Exercice 13 (Somme directe dans les polynômes) On fixe un polynôme P ∈ K[X] de degré n ≥ 1. On note F l’ensemble des polynômes multiples de P , c’est-à-dire F = {Q × P, Q ∈ K[X]}. 1. Justifier que F est un sous-espace vectoriel de K[X]. 2. Montrer que K[X] = F ⊕ Kn−1 [X]. On pourra utiliser une division euclidienne. Exercice 14 Soit E un K-espace vectoriel et f ∈ L(E). Montrer que Ker(f ) = Ker(f 2 ) si et seulement si Ker(f ) ∩ Im(f ) = {0E }. Exercice 15 (Projecteurs qui commutent) Soient p, q deux projecteurs d’un K-espace vectoriel E tels que p ◦ q = q ◦ p. 1. Montrer que p ◦ q est un projecteur. 2. Montrer que Ker(p ◦ q) = Ker(p) + Ker(q) et Im(p ◦ q) = Im(p) ∩ Im(q). Exercice 16 Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie et f, g ∈ L(E). On suppose que Im(f ) + Im(g) = Ker(f ) + Ker(g) = E. Montrer que ces deux sommes sont directes. Exercice 17 (Equation matricielle) Soient A, B ∈ Mn (K). Résoudre l’équation X + tr(X)A = B, d’inconnue X ∈ Mn (K). On pourra procéder par analyse-synthèse. Exercice 18 (Supplémentaires en dimension infinie) Dans l’espace vectoriel R[X], on considère les sous-espaces vectoriels F = {P ∈ R[X]/P (0) = 0} et G = {P ∈ R[X]/ deg(P ) 6 0}. Montrer que F et G sont supplémentaires dans R[X]. Lycée Jules Ferry - TSI 2 (2016-2017) Mathématiques (D. Broizat) TD2 Compléments d’algèbre linéaire IV 4/ 4 Exercices difficiles Exercice 19 (Une base polynomiale) Pour des entiers 0 ≤ k ≤ n, on pose Pk,n = X k (1 − X)n−k . Montrer que pour tout n ∈ N, la famille (P0,n , P1,n , · · · , Pn,n ) est une base de Rn [X]. On pourra procéder par récurrence sur n ∈ N. Exercice 20 (Matrices symétriques/antisymétriques) Soit un entier n ≥ 2. Dans l’espace vectoriel E = Mn (R), on considère les ensembles S = {M ∈ E, M T = M }, A = {M ∈ E, M T = −M } (matrices symétriques et antisymétriques). 1. Justifier que S et A sont deux sev de E et préciser leur dimension. On cherchera une base de ces deux sous-espaces. 2. Montrer que E = S ⊕ A. Exercice 21 (Matrices qui commutent avec les autres) Soit n ∈ N∗ . Pour tout 1 ≤ i, j ≤ n, on note Ei,j la (i, j)e matrice élémentaire de Mn (K), c’est-à-dire celle dont tous les coefficients sont nuls sauf celui d’indice (i, j) qui vaut 1. On considère également A ∈ Mn (K) une matrice carrée quelconque. 1. Calculer AEi,j et Ei,j A. 2. A quelle condition ces deux matrices sont-elles égales ? 3. Déterminer l’ensemble des matrices de Mn (K) qui commutent avec toutes les matrices de Mn (K) (autrement dit, calculer le "centre" de l’anneau Mn (K)). Exercice 22 Soit E un espace vectoriel de dimensionP n > 2 et B = (e1 , . . . , en ) une base de E. n Pour tout j ∈ {1, . . . , n}, on pose e0j = ( i=1 ei ) − ej . 1. Montrer que la famille B 0 = (e01 , . . . , e0n ) est une base de E. 2. Donner la matrice de passage de B à B 0 et celle de B 0 à B. Exercice 23 (Somme directe de n sous-espaces vectoriels) On se place dans l’espace vectoriel E = Rn [X] (n ∈ N∗ ), et pour tout i ∈ [ 0; n]] on note : Fi = {P ∈ E / ∀j ∈ [ 0; n]] \ {i}, P (j) = 0}. On admet que les Fi sont des sous-espaces vectoriels de E. Montrer que E = F0 ⊕ F1 ⊕ . . . ⊕ Fn . Exercice 24 Soit E un R-espace vectoriel de dimension 2n (n ∈ N∗ ). On considère f un endomorphisme de E tel que f ◦ f = 0. On suppose, de plus, qu’il existe des vecteurs u1 , . . . , un tels que la famille (f (u1 ), . . . , f (un )) est libre. 1. Montrer que dim(Im(f )) > n. 2. Montrer que la famille (u1 , . . . , un ) est libre. 3. Montrer que Ker(f ) = Im(f ). 4. Montrer que E = Ker(f ) ⊕ V ect(u1 , . . . , un ). Lycée Jules Ferry - TSI 2 (2016-2017) Mathématiques (D. Broizat)