S. RAVEN Mgr Arnaud Le Bourgeois, l'évêque d'Autun, a été très compréhensif. J'ai obtenu toutes les dispenses. • Estelle et sa mère, devenue religieuse, vivent avec nous. Vous voyez que nous ne sommes pas intégristes. Quand la volonté de Dieu se manifeste, on peut me mettre en morceaux, mais je l'accomplis. N. O. — Pourquoi dites-vous « mon peuple » en _parlant des juifs ? MERE MYRIAM. — Parce que je suis juive. Je suis aussi hongroise et française. Au fond, j'ai un coeur vraiment catholique. Si un jour je vais missionner en Chine, je me sentirai chinoise. Mais je ressens quelque chose d'unique envers les juifs. N. O. — Allez-vous régulièrement à la synagogue? MERE MYRIAM. — Oui, pour prier et m'instruire dans le judaïsme. Je n'y vais jamais en habit religieux. Je ne m'y rends pas pour évangéliser. Ce serait insupportable. Encore moins pour convertir. En effet, le peuple juif est parfaitement en Dieu, à bien des égards plus converti que nombre de chrétiens. Depuis que je connais les juifs, je découvre qu'ils pratiquent souvent l'enseignement de l'Amour, sans le savoir, bien mieux que de nombreux chrétiens. N. O. — Comment - les juifs vous ont-ils accueillie ? MÈRE MYRIAM. — Ils ont une charité pro- fonde et une grande tolérance. Certains, évidemment, voudraient que je quitte l'Eglise. D'autres souhaiteraient que je me marie. Ils me le disent. Bon. Je leur explique que c'est contraire à ma conscience et ils me laissent en paix. Je crois que mes frères juifs m'accueilleront tant que je pratiquerai les mitzvots, les commandements de Dieu, que Marie et Jésus ont toujours observés. J'ai promis à Dieu que jamais je ne trahirai mon peuple. Que je resterai juive jusqu'au bout et que je suivrai toujours les mitzvots, quitte à rester seule, abandonnée. Je ne peux pas trahir ce que Dieu me demande. Pour moi, être chrétien ça veut dire affirmer avec l'Eglise que Jésus est le Messie. J'ai totalement la foi de l'Eglise et totalement aussi la foi d'Israël dans la Torah. Comme Marie (mère Myriam, sûre de son effet, s'applaudit), moins bien qu'elle, car elle était infiniment plus juive et plus chrétienne que moi. N. O. — L'autre jour, vous avez expliqué que les juifs et les chrétiens attendent le Messie. N'est-ce pas un peu rapide ? MÈRE MYRIAM. — Si l'on veut. Juifs et chrétiens ont en commun la Torah, l'Ancien Testament. Les juifs attendent la venue glorieuse du Messie, alors que, pour les chrétiens, le Christ est le Messie. Ils attendent donc son retour dans la gloire. La parousie. Pour Dieu, cela n'a pas grande importance. Il n'y a pas deux Messies. Quand le Messie reviendra, il sera unique. Certains parlent de la réconciliation de la loi de Moïse et de la loi de Jésus. Il faut aller plus loin. Il n'y a qu'une seule loi, celle de Dieu. Moïse est envoyé de Dieu, Jésus est son fils et son envoyé. Il ne peut y avoir de contradiction entre Dieu et Dieu. « Devons-nous adorer au Temple ou sur la Grande Montagne ? », demandait la Samaritaine, comme si je posais la question : devons-nous être juifs ou chrétiens ? Jésus répond : « L'heure vient où ce n'est ni dans le Temple ni sur la Grande Montagne qu'on adorera Dieu, mais dans notre cœur, en esprit et en vérité. » C'est ce que font les chrétiens et les juifs religieux. Trop longtemps le message chrétien a été transmis en rivalité ayec Israël. On a osé dire que l'Eglise seule était le véritable Israël. Au nom de quoi ? C'est criminel. Les non-juifs, les chrétiens, ce sont des enfants que Dieu avait donnés à Israël. A la fin des temps, il n'y aura qu'une seule Jérusalem où se retrouveront juifs et non-juifs adorateurs du Dieu unique. N'est-ce pas la vision même des prophètes ? L'histoire (réaliste) d'une famille aux prises avec un micro-ordinateur. Un livre, illustré, faisant sourire le lecteur et assimiler tous les secrets de la micro-informatique. N. O. — « Des enfants donnés à Israel » qui ne les a pas reconnus... (Mère Myriam manque de s'étouffer en buvant une gorgée de chocolat.) MÈRE MYRIAM. — On dit ça beaucoup 'trop vite. Israël n'aurait pas reconnu Jésus ? Et moi je demande à la suite de Jules Isaac, un juif — pardonnez-moi, je suis trop passionnée —, qui donc étaient les apôtres et les disciples ? Des juifs. Comment peut-on dire alors qu'Israël n'a pas reconnu le Christ ? Ce qui est certain, c'est qu'Israël n'a pas pu reconnaître ses enfants qui ont dit : il n'est plus nécessaire de pratiquer la loi ancienne. Moi je dis, comme le premier concile judéo-chrétien de Jérusalem le disait aux païens : il y a des rites juifs à observer pour ceux qui se convertissent au christianisme. 192 PAGES - PRIX 65F PORT COMPRIS. BON DE COMMANDE à adresser à: SELF. Editions Radio 9 rue Jacob 75006 PARIS Je désire recevoir par la poste au prix indiqué sur l'ouvrage Papa maman l'ordinateur et moi Nom • Adresse Ci-joint à l'ordre de S.E.C.F..Editions Radio r Chèque postal 3 volets sans indication de N ° de comptrD Chèque bancairvO Mandat postal D N. O. — L'apôtre Jacques avait tranché en faveur d'un compromis. Mais il semble que Pierre était d'accord avec ceux qui voulaient imposer aux gentils la circoncision, par exemple, alors que Paul était absolument contre. «Coup de fouet contre la fatigue» MÈRE MYRIAM. — J'ai une position un peu différente. Je pense en effet que les païens qui se convertissent au Dieu unique ont le salut en Jésus-Christ et qu'ils n'ont pas besoin d'être circoncis. Au contraire, les juifs qui adhèrent au Christ, au nom de quoi devraient-ils se défourner de la loi de Moïse ? Au nom de quoi devraient-ils se détourner 'des pratiques qu'elle impose et que Jésus et les apôtres observaient ? Peut-on faire des juifs des renégats ? En outre, il ne faut pas oublier que Paul s'adressait exclusivement aux païens. Jésus disait : « Quiconque DE , n'observera pas la loi ne sera pas des nôtres. » N. O. — Ne serait-ce pas faire des chrétiens non juifs une sorte de sous-juifs ? FOUCAUD et ses satellites... TONIFIE STIMULE DEODORANTE FRAICHEUR BIEN ETRE NiÈgE MYRIAM. — Non, mais on fait des juifs chrétiens des juifs à l'eau de rose en les obligeant à abandonner la loi. N. O. — Le Christ ne disait-il pas : « Je ne suis pas venu abolir la loi, mais l'accomplir » ? C'est-à-dire aller au-delà ? MÈRE MYRIAM. — Jésus et Marie ont accom- pli la loi. Ils l'ont suivie. Nous ne pouvons pas reprocher aux juifs d'avoir dit : nous ne reconnaissons pas ces enfants qui ne suivent pas la loi, ils sont dangereux pour le judaïsme. N. O. — Mais que devient la promesse faite à Pierre par Jésus • tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise? MÈRE MYRIAM. — Justement, ce n'est pas «avec Foucaud toujours dispos» VENTE: PHARMACIES - REGIMES LABORATOIRES Pierre qui refuse les pratiques juives. En vérité, il est beaucoup plus facile à un chrétien d'assumer le judaïsme qu'à un juif de croire en Jésus. N. O. — Vous avez décidé de prendre un nom religieux juif et. de revenir aux pratiques de la loi de Moïse. 144,g,tet 9, Avenue Matignon 75008 Paris. Flacon essai gratuit contre ce bon Nom o Adresse Code Postal N.O. Le Nouvel Observateur 73