École Normale Supérieure Analyse des équations aux dérivées partielles 2016/2017
TD no1. Distributions et espaces de Sobolev
Distributions et distributions tempérées
Exercice 1 : distributions
Si Eest un R-espace vectoriel, on appelle semi-norme une fonction p:ER+telle que :
x, y E, p(x+y)p(x) + p(y)et xE, λR, p(λx) = |λ|p(x).
1. [Topologie définie par une famille de semi-normes]
a) Soient Eun R-espace vectoriel et {pi}iIune famille de semi-normes sur E. On note Ul’ensemble
des parties Ude Etelles que, pour tout xU, il existe r > 0et i1, ..., inun nombre fini d’éléments
de Ivérifiant :
{x0Etq k, pik(xx0)< r} ⊂ U.
Montrer que Uest une topologie. C’est la topologie définie par la famille de semi-normes {pi}iI.
b) Montrer que, pour cette topologie, les applications suivantes sont continues :
(x, y)E×E7→ x+yet (λ, x)R×E7→ λx.
On dit que Eest un espace vectoriel topologique.
c) On suppose que, pour tout xE− {0}, il existe iItel que pi(x)6= 0. Montrer que la topologie
de la question a) est séparée.
d) Soit qune semi-norme sur E. Montrer que qest continue pour la topologie définie par {pi}iIsi et
seulement s’il existe C > 0et i1, ..., inIvérifiant :
qCsup
1kn
pik.
e) Montrer qu’une suite (xk)kNd’éléments de Econverge vers une limite xsi et seulement si
p(xkx)0pour toute semi-norme continue p.
2. Si Kest un compact de Rn(pour un certain n1), on note DKl’ensemble des fonctions de Rn
dans R, de classe C, à support compact inclus dans K.
Pour tout mN, on définit une semi-norme pm,K par :
f∈ DK, pm,K (f) = sup
xK,|α|≤m
|αf(x)|.
On munit DKde la topologie engendrée par la famille de semi-normes {pm,K }mN.
On note Dl’ensemble des fonctions de Rndans R, de classe C, à support compact.
Pour tout iN, on pose Ki= [i;i]n. On note :
P={psemi-norme sur Dtq iN, p|DKiest continue}.
On munit Dde la topologie engendrée par la famille de semi-normes P.
a) Soit (fk)kNune famille d’éléments de D. Montrer que cette suite converge dans Dvers une limite
fsi et seulement s’il existe iNvérifiant :
kN∪ {∞}, fk∈ DKiet fkfdans DKi.
1
b) Montrer que la topologie de Dn’est pas métrisable.
3. Une distribution est une forme linéaire continue sur D. On note D0l’espace des distributions.
Montrer qu’une forme linéaire T:D Rest une distribution si et seulement si, pour tout compact
KRn, il existe C > 0et mNtel que :
f∈ D tq Supp(f)K, |T(f)| ≤ Cpm,K (f).
Exercice 2 : espace de Schwartz et distributions tempérées
Soit nNfixé. On appelle espace de Schwartz l’ensemble suivant :
S=f∈ C(Rn,C)tq kN, α Nd,sup
xRn
(1 + ||x||k)|αf(x)|<+.
Pour tous k, m N, on définit une semi-norme pk,m sur Spar :
pk,m(f) = sup
xRn,|α|≤m
(1 + ||x||k)|αf(x)|
et on munit Sde la topologie engendrée par la famille de semi-normes {pk,m}k,mN. On note S0
l’ensemble des distributions tempérées, c’est-à-dire des formes linéaires continues sur S.
1. a) Montrer qu’une forme linéaire T:S Rest une distribution tempérée si et seulement s’il existe
C > 0et k, m Nvérifiant :
f∈ S,|T(f)| ≤ Cpm,k(f).
b) Donner un exemple de distribution T:D Rqui ne se prolonge pas en une distribution tempérée
˜
T:S R.
2. On définit la transformée de Fourier d’une fonction f∈ S par :
ξRn,Ff(ξ) = ZRn
e.xf(x)dx.
On rappelle que la transformée de Fourier d’une fonction de Schwartz est toujours de Schwartz.
a) Pour toute distribution tempérée T∈ S0, on définit FT:S Rpar :
FT(f) = T(F(f)).
Montrer que FTest une distribution tempérée.
b) Quelle est la transformée de Fourier du dirac en 0(c’est-à-dire de la distribution f7→ f(0)) ?
c) Si gappartient à S, quelle est la transformée de Fourier de Tg:f7→ RRfg ?
Espaces de Sobolev
Dans toute la suite, on suppose qu’un entier nNest fixé.
Soit Rnun ouvert. Pour tous kN,p[1; ], on définit l’espace de Sobolev Wk,p(Ω) par :
Wk,p(Ω) = {fLp(Ω) tq ∀ |α| ≤ k, f(α)Lp(Ω)}.
Dans la définition qui précède, il faut comprendre les dérivées au sens des distributions : f(α)est la
dérivée α-ième de la distribution φ∈ D(Rn)7→ Rfφ.
2
Si le contexte n’est pas ambigu, on pourra noter plus simplement Wk,p au lieu de Wk,p(Ω) de même
que Lpau lieu de Lp(Ω).
L’espace Wk,p(Ω) est un espace de Banach si on le munit de la norme suivante :
||f||k,p =
X
|α|≤k
||f(α)||p
p
1/p
si p < +
= sup
|α|≤k
||f(α)||sinon
où l’on a noté k · kpla norme k · kLp. Au cours du TD, on utilisera indifféremment les notations k · kk,p
(resp. k·kp) et k·kWk,p (resp. k·kLp). Enfin, pour p= 2,Wk,p, qu’on notera alors plus simplement
Hk, est un espace de Hilbert, dont le produit scalaire est donné par :
hf, gi=X
|α|≤kDf(α), g(α)E.
Exercice 3 : approximation par des fonctions lisses
Soit χ:RnR+une fonction lisse telle que :
χ(x) = (1si xB(0,1)
0si xRnB(0,2).
On définit pour tout kN:
χk:xRnχ(2kx)et ηk:xRnZRn
χ(2ku)du1
χ(2kx).
Par des arguments de théorie de la mesure, on peut vérifier que, pour toute fonction fLp(Rn), avec
1p < +,||ff ? ηk||p0quand k+.
1. Soit Rnun ouvert. Soient sNet p[1; +[.
Soit fWs,p(Ω). On note f:RnRla fonction qui coïncide avec fsur et vaut 0sur Rn.
Pour tout k, on pose fk=χk(f ? ηk). Montrer que fk∈ D(Rn).
2. Soit ωRnun ouvert tel que ωest compact et inclus dans . Pour tout αNntel que |α| ≤ s,
exprimer f(α)
ken fonction de f(α), sur ω, pour kassez grand.
3. En déduire que, pour tous ωet αcomme dans la question précédente, f(α)
k|ωconverge vers f(α)
|ωdans
Lp(ω).
Exercice 4 : prolongement
Soit p[1; +]. Soit Ω = {(x1, ..., xn)Rntq x1>0}.
1. a) Soit uW1,p(Ω). On définit :
u(x1, ..., xn) =
u(x1, x2, ..., xn)si x1>0
0si x1= 0
u(x1, x2, ..., xn)si x1<0.
3
Montrer que uW1,p(Rn). Calculer ||u||pet, pour tout i,||iu||pen fonction de ||u||pet des ||iu||p.
b) En déduire qu’il existe une application continue E:W1,p(Ω) W1,p(Rn)telle que, pour tout
uW1,p(Ω),E(u)et ucoïncident sur .
2. Montrer que le résultat de la question précédente reste vrai si on remplace W1,p par W2,p.
[Indication : on posera
u2,(x1, ..., xn) =
u(x1, x2, ..., xn)si x1>0
0si x1= 0
3u(x1, x2, ..., xn)+4u(1
2x1, x2, ..., xn)si x1<0.]
De façon plus générale, le résultat reste vrai si on remplace W1,p par Wk,p, pour un entier kN
quelconque. En perfectionnant le raisonnement, on peut également démontrer le théorème suivant, que
nous admettrons :
Théorème. Soit Rnun ouvert borné de bord régulier. Alors, pour tout p[1; +]et tout kN,
il existe une application continue E:Wk,p(Ω) Wk,p(Rn)telle que, pour toute uWk,p(Ω),uet Eu
coïncident sur .
3. a) En combinant ce théorème avec le résultat de l’exercice précédent, démontrer que si est borné
et si p < +, alors, pour toute fWk,p(Ω), il existe une suite (fl)lNd’éléments de D(Rn)telle que
flfdans Wk,p(Ω).
b) Montrer que le résultat précédent est aussi vrai si n’est pas borné.
Exercice 5 : inégalité de Gagliardo-Nirenberg-Sobolev
Dans cet exercice, on suppose n6= 1.
1. Soient f1, ..., fnLn1(Rn1). Pour tout x= (x1, ..., xn)Rn, on pose :
f(x) =
n
Y
i=1
fi(x1, ..., xi1, xi+1, ..., xn).
Montrer que ||f||1Qn
i=1 ||fi||n1.
[Indication : procéder par récurrence sur nen posant, pour i∈ {1, ..., n 1}:
gi(x1, ..., xi1, xi+1, ..., xn1) = ||fi(x1, ..., xi1, xi+1, ..., xn1, .)||(n1)/(n2)
n1]
2. Montrer que, si u∈ D(Rn), alors :
||u||n/(n1) ≤ k|∇u|k1
3. Montrer que, si u∈ D(Rn)et p[1; n[, alors :
||u||pCk|∇u|kp
pour une certaine constante une dépendant que de net p, où p=np/(np).
[Indication : appliquer le résultat de la question 2. à |u|γ, puis l’inégalité de Hölder, pour γ > 1bien
choisi.]
4
4. Montrer que, pour toute uW1,p(Rn)(avec toujours p[1; n[) :
||u||pCk|∇u|kp
Cest la même constante qu’à la question 3.
Exercice 6 : espaces de Sobolev d’ordre fractionnaire et injections de Sobolev
Soit sR. On définit :
Hs(Rn) = nfL2tq (1 + |ξ|2)s/2FfL2(Rn)o
et on munit cet espace de la norme suivante :
||f||Hs=||(1 + |ξ|2)s/2Ff||2.
1. Montrer que si sN, cette définition est équivalente à celle donnée précédemment dans le TD.
2. Montrer que, pour s]0; 1[, cette définition est équivalente à :
Hs(Rn) = fL2(Rn)tq ZRn
|f(x)f(y)|2
|xy|n+2sdx dy < +.
3. Montrer que, pour tout s > n/2,Hs(Rn)est inclus dans C0(Rn)L(Rn)(muni de la norme
uniforme) et l’injection est continue.
Exercice 7 : injections de Sobolev (suite)
Le but de la première partie de l’exercice est de montrer le théorème suivant :
Théorème. Soit sR. Si 0s < n/2, alors l’espace de Sobolev Hs(Rn)s’injecte continûment dans
Lp(Rn)pour tout ptel que 2p2n/(n2s).
Dans la suite, on notera q:= 2n/(n2s)et on introduit la notation suivante (norme de Sobolev
homogène) :
kfk˙
Hs:= ZRn
|ξ|2s|b
f(ξ)|21/2
.
On considère f∈ S(Rn)et on suppose que kfk˙
Hs= 1.
1. Montrer que pour tout λ > 0,
kfkq
q=qZ+
0
λq1|{|f|> λ}| dλ,
{|f|> λ}est l’ensemble {xRn:|f(x)|> λ}et |{|f|> λ}| la mesure de Lebesgue de cet ensemble.
2. Soit Aλ>0une constante qui dépend de λ. Pour tout λ > 0, on décompose fsous la forme
f=gλ+hλ(décomposition des hautes et basses fréquences) où gλet hλsont définies par :
bgλ(ξ) = b
f(ξ)si |ξ| ≤ Aλ,bgλ(ξ)=0 si |ξ|> Aλ
c
hλ(ξ) = 0 si |ξ| ≤ Aλ,c
hλ(ξ) = b
f(ξ)si |ξ|> Aλ.
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