Sur la capitulation des 2-classes d`idéaux de k = Q( √ 2pq, i) o`u p

ACTA ARITHMETICA
XCIV.4 (2000)
Sur la capitulation des 2-classes d’id´eaux de
k=Q(2pq, i)o`u p≡ −q1 mod 4
par
Abdelmalek Azizi (Oujda)
1. Introduction. Soient kun corps de nombres de degr´e fini sur Q,F
une extension non ramifi´ee de ket pun nombre premier. L’extension k(1) de
k, ab´elienne maximale et non ramifi´ee pour tous les id´eaux premiers finis et
infinis, est dite corps de classes de Hilbert de k. De mˆeme l’extension k(1)
pde
kdont le degr´e est une puissance de p, ab´elienne maximale et non ramifi´ee
pour tous les id´eaux premiers finis et infinis est dite p-corps de classes de
Hilbert de k.
La recherche des id´eaux de kqui capitulent dans F(deviennent princi-
paux dans F) a ´et´e l’objet d’´etude d’un grand nombre de math´ematiciens.
En effet, Kronecker ´etait parmi les premiers `a avoir abord´e des probl`emes
de capitulation dans le cas des corps quadratiques imaginaires. Dans le cas
o`u Fest ´egal au corps de classes de Hilbert k(1) de k, D. Hilbert avait con-
jectur´e que toutes les classes de kcapitulent dans k(1) (th´eor`eme de l’id´eal
principal). La preuve de ce dernier th´eor`eme a ´et´e r´eduite par E. Artin `a
un probl`eme de la th´eorie des groupes, et c’est Ph. Furtangler qui l’avait
achev´ee.
Le cas o`u F/kest une extension cyclique de degr´e un nombre premier p
a ´et´e trait´e par Hilbert. Sa r´eponse est le sujet du th´eor`eme 94 qui affirme
qu’il y a au moins une classe non triviale dans kqui capitule dans F. De
plus, Hilbert avait trouv´e le r´esultat suivant :
Soient σun g´en´erateur du groupe de Galois de F/k,Nla norme de
F/k,U0le groupe des unit´es de k,Ule groupe des unit´es de Fet Ule
sous-groupe des unit´es de Udont la norme, relative `a l’extension F/k, est
´egale `a 1. Alors le groupe des classes de kqui capitulent dans Fest isomorphe
au groupe quotient U/U1σ=H1(U), le groupe cohomologique de Ude
dimension 1.
2000 Mathematics Subject Classification: 11R27, 11R37.
Key words and phrases: groupe des unit´es, syst`eme fondamental d’unit´es, capitulation,
corps de classes de Hilbert.
[383]
384 A. Azizi
A l’aide de ce th´eor`eme et de plusieurs r´esultats sur les groupes coho-
mologiques des unit´es, on montre le th´eor`eme suivant :
Th´
eor`
eme 1. Soit F/kune extension cyclique de degr´e un nombre
premier ,alors le nombre des classes qui capitulent dans F/kest ´egal `a
[F:k][U0:N(U)].
Soient kun corps de nombres, Ckle groupe de classes de k,C2la 2-
composante du groupe de classes de k,k(1)
2le 2-corps de classes de Hilbert
de k,k(2)
2le 2-corps de classes de Hilbert de k(1)
2et G2le groupe de Galois
de k(2)
2/k.
D´
efinition 2. Soient Mune extension cyclique non ramifi´ee de k,CM
le groupe de classes de Met Ck,Mle sous-groupe de Ckassoci´e `a Mpar la
th´eorie du corps de classes. On dit que Mest
de type (A) si un ´el´ement de Ck,Mcapitule dans M,
de type (B) si aucun ´el´ement de Ck,Mne capitule dans M.
Soient jl’application de Ckvers CMqui fait correspondre `a la classe
d’un id´eal Ade kl’id´eal engendr´e par Adans Met Nla norme de M/k;
alors on a :
Mest de type (A) ⇔ |Ker(j)N(CM)|>1,
Mest de type (B) ⇔ |Ker(j)N(CM)|= 1.
D´
efinition 3. Soient Qmle groupe des quaternions,Dmle groupe di´edral
et Smle groupe semi-di´edral d’ordre 2m. Ces groupes sont d´efinis comme
suit : chaque groupe est engendr´e par deux ´el´ements xet ytels que :
Qm=hx, yio`u x2m2=y2=a, a2= 1, y1xy =x1,
Dm=hx, yio`u x2m1=y2= 1, y1xy =x1,
Sm=hx, yio`u x2m1=y2= 1, y1xy =x2m21.
On sait que si G2est d’ordre 2m, m > 1 et G2/G0
2'Z/2Z×Z/2Z,
alors G2est isomorphe `a Qm, Dmou Sm. Dans tous ces cas, on a G0
2=hx2i
et les trois sous-groupes d’indice 2 de G2sont : H1=hxi,H2=hx2, yi
et H3=hx2, xyi. Soient File sous-corps de k2laiss´e fixe par Hiet ji
l’application jd´efinie pour M=Fi. Si G0
26= 1, alors il existe un sous-groupe
hx4ide G0
2d’indice 2 engendr´e par x4. Soit Lle sous-corps de k2laiss´e fixe
par hx4i.
Th´
eor`
eme 4. On suppose que G2/G0
2'Z/2Z×Z/2Z. Alors on a :
(i) Si k2=k1,alors les corps Fisont de type (A), |Ker(ji)|= 4 pour
i= 1,2,3et G2'Z/2Z×Z/2Z.
Capitulation des 2-classes d’id´eaux 385
(ii) Si Gal(L/k)'Q3,alors Fiest de type (A), |Ker(ji)|= 2 pour
i= 1,2,3et G2'Q3.
(iii) Si Gal(L/k)'D3,alors F2et F3sont de type (B)et |Ker(j2)|=
|Ker(j3)|= 2. De plus,si F1est de type (B)alors |Ker(j1)|= 2 et G2'Sm.
Si F1est de type (A)et |Ker(j1)|= 2, alors G2'Qm. Enfin si F1est de
type (A)et |Ker(j1)|= 4, alors G2'Dm.
On trouve plus d’informations sur ce dernier th´eor`eme dans [Ki-76].
On trouve d’autres r´esultats sur le probl`eme de capitulation dans [Te-71],
[Ki-76], [Mi-89], [Su-91] et [Az-97].
On d´esigne par pun nombre premier congru `a 1 modulo 4, qun nombre
premier congru `a 1 modulo 4, k=Q(2pq, i), k(1)
2le 2-corps de classes de
Hilbert de k,k(2)
2le 2-corps de classes de Hilbert de k(1)
2et G2le groupe de
Galois de k(2)
2/k. D’apr`es [Az-93] ou [Az-99:1], on a : C2'Z/2Z×Z/2Zsi et
seulement si au moins deux ´el´ements de 2
p,2
q,p
qvalent 1 et l’indice
Qdes unit´es de Q(2pq) dans kest ´egal `a 1. Dans toute la suite on va donner
un ensemble de r´esultats pour d´emontrer le th´eor`eme principal suivant :
Th´
eor`
eme principal.Soient k=Q(2pq, i)et C2la 2-partie du
groupe de classes de k. On suppose que C2'Z/2Z×Z/2Z;alors k(1)
2con-
tient trois extensions quadratiques de k,K1,K2et K3o`u seulement deux
classes de C2capitulent et de plus G2'Qm.
2. Unit´es de certains corps de nombres de degr´e 8 sur Q
2.1. Pr´eliminaires. Soient d1et d2deux entiers naturels sans facteurs
carr´es et premiers entre eux, d3=d1d2,ε1(resp. ε2, ε3) l’unit´e fondamentale
de k1=Q(d1) (resp. k2=Q(d2), k3=Q(d3)), k=k3(i), K0=k1k2,
K=K0(i), N1(resp. N2,N3) la norme de K0/k1(resp. K0/k2,K0/k3) et
Ek(resp. EK0,EK) le groupe des unit´es de k(resp. K0,K).
On sait d’apr`es [Kur-43] qu’un syst`eme fondamental d’unit´es (SFU) de
K0est, `a une permutation pr`es des indices, l’un des syst`emes suivants :
(i) {ε1, ε2, ε3};
(ii) {ε1, ε2,ε3}(N2(ε3) = 1) ;
(iii) {ε1ε2, ε2, ε3}(N3(ε1) = N3(ε2) = 1) ;
(iv) {ε1,ε2,ε3}(N1(ε2) = N1(ε3) = 1) ;
(v) {ε1ε2,ε2ε3,ε1ε3}(N2(ε3) = N3(εj) = 1, j = 1,2) ;
(vi) {ε1ε2ε3, ε2, ε3}(N3(ε1) = N3(ε2) = N2(ε3) = ±1).
D’autre part, d’apr`es [Az-93] ou [Az-99:2], on a les r´esultats suivants :
R1: SFU de k=Q(d, i)o`u dest un entier naturel diff´erent de 2et
sans facteurs carr´es. Soit ε0=s+tdl’unit´e fondamentale de Q(d).
(i) Si ε0est de norme 1, alors {ε0}est un SFU de Q(d, i).
386 A. Azizi
(ii) Si ε0est de norme 1, alors {0}est un SFU de ksi et seulement
si s±1 est un carr´e dans N(i.e. si et seulement si 2ε0est un carr´e dans
Q(d)). Dans le cas contraire, {ε0}est un SFU de k(ce r´esultat se trouve
aussi dans [Kub-56]).
R2: SFU de K.Soient nun entier sup´erieur ou ´egal `a 2 et ξnune racine
primitive 2n-i`eme de l’unit´e. Alors
ξn=1
2(µn+λni),o`u µn=p2 + µn1, λn=p2µn1,
µ2= 0, λ2= 2 et µ3=λ3=2.
De plus, soient n0le plus grand entier tel que ξn0appartient `a K,{ε0
1, ε0
2, ε0
3}
un SFU de K0et εune unit´e de K0telle que (2 + µn0)εest un carr´e dans
K0(si elle existe). Alors, d’apr`es [Az-93], l’un des syst`emes suivants est un
SFU de K:
(a) {ε0
1, ε0
2, ε0
3}si εn’existe pas,
(b) {ε0
1, ε0
2,pξn0ε}si εexiste ; dans ce cas on a ε=ε0
1
i1ε0
2
i2ε0
3, o`u i1, i2
{0,1}(`a une permutation pr`es).
2.2. SFU de certains corps de nombres de degr´e 4ou 8
Lemme 5. Soient dun entier relatif sans facteur carr´e et ε=x+yd
l’unit´e fondamentale de Q(d)o`u xet ysont des entiers ou bien des demi-
entiers. On suppose que εest de norme 1. Alors 2(x±1) et 2d(x±1) ne
sont pas des carr´es dans Q.
P r e u v e. Comme
ε=1
2(p2(x+ 1) + p2(x1)) et p2(x+ 1)p2(x1) = 2yd,
alors p2(x1) et p2(x+ 1) ne sont pas des carr´es dans Q. Si 2d(x±1) =
s2, alors p2(x±1) = (s/d)dappartient `a Q(d) et p2(x1) = 2yd/s
appartient `a Q. Par suite εQ(d), donc on a une contradiction.
Lemme 6. Soient qun nombre premier impair congru `a 1modulo 4et
ε=x+yql’unit´e fondamentale de Q(q). Alors xest un entier naturel
pair ,x±1est un carr´e dans Net 2εest un carr´e dans Q(q).
P r e u v e. Comme q≡ −1 mod 4, alors ε=x+yqest tel que (x, y)
Z2et x2qy2= 1. D’o`u (x+1)(x1) = qy2. Du fait que (x+1)(x1) = 2,
le plus grand commun diviseur de x+ 1 et x1 est un diviseur de 2. Par
suite il existe (y1, y2)Z2tel que
x1 = qi2jy2
1,
x+ 1 = qi02jy2
2,
o`u i, i0, j ∈ {0,1},i+i0= 1 et 2jy1y2=y.
Capitulation des 2-classes d’id´eaux 387
Si x1 est pair, alors j= 1 et p2(x1) est un carr´e dans N. D’apr`es
le lemme 5, ceci est impossible. Par cons´equent, xest pair et x±1 est un
carr´e dans N. De plus, comme x1 est impair, alors j= 0 et 2εest un carr´e
dans Q(q).
Lemme 7. Soient pun nombre premier impair et ε=x+y2pl’unit´e
fondamentale de Q(2p). On suppose que εest de norme 1. Alors x±1est
un carr´e dans Net 2εest un carr´e dans Q(2p).
P r e u v e. On suppose que x±1 n’est pas un carr´e dans N. Comme
ε=x+y2pest de norme 1, alors (x+ 1)(x1) = 2py2. Les entiers x+ 1
et x1 ont pour diviseurs communs les diviseurs de 2. Par suite on a :
x+ 1 = 2y2
1,
x1 = py2
2,
y=y1y2,
ou
x1 = 2y2
1,
x+ 1 = py2
2,
y=y1y2.
Donc p2(x1) est un carr´e dans N. D’apr`es le lemme 5, ceci est impossible.
Il vient donc que x±1 est un carr´e dans N. De plus, d’apr`es le r´esultat R1,
x±1 est un carr´e dans Nsi et seulement si 2εest un carr´e dans Q(2p).
Ceci termine la preuve.
Lemme 8. Soient pet qnombres premiers impairs,K0=Q(q, 2p),
ε1(resp. ε2,ε3)l’unit´e fondamentale de k1=Q(q) (resp. k2=Q(2p),
k3=Q(2pq)). On suppose que toutes les unit´es εisont de norme 1et que
2ε3n’est pas un carr´e dans k3. On pose ε3=x+y2pq. Alors on a :
(i) Si 2p(x±1) est un carr´e dans N,alors 2ε3est un carr´e dans K0et
{ε1ε3,ε1ε2,ε2ε3}est un SFU de K0.
(ii) Si 2q(x±1) est un carr´e dans N,alors ε3est un carr´e dans K0et
{ε1,ε1ε2,ε3}est un SFU de K0.
P r e u v e. Soit ε3=x+y2pq tel que (x1)(x+ 1) = 2pqy2. On sait
que 2ε3est un carr´e dans k3si et seulement si x±1 est un carr´e dans N
(voir r´esultat R1).
D’apr`es le lemme 5, 2(x±1) et pq(x±1) ne sont pas des carr´es dans N.
Ainsi on a :
Si 2p(x±1) est un carr´e dans N, alors q(x1) est un carr´e dans Net
il existe (y1, y2)Z2tel que
x±1 = 2py2
1,
x1 = qy2
2,2ε3=y12p+y2q,
ε3=1
2(2y1p+y22q).
Si 2q(x±1) est un carr´e dans N, alors p(x1) est un carr´e dans Net
il existe (y1, y2)Z2tel que
x±1 = 2qy2
1,
x1 = py2
2,2ε3=y12q+y2p,
ε3=1
2(2y1q+y22p).
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