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REPÈRES ÉCONOMIQUES • June 2013
qu’encore faible par rapport au PIB, n’est pas de beaucoup
inférieur à celui des États-Unis en matière de part de la mesure
la plus pertinente : le revenu disponible.
Tapis dans l’ombre
En Chine, l’industrie du financement parallèle a pris son essor
pratiquement du jour au lendemain, créant une source de
financement considérable et croissante pour l’économie. Selon
une estimation prudente, le financement parallèle a bondi à un
niveau colossal de 23 billions de yuans (3,8 billions de dollars
US), l’équivalent de 43 % du PIB de la Chine. Une définition plus
large lui attribue jusqu’à 63 % du PIB. Après un départ au pied
levé il y a quelques années seulement, le financement parallèle
représente maintenant près d’un tiers du crédit privé total et
plus de la moitié du récent afflux. On peut comprendre que cette
croissance ininterrompue suscite des doutes.
Les diverses formes de
financement parallèle
L’expression « financement parallèle » ratisse large et comprend
à peu près toute forme de prêt autre que le prêt bancaire
conventionnel. La définition inclut donc des instruments assez
rudimentaires (mais non sans risque) jusqu’aux véhicules de
placement plus dangereux, comme les produits de gestion de
patrimoine (PGP). Les PGP apparient un groupe d’investisseurs
avec des occasions d’investissement précises. En très grande
majorité, ils sont assortis d’un taux de rendement fixe et d’une
échéance de moins d’un an.
L’agence de notation Fitch estime que les PGP ont gonflé d’un
niveau presque nul au début de 2009 à près de
12 billions de yuans à la fin de 2012, ce qui constitue une
part impressionnante de 50 % du financement parallèle
Deuxièmement, en raison de moyens de contrôle efficaces sur
les mouvements de capitaux, la majeure partie des emprunts de
la Chine sont libellés dans sa propre monnaie et sont financés
au pays. Troisièmement, la Chine est un épargnant net, et
non un emprunteur (figure 1). Grâce à des années d’excédent
du compte courant, le pays affiche une position extérieure
globale positive de 1,8 billion de dollars US. Quatrièmement,
les banques chinoises et les sociétés d’État sont extrêmement
malléables. Si le crédit venait à subir un gel soudain, le
gouvernement pourrait en atténuer l’impact en ordonnant aux
institutions financières de poursuivre les prêts, de rééchelonner
la dette et d’acheter plus d’obligations gouvernementales.
Prudence à l’égard du crédit
Au final, chose étonnante, il n’est pas certain que la dette privée
de la Chine soit trop élevée, mais sa croissance a manifestement
été trop rapide. Même si plusieurs facteurs atténuaient le coup
porté par un ralentissement du crédit, les risques de recul
sont anormalement élevés et le fait est que le crédit ne peut
continuer d’augmenter au rythme actuel en Chine. Afin de mieux
comprendre ces risques, nous examinons maintenant plusieurs
des principales composantes du marché chinois du crédit.
Surchauffe du logement
Le marché chinois du logement a progressé par bonds,
contribuant considérablement à la croissance du crédit
en fournissant du financement aux constructeurs et des
hypothèques. Un examen sommaire laisse croire qu’il y
a matière à s’inquiéter. Nous estimons la construction de
logements en zone urbaine à environ 20 millions de nouvelles
unités par année, ce qui dépasse de loin la demande
démographique, qui est de l’ordre de 9 à 16 millions d’unités.
La construction a augmenté de façon considérable par rapport
au PIB et les prix des maisons sont de nouveau en hausse.
Ainsi, l’essor du secteur du logement en Chine présente bel et
bien deux facettes. La demande pourrait se révéler durablement
plus élevée qu’on ne l’estime de façon conventionnelle à cause
d’un déplorable sous-investissement dans les logements
existants. L’accès au logement pourrait également être moins
inquiétant qu’il n’y paraît si l’on examine les coûts de logement
des ménages. Par conséquent, nous restons profondément
incertains quant à l’ampleur d’un excès quel qu’il soit. Il
semble plus prudent de dire que l’investissement immobilier
ne peut continuer de croître à son rythme récent. Il est passé
de 2 % du PIB dans les années 1980 à 14 % aujourd’hui.
Le taux d’inoccupation est peut-être bas, mais il augmente
manifestement. La façon qu’ont les constructeurs de se financer
eux-mêmes sur le marché des produits de gestion de patrimoine
n’est pas durable. En outre, l’endettement des ménages, bien
Nota : Graphique fondé sur la dernière année pour laquelle des données
existent. Sources : Haver Analytics, FMI, RBC GMA
60
21
-9
-11
-12
-28
-30
-36
-38
-40
-52
-60 -40 -20 0 20 40 60
Japon
Chine
Corée du Sud
Inde
Zone euro
É.-U.
Brésil
R.-U.
Indonésie
Mexique
Turquie
Position extérieure globale nette en % du PIB
Épargnant
net
Emprunteur
net
Figure 1 : Globalement, l’économie chinoise affiche une épargne
(et non une dette) nette