3.1. MÉTHODES DE COMPACITÉ CHAPITRE 3. PROBLÈMES ELLIPTIQUES NON LINÉAIRES
(d3) (Invariance par homotopie) Si hest une application compacte de [0,1] ׯ
Ωdans E(ce qui est équivalent
à dire que hest continue et {h(t, x),t ∈[0,1],x ∈¯
Ω}est une partie relativement compacte de E),
y∈C([0,1],E)et y(t)∈ {x−h(t, x),x∈Ω}(pour tout t∈[0,1]), on a alors d(I−h(t, ·),Ω,y(t)) =
d(I−h(0,·),Ω,y(0)) pour tout t∈[0,1].
Comme dans le cas de la dimension finie (voir la remarque 3.3), des propriétés du degré topologique (données dans
le théorème 3.7), on déduit que d(I−f,Ω,y)=0implique qu’il existe x∈Ωt.q. x−f(x)=y. Pour donner
l’analogue de la seconde propriété de la remarque 3.3, nous avons besoin d’un deuxième théorème dû à Leray et
Schauder que nous donnons maintenant.
Théorème 3.8 (Application linéaire compacte) Soit Eun espace de Banach (réel), Lune application linéaire
compacte de Edans Eet Ωun ouvert borné contenant 0.
1. Si 1n’est pas valeur propre de L(c’est-à-dire (Lx =x)⇒x=0), alors (I−L, Ω,0) ∈A(Aest donné
par la définition 3.6) et d(I−L, Ω,0) =0.
2. Si (Lx =x)⇒x∈ ∂Ω, alors (I−L, Ω,0) ∈A(Aest donné par la définition 3.6) et d(I−L, Ω,0) =0.
Il est facile de voir que la seconde assertion du théorème est une conséquence de la première. On peut maintenant,
comme en dimension finie, donner une méthode pour trouver des solutions à des problèmes non linéaires. Soit E
un espace de Banach, Ωun ouvert borné de E,fune application de ¯
Ωdans E. On cherche à montrer qu’il existe
x∈Ωt.q. x−f(x)=0(quitte à changer f, on peut toujours se ramener à cette forme). Pour cela, on construit
une application hde [0,1] ׯ
Ωdans E, compacte et t.q.
1. h(1,·)=f,
2. h(0,·)=Lavec Llinéaire de Ede E,
3. x−h(t, x)=0pour tout t∈[0,1] et tout x∈∂Ω.
On obtient alors d(I−f,Ω,0) = d(I−L, Ω,0) =0et donc qu’il existe x∈Ωt.q. x−f(x)=0.
Comme en dimension finie, une première conséquence de l’existence du degré topologique est l’obtention d’un
théorème de point fixe que nous donnons maintenant.
Théorème 3.9 (Point fixe de Schauder) Soit Eun espace de Banach, R>0,BR={x∈E, x≤R}et fune
application compacte de BRdans BR(c’est-à-dire fcontinue et {f(x),x∈BR}relativement compacte dans
E). Alors fadmet un point fixe, c’est-à-dire qu’il existe x∈BRt.q. f(x)=x.
Démonstration La démonstration est très voisine de celle du théorème 3.4. Si il existe x∈∂BR(c’est-à-dire t.q.
x=R) t.q. f(x)=x, il n’y a plus rien à démontrer. On suppose donc maintenant f(x)=xpour tout x∈∂BR.
On pose alors Ω={x∈E, x<R}(ce qui donne BR=¯
Ω) et, pour t∈[0,1] et x∈BR,h(t, x)=tf(x). Il
est facile de voir que x−h(t, x)=0pour tout x∈∂Ω={x∈IR N,x=R}. La compacité de hse déduit de
celle de f. On en déduit alors que d(I−h(1,·),Ω,0) = d(I−h(0,·),Ω,0) = d(I,Ω,0) = 1 et donc qu’il existe
x∈Ωt.q. f(x)=x.
Le théorème de Schauder est faux si on remplace l’hypothèse de compacité de fpar la simple hypothèse de
continuité. Toutefois, la difficulté principale dans l’utilisation du théorème de Schauder (ou, plus généralement,
dans l’utilisation du degré topologique) est souvent de montrer la continuité de f(ou, dans l’utilisation du degré
topologique, la continuité de l’application notée hci avant).
EDP, Télé-enseignement, M2 40 Université Aix-Marseille 1,R. Herbin, 13 janvier 2011