Repères économiques
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et du Mexique sont également de taille, nécessitant d’autres
mesures d’austérité.
3) Écart de production
L’écart de production mesure les capacités inutilisées présentes
dans l’économie. Toujours dans la logique de la gure 2, la
disparition de l’écart de production fait augmenter la production
à son plein potentiel (et, ce faisant, fait croître la demande).
Ainsi, les pays dont les écarts de production négatifs sont les
plus importants ont certaines des perspectives de croissance
les plus démesurées pour les prochaines années, alors qu’ils
convergeront vers leur pleine capacité. Parmi les pays les
mieux placés se trouvent les suspects européens habituels :
Grèce, Irlande, Portugal, Turquie, Italie et Espagne. Ceux dont
le potentiel d’expansion lié à l’écart de production est le plus
faible sont le Japon, le Chili, l’Allemagne et le Canada.
4) Investissement résidentiel
La part de l’investissement résidentiel dans le PIB est un
indicateur pratique de la mesure dans laquelle l’activité
résidentielle est anormalement élevée ou anémique. Quand elle
est trop faible, on s’attend à ce qu’elle retourne vers les normes
historiques, stimulant ainsi la production économique.
Le calcul de l’écart de l’investissement résidentiel révèle que
plusieurs pays européens gurent parmi ceux qui offrent le
plus grand potentiel, dont la Grèce, le Portugal, l’Irlande et
l’Espagne, vu la dévastation précédente de leurs marchés
résidentiels. Ceux dont le potentiel d’expansion est le plus
faible ont des marchés résidentiels qui n’ont jamais réellement
connu de difcultés, notamment le Chili, la Turquie, le Canada,
l’Allemagne et le Mexique.
5) Évolution démographique
Nous abordons maintenant un trio de variables qui modient le
taux de croissance potentielle durable lui-même, plutôt que de
simplement pousser la demande vers un potentiel préexistant.
De façon très simpliste, le taux de croissance économique
durable est dérivé du taux de croissance des travailleurs
additionné du degré d’amélioration de leur productivité.
L’évolution démographique joue bien sûr un rôle central
dans l’anticipation des tendances du premier élément. Nous
comparons la croissance cumulée de la population de chaque
pays3 au cours des cinq dernières années à l’accroissement
de la population prévu pour les cinq prochaines années. Il se
trouve que l’évolution démographique devrait assombrir le taux
de croissance potentielle de tous les pays examinés au cours
des cinq prochaines années, mais cette incidence est variable.
3 Nous pondérons à parts égales le taux de croissance de l’ensemble de la
population (un indicateur de la demande) et le taux de croissance de la
population en âge de travailler (un indicateur de la production).
Les pires effets se feront sentir en Corée du Sud, en Espagne, en
Turquie, en Australie et au Chili. Les meilleurs effets (ou, dans
ce cas-ci, les moins mauvais) seront observables en Suède, au
Royaume-Uni, au Japon et aux Pays-Bas.
6) Évaluation de la devise
Nous considérons ensuite le niveau de la devise de chaque
pays par rapport à sa juste valeur. Contrairement à ce que
l’on pourrait d’abord croire, nous estimons que les pays
afchant les taux de change les plus sous-évalués sont les
plus désavantagés. La raison en est que les pays ayant une
devise sous-évaluée ont proté d’un avantage concurrentiel
articiel (et donc temporaire), et qu’un frein s’exercera sur leur
croissance lorsqu’à moyen terme, l’évaluation de leur devise
reviendra à sa juste valeur. L’inverse est vrai pour les pays dont
les taux de change sont surévalués.
Contrairement aux autres variables, les évaluations inadéquates
des devises ne s’incorporent pas directement dans le portrait
de la croissance économique. Nous devons calculer l’impact
sur le PIB de chaque point de pourcentage de variation prévue
de la devise. Le calcul révèle que les pays dont la situation est
la plus prometteuse en matière de devises (c’est-à-dire qui ont
les taux de change les plus surévalués, capables de échir et de
stimuler la croissance) sont l’Australie, la Suisse, le Canada et le
Chili. Les pays dont la situation est la moins prometteuse sont le
Japon4, les États-Unis et le Royaume-Uni.
7) Réformes structurelles
Une autre avenue possible pour stimuler la croissance
économique potentielle est de recourir à des réformes
structurelles. Il n’y a pas de moyen simple d’évaluer
globalement les progrès de telles réformes, de prévoir leur
trajectoire future ou de les incorporer dans le portrait de la
croissance potentielle du PIB5. Nous utilisons donc notre
propre jugement pour évaluer la portée et l’efcacité probables
des réformes structurelles des différents pays, fondant cette
évaluation sur une combinaison d’engagements politiques
récents, d’efforts déployés sur le plan législatif et d’ententes
commerciales anticipées.
4 Même si le yen en valeur nominale semble encore solide en regard du dollar
US d’un point de vue historique, il ressort que le taux d’ination du Japon a
été bien inférieur à celui des autres pays, de sorte que le taux de change réel
est considérablement plus faible que le taux nominal. Et quand la devise du
Japon est comparée à celles de ses partenaires commerciaux (dans une mesure
disproportionnée les marchés émergents dont les devises se sont appréciées
ces dernières années), elle semble à nouveau beaucoup plus faible que selon
l’analyse classique. Nous avouons croire que le yen pourrait encore s’affaiblir
au cours des prochaines années, mais comme l’un des objectifs de l’indice
de potentiel économique est d’exclure le jugement humain du processus
d’évaluation, nous laissons l’interprétation telle quelle.
5 Des mesures telles que l’indice de la facilité à faire des affaires de la Banque
mondiale et l’indice de la compétitivité mondiale du Forum économique
mondial constituent un effort héroïque pour quantier partiellement le contexte
structurel.