LES AçorES - Visit Azores

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LES AçORES
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V­I&A ­— Nº1
Aux frontières de l’Europe
LES Açores
Inlassablement citées au gré des bulletins météo, les Açores
ont donné leur nom à l’anticyclone qui régule le climat européen. Cet archipel est pourtant bien plus qu’un phénomène
météorologique. Isolé au milieu de l’Océan Atlantique il est
loin d’être oublié. 250 000 habitants peuplent ces neuf îles
attachantes qui constituent les frontières occidentales du vieux
continent. Voyage sur un des derniers trésors cachés d’Europe.
É
Texte \ Lucas Lahargoue — Photos \ Lucas Lahargoue & DR
LES AçORES
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LES AçORES
V­I&A ­— Nº1
CORVO
GRACIOSA
FLORES
TERCEIRA
FAIAL
SÃO JORGE
PICO
SANTA MARIA
N
O
SÃO MIGUEL
E
S
Géographie
singulière
Isolé au milieu de
l’Atlantique, l’archipel des Açores
s’étend sur près
de 600 kilomètres.
Il fait partie de la
Macaronésie avec
Madère, les Canaries et les îles du
Cap Vert.
T
erre en vue ! Diogo de Silves lança
l’alerte à l’équipage de son bateau
lorsqu’il aperçut le premier une île
des Açores en 1427. Vingt-trois ans
plus tard tout l’archipel était découvert. Certaines sources affirment que d’autres visiteurs y firent escale auparavant mais l’Histoire a retenu le Portugal comme premier royaume à y avoir
mis le pied, à s’y être intéressé et à s’y être installé.
Près de six siècles plus tard ce chapelet de neuf îles
solitaires au milieu de l’Atlantique est toujours portugais, et toujours à découvrir. Flottant à 1500 kilomètres de Lisbonne et 3900 kilomètres de New
York, il a longtemps été qu’une simple étape pour les
longs vols transatlantiques et pour les navigateurs
au long cours qui ont pris très tôt l’habitude d’y faire
une escale. Aujourd’hui on s’y arrête toujours, mais
on ne va pas plus loin. Les Açores se visitent, pour
elles mêmes, pour leur riche patrimoine naturel et
culturel. Chaque île a son caractère, aucune n’est le
miroir de sa voisine. São Miguel est verte, tapissée
de prairies et de forêts alors que Pico est noire de
tout le basalte qui la constitue. Flores est petite et
ronde quand São Jorge est plus grande et allongée.
On vient sur Faial pour observer les baleines qui
passent régulièrement au large et sur Graciosa pour
plonger dans des fonds marins particulièrement
poissonneux. Santa Maria offre de belles plages où
l’on se prélasse au soleil et Corvo les plus beaux sentiers de randonnée pour les amateurs de grand air.
Bref, ces neuf îles aux noms qui chantent sont complémentaires, et une chose finit par les rassembler.
LES AçORES
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LES AçORES
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“Situé à la croisée de trois grandes
plaques tectoniques, l'archipel s'est
construit à partir de la puissante
activité magmatique du sous-sol.”
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LES AçORES
Situées à la croisée des grandes plaques tectoniques nord-américaine, eurasienne et africaine, les Açores sont nées de volcans
qui ont émergé de l’océan il y a 4 millions d’années. Chaque
île s’est construite à partir de la puissante activité magmatique du sous-sol. Sur chacune d’entre elles on retrouve des
sites volcaniques grandioses, vestiges d’éruptions lointaines
ou plus récentes. Car ici, la terre est simplement endormie et
peut se réveiller à tout moment. La dernière fois que la lave a
décidé de monter voir la lumière du jour c’était en 1957. Les
açoriens s’en souviennent et les passionnés viennent encore
admirer ces toutes jeunes roches volcaniques qui sont venues
agrandir l’île de Faial il y a presque soixante ans.
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V­I&A ­— Nº1
Voyager aux Açores c’est partir à la découverte d’une terre dynamique, constamment en fusion, sur laquelle la nature a tout
de même réussi à prendre sa place. Cette nature foisonnante et
protégée a permis à l’archipel d’être reconnu pour la qualité de
son offre en tourisme vert et écologique.
Parcourir ces îles c’est aussi aller à la rencontre de leurs chaleureux habitants qui accueillent toujours avec le sourire
les visiteurs venus d’ailleurs. Tantôt agriculteurs, tantôt pêcheurs, ils partagent avec plaisir leur vie insulaire, leur patrimoine et leurs traditions.
À travers São Miguel, Terceira, Pico ou Faial, voici quelques pistes
pour explorer cet archipel authentique et plein de ressources. —
LES AçORES — SÃO MIGUEL
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La porte d’entrée
São Miguel
Elle est l’île principale des Açores. Tout séjour sur l’archipel y
démarre ou s’y termine. Ponta Delgada, sa dynamique capitale, rassemble 70 000 habitants. Malgré son petit charme
de ville côtière aux quelques rues et bâtiments anciens, il
est bon d’en partir assez vite pour explorer l’intérieur de l’île.
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LES AçORES — SÃO MIGUEL
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LES AçORES — SÃO MIGUEL
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SÃO MIGUEL
“
B
ienvenue aux Açores !” proclame une
grande enseigne à l’aéroport de Ponta
Delgada. La plupart des avions qui débarquent du continent se posent dans
cette aérogare moderne, surplombant
la mer, à quelques kilomètres seulement du centre-ville. Avant
l’atterrissage on aperçoit déjà depuis les hublots les maisons
blanches de la capitale. Au dessus de leurs toits de brique émergent les clochers des églises datant des XVIe et XVIIe siècles. Le
quartier historique est posé au pied de l’océan et veiné de petites
rues étroites. Autour, la ville moderne s’est étendue doucement,
sans encore faire trop de dégâts. Depuis l’Hotel do Colegio, installé dans une tranquille ruelle du centre, quelques tours de
roue suffisent pour s’extraire de cette capitale aux allures de petite cité de province. On traverse de calmes faubourgs allongés
sur le littoral et la nature prend alors définitivement le dessus.
du haut des cimes
Un peu de hauteur est nécessaire pour prendre conscience
des origines volcaniques de São Miguel. Au centre de l’île, le
lieu-dit Caldeiras est un ancien centre thermal ou l’on peut
encore tremper les pieds dans une eau chauffée grâce à des va-
peurs de volcans. Quand le soleil est au rendez-vous, la vallée
de Lombadas sert de décor pour une randonnée fantastique
à travers des paysages préservés où personne ne semble être
déjà passé. La balade se termine autour du Lagoa do Fogo. Ce
lac d’un bleu perçant blotti au fond d’un cratère volcanique
offre l’un des plus beaux panoramas de l’archipel.
À l’ouest de São Miguel le site de Sete Cidades fait aussi
partie des paysages connus, pour lesquels ont vient jusqu’aux
Açores. Sur des routes de campagne bordées d’agapanthes
et d’hortensias en fleurs on grimpe à nouveau sur les hauteurs aérées de l’île. Arrivé sur un des belvédères qui cerclent
l’endroit on découvre bouche bée une immense caldeira qui
loge deux lacs cette fois-ci. Les aînés de la région continuent
de raconter la légende de ce site grandiose : “Il était une fois
une princesse qui s’énamoura d’un berger. Le roi leur interdit cet
amour, mais magnanime, il leur accorda un dernier rendez-vous
d’adieux. Les amants pleurèrent tant que deux lacs naquirent de
cet immense chagrin”, se plaît à raconter un doyen du village
voisin.
En regagnant la côte on traverse de champêtres paysages où
des vaches ruminent de l’herbe fraîche en regardant la mer.
De petits villages blancs ponctuent la route panoramique
LUXE RAFFINé
L’hôtel do Colegio
occupe un bel
édifice du XIXe
siècle à deux pas
de la place centrale
de Ponta Delagada. Les chambres
sont meublées à
l’ancienne et le petit
déjeuner se prend
dans une belle salle
aux fines voûtes de
pierre noire.
LES AçORES — SÃO MIGUEL
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“LES açores ont
toujours été
un carrefour
de peuples et
d’influences.”
qui contourne l’île. Le bourg de Mosteiros est protégé par
les quelques îlots de basalte plantés au large. Plus loin il est
dit que le village de Bretanha doit son nom à des bretons qui
s’y seraient installés il y a fort longtemps. Dur à vérifier mais
les habitants y ont un étrange accent…français. Les quelques
moulins que l’on croise, eux, sont plutôt hérités d’un bref
passage hollandais. Les Açores ont toujours été un carrefour
de peuples et d’influences. Parmi les legs les plus surprenants
figurent même la culture de l’ananas et la production de thé.
Un, deux, trois, couleurs
Rouge aux premiers jours de leur
croissance, les ananas virent
ensuite au vert pour terminer en
jaune une fois qu’ils sont prêts à
consommer. Souvent en rondelles
à la fin d’un repas, la maison Arruda en fait aussi une liqueur particulièrement sucrée et parfumée.
terre de cultures
Il y eut d’abord les oranges. Cultivées en masse à partir du
XVIe siècle sur São Miguel, les oranges des Açores étaient
alors intégralement exportées au Royaume-Uni. À la fin du
XIXe, ce commerce décline et un nouveau fruit débarque
d’Amérique du Sud. La première plantation d’ananas de São
Miguel est installée en 1864 à Fajã de Baixo. Aujourd’hui, dans
cette même ville et dans d’autres encore on continue de cultiver la goûteuse broméliacée. Dans la plantation Arruda on se
promène entre les serres où poussent des centaines de pieds.
“Il faut deux ans à un ananas pour atteindre sa maturité”, explique un des saisonniers qui bichonne ses plants à longueur
de journées. Plus acide que son cousin d’Amérique, l’ananas
des Açores n’en est pas moins désagréable à déguster.
À la même époque, deux chinois de Macao arrivent aux
Açores pour apprendre aux locaux comment produire du
thé. Les premières plantations apparaissent dès la fin du
siècle. Seules deux exploitations produisent encore un thé
100% local qui pousse sur les pentes des collines de São Miguel. La fabrique de Porto Formoso dispose d’un musée qui
explique dans les moindres détails les étapes de la confection du breuvage venu d’Asie. La fabrique de Gorreana est
plus authentique. On y entend encore ronronner les machines qui travaillent les feuilles bien vertes ramassées à la
main depuis 1883.
Avec ses deux exploitations toujours en activité, São Miguel est
aujourd’hui le seul endroit où l’on produit du thé en Europe.
LES AçORES — SÃO MIGUEL
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V­I&A ­— Nº1
LES AçORES — SÃO MIGUEL
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LES AçORES — SÃO MIGUEL
tableS de choix
Thé
manufacturé
Dans la plantation
de Gorreana des
femmes trient finement le thé à la main
et confectionnent les
sachets destinés à la
vente. Impossible de
manquer la dégustation qui clôt la visite
dans une grande
salle ayant une vue
panoramique sur les
plantations et l’océan
en contrebas.
129
Il est midi. Comme chaque jour à la même heure, un petit
attroupement se forme près du lac de Furnas. Dans une
sorte de carrière d’argile et de gravillons, des fumerolles et
une odeur de souffre s’échappent du sol. Armés de pioches,
deux hommes cassent un petit tas de sable qu’ils ont érigé à l’aube. De là se découvre un trou profond d’un mètre,
duquel on retire un fait-tout encore fumant. L’attroupement monte en voiture, rejoint le village voisin de Furnas
et s’attable au bien connu restaurant Tony’s. Au menu, le
cozido, ce pot-au-feu local, cuit à l’étouffée pendant six
heures aux vapeurs volcaniques. A São Miguel le cozido
est plus qu’une attraction touristique. C’est un plat que les
habitants se plaisent à déguster régulièrement, en famille.
Mieux vaut réserver la veille afin d'être sûr qu’il reste une
part pour votre table !
Si la table de chez Tony’s est authentique et conviviale,
celle du restaurant Amfiteatro est plus travaillée et raffinée. Cette adresse créée par l’école hôtelière de Ponta Delgada est tenue par ses élèves. Elle est posée au bout de la
jetée qui s’avance fièrement vers l’océan depuis le boulevard côtier de la ville. Les plats y sont étudiés, le dressage
est recherché. Le service, lui, est dispensé par de jeunes
apprentis ayant déjà des gestes de vrais professionnels. Le
tout dans un cadre imposant, à l’architecture épurée qui
donne des airs de figure de proue à ce bâtiment blanc qui
s’avance majestueusement vers la mer. —
V­I&A ­— Nº1
cuisine fumée
À cuisson insolite, goût surprenant. La
viande et les légumes du cozido sont
loin de sentir le souffre ou la terre mais
dégagent plutôt des saveurs agréablement parfumées. Le restaurant Tony’s
fait partie des meilleures adresses de
l’île pour déguster ce mets singulier.
Lumineux &
contemporain
La carte du restaurant Amfiteatro est
pleine de surprises et
d’originalité, pour des
prix loin d’atteindre
des sommets. Sa
cuisine tranche radicalement avec celle
des adresses plus
traditionnelles que
l’on trouve à travers
l’archipel.
LES AçORES — TERCEIRA
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V­I&A ­— Nº1
LES AçORES — TERCEIRA
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La verte
Terceira
Troisième île à avoir été découverte, Terceira exerce un
attrait culturel important dont sa capitale, Angra do
Heroismo, est la vitrine. C’est aussi une terre de paysans
et de pêcheurs qui font vivre un terroir bien présent.
É
V­I&A ­— Nº1
LES AçORES — TERCEIRA
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V­I&A ­— Nº1
LES AçORES — TERCEIRA
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V­I&A ­— Nº1
TERCIERA
P
lus plate et plus ronde. Terceira est moins accidentée que
ses voisines. L’île est née du plus grand cratère des Açores.
La caldeira de Guilherme Moniz s’étend sur un périmètre de
15 kilomètres et des fumerolles s’échappent encore du sol à
certains endroits. Depuis les hauteurs on admire des étendues
presque illimitées de pâturages d’où émergent de charmants villages. Si beaucoup de maisons sont blanches, ici on n’hésite pas à mettre aussi de la couleur.
De petits hameaux multicolores rendent vivante cette île immensément verte,
où l’élevage a la part belle. Du haut de Serra do Cume, un belvédère venteux
offre une vue imprenable sur l’immense plateau où des centaines de petites
enceintes sont séparées par de vieux murets en pierre noire. En redescendant
il n’est pas rare de devoir ralentir sur les petites routes de l’île pour dépasser
de lents troupeaux de vaches laitières. On croise aussi dans certains enclos de
beaux et sombres taureaux redressant leur tête dès qu’un humain circule dans
les parages. À Terceira, la corrida est une tradition culturelle plébiscitée dont
la survie est ardemment défendue par les autorités locales.
entre terre & mer
Au pied de l’île, des séries de vagues bien enroulées déferlent sur la côte. À
quelques coups de rame du Cabo da Praia des surfeurs descendent des tubes
parfaitement réguliers qui finissent par venir s’étaler près du récif. Des petits
ports de pêche ponctuent le littoral sauvage et morcelé. Au village de São Mateus
au bout du fil
Le marlin bleu, le
requin taupe ou la
bonite font partie
des poissons que les
pêcheurs de Terceira
remontent au bout
de leurs lignes ou
dans leurs filets. Les
eaux açoriennes
sont réputées pour
leur variété piscicole.
LES AçORES — TERCEIRA
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V­I&A ­— Nº1
LES AçORES — TERCEIRA
Belvédère
atlantique
L’Hôtel do Caracol
est connu pour sa
tour en spirale qui
donne une vue
panoramique sur
la Baie de Silveira.
Les jours de beau
temps l’île voisine
de São Jorge se
laisse même deviner au loin.
les filets sont raccommodés et les bateaux sont prêts à être mis à
l’eau. Les pêcheurs scrutent inlassablement l’Océan en attendant
les autorisations de sortie. “La seule chose qu’on attend c’est d’enfiler
nos cirés et partir en mer pour gagner notre croûte”, explique João, un
pêcheur las d’être amarré au port les jours où la mer est agitée. Le
soleil est souvent de la partie mais il arrive parfois que le climat des
Açores soit capricieux. Les jours de pêche, dès le retour au port, les
poissons remontés passent par la criée et sont vendus illico sur le
marché d’Angra.
une histoire capitale
EN PRIères
La religion catholique occupe une
place importante
dans la vie des
açoriens. À Terceira chaque village possède sa
petite chapelle
colorée dédiée
au Saint-Esprit.
Angra do Heroismo est le centre économique et culturel de Terceira. Fondée au XVIe siècle, elle est la première ville édifiée en
plein milieu de l’Atlantique et fut la première capitale des Açores.
Ses rues ombragées et ses façades colorées en font une étape indispensable lors d’un séjour dans l’archipel. L’Hotel do Caracol y est
idéalement situé. Sur un piton rocheux qui s’avance vers la mer, sa
vue sur le cratère volcanique du Monte Brasil y est magnifique. De
là, quelques minutes de marche suffisent pour atteindre le centreville. Le quartier historique est bâti selon un plan rigoureux faisant référence à l’architecture Renaissance espagnole. On peut y
visiter une cathédrale, plusieurs églises, des palais et des manoirs
particulièrement bien conservés malgré la violence de certains
séismes qui ont secoué l’île. Cet héritage architectural a toujours
été protégé et a permis à Angra do Heroismo d’être classée sur la
liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1983. —
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V­I&A ­— Nº1
LES AçORES — PICO
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L’île noire
Pico
En plein cœur de l’archipel, le mont Pico a donné son nom
à l’île qu’il a engendré. On ne chasse plus la baleine sur
ses côtes mais on cultive encore la vigne sur ses pentes.
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V­I&A ­— Nº1
LES AçORES — PICO
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LES AçORES — PICO
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LES AçORES — PICO
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Havre de paix
L’hôtel Aldeia da Fonte est
blotti dans un cadre verdoyant au pied de la route
panoramique qui contourne
l’île. Dans des petits
bungalows de basalte on
apprécie le calme des lieux
et le bruit des vagues sur
la falaise en contrebas.
PICO
2
531 mètres. Une fois au sommet du stratovolcan
Pico nous voilà au point culminant des Açores et
de tout le Portugal. La neige vient souvent saupoudrer ce cône presque parfait aux allures de
Mont Fuji, mais par beau temps l’ascension reste
facile. Nombreux randonneurs s’en donnent à cœur joie sur
ses pentes basaltiques d’où on aperçoit l’île toute proche de
Faial. Le bas de Pico est tapissé de vignes depuis le XVe siècle.
Le sol volcanique riche en nutriments et le micro climat sec
et chaud sont propices à la bonne maturation du raisin. Ici,
chaque pied est cerclé d’un currai, un mur de pierre volcanique qui le protège des embruns et du vent venu de la mer.
Ce paysage de petites parcelles façonnées par l’homme a valu
au vignoble d’être classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2004. Les cahutes de vignerons étant aussi en pierre
de lave, le tout confère à Pico le surnom d’île noire. Parmi
les cépages récoltés, le verdelho blanc est majoritaire. Mais
il se dit parfois qu’on trouve aussi quelques pieds de noah,
un cépage longtemps interdit et qui a aujourd’hui disparu
en France. “C’est un vin qui rend fou”, murmure, un verre à la
main, un ancien vigneron de Pico qui n’a pourtant pas l’air
d’avoir perdu la tête.
Le long de la côte, des villages blancs ponctuent les sols noircis par ce basalte râpeux. En suivant la route du littoral on
atteint la petite cité portuaire de Lajes. C’est ici que se sont
installés les premiers arrivants en 1460. La ville est ensuite
devenue un important port de chasse à la baleine et a forgé sa
légende sur l’histoire de ces marins courageux qui partaient
en mer courser le coriace mammifère. Un petit musée met
en lumière cette époque faste où chaque homme du coin trépignait d’impatience en attendant le passage, au large, d’un
groupe de cachalots. Près de là se trouve aussi une ancienne
usine où les géants des mers étaient dépecés et conditionnés.
La chasse est interdite depuis 1982 et Lajes a retrouvé son
calme autour du petit port de pêche. —
LES AçORES — FAIAL
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V­I&A ­— Nº1
LES AçORES — FAIAL
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Dernière escale
Faial
Théâtre de la dernière grande éruption des Açores, Faial se
souvient de ce jour où la terre s’est réveillée. Par contre il
lui est impossible de se souvenir des milliers de marins qui
ont fait escale dans le mythique port d’Horta, sa capitale.
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LES AçORES — FAIAL
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FAIAL
2
7 septembre 1957. Au petit matin, un pêcheur de
baleines observe d’étranges remous à 800 mètres
au large de Faial. Quelques heures plus tard, un
volcan sous marin rentre en éruption et des panaches de fumée sont pulvérisés en l’air. À coups
de projections de basalte et de coulées de lave le volcan Capelinhos naît des fonds marins, vient agrandir la superficie de
l’île de plus de deux kilomètres carrés et s’éteint en octobre
1958. Pendant un an, les Açoriens ébahis et le monde scientifique attentif assistent en direct à la naissance et à la mort
d’un volcan. Cinquante-six ans plus tard le site a conservé son
aspect lunaire. Le phare qui a été épargné par les forces telluriques se retrouve au cœur des terres alors qu’il était posé
au pied de l’océan. Un bâtiment moderne a été creusé sous
ce manteau de jeune roche pour ne pas altérer le paysage. Il
accueille un musée retraçant les étapes de l’événement et met
en lumière les origines volcaniques des Açores en les comparant à d’autres grands sites de la planète.
De l’autre côté de l’île, la ville d’Horta offre la meilleure des
vues sur Pico qui n’est qu’à six kilomètres. Les habitants surnomment Horta “la plus petite grande ville du monde”. Elle
est un carrefour mythique pour les marins du monde entier,
l’escale indispensable pour tout équipage qui traverse l’Atlantique, peu importe le sens. Les eaux du port voient mouiller
des bateaux de toutes sortes et offrent un répit bien mérité
au milieu d’une traversée parfois éprouvante. Pour se porter
chance, les skippers peignent sur la jetée des fresques relatant
leur voyage. Des milliers de dessins tapissent et égayent ce
qui ailleurs serait une jetée triste et grise. “On est partis de
Stockholm et on va au Brésil”, explique Björn, le capitaine d’un
petit équipage suédois dont chaque membre est accroupi sur
RENDEZ-VOUS MARIN
Le Peter Café Sport d’Horta est l’adresse
la plus connue du monde de la plaisance,
le point de rencontre de tous les marins qui
font escale à Faial. Certains aventuriers au
long cours y reçoivent leur courrier, d’autres
se contentent d’y déjeuner ou de boire un
Gin Tonic particulièrement bien concocté. La
tradition veut que chacun y laisse un fanion
de sa terre d’origine avant de quitter l’île.
art en os
Son nom est loin d’être portugais. John Van Opstal ne cache
pas ses origines hollandaises
mais est fier d’être installé à
Horta depuis vingt ans. Devenu
artiste de scrimshaw, il réalise
des gravures sur des os ou des
dents de baleines. Dans sa villa
qui surplombe la ville il reçoit les
intéressés et leur explique avec
plaisir les techniques de son art.
le sol, un pinceau à la main. Enfin, l’âme de Faial est aussi
au Peter Café Sport où l’on rencontre toujours de courageux
moussaillons qui partagent leurs folles aventures autour d’un
bon plat chaud avant de reprendre la mer. —
LES AçORES — FAIAL
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LES AçORES
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LES AçORES
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CARNET D’ADRESSES
É
SE LOGER
Atlantida Mar Hotel
9 Rua Boavista,
Praia da Vitoria.
Tel: + 351 295 545 800.
atlantidamarhotel.com
Ce bel hôtel surplombe
la baie de Praia da
Vitoria. Les chambres,
suites ou aparthotels
qui sont proposés
offrent un confort
suprême. La piscine,
le jacuzzi et la salle de
sport donnent une large
vue sur la mer.
Vintage Place
(Azorean
Guest House)
83-85 Rua de
Santa Catarina,
Ponta Delgada.
Tel: + 351 296 716 837.
www.hotel-azores.com
Dans une rue qui mène
tout droit au front de
mer cette adresse
propose des chambres
au style vintage, toutes
différentes les unes
des autres. Atmosphère
cosy et détendue.
Hotel El Caracol
1 Estrada Regional,
Angra do Heroismo.
Tel: + 351 295 402 600.
pt.hoteldocaracol.com
Bâtiment imposant posé
au bord d’une falaise
à l’entrée d’Angra. La
majorité des chambres
offrent une belle vue
sur la mer. La plus belle
adresse de Terceira.
Hotel do Colegio
39 Rua Carbalho
Araújo,
Ponta Delgada.
Tel: + 351 296 306 600.
www.hoteldocolegio.pt
Belle adresse en plein
centre-ville. Chambres
spacieuses, piscine,
sauna et bains turcs
pour la détente. Le tout
dans un beau bâtiment
hérité du XIX e siècle.
Faial Resort Hotel
Rua Consul Dabney,
Horta.
Tel: + 351 292 207 400.
faialresorthotelazores.com
Grand et bel hôtel
immergé dans un parc
immense. Son principal
intérêt et la vue grandiose sur la ville d’Horta
en contrebas et l’île
voisine de Pico au loin.
Aldeia Da Fonte
Caminho de Baixo,
Lajes do Pico.
Tel: + 351 292 679 500.
www.aldeiadafonte.com
Adresse paisible à
l’entrée de la ville de
Lajes. Au cœur d’un
beau jardin verdoyant
on découvre des petits
bungalows en basalte
qui sont immergés
dans la nature. Repos
assuré.
SE RESTAURER
Amfiteatro
Pavilhão do Mar,
Av. Infante
D. Henrique,
Ponta Delgada.
Tel: + 351 296 206 154.
www.efth.com.pt
Restaurant tenu par les
élèves de l’Ecole Hôtelière de Ponta Delgada.
Cadre impressionnant,
plats raffinés et service
parfait.
Tony’s
Largo da Igreja,
Furnas.
Tel: + 351 296 584 290.
restaurantetonys.com
Une des meilleures
adresses de São Miguel
pour manger le cozido,
fameux pot-au-feu cuit
aux vapeurs du volcan.
Ambiance conviviale
et véritable expérience
culinaire.
Déguster
4 platanos
39A Estrada Regional,
Santo Antonio
– Ponta Delgada.
www.4platanos.com
Ce restaurant est planté
au bord de la route
côtière du nord de
l’île se São Miguel,
comme une vigie qui
surveille l’océan.
Dans un cadre ultra
moderne et épuré on
déguste du poisson
frais accompagné d’un
bon verre de vin blanc
de la région.
Caneta
n°13-15 As Presas,
Altares.
Tel: + 351 295 989 162.
restaurantecaneta.com
Adresse familiale
au nord de Terceira.
Carte riche et plats
réalisés artisanalement.
Un bon moyen de tester
la vraie gastronomie
locale.
O Pescador
11 Rua Constantino
José Cardoso,
Praia da Vitoria.
Tel: + 351 295 513 495.
À quelques pas de
la plage de Praia cet
établissement présente
une carte intéressante
et surtout un large choix
de vins locaux pour
accompagner tous les
mets proposés.
INFOS
PRATIQUES
Y ALLER
Peter Café Sport
9 Rua Tenente Valadim,
Horta.
Tel: + 351 292 292 327.
petercafesport.com
L’adresse à ne pas
manquer. Le Gin Tonic
particulièrement bon
est devenu le cocktail
phare de ce café
mythique.
Paris – Ponta
Delgada.
A/R direct à partir
de 318€ avec Sata
Airlines jusqu’au
4 octobre 2013.
Compter 3h55 de vol
sans escale.
www.sata.pt
Un “Azores Airpass”
permet ensuite d’effectuer 4 vols inter-îles
pour 120 euros.
MONNAIE
Les Açores sont un
archipel portugais.
On y utilise l’Euro.
Canto de Doca
Rua Nova- Angustias,
Horta.
Tel: + 351 292 292 444.
Restaurant tout neuf
à l’extrémité du port
d’Horta. Dans un
décor de coque de
bateau chacun grille
son poisson ou
sa viande sur une
pierre brûlante. Une
self-pierrade des plus
alléchantes, avec vue
sur la mer et sur les
lumières de la ville.
RENSEIGNEMENTS
Musée du vin
Rua do Carmo,
Toledos (Pico).
Ce petit musée a investi
une ancienne résidence
d’été des sœurs carmélites du XVII e siècle.
Lieu intéressant où l’on
cultive encore quelques
pieds de vigne. Un
imposant dragonnier
apporte un peu d’ombre
à la cour de cet endroit
tranquille.
Office de tourisme
des Açores
www.visitazores.com/fr
Office de tourisme du
Portugal
www.visitportugal.com
+
La compagnie
Y Azores propose
des séjours avion
+ hôtel à partir
de 549 euros.
www.yazores.com
146
LES AçORES
V­I&A ­— Nº1
LES AçORES
CARNET D’ADRESSES
É
à FAIRE — à VOIR
Whale Watching
Pour augmenter ses
chances de croiser des
baleines, mieux vaut
partir de Pico ou Faial.
Dans le port d’Horta,
Norberto est une célébrité. Il est un des premiers à avoir emmené
des groupes observer
des cétacés en mer.
www.norbertodiver.com
Fabrique de thé
Gorreana
Cette institution a
été fondée en 1883
à São Miguel et n’a
jamais changé de main
depuis. Toutes les
phases de production
sont expliquées et la
dégustation est évidemment de la visite. Découverte intéressante
et originale.
www.gorreana.com
Musée des baleiniers
Il est installé sur le port
de Lajes do Pico. Etape
indispensable si l’on
veut bien comprendre
l’importance qu’a eu
la pêche à la baleine
aux Açores. Salles
richement agrémentées
d’objets d’époque et
d’images d’archives.
La grotte d’Algar
do Carvão à Terceira
Cette gigantesque
cavité souterraine est
la plus grande chambre
magmatique visitable
au monde ! Qu’on se
rassure, elle est bien
vide. Endroit fascinant.
www.montanheiros.com
Cerâmica Vieira
10/12 Rua das
Alminhas, Lagoa.
Tel: + 351 296 912 116.
L’art de la céramique
occupe une part importante de l’artisanat local
aux Açores. La maison
Vieira ouvre ses portes
aux visiteurs et fait découvrir les techniques
de fabrication de divers
objets traditionnels.
Mulher de Capote
12 Rua do Berquó,
Ribeira Grande.
Tel: + 351 296 472 831.
www.mulherdecapote.pt
Voilà bientôt vingt ans
que la maison fabrique
des liqueurs devenues
célèbres au Portugal.
Dans un bâtiment imposant on assiste à
la confection du breuvage, à son conditionnement en barriques
et on finit par déguster
bien sûr !
Scrimshaw
17C Banda da Vila,
Espalamaca, Horta.
Tel: + 351 292 392 720.
John Van Opstal,
célèbre artiste de
scrimshaw reçoit les
visiteurs intéressés par
son art. Pour des prix
allant de 50 à 1000
euros on peut repartir
avec une pièce unique,
sculptée et dessinée
par ses mains expertes.
Plantation
Arruda Açores
Rua Dr. Augusto Arruda,
Fajã de Baixo.
Tel: + 351 296 384 438.
Un bon moyen de mieux
comprendre pourquoi
et comment la culture
de l’ananas est arrivée
aux Açores. Visite des
plantations, possibilité
de déguster et d’acheter des ananas, sous
toutes les formes (confitures, liqueurs etc).
Cruzeiro do canal
Gares maritimes du
port d’Horta ou de
Madalena.
Tel : + 351 292 200 380.
www.transmacor.pt
Si l’avion est le plus utilisé
pour passer d’île en île,
le bateau est le meilleur
moyen pour aller de Pico
à Faial. Les deux voisines
ne sont qu’à 6km. La traversée dure 30 minutes
et offre une belle vue sur
la ville d’Horta.
Piscines naturelles
Le littoral de chaque île
est souvent accidenté.
Pour pouvoir accéder
à la mer et se tremper dans l’eau, des
piscines naturelles ont
été aménagées sur
les côtes lorsqu’il n’y
a pas de plage. Plus
d’excuse pour ne pas
goutter l’eau de
l’Atlantique !
Centre d’interprétation du volcan
Capelinhos
Faial.
Tel : +351 292 207 350.
Creusé en sous-sol pour
ne pas dénaturer le paysage lunaire, ce musée
retrace toute l’histoire
du volcan Capelinhos et
l’histoire des autres volcans de l’archipel. Cadre
impressionnant.
À ne pas manquer.
Parcs naturels
des Açores
www.parquesnaturais.
azores.gov.pt
Chaque zone sensible de l’archipel est
protégée par l’appellation “parc naturel”.
Cela concerne généralement les zones
volcaniques. Possibilité
de faire de belles randonnées autour de ces
sites grandioses.
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