LES HAREDIM : Une autre facette de l'intégrisme religieux
des niveaux de vie assez modestes. Cette situation est particulièrement forte en Israël, où les communautés sont
fermes sur ces points. Cette croissance parfois explosive entraîne des tensions avec les voisins. En effet, l'objectif
des Haredim est d'avoir des quartiers homogènes et relativement clos. Quand les Haredim s'implantent en nombre
dans un nouveau quartier, et c'est un mouvement permanent, ils tendent à y imposer leurs règles. Ainsi, à
Jérusalem, « depuis quelques mois [fin 2007], les membres d'une ´´ patrouille de la pudeur ´´ s'en prennent aussi
aux femmes vêtues selon eux de façon ´´ provocante ´´, qui circulent dans les quartiers habités par les Haredim
(ultraorthodoxes) du nord de Jérusalem. La boutique de vêtements féminins Princesse, rue Méa Shéarim, reçoit
régulièrement des visites de la patrouille. ´´ Ils nous demandent de retirer de la vente des robes qu'ils jugent trop
courtes, explique le patron. Si on veut faire des affaires dans le quartier, il faut se plier aux règles : nos vêtements ne
doivent rien laisser entrevoir de la peau, mis à part les mains et le visage ´´. Les Haredim ont beaucoup d'enfants.
Grâce à tous ces enfants, l'expansion est rapide. Et de plus, le système d'allocations familiales permet aux familles
de vivre sans un réel travail salarié (ils ont des besoins frugaux et modestes). C'est un vrai cercle vicieux, qui fait tout
pour que les mômes ne soient jamais au contact du reste de la société, et arrivent à l'âge adulte largement incultes
et ignorants (hors de la Bible). (2)
Les fondamentalistes juifs sont-ils les seuls ? A l'évidence non ! Si on connaît les centaines de milliers d'articles sur
l'Intégrisme islamique, les fondamentalistes chrétiens se manifestent de temps à autre. En France, en décembre,
une pièce de théâtre portant atteinte à l'image du Christ a violemment été combattue. Le choix des mots dénonçant
les intégristes juifs n'est pas innocent : « ultrajuifs « ou » ultra-orthodoxe », ça donne de suite une image plus sympa
que 'intégriste.
Pierre Haski de Rue 89 nous dit que tout commença il y a une semaine : « Le conflit fait rage depuis plusieurs
semaines, depuis que des Haredim ont commencé à s'en prendre aux femmes dans la rue, vêtues de manière trop «
légère » de leur point de vue. Une femme et une fillette sont devenues les symboles involontaires de cette crise
ouverte qui place les Israéliens face à la question, jamais résolue, de l'identité de leur société. Naama Mergolis a huit
ans, et habite Beit Shemesh, une ville située entre Tel-Aviv, la métropole de « perdition » au bord de la mer, et
Jérusalem, la capitale trois fois sainte. A Beit Shemesh, les ultra-orthodoxes sont entrés en campagne contre l'école
pour filles fréquentée par Naama, pourtant une école liée au courant sioniste religieux, mais trop « laxiste » à leurs
yeux. Des ultraorthodoxes s'en sont pris de manière violente à des femmes aux abords de l'école, semant la terreur
parmi les enfants. Lorsque Naama Mergolis a témoigné dans les médias israéliens sur « des gens méchants qui
m'attendent dehors et veulent me faire du mal », les Israéliens ont été bouleversés, s'agissant d'hommes qui se
réclament de la religion ».(1)
« Israël poursuit Pierre Haski, s'est créé en 1948 par un compromis historique entre des pères fondateurs issus du
sionisme de gauche laïque, comme David Ben Gourion, travailliste et pas pratiquant, et le courant religieux du
judaïsme. Il en est résulté un équilibre fragile, qui fait d'Israël une société sans séparation entre la synagogue et
l'Etat, avec des lois dont certaines sont héritées de l'époque ottomane. « Les fondateurs de cet Etat l'ont créé selon
une vision laïque, préconisant la renaissance économique, sociale et culturelle du peuple juif. A cette conception,
s'oppose, dès la fin du XIXe siècle, celle des milieux religieux désireux de créer, en pays d'Israël, une société juive
qui pratiquerait les commandements de la Torah - de la Bible. (...) Le problème est d'autant plus explosif que la
minorité la plus extrémiste des ultraorthodoxes, bardée de la certitude d'incarner la volonté divine, n'hésite pas à
braver la loi des hommes, à l'image de l'assassin de Yitzhak Rabin en 1995, ou, plus modestement, de ceux qui ont
voulu imposer leurs règles au sein d'un bus de la compagnie Egged. » (1)
Les réactions furent nombreuses. Plusieurs dirigeants du gouvernement (Netanyahu, Barak, etc.) ou des formations
politiques (Livni, etc.) se disent très choqués par les actions des Haredim. Pour Gideon Levy, journaliste de gauche,
il ne faut pas s'y fier. Ces mêmes dirigeants envisagent une deuxième opération Plomb Durci contre Gaza dans un
avenir très proche. Une occasion de focaliser sur les actions des Haredim pour éviter que les gens réfléchissent sur
un assaut meurtrier éventuel. On sait que l'ambiguïté entre nationalisme et religion date en fait des tout débuts du
Yishouv.
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