Université Paris Sud Année 2012-2013 L2/S4 M266 PMCP Algèbre III TD n◦ I Les espaces euclidiens : normes, produits scalaires Exercice A 1) Soient x, y et z trois réels. a) Montrer que si x2 + y 2 + z 2 ≤ 1 alors (x + 2y + 3z)2 ≤ 14. b) Montrer que si x2 + 2y 2 + 3z 2 ≤ 1 alors (x + y + z)2 ≤ ∗ 2) Soient n ∈ N , x1 , . . . , xn ∈ R∗+ tels que n X i=1 11 . 6 n X 1 xi = 1. Montrer que ≥ n2 . Etudier le cas d’égalité. x i i=1 Exercice B (F + F ⊥ 6= E) Soit E := C ∗ ([0, 1]) muni du produit scalaire : hf, gi := Z 1 t=0 f g(t) dt, et F := {f ∈ E tq f (0) = 0} . Montrer que F ⊥ = {0}. Exercice C Soit (E, h·, ·i) un espace euclidien, et || · || la norme associée. Soient (x, y) ∈ E 2 . Montrer que ||x + y|| = ||x|| + ||y|| ⇔ x = 0ou ∃ α ∈ R+ / y = αx . Exercice D (Identité du parallélogramme) Soit (E, || · ||) un R-espace vectoriel normé. 1) On suppose que la norme de E vérifie la relation ∀x, y ∈ E, 2 ||x||2 + ||y||2 On définit p : E × E → R , (x, y) 7→ Montrer que p est un produit scalaire sur E. = ||x + y||2 + ||x − y||2 . 1).1 1 ||x + y||2 − normx2 − ||y||2 . 2 2) Réciproquement, si E est un espace euclidien dont le produit scalaire est noté hx, yi : p hx, xi) vérifie (1).1), et que hx, yi = p(x, y). a) Montrer que la norme euclidienne (définie par ||x|| := 1 b) Démontrer l’égalité de la médiane : si (x, a, b) ∈ E 3 , ||x − a+b ||x − a||2 + ||x − b||2 1 || = − ||a − b||2 . 2 2 4 Exercice E (Inégalité de Ptolémée) Soit E un espace euclidien. 1) Pour ~x ∈ E \ {~0}, on pose f (~x) = ~ x . k~ x k2 Montrer que : ∀ ~x, ~y ∈ E \ {~0}, kf (~x) − f (~y )k = k~ x−~ yk . k~ x k k~ yk 2) Soient ~a, ~b, ~c, d~ ∈ E. Montrer que k~a − ~c k k~b − d~ k ≤ k~a − ~b k k~c − d~ k + k~b − ~c k k~a − d~ k. Indication : se ramener au cas ~a = ~0 et utiliser l’application f. Exercice F (Caractérisation des bases orthonormales) Soit E un espace vectoriel euclidien, et ~e1 , . . . , ~en des vecteurs unitaires tels que : ∀ ~x ∈ E, 2 ||~x|| = n X i=1 h~x, ~ei i2 . 1) Démontrer que (~e1 , . . . , ~en ) est une base orthonormale de E. 2) On remplace l’hypothèse : ~ei unitaire par : dimE = n. a) Démontrer que (~e1 , . . . , ~en ) est une base de E. b) Démontrer que : ∀ ~x, ~y ∈ E, (~x | ~y ) = Pn x i=1 (~ | ~ei )(~y | ~ei ). c) On note G la matrice de Gram de ~e1 , . . . , ~en . Démontrer que G2 = G et conclure. Exercice G Soient ∞ E := C ([0, 1], R) et ϕ(f, g) := Z f g + f ′g′ . [0,1] 1) Montrer que ϕ est un produit scalaire. 2) Soient V := {f ∈ E | f (0) = f (1) = 0} et W := {f ∈ E | f ′′ = f } . Montrer que V et W sont supplémentaires orthogonaux et exprimer la projection orthogonale sur W. 3) Soit Eαβ := {f ∈ E | f (0) = α et f (1) = β} . Déterminer inf f ∈Eαβ Z f 2 + f ′2 . [0,1] Exercice H (Somme directe orthogonale) Soit E un espace préhilbertien et F1 , . . . , Fn des sous-espaces vectoriels tels que pour i 6= j, Fi ⊥ Fj . Montrer que la somme F1 + · · · + Fn est directe. 2 Exercice I (f (x) ⊥ x ⇒ f = 0) Soit E un espace vectoriel préhilbertien complexe et f ∈ L(E) tel que pour tout vecteur ~x ∈ E, on a f (~x) ⊥ ~x. 1) Montrer que pour tous vecteurs ~x, ~y ∈ E, on a (f (~x) | ~y ) = 0. 2) Montrer que f = 0. 3) Comparer avec le cas réel. Exercice J (Composition de projecteurs) Soient F, G deux sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel euclidien E tels que F ⊥ ⊥ G⊥ . On note pF et pG les projections orthogonales sur F et sur G. Montrer que pF + pG − pF ∩G = IdE et pF ◦ pG = pG ◦ pF = pF ∩G . Exercice K (Projecteurs commutant) Soit E un espace vectoriel euclidien et p, q deux projections orthogonales. Montrer que p et q commutent si et seulement si (Im p ∩ Im q)⊥ ∩ Im p et (Im p ∩ Im q)⊥ ∩ Im q sont orthogonaux. Exercice L (Orthogonal des polynômes) Soit E := C([0, 1], R) muni du produit scalaire usuel, F le sous-espace vectoriel des fonctions polynomiales et g la fonction exponentielle sur [0, 1]. 1) Montrer que g ∈ / F. 2) Montrer qu’il existe une suite (fn ) de fonctions polynomiales convergeant vers g pour la norme euclidienne. 3) En déduire que F n’a pas de supplémentaire orthogonal. Exercice M 1) R3 est muni de sa structure canonique d’espace vectoriel euclidien. Vérifier que les vecteurs e1 = (1, 0, 1), e2 = (1, 0, 2) et e3 = (1, 1, 1) forment une base de R3 et en déterminer l’orthonormalisée de Gram-Schmidt. Z +∞ 2) Montrer que l’application hP, Qi = P (t)Q(t)e−t dt définit un produit scalaire sur R2 [X]. Déterminer 0 une base orthonormée. Calculer le projeté de X 2 sur R1 [X]. Exercice N Dans R3 muni du produit scalaire euclidien canonique, donner la matrice de la projection orthogonale sur le plan d’équation x + 2y − 3z = 0. Donner la matrice de la symétrie orthogonale par rapport à ce même plan. Exercice O Calculer inf (a,b)∈R2 Z 1 2 0 2 (x − ax − b) dx et inf (a,b)∈R2 3 Z 1 0 (ex − (ax + b))2 dx . Exercice P On munit M2 (R) du produit scalaire hM, Ni := tr(t MN). Soit F l’ensemble des matrices symétriques de M2 (R). 1) Calculer F ⊥ . 1 1 . Calculer d(A, F ). 2) Soit A := 0 −1 Exercice Q Soit (E, h·, ·i) un espace euclidien de dimension supérieure ou égale à 2. Soient x et y ∈ E. Montrer que : 1) Si ||x|| = ||y||, alors il existe un hyperplan H de E tel que y = s(x) où s est la symétrie orthogonale par rapport à H. 2) Si hx, yi = ||y||2 , alors il existe un hyperplan H de E tel que y = p(x) où p est la projection orthogonale sur H. Exercice R On note E := R[X] le R-espace vectoriel des polynômes à une indéterminée et à coefficients réels. Pour tout n ∈ N∗ , on note En := Rn [X] le R-sous-espace vectoriel de E des polynômes de degré inférieur ou égal à n. 1) Pour tout couple (a, b) ∈ R2 , a < b et toute fonction continue u : [a, b] → R tel que u(x) > 0, ∀x ∈ [A, b], montrer que l’application φa,b,u : E × E → R , (P, Q) 7→ Z b P (t)Q(t)u(t)dt a est un produit scalaire sur E. 2) Montrer qu’il existe une famille Pn Z 0 1 n∈N de polynômes telle que Pn soit de degré n et Pn (t)Pm (t)dt = δnm ∀(m, n) ∈ N2 . 3) Soit u : [−1, 1] → R , t 7→ 1 + t2 . Pour tout (P, Q) ∈ E × E, on note hP, Qi := φ−1,1,u (P, Q). Dans cette question un entier n ∈ N∗ est fixé. a) Montrer qu’il existe une unique base orthogonale Qi ,0≤i≤n de En telle que Qi soit unitaire de degré i pour tout 0 ≤ i ≤ n. b) Montrer que pour tout 0 ≤ i ≤ n, Qi est de même parité que i. c) Pour i ∈ {0, . . . , n}, déterminer l’orthogonal de Ei ⊂ En . ⊥ d) Montrer que Qi+2 − XQi+1 ∈ Ei−1 . e) En déduire une méthode de calcul de Qi+2 à partir de Qi et Qi+1 . 4 4) Pour tout R ∈ E et tout n ∈ N, montrer que deg(R) < n entraîne et R1 R(t)Pn (t)dt = 0 R(t)Qn (t)(1 + t2 )dt = 0 . −1 0 R1 5) Étant donné un polynôme R ∈ E, on note λi ,1≤i≤r ses racines de multiplicité impaire. Montrer qu’alors il existe un polynôme S ∈ E de signe constant sur R tel que R = r Y (X − λi )S . i=1 6) Déduire de ce qui précède que, pour tout n ∈ N∗ le polynôme Pn (resp. Qn ) a n racines réels deux à deux distinctes. Exercice S (Polynômes de Legendre) On munit R[X] du produit scalaire hP, Qi := On pose, pour tout n ∈ N : Ln (X) := Z 1 P (t)Q(t)dt . −1 1 dn [(X 2 − 1)n ] . n n 2 n! dx Montrer que : 1) Ln ∈ R[X] et hLn , Lm i = δnm 2) le coefficient du terme de plus haut degré de Ln est 2 ; 2n + 1 (2n)! ; 2n (n!)2 3) Ln (1) = 1, Ln (−1) = (−1)n , Ln est pair si n est pair et impair si n est impair ; 4) nLn (X) = (2n − 1)XLn−1 (X) − (n − 1)Ln−2 (X) ; 5) L′n (X) = XL′n−1 (X) + nLn−1 (X) , L′n (X) − L′n−2 (X) = (2n − 1)Ln−1 (X) puis que (X 2 − 1)L′n (X) = n(XLn (X) − Ln−1 (X)) . √ L2n+1 ( X) √ sont orthogonaux pour le produit scalaire 6) Montrer que les polynômes Qn (X) := X Z 1 √ hP, Qi := P (t)Q(t) tdt . 0 5 Exercice T Soit (E, h·, ·i) un espace euclidien et p ∈ End(E) un projecteur. Montrer que p est orthogonal (c’est-à-dire Ker p ⊥ Im p) si et seulement si : ∀ x ∈ E , ||p(x)|| ≤ ||x|| . Exercice U Soit (E, h·, ·i) un espace euclidien et S := {x ∈ E; ||x|| = 1}. Soient x, y ∈ S et I le segment [x, y]. Montrer que S ∩ I = {x, y}. Exercice V Soient x = (x1 , x2 ) et y = (y1 , y2 ) appartenant à R2 . Pour quelles valeurs de a, b, c, d ∈ R l’application f (x, y) = ax1 y1 + bx1 y2 + cx2 y1 + dx2 y2 est-elle un produit scalaire sur R2 ? Exercice W Soit E l’ensemble des suites an n∈N de réels telles que la série de terme général a2n converge. Dans cet énoncé on emploie la notation a pour désigner une suite an n∈N de réels. 1) Montrer que E est un espace vectoriel sur R. 2) Pour tout réel non nul α, on considère la suite u(α) définie par : αn ∀n ∈ N, un (α) := √ . n! Vérifier que les suites u(α) sont des éléments de E. 3) Montrer que si a et b sont éléments de E, alors la série de terme général an bn est absolument convergente. 4) Soit Φ l’application définie sur E × E à valeurs dans R par : ∀(a, b) ∈ E × E, Φ((a, b)) := +∞ X an bn . n=0 Montrer que Φ est un produit scalaire sur E. On notera alors ha, bi := Φ(a, b), et || · || la norme associée à Φ. 5) Montrer l’inégalité +∞ n X 6 2 n=0 n! +∞ n +∞ X 9 X 4n ≤ . n! n=0 n! n=0 6) Déterminer pour tout réel α la norme ||u(α)|| et pour tous réels α et β distincts, le produit scalaire hu(α), u(β)i. 7) Déterminer une base orthogonale du sous-espace vectoriel de E engendré par la famille u(−1), u(1), u(2) . Pour tout entier naturel k non nul, on définit : Fk l’ensemble des suites réelles a telles que : pour tout entier n ≥ k, an = 0 Gk l’ensemble des suites réelles a de E telles que : pour tout entier n ≤ k−1, an = 0. 8) Montrer que Fk ⊂ E, et que Fk est un sous-espace vectoriel de E. 9) Déterminer une base de Fk et donner la dimension de Fk . 10) Montrer que Gk est un sous-espace vectoriel de E. 11) Soit a une suite de E. Montrer qu’il existe deux suites r et s telles que : r ∈ Fk , s ∈ Gk et pour tout entier naturel n, an = rn + sn En déduire que Fk et Gk sont des espaces supplémentaires orthogonaux pour le produit scalaire Φ. 1 est un élément de E. 12) Montrer que la suite n + 1 n∈N Déterminer son projeté orthogonal sur Fk pour le produit scalaire Φ. 6