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« LES DONS ET L’APPEL DE DIEU SONT IRRÉVOCABLES » (Rm 11, 29), UNE RÉFLEXION THÉOLOGIQUE SUR LES
RAPPORTS ENTRE CATHOLIQUES ET JUIFS À L’OCCASION DU 50EME ANNIVERSAIRE DE NOSTRA ÆTATE (N. 4)
Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme – Vatican – 10/12/2015
Quelques membres de l’association Isaïe ont étudié ce document au cours de quatre séances en mars-avril 2016.
Voici une synthèse des principales réflexions (notes prises par Patrick Peltié).
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Il s’agit d’un document officiel du Vatican. Ceci souligne l’importance des affirmations qu’il comporte.
Mais il soulève aussi des questions théologiques sans apporter de réponse : ce sont les prochaines
générations de théologiens qui devront y répondre, et ce sera un long travail car la réflexion théologique
sur la place d’Israël dans le dessein de Dieu s’est presque arrêtée à la Lettre de Saint Paul aux Romains.
Des affirmations importantes, dans un document officiel de l’Église catholique
1- le judaïsme est une racine vivante du christianisme, il n’est pas « simplement une autre religion ». Cela
veut dire que la tradition juive du temps de Jésus, mais aussi l’exégèse rabbinique qui se poursuit depuis
2000 ans peuvent apporter des éclairages nouveaux pour lire les Ecritures, pour « comprendre qui [les
chrétiens] sont » (§14) et même pour interpeller les chrétiens dans leur façon de vivre leur foi. (Voir par
exemple, Dies Domini de Jean-Paul II). (§14-31)
2- le message central de Jésus sur le Règne de Dieu est en accord avec un courant de pensée juive de son
temps, le courant pharisien. (§14)
3- la théologie de la substitution est « dépourvue de tout fondement » : l’Église ne remplace pas Israël,
« l’Église ne met pas en doute la permanence de l’amour de Dieu pour le peuple élu d’Israël » (§17), « la
Nouvelle Alliance ne révoque pas les alliances antérieures mais les porte à leur accomplissement », même
si ce mot est difficile à définir. (§17-23-27-30)
4- il est affirmé que le peuple juif a toujours une mission pour le salut de l’humanité : « c’est par ce
peuple que toute l’humanité sera rassemblée et conduite à la fin des temps ». Même si rien n’est dit sur la
teneur de cette mission, cette affirmation est centrale. En même temps, l’unicité du salut en Christ est
réaffirmée avec force (22- 35)
5- dans le paragraphe 26, on trouve un timide essai pour exprimer la christologie en utilisant des concepts
juifs (et non plus grecs) : « Jésus Christ, Torah vivante de Dieu »
6- en réponse à la question de l’évangélisation des juifs, le document déclare : « Nous sommes confrontés
ici au mystère de l’œuvre de Dieu : il ne s’agit pas de déployer des efforts missionnaires pour convertir les
juifs, mais plutôt d’attendre l’heure voulue par le Seigneur où nous serons tous unis » (§37 et 40)
Des questions en attente.
1- « Dieu a confié à Israël une mission spéciale » (§36). Quelle mission, quel est son contenu ? Le
document n’y répond pas, restant en cela en retrait par rapport au document des Evêques de France en
1973 §5b : « On s'efforcera de présenter la vocation particulière de ce peuple comme la "Sanctification du
Nom" ».
2- La place d’Israël dans le dessein de salut de Dieu pour l’humanité : dans l’affirmation de Jean « le salut
vient des juifs » (4,22), faut-il comprendre que les juifs sont le canal par lequel le salut vient au monde, ou
bien qu’ils sont des acteurs de la venue de ce salut ? Dans ce cas, comment se traduit leur participation ?
3- La judéité de Jésus : elle est affirmée (§15), mais quelle est sa signification théologique profonde ? Doit-
on dire que le Christ ressuscité est toujours juif ?
4- L’accomplissement : que signifie ce mot si fortement présent dans les Evangiles (« Tout est
accompli »Jn19,30) ?