Etude des plans de réaménagement post‐ exploitation de la carrière de Moulin Neuf novembre 2014 Etude réalisée par Gaëtan Bourdon CPIE du Périgord‐Limousin Château – 24360 Varaignes. Tel. : 05.53.56.23.66. Mèl : contact@cpie‐perigordlimousin.org 1 Sommaire Introduction ............................................................................................................................................. 3 Description du terrain initial ................................................................................................................... 3 Description du plan initial de réaménagement post‐exploitation .......................................................... 3 Description du nouveau plan de réaménagement post‐exploitation ..................................................... 4 Comparaisons des deux plans de réaménagement post‐exploitation .................................................... 5 Données écologiques à prendre en compte ........................................................................................... 6 Conclusion ............................................................................................................................................... 7 Annexes ................................................................................................................................................... 8 2 Introduction Une partie du site de Moulin Neuf arrive en fin d’exploitation. Un premier plan de réaménagement avait été élaboré, en amont des premiers travaux d’extraction. En considérant les nouveaux volumes déblayés, exportés ou revalorisés sur site, en prenant en compte les données écologiques actualisées, une seconde proposition de réaménagement post‐exploitation a été étudiée. Le présent document s’attache à évaluer et comparer les intérêts des deux plans en vue d’estimer celui qui semblera le plus pertinent du point de vue écologique et paysager. Description du terrain initial Avant extraction, la zone concernée par le projet était composée à 60 % de boisements et de haies, et à 40 % de prairies et de frichesi, plus précisément des végétations suivantesii : • • • • • • Charme et frêne Frêne et chêne Chêne tauzin et brande Chêne pédonculé Lande à brande et Bruyère ciliée Fourrés âgés Il existait deux étangs reliés, au centre du site, représentant une surface cumulée d’environ 9.000 m². Ce réseau hydrographique était complété par des fossés et un maillage de mares de moins de 1.000 m². Ce site présentait donc une diversité d’habitats, majoritairement terrestres, associant toutes les strates de végétations en différents habitats, de la prairie aux boisements, en passant par la lande et les fourrés. Les plans d’eau apportaient une diversité hygrométrique aux milieux naturels voisins. Description du plan initial de réaménagement post‐exploitation Le premier plan de réaménagement du site suite à son exploitation par les Carrières de Thiviers, prévoyait une réhabilitation des milieux naturels d’origine, mais dans des proportions totalement différentes, à savoir environiii : • • 50 % de masse d’eau soit environ 38 Ha 35 % de prairies ou de milieux ouverts 3 • • 10 à 15 % de boisements Moins de 5 % de prairies humides Les plans d’eau étaient représentés par quatre étangs dont un principal d’environ 28 Ha et un cumul d’environ 5.470 mètres linéaires de berges. Cela fait un ratio de 195 mètres de berges par hectare. Le projet prévoyait des contours de berges relativement rectilignes et une profondeur d’eau relativement homogène. Une attention avait été portée sur le profilage doux de ces berges, à savoir de favoriser des pentes douces plutôt qu’un talutage abrupte. Ce plan prévoyait la régénération forestière par la plantation d’arbres. Description du nouveau plan de réaménagement post‐exploitation Occupation du sol et opérations de restauration Le plan actuel de réaménagement du site suite à son exploitation par les carrières de Thiviers prévoit une réhabilitation des milieux naturels d’origine, dans les proportions suivantesiv : • • • • 30 % de masse d’eau soit environ 23,5 Ha 30 % de prairies ou de milieux ouverts 25 à 30 % de boisements 5 à 10 % de prairies humides Les plans d’eau sont représentés par 8 étangs dont le plus grand fait une surface d’environ 6,2 Ha. Ils représentent environ 6.940 mètres linéaires de berges. Cela fait un ratio de 294 mètres de berges par hectare. Le projet prévoit des contours de berges courbes et naturels et des profondeurs d’eau très variables. Une attention a été portée sur le profilage doux de ces berges, à savoir de favoriser des pentes faibles plutôt qu’un talutage abrupte. Ce plan de réaménagement prévoit aussi le maintien et la création de prairies humides et de zones de lagunage avec une nappe d’eau affleurant, la création de mares temporaires peu profondes. La régénération spontanée de la végétation, notamment arborée, est préférée à la plantation. Opérations de gestion La gestion du site doit permettre d’optimiser le potentiel biodiversité du site. L’intensité et la nature des interventions doit permettre à la flore spontanée de se développer. Au final, les trois strates de végétation doivent être représentées. 4 Comparaisons des deux plans de réaménagement post‐exploitation Pour des raisons de clarté, le plan initial sera nommé « plan 1 » et le nouveau plan, « plan 2 ». Occupation du sol Le plan 2 se rapproche davantage de l’occupation du sol initiale du site avec une plus forte proportion de milieux terrestres que le plan 1. Les zones humides, milieux à très fort intérêt écologique, sont aussi mieux représentées dans le plan 2. Les plans d’eau apportent une diversité écologique intéressante. Le plan 1 présente une surface cumulée de plans d’eau 60 % supérieure au plan 2 (soit 14 Ha en plus). Mais la diversité des espèces n’est plus corrélée à cette surface, au‐delà d’un certain seuil. Du point de vue écologique, de grandes masses d’eau d’un seul tenant ne se justifient pas. Les écotones Le plan 2 prévoit une restauration en mosaïque des habitats terrestres et aquatiques alors que le plan 1 présente des unités de surfaces beaucoup plus grandes. Le potentiel écologique d’un site dépend à la fois des milieux qui le composent et des écotones, c’est à dire des transitions entre deux écosystèmes. En effet, au niveau des écotones, on retrouve à la fois les espèces des deux milieux concernés et, en plus, toutes les espèces intermédiaires. Sur le site de Moulin Neuf, on retrouve des écotones, principalement entre des milieux ouverts (prairies, landes) et des milieux fermés (boisements), entre des milieux terrestres (prairies, boisements, landes) et des milieux aquatiques (étangs, fossés). Plus un site présente d’écosystèmes sous forme de mosaïques, plus il présente d’écotones et plus son potentiel biodiversité est optimum. A titre d’exemple quantifiable, le plan 1 présente une surface cumulée d’étangs 60 % supérieure au plan 2, mais 1.471 mètres linéaires de berges en moins. Ces berges constituent des écotones, milieux de transition entre les écosystèmes terrestres et les écosystèmes aquatiques. Le plan 2, avec 26 % de ces écotones en plus par rapport au plan 1, représente un atout écologique notable. Restauration et coût énergétiques Le plan 1 a été élaboré en amont du projet d’extraction, sans connaissance précise des volumes de matériaux traités, c’est à dire ceux exportés pour la vente et ceux, non exploitables, destinés à rester sur le site. Il s’avère que, suite à l’exploitation du site, les volumes de remblais restants ne permettent pas de créer raisonnablement les plans d’eau sur les surfaces envisagées. Cela nécessiterait de créer d’autres reliefs difficilement intégrables dans le paysage environnant, ou de les exporter du site. Les 14 Ha d’étangs en plus que prévoit le plan 1 représentent plus de 28.000 m3 de matériaux en plus à déblayer, par rapport au plan 2. Dans un souci de lutte contre le changement climatique en limitant les émissions de CO2, et pour des raisons paysagères, il convient de préférer le traitement des volumes de déblai du plan 2. 5 Végétalisation et gestion des milieux Sans prendre en considération les aspects économiques, un revégétalisation naturelle du site présente l’avantage de l’assurance de voir se développer des espèces adaptées au milieu. C’est ce que prévoit le plan 2 alors que le plan 1 programmait de la plantation. C’est la gestion adaptée de l’ensemble du site, avec des degrés de pression différents, qui permettra de diversifier la nature des écosystèmes. A titre d’exemple, une fauche annuelle maintient un milieu ouvert de type herbacé. La non‐intervention amène à une végétation qui tend vers le climax, c’est à dire des milieux fermés de type boisements. Le gyrobroyage tous les 3 à 5 ans est une pratique de conservation des habitats intermédiaires. Données écologiques à prendre en compte Quel que soit le plan de réaménagement post‐exploitation du site de Moulin Neuf choisi, il convient de prendre certaines précautions. Nature des plans d’eau et profilage des berges L’optimisation écologique des points d’eau dépend des précautions prises dans leur conception. Il est nécessaire de prévoir des étangs et des mares avec des profondeurs variables, pour que toutes les espèces de ces milieux aquatiques puissent y trouver leur compte. Il faut noter que certains taxons sont adaptés à des milieux aquatiques temporaires, c’est à dire des mares peu profondes étant asséchées en saison estivale. Cela permet notamment aux prédateurs aquatiques, exigeant un milieu aquatique permanent, de ne pas se développer. Par ailleurs les écotones sont d’autant plus intéressants que la transition entre les deux milieux est progressive. Les berges, transitions entre les milieux terrestres et aquatiques, sont des écotones qu’il convient de concevoir au mieux en prévoyant au moins 50 % du linéaire avec des pentes très douces (inférieure à 30 %). Cela permet aux plantes de milieux secs, de zones marécageuses, semi‐ aquatiques, flottantes et submergées, d’être représentées. Gestion : protection et valorisation des espèces et des milieux L’étude écologiquev, réalisée en avril 2014, met notamment en avant, sur le site ou à proximité immédiate, la présence des espèces et des habitats suivants. • • • Habitats d’intérêt communautaire : o Chênaies Galico portugaise à Quercus rubur et Quercus pyreanica o Landes humides atlantiques tempérées à Erica ciliaris et Erica tetralix Flore o Gentiane pneumonanthe Faune o Engoulevent d’Europe 6 o o o o o o o o o o o o o o o o o Ardéidés (hérons et aigrettes) Canards et palmipèdes (oies, cygnes, grèbes, Laridés, Rallidés) Limicoles Fauvettes paludicoles Râle de genêts Martin pêcheur Rousserole effarvatte Pie grièche écorcheur Bruant proyer Amphibiens, rapaces, passereaux, canards et limicoles Crapaud calamite Alyte accoucheur Rainette méridionale Loutre Vison d’Europe Cordulie à corps fin Damier de la Succise La restauration et la gestion du site devra, dans la mesure du possible, permettre la régénération des habitats, la protection et l’accueil des espèces (pour repos, alimentation et reproduction) citées ci‐ dessus. Les principaux éléments d’intérêt écologique sont cartographiés en Annexe 4 de l’étude « Incidence écologique au titre de Natura 2000 d’un projet de gravière de Moulin neuf ». Les enjeux, objectifs et opérations de gestion à court, moyen et long termes devront faire l’objet, à minima, de la rédaction d’une notice de gestion. Conclusion Pour des coûts écologiques moindres, que ce soit du point de vue des émissions de CO2, du paysage et de la biodiversité, le plan 2 est le plus approprié. Mais sa réponse aux enjeux dépendra directement de la qualité des travaux de restauration (notamment profilage des berges des étangs) et du respect des opérations d’entretien qui seront préconisées dans la notice de gestion. 7 Annexes 1. Plan de réaménagement post‐exploitation 1. 2. Plan de réaménagement post‐exploitation 2. 8 Plan de réaménagement post‐exploitation 1 9 ment post‐exxploitation 1 Plan de rréaménagem 10 i Source : « Plan initial Moulin Neuf ». Sans ordre de prédominance, d’après extrapolation de l’étude « Incidence écologique au titre de Natura 2000 d’un projet de gravière de Moulin neuf », avril 2014. iii Source « Plan d’état final ». iv Source : « Plan de remise en état du 24/04/2014 ». v « Incidence écologique au titre de Natura 2000 d’un projet de gravière de Moulin neuf », avril 2014. Pages 16, 17 et annexe 3. ii 11