DOSSIER
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Santé-MAG
N°16 - Mars 2013
Selon les estimations, dont nous
disposons, il faudrait, annuellement,
pour notre pays, environ 1500
greffes rénales, 200 greffes de
poumon, 1500 greffes de cornée, 500
greffes hépatiques, pour n'évoquer
que celles-ci...
Le donneur cadavérique est, ici,
la réponse de santé publique à un
problème de santé publique.
Qu'est ce qui bloque la généralisation
de la greffe rénale?
Il s'agit, là, d'une très bonne
question. La greffe rénale relève, non
seulement, d’une volonté individuelle,
de la part des praticiens concernés,
mais, aussi et surtout, d’une volonté
administrative, pour ne pas dire
politique, tant elle est soutenue par
une organisation complexe, faisant
appel à de multiples disciplines
médico- chirurgicales, sollicitées
dans leur excellence. Il existe,
actuellement, en Algérie, une dizaine
de centres de greffe, qui réalisent peu,
ou prou, moins de 200 greffes rénales,
par an. Nous sommes très loin des
attentes de nos malades.
A titre comparatif, la France compte 40
centres de greffe rénale, qui réalisent
3000 transplantations rénales, par
an. Il est vrai que dans ce pays l'on
a, surtout, recours aux donneurs
cadavériques.
Notre pays a intérêt à développer la
greffe rénale. Les chiffres, actuels, de
16.000 insuffisants rénaux, en dialyse,
s'élèveront à 25.000, à l’horizon
2020, selon la Société algérienne
de néphrologie. Avec une incidence
de 103 nouveaux cas, par million
d'habitants, 3.500 a 4.000 nouveaux
cas viennent s'ajouter, annuellement.
Si l’on continue ainsi, avec le tout-
dialyse, le budget de la santé risque
de ne pas suffire, à moyen terme, pour
prendre en charge les insuffisants
rénaux chroniques.
Au-delà de tous ces chiffres, il y va de
la qualité de vie, voire de la survie de
nos patients.
La greffe rénale, à partir du donneur
cadavérique une réalité ou un mythe?
Il est impératif, pour toutes les
raisons évoquées plus haut, que
la transplantation rénale, à partir
d’un donneur cadavérique (mort
encéphalique), doit occuper une place
prééminente, dans notre activité
de greffe d'organes. L’organisation
en est, certes, complexe, car
elle fait intervenir de nombreux
acteurs (donneur, famille du défunt,
coordinateur de greffe, spécialistes en
réanimation, laboratoire, radiologie,
neurologie, chirurgie de greffe,
médecine légale...) a un temps T,
inprogrammable.
Au-delà de cet aspect contraignant
mais, néanmoins, possible, c’est,
encore une fois, la véritable réponse
de santé publique a un problème, réel,
de santé publique.
Quel est le rôle effectif de l'Agence
des greffes, dans la transplantation
d'organes, en Algérie?
Nous avons, enfin, notre Agence
nationale des greffes, qui est appelée
à fédérer tous ces efforts, en vue
de développer la transplantation
d’organes, dans un cadre organisé.
Nous avons tenu la première réunion
de son Conseil scientifique, au mois de
février. Plusieurs commissions ont été
installées, dont celle du prélèvement
d’organes, à partir du sujet en mort
encéphalique. Cette agence va gérer
une Liste nationale des patients en at-
tente de greffe (foie, rein ou tout autre
organe ou tissu); une gestion qui per-
mettra un accès, juste, des malades a
la greffe. Elle tiendra un Registre des
refus, comme elle devra déterminer
le mode d’expression de l’acceptation
du don post-mortem. Elle devra pro-
mouvoir la greffe, à partir du donneur
cadavérique et donc, contribuer, avec
l’aide des soignants, des hommes du
culte, des éducateurs au sein des éta-
blissements scolaires et des médias,
à enraciner une culture du don d’or-
ganes, dans la société algérienne.
Quoi qu’il en soit l’Agence nationale
des greffes est un premier jalon. Elle
s’inscrira, à terme, dans un cadre plus
large, d'une agence de biomédecine,
devant inspirer les législateurs, pour
la future loi algérienne de bioéthique.
Et celui des associations de patients?
La société civile structure toute
société. Elle a un rôle important,
dans toute politique de santé. Les
associations de malades sont un
véritable levier, pour l'activité de
transplantation d’organes.
Aux USA, la fédération des insuffi-
sants rénaux pèse dans l’échiquier
politique et a son mot à dire, dans
l’élection présidentielle. Les associa-
tions interpellent les médecins et les
pouvoirs publics, sur le quotidien des
malades. Elles aident et orientent les
patients. Elles sont associées, dans
l’élaboration des plans de prise en
charge des malades et de la greffe
* Pr Si Ahmed El Mahdi,
Chef de service de chirurgie
et transplantation, au CHU de Blida
INFO
L’institut national de néphrologie
sera opérationnel en septembre
prochain BLIDA- L’institut natio-
nal de néphrologie qu’abritera le
CHU Frantz Fanon de Blida sera
réceptionné en septembre pro-
chain, a indiqué dimanche le chef
du projet, Pr. Rayane Tahar.
Ce projet dont la première pierre
avait été posée par le président
de la République en 2006, sera
chargé des analyses et des
consultations médicales avant
de procéder aux interventions
chirurgicales en avril 2014, a pré-
cisé le même responsable.
Cet institut jouera un rôle phare
dans le domaine des opérations
chirurgicales, d’hémodialyse et
de greffe d’organes.
Cette structure qui s’étend sur
18000 m², impulsera la recherche
scientifique grâce aux moyens
dont elle disposera notamment
en matière de greffe rénale.
Pr. T. Rayane