RepèRes économiques | 3
poRtRait d’une économie en Recul
contraction habituellement attribuée à une autre cause, mais la
régularité de sa manifestation incite fortement à croire qu’elle
est vraiment liée à la crise initiale.
Cela étant dit, nous estimons que la croissance économique
des pays développés devrait être inférieure à la normale
d’environ 1 % par année pendant la présente période de
désendettement, ce qui correspond à une croissance réelle
annualisée d’environ 2 % aux États-Unis et au Canada.
une autre libéralisation des échanges commerciaux de
cette ampleur dans un avenir prévisible.
• Les prix des produits de base sont restés bas et, pour la
plupart, stables pendant toutes les années 1980 et 1990,
alors qu’ils ont par la suite grimpé. Le trio inflation, taux
d’intérêt et taux d’imposition a aussi beaucoup reculé
pendant cette période, ce qui a procuré à la croissance un
stimulant qui ne lui sera vraisemblablement pas administré
de nouveau de nos jours (quoique l’inflation et les taux
d’intérêt devraient rester bas et favoriser au moins un peu
la croissance).
4. Ralentissement permanent de la croissance
à cause de nouveaux vents contraires
Au moment où les anciens vents arrière ont cessé de souffler, de
nouveaux vents contraires se sont levés.
Facteurs démographiques – Le vent contraire le plus puissant,
et de loin, est la détérioration des paramètres démographiques.
Alors que la génération du baby-boom était à l’apogée de ses
pouvoirs économique et productif durant les années 1980 et
1990, cette génération arrivera à l’âge de la retraite et de la
vieillesse dans les prochaines décennies. À cet égard, le taux
d’augmentation de la population en âge de travailler – qui
contribue directement à la croissance économique – devrait
diminuer d’environ 0,6 % par année aux États-Unis, de 1,0 % au
Canada et dans des proportions comparables dans les autres
pays développés.
Éducation – Le taux d’augmentation de la scolarité pourrait
aussi être sur le point de ralentir. Dans les pays développés, les
taux d’obtention de diplômes d’études collégiales ont plafonné
il y a quelques décennies. Les taux d’obtention de diplômes
universitaires continuent à monter, mais ils sont peut-être en
voie de se stabiliser. Un ralentissement de la croissance de la
scolarisation pourrait affaiblir un facteur clé d’augmentation de
la productivité.
Technologie – Les changements technologiques représentent
sans doute le sujet le plus controversé de tous. Ils contribuent
largement à la croissance de la productivité, qui, elle, est un
préalable à l’expansion économique. En d’autres termes, les
avancées technologiques ne sont évidentes qu’en rétrospective.
Dans bien des domaines, tels que les communications,
l’information, l’informatique, la robotique, l’intelligence
artificielle, les nanotechnologies et la pharmacologie, il se
prépare de grandes découvertes. Toute tentative de prédire la
forme qu’elles prendront ou la vitesse de leur implantation ne
serait que pure folie.
3. Ralentissement permanent de la croissance
à cause de la disparition d’anciens
vents contraires
Nous avons expliqué qu’au cours des prochaines années,
la croissance économique sera sans doute plus lente que la
normale, pendant que se dissipent les conséquences de la crise
financière sur l’économie. Heureusement, cette détérioration
ne durera pas toujours. Toutefois, il se peut qu’apparaissent
d’autres entraves plus persistantes attribuables à deux facteurs
principaux : la disparition des anciens vents arrière et la levée de
nouveaux vents contraires. Le passage de la ligne C à la ligne D
sur la figure 1 illustre ce phénomène.
Depuis des temps lointains, la définition d’une croissance
économique « normale » est remarquablement aléatoire.
En réalité, il n’existe rien de tel qu’une croissance vraiment
normale. Les conditions changent constamment. Il nous faut,
malgré tout, un cadre de référence et, pour plusieurs, les années
1980 et 1990 restent le modèle de croissance « normale »,
marqué par une expansion de l’économie américaine à un taux
annualisé de 3,2 % par année.
Des vents arrière mal connus ont soufflé en bourrasque
dans les années 1980 et 1990
• Ces décennies ont profité d’une source inépuisable de
produits financiers nouveaux et finalement éphémères
qui ont élargi l’accès au crédit de même que le fossé
entre emprunteur et prêteur. Bon nombre d’entre elles ont
maintenant été mises aux oubliettes et l’endettement s’est
résorbé. Ce vent arrière est devenu un vent contraire.
• Lorsque les murs voilant l’économie de l’Europe de l’Est et
celle de la Chine sont tombés au début des années 1990,
près de deux milliards de nouveaux consommateurs –
et une nouvelle main-d’œuvre à bon marché – ont
soudainement été poussés dans l’économie mondiale. Ce
vent arrière continue à souffler sur l’économie, mais avec
une force moindre, et il est peu probable que se produise