OBSERVATION
Madame M., 57 ans, présentait une maladie lithiasique évoluant
depuis 1998 ayant nécessité 8 lithotripsies extra corporelles et 2
néphrolithotomies percutanées pour calculs rénaux bilatéraux et
récidivants.
Aucun bilan métabolique n’a été réalisé depuis le début de sa mal-
adie mais une analyse morpho-constitutionnelle a été réalisée sur
les calculs extraits lors de la dernière NLPC (décembre 2003). Cette
analyse était en faveur d’un calcul calcium-dépendant : Wheddelite
60%, Carbapatite 20% et Phosphate Octocalcique 10%. L’ensemble
faisant évoquer le diagnostic d’hyperparathyroïdie primaire (HPP).
L
’HPP était confirmée par le bilan biologique (calcium ionisé :
1.46mmol/l, PTH : 123 pg/ml, calcium total : 2.73 mmol/l,
phosphorémie : 0.9, calciurie des 24 heures : 390 mg). L’échogra-
phie parathyroïdienne et la scintigraphie au Sesta-MIBI objecti-
vaient deux nodules parathyroidiens supérieur et inférieur gauches
et un nodule froid thyroïdien droit.
La patiente était adressée en consultation d’endocrinologie compte
tenu de l’HPP et d’un syndrome dysmorphique clinique associé à une
hypertension artérielle, un diabète non insulino-dépendant, un syndro-
me du canal carpien et un syndrome d’apnée du sommeil. Une IRM
hypophysaire découvrait alors un processus intra-sellaire de 10 mm de
diamètre sans extension supra-sellaire. Biologiquement, l’IgF1 était à
389 ng/ml et l’hormone de croissance (STH ou GH) était élevée et
non-freinable par l’épreuve d’hyperglycémie provoquée par voie orale.
Le diagnostic d’Acromégalie était donc posé. L’ensemble des patholo-
gies endocriniennes s’inscrivait dans le cadre d’une Néoplasie Endo-
crinienne Multiple de type 1 (NEM 1) avec biologiquement une muta-
tion de la protéine A541 Tau niveau de l’Exon 10 du gène de la Méni-
ne. L’HTA avec discrète hypertrophie ventriculaire gauche, le syndro-
me d’apnée du sommeil et le syndrome du canal carpien correspon-
daient à des complications de l’acromégalie. Un scanner abdominal
n’a mis en évidence ni syndrome tumoral pancréatique ni syndrome
tumoral surrénalien.
La patiente bénéficiait en avril 2004 d’une parathyroïdectomie
supérieure et inférieure gauche avec thyroïdectomie totale et d’une
chirurgie trans-sphénoïdale en septembre 2004.
L’examen anatomo-pathologique confirmait les deux adénomes
parathyroïdiens à cellules principales et l’adénome somatotrope.
Aucun élément suspect de malignité n’a été noté sur la thyroïde
(multi-hétéro nodulaire avec remaniements fibreux et inflammatoi-
res).
En janvier 2005, la patiente présentait le bilan biologique suivant :
PTH sérique et bilan phospho-calcique normaux, IgF1 normalisé à
175 ng/ml et cycle GH normal freinable sous HGPO. L’IRM hypo-
physaire était sans particularité avec absence de reliquat tumoral
visible. Aucune récidivelithiasique n’a été observée.
LA NEOPLASIE ENDOCRINIENNE MULTIPLE DE TYPE 1
Les néoplasies endocriniennes multiples (NEM) se définissent,
chez un même sujet, par l’atteinte d’au moins deux glandes endo-
crines sans lien fonctionnel entre elles. Il en existe 3 types. La NEM
de type1 (ou syndrome de Wermer) est une association lésionnelle
héréditaire à transmission autosomique dominante. Les glandes
atteintes sont : les parathyroïdes, le pancréas endocrine, l’antéhy-
pophyse, la corticosurrénale et les tissus endocriniens situés dans
les bronches et le thymus. La majorité de ces tumeurs sont béni-
gnes.
Les tumeurs des parathyroïdes sont présentent dans 80 à 90% des
cas et sont habituellement responsables d’HPP [1-2].
◆
CAS CLINIQUE Progrès en Urologie (2006), 16, 376-377
Néoplasie endocrinienne multiple de type 1 : une cause possible de maladie
lithiasique rénale sévère et récidivante
Lamine NIANG (1),Mohamed Amine LACKMICHI (1),Sophie PERIE (2),Frédéric THIBAULT (1),
Bernard GATTEGNO (1),Philippe THIBAULT (1),Olivier TRAXER (1)
(1) Service d’Urologie, (2) Service d’ORL, Hôpital Tenon, Paris, France
RESUME
Les néoplasies endocriniennes multiples (NEM) se définissent, chez un même sujet, par l’atteinte d’au moins
deux glandes endocrines sans lien fonctionnel entre elles. Il en existe 3 types. La NEM de type 1 (ou syndrome de
Wermer) est une association lésionnelle héréditaire à transmission autosomique dominante.
Au travers d’une observation, nous rappelons les caractéristiques de la NEM de type 1 à l’origine d’une maladie
lithiasique sévère et récidivante et nous insistons sur la réalisation systématique d’un bilan étiologique pour tout
patient lithiasique dès le premier épisode selon les recommandations du Comité Lithiase de l’Association Fran-
çaise d’Urologie (CLAFU).
Mots clés : Lithiase, calcul, hyperparathyroïdie, acromégalie, calcium.
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Manuscrit reçu : octobre 2005, accepté : décembre 2005
Adresse pour correspondance : Dr. O. Traxer, Service d’Urologie, 4, rue de la Chine,
Hôpital Tenon, 75020 Paris.
Ref : NIANG L., LACKMICHI M.A., PERIE S., THIBAULT F., GATTEGNO B., THI-
BAULT P., TRAXER O. Prog. Urol., 2006, 16,