UN CHEF D’ŒUVRE EN PERIL
L’apparition du botulisme en fin d’été dans nos plans d’eaux, entraînant la mortalité d’un certain nombre
de palmipèdes n’est pas une divine surprise. Elle est la conséquence d’un manque patent de
considération pour le plus vieux patrimoine de la ville que sont nos lacs et rivières et cela depuis plus
d’une décennie. L’objectif doit être le retour au bon état des cours d’eau afin de rétablir une continuité
écologique. Cela repose sur 4 axes majeurs : CONNAITRE, RESTAURER, PROTEGER, VALORISER
L’eau sans cesse circule et se transforme, empruntant des chemins parfois invisibles. C’est un milieu en
mouvement qui permet une continuité écologique avec différents milieux aquatiques, des espaces de vie
variés.
Les diverses infrastructures qui fragmentent les cours de l’eau sont sources d’un bouleversement et
fragilisent le cycle biologique. Le dysfonctionnement des équipements et le manque d’entretien aggravent
cette situation et conduit à un déséquilibre biologique avec toutes les conséquences que cela engendre
sur l’écosystème : disparition de toute vie aquatique, apparition d’algues, accumulation de vase... La
biodiversité se retrouve donc confrontée à de multiples pressions qui menacent son équilibre global.
Que faire face à cette situation ?
Mettre en place une automatisation afin de mieux contrôler et stabiliser le cycle biologique.
Nos équipements comme les vannes/les pompes doivent être régulièrement surveillés et entretenus pour
garantir leur bon fonctionnement. Leur gestion avec un débit raisonné peut suffire à assurer la libre
circulation des sédiments.
Revoir la circulation des flux
L’état chimique des rivières et des lacs doit faire l’objet d’un suivi régulier, car il conditionne l’état
écologique du milieu. Des mesures doivent être donc réalisées sur de nombreux paramètres chimiques,
comme par exemple : les nitrates, les phosphates...
Ces mesures portent principalement sur l’eau, mais certains paramètres doivent être aussi mesurés dans
les sédiments. Elles doivent être effectuées à intervalles réguliers (plusieurs fois par mois). La fréquence,
le lieu de mesure, les paramètres mesurés doivent être adaptés à l’enjeu.
Renégocier notre contrat d’entretien qui est inefficace.
Améliorer les connexions entre eaux de surface et souterraines pour améliorer les débits d’étiage
et favoriser l oxygénation de l eau.
Aménager les berges par génie végétal pour renforcer les conditions de la protection d’un
patrimoine paysager et de la biodiversité. Les berges sont l’interface entre le milieu aquatique et
terrestre. Les aqua-pépinières spécialisées disposent à la fois du savoir faire et de l’expérience
nécessaires pour proposer des solutions efficaces et durables.
Au delà de l’AVAP, je demande la création de zones prioritaires pour la biodiversité, de certaines
rivières. Cela consisterait a diviser une rivière en 3 zones ou l'eau circulerait lentement.
Une zone centrale libre, représentant un tiers de la surface totale.
Une zone périphérique, de régénération, où des plantes aquatiques sont chargées de la filtration.
Une zone d'oxygénation et désinfection avec des plantes oxygénantes permettant l'exposition de l'eau
aux UV naturels.
De nombreuses pistes de financement existent pour mener à bien toutes ces actions notamment avec
l’agence de l’eau qui soutient la restauration de la continuation écologique et qui peut apporter une aide
financière comprise entre 30 et 80% pour la réalisation des études et des travaux.
Dès aujourd’hui nous devons agir pour sauver ce chef d’œuvre en péril.
Thibaut GRIPOIX
tgripoix@yahoo.fr