constitution en Israël. De fait, le mouvement sioniste a accepté ce principe et a seulement mis en
place des « lois fondamentales »3. La distinction est symbolique, mais les haredim y tiennent.
Autre prérogative du rabbinat : la juridiction matrimoniale. Extrait de « Comment le peuple juif fut
inventé » p 392 : « Dans la célèbre « lettre du statu quo » signée par D B Gourion, président de
l’agence juive, ce dernier s’engagea, notamment, à laisser la juridiction matrimoniale du futur Etat aux
mains du rabbinat.[…] En 1953, la promesse politique de ne pas instituer de mariage civil en Israël fut
légitimée par la loi sur la juridiction des tribunaux rabbiniques, stipulant que les affaires
matrimoniales des Juifs en Israël seraient placées sous leur monopole exclusif et soumises à la « loi
biblique ». Ainsi le sionisme socialiste alors au pouvoir commença –t-il à mobiliser les principes du
rabbinat traditionnel comme alibi arrangeant en faveur de son imaginaire craintif, tremblant devant le
spectre de l’assimilation et des « mariages mixtes ». Ce fut la première expression étatique de
l’exploitation cynique de la religion juive dans la mise en œuvre des objectifs du sionisme.
{…] Yeshayahou Leibowitz avait plus raison que d’autres lorsqu’il qualifiait Israël d’Etat laïque
« publiquement reconnu » comme religieux . »
Une assomption corroborée par certaines statistiques : Charles Enderlin reprenant Lundi 6 mars dans
« De Tokyo à Oslo, le monde radical des droites », les chiffres qu’il avançait déjà dans « Les
Radicaux du Temple » : « En 2009, une sociologue a fait une analyse de l’israélien juif, montrant que
52% des juifs israéliens croient en la venue du Messie, et que 67 % pensent que le peuple juif est le
peuple élu et a reçu la Torah des mains de Dieu. Cela veut dire que ça comprend des religieux, des
observants, des traditionnalistes qui parfois ne font pas le shabbat, mais observent certaines règles de
la cachrout ou autre. Il y a une vision de plus en plus religieuse nationaliste d’Israël dans le public, et
ça se retrouve dans les campagnes électorales ». Naftali Bennet, du parti d’extrême droite « La maison
juive « est ministre des finances, et Uri Ariel, ministre de l’habitat veut doubler le nombre de
logements juifs à Hébron. Moshe Feiglin, vice président de la Knesset, co-fondateur en 1993 du
mouvement « Zo Artzeinou » (C'est notre terre/patrie) pour protester contre les accords d’Oslo, essaie
régulièrement de monter sur l’esplanade. Il représente 30% du Likoud . […] Les ultras ont aussi
noyauté l’armée. De plus en plus d’officiers d’infanterie et d’autres unités appartiennent au sionisme
religieux, portant une kippa tricotée. A l’heure actuelle, le corps des officiers d’infanterie comporte 50
% de jeunes juifs sionistes religieux »
Conclusion
Eu égard à la pénétration du religieux dans le séculier, le syncrétisme en voie de réalisation, la
demande faite aux ultra-orthodoxes, (devenant de fait membres indistincts de l’Etat juif) d’effectuer
leur service militaire n’est pas déplacée. Dans le cas où l’Etat d’Israël deviendrait la Républiques de
tous ses citoyens, reléguant donc la religion à la sphère du privé, les croyants feraient leur service
militaire, comme le faisaient les français au temps de la conscription. La question est bien celle de
l’échec de la religion civile du sionisme, rattrapée actuellement par l’autre, comme on pouvait s’y
attendre. Comme dit Régis Debray dans « Un candide en Terre sainte p 165 » : Quoi qu’il en soit, dans
ce melting-pot multiculturel, quel autre point de rassemblement que le sacré ancestral ?Peut-on être
juif comme on est anglais, italien ou russe ? A la question de savoir s’il existe une identité juive hors
de la religion- qui fut le bel espoir du sionisme-les faits semblent répondre que non. Pas très gai ; Mais
pouvait-il en être autrement ? »