Voilà des exemples artistiques et sportifs. Or, ces effets positifs ou néga-
tifs sont tout aussi possibles dans les rapports interpersonnels au travail.
L’effet Pygmalion dans les soins et les interventions
Une soignante d’un centre d’hébergement raconte : « Bah ! cette cliente,
y’a pas grand chose à faire avec elle, elle ne m’aide jamais. » Une autre
confie : « J’ai peur de ce client agressif ; j’entre dans sa chambre et on
dirait qu’il le sent ! » Ou encore « Ce résident n’aime pas le bain, je le sais
que ça va être dur ! »
Gageons que toutes ces prédictions s’avéreront ! En s’imaginant quel-
que chose, sans le vouloir, nous changeons notre attitude et influençons
par le fait même l’autre personne4. Quelque part, involontairement, nous
agissons de façon à ce que notre anticipation se réalise. Par exemple, j’ai
peur du client : je suis tellement tendue et crispée quand j’entre dans sa
chambre, que je suscite chez le client ce que je craignais tant.
Transportons-nous en clinique de radiologie. Quelle perception de son
appareil de mammographie la technologue a-t-elle ? Quelle perception
transmet-elle alors ? « Bonjour Mme X. Vous venez pour votre examen ?
Je le sais, personne
n’aime ça… Bon, vous
êtes prête pour votre
torture ? »
Ces vraies paroles
entendues se voulaient
toutes gentilles et humoristiques pour détendre l’atmosphère. Sauf que les
mots ont stressé la patiente puisqu’ils suggéraient fortement que le moment
serait désagréable. La dame s’est crispée et la technologue a dû davantage
forcer pour la positionner devant l’appareil. Une vraie torture finalement.
Mais fabriquée !
Choisissons l’attitude gagnante !
Ainsi, par nos mots et nos atti-
tudes, nous provoquons des situa-
tions. Quel pouvoir nous détenons !
Comme les bons entraîneurs aux
effets motivateurs, les soignants
sont ga gnants s’ils croient aux pos-
sibilités des résidents (ou des pa-
tients) et qu’ils traduisent cette
croyance par l’expression d’attentes.
Ainsi, soyons sensibles aux mots
que nous employons et aux attitudes
que nous adoptons. Exprimons aux
résidents ou aux patients des atten-
tes positives de réussite : « Levez
votre bras, madame, vous êtes ca-
pable ! » « Bravo, c’est super ! »
« Je vais descendre l’appareil dou-
cement, ça va bien se passer ! »
Ainsi encouragés et réconfortés,
nos interlocuteurs participent à
leurs soins et nous accordent leur
confiance. Les échanges avec eux
sont plus valorisants et harmo nieux.
Voilà un des éléments démontrés en
pratique auprès des résidents lors
de la formation Approche relation-
nelle de soins. Et ça fonctionne,
parce que nous y croyons !
Sur ce, je vous souhaite de vous
fabriquer de bonnes journées. Par-
ce qu’il en tient aussi beaucoup à
vous ! •
RÉFÉRENCES
1. Pygmalion et Galatée par Jean-Léon Gérôme, site
consulté le 4 septembre 2008 (fr.wikipedia.org).
2. ROSENTHAL, R., L. JACOBSON. Pygmalion in the
Classroom, Expanded edition, New York, Irving, 1992.
3. DAOUST-BOISVERT, Amélie. « Le maillot de tous
les records », Le Devoir, édition du 16 août 2008.
4. Site consulté le 4 septembre 2008 (www.psycho-
web.fr).
DOSSIER APPROCHE RELATIONNELLE DE SOINS
16 – OBJECTIF PRÉVENTION – VOL. 32, NO 1, 2009
Ainsi, par nos mots et nos attitudes,
nous provoquons des situations.
Quel pouvoir nous détenons !
Photo : © Marc-André Pauzé