Session professionnelle
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anesthésistes pourront avoir une influence favorable sur l'utilisation des
médicaments et au choix de leurs techniques anesthésiques.
Par exemple, une étude en double-insu et randomisée de Morley-Forster et ses
collègues a démontré que le kétorolac n'est pas plus efficace que l'indométhacine
pour le soulagement de la douleur postopératoire légère mais que le coût associé à
l'utilisation de cet agent était de 3,5 fois plus élevé [2]. Il est essentiel que
l'anesthésiste reconnaisse que tous les nouveaux médicaments ne sont pas
nécessairement indiqués dans toutes les situations peri-opératoire et que leur non
utilisation pourrait représenter une économie importante dans le budget du
département.
L'utilisation de la morphine per- et postopératoire peut être cliniquement très
avantageuse mais aussi très économique. Il est bien connu que l'utilisation de la
morphine intraveineuse discontinue ou en perfusion continue durant toute la période
peropératoire ou en postopératoire est très efficace, sécuritaire (même chez les tout
petits) et ne coûte virtuellement rien ($0,21 Cdn ou 1 FF/10 mg !!). Ainsi, pendant
la période d'austérité que nous traversons, il est non seulement essentiel de
s'intéresser à connaître le coût des agents anesthésiques utilisés dans notre pratique
quotidienne, mais aussi de prendre conscience des économies réelles possibles sans
nécessairement affecter la qualité des soins de santé administrée à nos patients. Par
ailleurs, le fait qu'une drogue anesthésique soit moins coûteuse qu'une autre et
surtout moins récente ne doit pas représenter le seul critère de sélection mais doit
quand même être pris en compte dans le contexte général des soins péri-opératoires.
L'anesthésiste a malheureusement peu de chance d'apprécier l'ordre de grandeur
des coûts de l'anesthésie et des drogues utilisées. Ce sujet est rarement abordé dans
les publications modernes relatives à l'anesthésie. Il n'y a que 2 % des publications
qui discutent sérieusement des coûts directement reliés à l'anesthésie [3-7].
3. QUESTIONS FONDAMENTALES
La pratique de l'anesthésie moderne fait face à plusieurs demandes
conflictuelles, c'est-à-dire, le besoin d'une technologie plus compétitive, un
rendement clinique de qualité supérieure et plus performant mais un contrôle plus
étroit de nos dépenses et ce, à un coût beaucoup moindre.
Les questions fondamentales sont :
- Que coûtent les drogues utilisées en anesthésie ?
- Quel est notre choix en fonction des besoins cliniques ?
- Quelle est l'influence réelle du coût des drogues sur les services d’anesthésie ?
- Quels sont les agents qui participent le plus aux coûts globaux de l'anesthésie ?
-Est-ce que les avantages cliniques justifient les coûts associés au choix d'un
médicament par rapport à un autre ?