© 2012 Économie internationale, 9e édition
Économie internationale
9e édition
P. Krugman, M. Obstfeld, M. Melitz
G. Capelle-Blancard, M. Crozet
ISBN : 978-2-7440-7530-8
Chapitre 6 Le modèle standard et les termes de l’échange
Corrigés des activités
1. Considérons deux pays. La Suède exporte des automobiles vers la Norvège qui, de son côté, exporte des
saumons. Illustrez les gains à l’échange entre les deux pays en utilisant le modèle standard. On supposera
que les préférences sont les mêmes dans les deux pays, mais que les frontières des possibilités de production
diffèrent : la Norvège est relativement plus efficace dans l’élevage et la capture de poissons (en raison de ses
longues côtes le long de l’Atlantique Nord), et la Suède est relativement plus productive dans la fabrication de
voitures (en raison d’une dotation plus importante en capital).
On peut remarquer que le bien-être augmente dans les deux pays lorsqu’ils passent de la situation gouvernée
par les prix d’autarcie (droite en pointillé) à une situation où la production s’ajuste en fonction des prix
mondiaux (droite pleine).
2. Supposons maintenant que, après plusieurs années de surexploitation des ressources maritimes, la Norvège
se voie contrainte de réduire ses captures de saumons. Ce changement engendre une réduction de la quantité
potentielle de poissons pouvant être produits en Norvège, et, par conséquent, une hausse du prix mondial
relatif des saumons, Ps / Pa.
a. Montrez comment le problème de surexploitation peut entraîner une diminution du bien-être de la Norvège.
b. Montrez de quelle manière le problème de la surexploitation peut aussi entraîner une augmentation du
bien-être de la Norvège.
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3. Considérons une économie les facteurs de production sont complètement immobiles entre les secteurs.
L’offre relative ne peut pas répondre aux changements de prix et la frontière des possibilités de production est
à angle droit. Dans ce cas, est-il toujours vrai quune amélioration des termes de l’échange augmente le bien-
être ? Faites-en l’analyse graphiquement.
Dans le cas les facteurs de production ne peuvent pas se déplacer d’un secteur à l’autre, la frontière des
possibilités de production (FPP) est à angle droit. Le point de production se situe au coin de la FPP. Le point
de consommation se situe au point de tangence de la droite de prix relatifs et de la plus haute courbe
d’indifférence. Une amélioration des termes de l’échange fait pivoter la droite de prix relatifs autour du point
d’intersection avec le sommet de la FPP (puisque les facteurs sont immobiles, le point de production ne
change pas). Comme dans le cas général, l’économie peut alors atteindre une courbe d’indifférence plus
élevée. Intuitivement, bien que l’offre ne varie pas, l’économie reçoit plus qu’elle n’offre pour les exportations et
paie moins qu’elle n’achète pour les importations.
4. La contrepartie de l’immobilité des facteurs de production du côté de l’offre peut être, du côté de la demande,
le manque de substitution. Imaginons donc une économie dans laquelle les consommateurs achètent toujours
des biens dans les mêmes proportions, quel que soit le prix relatif de ces biens. Montrez qu’une amélioration
des termes de l’échange bénéficie également à ce type d'économie.
La différence avec la situation standard est que les courbes d’indifférence sont à angle droit. Dans ce cas, une
amélioration des termes de l’échange permet à l’économie d’atteindre une courbe d’indifférence plus élevée.
L’augmentation du revenu est représentée par une droite partant de l’origine. Une amélioration des termes de
l’échange déplace le point de consommation plus haut sur cette droite.
5. Considérons une économie comme le Japon, qui exporte des biens manufacturés et importe des matières
premières et des produits agricoles. Analysez l’impact des événements suivants sur les termes de l’échange
du Japon :
a. Une guerre au Moyen-Orient réduit l’offre de pétrole.
b. L’économie sud-coréenne se développe et accroît sa capacité à produire des voitures, qu’elle exporte vers
l’Europe et l’Amérique du Nord.
c. Les pays européens mettent en place une politique énergétique fondée sur le développement du nucléaire,
et remplacent progressivement leurs anciennes centrales fonctionnant au pétrole.
d. Un accident climatique réduit les récoltes de blé en Russie.
e. Les droits de douane japonais baissent sur les importations de bœuf.
Les termes de l’échange du Japon, qui exporte des biens manufacturés (M) et importe des matières premières
et des produits agricoles (A), correspondent au prix relatif de M en termes de A (pM/pA). L’évolution des termes
de l’échange peut être déterminée par les variations des courbes d’offre et de demande (de biens
manufacturés relativement aux matières premières). Dans les réponses suivantes, l’offre (OR) et la
demande (DR) relatives mondiales correspondront toujours au ratio de M sur A. Tous les pays sont considérés
comme grands et affectent donc le prix relatif international.
a. Une guerre au Moyen-Orient, qui réduit l’offre de matières premières, réduit l’offre relative mondiale. La
courbe d’offre relative mondiale se décale vers le bas, ce qui réduit le prix relatif mondial des biens
manufacturés et détériore les termes de l’échange du Japon.
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b. L’augmentation de la production automobile coréenne augmente l’offre de biens manufacturés, ce qui
augmente l’offre relative mondiale. De la même façon que précédemment, la courbe d’offre relative
mondiale se décale vers le bas, ce qui réduit le prix relatif mondial des biens manufacturés et détériore les
termes de l’échange du Japon.
c. La nouvelle politique énergétique des pays européens réduit la demande de pétrole. La demande de
produits A diminue, si bien que la demande relative mondiale (DM/DA) augmente ; la courbe se déplace
vers le haut. Le prix relatif mondial des biens manufacturés augmente, ce qui améliore les termes de
l’échange du Japon. Notons que cette amélioration intervient alors même que la politique énergétique
japonaise ne varie pas.
d. Une baisse des récoltes de blé en Russie réduit l’offre mondiale de A, ce qui augmente l’offre relative
mondiale. La courbe d’offre relative mondiale se déplace donc vers le haut. Dans le même temps, la perte
de revenu subie par la Russie entraîne une contraction de la demande russe de biens manufacturés, ce
qui réduit la demande relative mondiale : la courbe DR se déplace vers le bas. Ces deux forces ont pour
effet de réduire le prix relatif des biens manufacturés, et donc de détériorer les termes de l’échange du
Japon.
e. Une baisse des droits de douane japonais sur les importations de bœuf augmente le prix relatif domestique
des biens manufacturés. Ce changement de prix accroît l’offre relative du Japon, et réduit sa demande
relative, ce qui augmente l’offre relative mondiale et réduit la demande relative mondiale (la courbe DR se
déplace vers le bas et OR vers le haut). Le prix relatif mondial des biens manufacturés diminue, ce qui
détériore les termes de l’échange japonais.
6. L’apparition d’Internet a favorisé l’essor du commerce de services. Cette évolution a notamment permis à un
pays comme l’Inde de devenir exportateur de services de programmation informatique et de concurrencer ainsi
l’Europe et les États-Unis. Créez un modèle standard de commerce de biens manufacturés et de services
entre les États-Unis et l’Inde qui montre comment la diminution du prix relatif mondial des services peut réduire
le bien-être des Américains et profiter aux Indiens.
La baisse du prix relatif des services en termes de biens manufacturés déplace la courbe d’isovaleur dans le
sens des aiguilles d’une montre. Ce changement de prix entraîne une contraction de la production de services
aux États-Unis et en Europe, compensée par une hausse de la production de biens manufacturés. Au final le
bien-être des grandes économies occidentales diminue.
7. Considérons deux pays A et B, dotés de deux facteurs de production, le capital et le travail, avec lesquels ils
produisent deux biens, X et Y. La technologie est la me dans les deux pays. Le bien X est intensif en
capital, et le pays A est richement do en capital. Analysez l’effet des chocs suivants sur les termes de
l’échange et le bien-être des deux pays :
a. Une augmentation du stock de capital de A.
b. Une augmentation de l’offre de travail de A.
c. Une augmentation du stock de capital de B.
d. Une augmentation de l’offre de travail de B.
Cet exercice met en évidence le biais de croissance qui intervient lorsque la quantité disponible d’un facteur de
production augmente. Une augmentation du stock de capital, quel que soit le pays, favorise la production du
bien X, alors qu’une augmentation des dotations en travail favorise la production du bien Y. On retrouve aussi
le résultat du modèle Heckscher-Ohlin : un pays exportera le bien dont la production utilise intensément le
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facteur dont il est abondamment doté. Le pays A exporte du bien X vers B et importe du bien Y. Une
croissante biaisée en faveur des exportations (c’est-dire une augmentation du stock de capital pour A et du
stock de travail pour B) a un effet ambigu sur le bien-être : l’effet positif de la croissance peut être plus ou
moins compensé par la dégradation des termes de l’échange. L’effet négatif peut même l’emporter, ce qui se
traduit par une croissance appauvrissante. En revanche, dans ce cadre théorique, un pays qui connaît une
croissance biaisée en faveur des importations verra toujours son bien-être s’améliorer.
a. Les termes de l’échange du pays A se gradent. Le bien-être du pays A peut donc soit augmenter, soit
diminuer dans certains cas. Le bien-être du pays B augmente.
b. Les termes de l’échange du pays A s’améliorent. Le bien-être du pays A augmente et celui du pays B
diminue.
c. Les termes de l’échange du pays B s’améliorent. Le bien-être du pays B augmente et celui du pays A
diminue.
d. Les termes de l’échange du pays B se dégradent. Le bien-être du pays B peut donc soit augmenter, soit
diminuer. Le bien-être du pays A augmente.
8. D’un point de vue économique, l’Inde et la Chine présentent certaines similarités : ce sont deux très grands
pays à bas salaires. Ils disposent probablement d’une structure d’avantages comparatifs assez semblable. La
Chine a été le premier des deux pays à s’ouvrir au commerce, et l’Inde ne s’ouvre progressivement que depuis
quelques années. Quel devrait être l’effet de l’ouverture actuelle de l’Inde sur le bien-être de la Chine ? Et sur
celui de l’Union européenne ?
Si l’ouverture au commerce de l’Inde vient réduire le prix relatif des biens que la Chine exporte vers l’Union
européenne, cette évolution sera bénéfique pour les Européens. Évidemment, n’importe quel secteur au sein
de l’Union européenne touché par la concurrence de la Chine sera touché de la même manière par la
concurrence de l’Inde mais, dans l’ensemble, l’Union européenne y gagnera. Il faut noter ici que nous faisons
des hypothèses différentes de celles faites à la question 6 concernant la production de l’Inde et les biens
qu’elle échange. On suppose que l’Inde exporte les mêmes biens que ceux déjà importés par l’Union
européenne et exportés par la Chine. à l’inverse, la Chine verra son bien-être diminuer avec la baisse du prix
relatif de ses exportations résultant de la hausse de la production indienne.
9. Supposons qu’un pays mette en place une subvention à l’exportation et qu’un autre pays impose en retour un
droit de douane qui annule ces effets, de telle sorte que le prix relatif dans le second pays reste inchangé.
Quel effet cela aura-t-il sur les termes de l’échange ? Sur le bien-être dans le second pays ? Supposons, au
contraire, que le second pays exerce des représailles en mettant également en place une subvention et non
un droit de douane. Quelles seront les conséquences de cette politique ?
Expliquez l’analogie qui peut être faite entre le commerce international et les prêts et emprunts internationaux.
Du point de vue du pays donateur, l’aide conditionnée aux exportations accroît la demande pour les biens
exportés et augmente donc leur prix relatif. De son côté, le pays destinataire de l’aide subira donc une
détérioration de ses termes de l’échange. L’aide « conditionnelle » peut être vue comme un cas extrême de
l’effet d’un transfert sur les termes de l’échange. En effet, dans ce cas, la propension marginale à consommer
le bien exporté par le pays donateur est 1. Comme dans le cas de la croissance appauvrissante, il est
théoriquement possible qu’un tel transfert diminue le bien-être du pays destinataire.
L’analyse du commerce intertemporel découle directement de l’analyse du commerce de deux biens.
Remplaçons « vêtements » et « nourriture » par « consommation future » et « consommation présente ». Le
prix relatif correspondant est alors le coût de la consommation future en termes de consommation présente, ce
qui est l’inverse du taux d’intérêt réel. Les pays dans lesquels la consommation présente est relativement bon
marché (qui ont un taux d’intérêt réel faible) « exporteront » de la consommation présente vers les pays où la
consommation présente est chère. En d’autres termes, ils prêtent une partie de leurs revenus aux
consommateurs étrangers, qui font face à un taux d’intérêt réel élevé. Le taux d’intérêt réel qui assure
l’équilibre entre les prêts et les emprunts internationaux se situera entre les taux d’intérêt réels ayant cours
dans chaque pays avant la libéralisation des flux financiers. Notons enfin que les gains liés aux prêts et
emprunts internationaux sont analogues à ceux du commerce international.
10.Parmi les pays suivants, distinguez ceux qui doivent avoir des possibilités de production intertemporelles
biaisées en faveur des biens de consommation présents, et ceux qui ont des possibilités biaisés en faveur des
biens futurs.
a. Un pays qui a récemment ouvert ses frontières et accueille d’importants flux d’immigrants, comme
l’Argentine ou le Canada au début du siècle dernier.
b. Un pays, comme la Grande-Bretagne à la fin du XIXe siècle, qui dispose d’une certaine avance
technologique, mais qui voit cette supériorité s’éroder avec l’émergence d’autres puissances économiques.
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c. Un pays qui a découvert d’importantes réserves pétrolières susceptibles d’être exploitées avec peu
d’investissements supplémentaires (comme l’Arabie Saoudite).
d. Un pays qui a découvert d’importantes réserves pétrolières, mais dont l’exploitation nécessite des
investissements massifs (comme la Norvège).
e. Un pays comme la Slovénie, qui montre une certaine efficacité dans la production de biens industriels et
qui rattrape rapidement son retard sur les pays industrialisés.
Renoncer à de la consommation présente permet d’obtenir de la consommation future. Il existera un biais en
faveur de la consommation future si la quantité de consommation future obtenue en échange de la
consommation présente est élevée. Dans le cadre de l’analyse présentée dans ce chapitre, il existe un biais
en faveur de la consommation future si le taux d’intérêt réel observé dans le pays tend à être plus élevé que le
taux d’intérêt réel mondial.
a. Un flux important d’immigrants signifie que le produit marginal du capital va augmenter à mesure que les
travailleurs entrent dans le pays. Le taux d’intérêt réel sera élevé, et il y aura un biais en faveur de la
consommation future.
b. Relativement au reste du monde, ce pays a accumulé beaucoup de capital. Le produit marginal du capital
est donc faible, si bien qu’il existe un biais en faveur de la consommation présente.
c. Le pays peut aisément démarrer la production dès qu’il le souhaite. Tout dépend alors du prix du pétrole.
Si les prix sont relativement élevés, le pays peut décider d’exploiter le pétrole, de consommer et de prêter
le surplus au reste du monde aujourd’hui. En revanche, si les prix sont faibles aujourd’hui, mais qu’on
anticipe une hausse dans le futur, il peut être plus avantageux de ne pas exploiter dès maintenant les
ressources pétrolières et d’emprunter pour pouvoir consommer. Dans ce dernier cas, il faut toutefois que le
taux d’intérêt réel mondial ne soit pas supérieur à la hausse attendue du prix du baril.
d. Renoncer à consommer dans le présent permet de commencer à exploiter cette ressource, et donc à
obtenir une consommation future plus élevée. Il existe donc un biais en faveur de la consommation future.
e. La rémunération du capital est plus élevée que dans le reste du monde, et le biais est en faveur de la
consommation future.
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