ergonomie, psychologie et travail dans les pays de l`ex-urss

publicité
Référence bibliographique pour citation :
Nosulenko, V., Rabardel, P., (1998) - Ergonomie, psychologie et travail dans les pays de l’ex.
URSS : historique et spécificités du développement, In Des évolutions en ergonomie..
Dessaigne, M.F, Gaillard, I., eds., Toulouse, OCTARES.
ERGONOMIE, PSYCHOLOGIE ET TRAVAIL DANS LES
PAYS DE L'EX-URSS
(HISTORIQUE ET SPECIFICITE DU DEVELOPPEMENT)
Valery NOSULENKO
Institut de Psychologie de l'Académie des Sciences de Russie, Moscou et
Fondation Maison des Sciences de l'Homme
54, Boulevard Raspail, 75006, Paris
Pierre RABARDEL
Université de Paris-8 Saint-Denis, ERX 125 CNRS
2, rue de la Liberté 93526 SAINT - DENIS CEDEX 02
RESUME
Nous allons, dans ce chapitre, présenter un survol d'ensemble de l'état et de l'évolution des
recherches, de l'enseignement et des pratiques dans les domaines de l'ergonomie, de psychologie
du travail et de la psychologie de l'ingénierie en URSS puis en Russie. Elle présente les concepts
essentiels ainsi que les informations sur l'enseignement et la pratique dans ces domaines. Il ne s'agit
pas d'un travail exhaustif, mais d'une première approche issue de l'analyse d'un ensemble de
sources accessibles.
Dans une première partie, nous présenterons un bref historique, puis nous examinerons les
principales approches qui ont pu être identifiées, enfin nous présenterons un bilan en termes
d'organisation de la recherche, de publications, d'enseignement et de pratiques.
HISTORIQUE
Le développement de la psychologie et de l'ergonomie dans l'ex-URSS s'est produit dans un
contexte de fort encadrement par l'état, comme nous allons le voir par un rapide survol historique.
Les frontières des différentes branches et disciplines sont, par ailleurs difficiles à tracer et surtout à
rapprocher de celles que nous connaissons dans l'ergonomie francophone. Nous avons préféré
conserver les intitulés des disciplines telles qu'ils existent en Russie (en les traduisant bien sûr)
plutôt que de risquer des transpositions qui pourraient être abusives.
Les années qui ont suivi la révolution de 1917 sont marquées par une effervescence intellectuelle
et artistique en Union Soviétique. On a assisté à un fort développement de la psychologie marqué
par l'œuvre puissante de Vygotsky qui reste aujourd'hui une source d'inspiration importante pour
l'ergonomie, notamment dans le domaine des Human Computer Interaction. Les années 30 furent
au contraire caractérisées par un "nettoyage idéologique" de la science. En 1936 un décret du
comité central de P.C. sur "Les perversions idéologiques dans le système d'éducation" a eu
comme conséquence l'arrêt du développement puis la quasi disparition de la psychotechnique :
l'application de toutes les méthodes psychotechniques pour la sélection a été interdite. En réalité
l'impact de ce décret a été bien au delà du champ de l’éducation. L'ensemble des recherches dans
les différents domaines de la psychologie appliquée et pratique s'est trouvé mis en cause et
considérablement réduit. Une période de latence s'ouvrait qui allait durer plus de 30 ans.
C'est seulement après la mort de Staline (1953) et le "dégel" de la société soviétique initié par
Khroutchev dans les années 60 qu'un redémarrage est devenu possible. La psychotechnique va
renaître sous l'appellation de "systémotechnique" dans un contexte marqué par l'émergence de la
cybernétique, par la compétition avec les USA et par l'apparition de demandes sociales,
essentiellement issues des ingénieurs, adressées à la psychologie : “que peut la psychologie pour la
conception des grands complexes techniques, des avions, des fusées ?".
Les principaux psychologues de cette période, B.G.Ananiev, A.N.Leontiev et B.M.Teplov ont
chargé B.F.Lomov (un élève de Ananiev) d'examiner comment, au plan théorique, mais aussi
idéologique, la psychologie, pouvait trouver une insertion dans les pratiques sociales. Lomov va
créer, au sein de l'université de Leningrad, le premier laboratoire de psychologie industrielle
d'URSS qui deviendra ensuite le laboratoire de "Psychologie de l'ingénierie".
La psychologie de l'ingénierie est alors apparue en URSS comme porteuse d'une perspective
nouvelle : créer autour de l'homme au travail dans les systèmes techniques complexes, un milieu
psychologiquement adapté, développer des outils de travail qui constituent un élargissement des
mains et des pensées de l'homme. En 1963 Lomov va publier simultanément deux textes décisifs.
Le premier co-signé avec Leontiev [1] est un article qui positionne la nouvelle psychologie de
l'ingénierie dans les débats idéologiques de l'époque. Cet article va rendre l'existence de la
psychologie de l'ingénierie légitime. Le second est un ouvrage de synthèse, "L'homme et la
technique" [2], qui rend compte des travaux des spécialistes occidentaux de la psychologie du
travail, de l'ergonomie et des Human Factors (par exemple, Chapanis, McCormic, Taylor,
Welford, Wiener and Rosenblucth, Backer et autres). Cet ouvrage écrit en langage simple va
devenir un livre de chevet pour les ingénieurs. Il leur présente à la fois les résultats de recherche et
les utilisations pratiques possibles et va les convaincre de la nécessité de prendre en compte le
facteur humain lors de la conception des outils et des systèmes de travail.
Cependant le système de la science restait encore fermé aux sciences humaines jugées trop
"molles". L'ouverture se produira progressivement au début des années 60 lorsqu'un Conseil
scientifique en cybernétique sera créé en tant que département de l'académie des sciences de
l'URSS. Son président A.I.Berg, un académicien, spécialiste mondialement connu en
cybernétique, va créer rapidement une section de psychologie qui sera ainsi la première des
sciences humaines a être reconnue dans le système institutionnel de la science. Les présidents
furent D.A.Ochanine puis A.N.Leontiev et enfin B.F.Lomov. La création de l'Institut de
psychologie de l'Académie des sciences de l'URSS, en décembre 1971, viendra ensuite confirmer
la place nouvelle de la psychologie. Dans le système de la science soviétique, la création d'un
institut au sein de l'Académie des sciences signifiait la reconnaissance officielle par l’État du
domaine scientifique correspondant. Une autre science humaine, la sociologie, devra par exemple
attendre les années 90 pour être institutionnalisée de la même façon par la transformation d'un
institut de recherche sociologique en "Institut de sociologie".
2
L'assemblée générale de l'Académie des sciences va élire B.F.Lomov comme premier directeur
de l'Institut de psychologie. Un de ses premières objectifs sera le développement de la
psychologie de l'ingénierie. Lomov était contre "la théorisation libre" au sens d’indépendante de
toute réalité concrète. Il exigeait que la recherche se base sur les objets réels et les demandes
concrètes de la vie. Son principe général est l'union de la théorie, de l'expérience et de la
pratique. Selon ce principe, d’une part, le traitement des “problèmes appliqués” ou pratiques
(tels qu’ils se manifestent sur le terrain) est la source de données, méthodes et idées nouvelles
pour la psychologie; d’autre part, ces “idées nouvelles” conduisent à des développements au plan
de la théorie; enfin, la mise à l’épreuve de ces conceptualisations théoriques passe par
l’expérimentation. Ainsi, la théorie, l'expérience et la pratique sont intégrées dans un cycle unique
de création des connaissances psychologiques.
Ce cycle a lui même des conséquences au plan de la “pratique” où il permet l’élaboration de
méthodes de résolution des problèmes du terrain ; au plan de la théorie par la reconstruction des
objets théoriques et au plan expérimental par le développement de méthodes et de techniques de
recherche nouvelles. Les chercheurs de l'institut ont été massivement impliqués dans des projets
de technologie avancée tels que la conception des salles de contrôle des centrales électriques, ou
celles des stations orbitales. Les conceptualisations scientifiques ont été développées de façon à
fournir des appuis théoriques pour l'élaboration des systèmes techniques et la résolution des
problèmes pratiques qui faisaient toujours l'objet d'une approche multidisciplinaire qualifiée de
"systémique". Plusieurs équipes travaillant de façon coordonnée sur des aspects aussi divers que la
physiologie, la psychologie, les aspects informatiques ou la modélisation mathématique.
La psychologie de l'ingénierie se définit comme une science à l'intersection des disciplines
biologiques, techniques et anthropotechniques. Pour Lomov elle est à la fois une science
"technique" et une science psychologique [2]. Elle constitue pour l'URSS l'équivalent du domaine
couvert par les différentes disciplines relevant des Human Factors anglo-saxonnes, avec bien
entendu des référents théoriques propres. Dans les années 70 on a cherché à distinguer la
psychologie de l'ingénierie de l'ergonomie : on proposait de considérer la psychologie de
l'ingénierie comme une discipline purement psychologique tandis que l'ergonomie aurait en charge
les problèmes de l'articulation entre les techniques et les facteurs humains. Cette distinction ne sera
finalement pas retenue par la suite.
Pour Lomov [3] l'ergonomie est l'un des "complexes" pluridisciplinaires de la science (au même
titre que les sciences de la gestion par exemple), dont l'objet est l'étude des processus de travail
pour leur amélioration. La psychologie de l'ingénierie, l'hygiène et la sécurité, la psychologie, la
physiologie, la biomécanique, l'esthétique technique font partie du même complexe de la science
avec d'autres disciplines. Ainsi, chacune des sciences conserve son autonomie tout en participant
au “complexe” ergonomie pour la réalisation des tâches concrètes.
D'autres points de vue concernant les rapports de l'ergonomie aux autres sciences ou disciplines
ont également vu le jour :
l'ergonomie comme “technologie” où sont mises en application les données issues des
sciences fondamentales (physiologie, psychologie et autres) . Cette conception débouche
sur l’élaboration de normes et de réglementations basées sur les résultats
“fondamentaux”.;
l'ergonomie c'est l'hygiène du travail dans sa plus large interprétation ;
3
l'ergonomie comme composante de la systémotechnique ;
l'ergonomie c'est la psychologie de l'ingénierie élargie par des données hygiéniques,
anthropométriques et autres (ici, le terme "psychologie de l'ingénierie" est remplacé par le
terme "ergonomie") ;
la psychologie de l'ingénierie est la base théorique (l'une des bases théoriques) de
l'ergonomie.
APPROCHES PRINCIPALES
La structure conceptuelle de la psychologie de l'ingénierie
La psychologie de l'ingénierie soviétique représente, du point de vue théorique, la synthèse des
approches et des méthodes qui s'appuient sur les concepts de la psychologie générale, notamment
sur les concepts d'activité et de reflet psychique (Ananiev [4], Rubinstein [5, 6], Leontiev [7] et
autres), ainsi que sur les résultats des recherches empiriques et des applications pratiques.
L'approche anthropocentrique a été considérée comme la voie générale du développement de la
psychologie de l'ingénierie (Lomov [2]). Dans le cadre de cette approche, nous pouvons
distinguer différents plans d'analyse des systèmes "homme-machine" qui correspondent aux
différents aspects de l'activité de l'homme-opérateur.
La psychologie de l’ingénierie n’est pas un tout homogène. Les auteurs et les courants se
distinguent notamment par les dimensions choisies préférentiellement comme “points d’entrée”. Le
choix des dimensions privilégiées est lui-même dépendant des objectifs scientifiques ou pratiques
des chercheurs ainsi que des champs empiriques sur lesquels ils travaillaient. Ces approches
diffèrent par la centration choisie : point de vue du sujet au travail; processus de contrôle;
répartition des fonction entre l’homme et la machine; assistance informationnelle de l’activité de
l’opérateur. Elles apparaissent donc plutôt complémentaires que contradictoires.
Le terme "approche anthropocentrique" a été proposé par B.F.Lomov en 1975 [3] pour
caractériser le point de vue devant être privilégié à propos de relations entre l'opérateur et le
système technique 1. Cette approche s’oppose à l'approche technocentrique de l'analyse du
système "homme-machine". L’approche anthropocentrique considère les relations entre l'homme
et la machine comme les relations entre "le sujet de travail" et "l'outil (moyen) de travail" .
L'activité finalisée de l'homme constitue donc le processus de base dans le système. L'homme
n'est pas un simple élément du système "homme-machine", mais l'élément fondamental qui
organise le fonctionnement du système, oriente le système pour l'obtention d'un résultat concret,
préalablement fixé par lui-même et qui assure la flexibilité du fonctionnement du système.
L’analyse en termes "d’entrées" et de "sorties" ne suffit pas pour caractériser l'homme : l'étude
psychologique de la structure et des mécanismes de son activité est nécessaire.
L’approche anthropocentrique a été élaborée dans le cadre de la théorie psychologique de
l’activité. Elle vise l’analyse de la structure et de la dynamique de l’activité de l’homme-opérateur
ainsi que l’étude des mécanismes de sa régulation psychique. L’homme est considéré, dans cette
1
Une première esquisse de cette approche avait été présentée pour la première fois en 1963 dans une
communication signée Leontiev, Lomov "L'homme et la technique" lors de la séance plénière au II Congrès de
la société des psychologues de l'URSS [1].
4
approche, comme le sujet du travail, de la cognition et de la communication. L’objet de la
psychologie de l’ingénierie est constitué par la conception de ce que peut être l’activité du sujet en
relation avec le système technique ou industriel en cours de conception. Cette orientation est
identifiée comme le “projet de l’activité de l’homme-opérateur”. Le projet de l’activité n’est
pas réduit à la liste des actions et des prescriptions. Les éléments principaux d’un tel projet
consistent en la description des composantes psychologiques de l’activité de l’homme dans le
système technique futur. Il doit prévoir les différentes versions de réalisations des actions. Il doit
évaluer comment les interfaces proposées assurent une anticipation du comportement du système
par l’opérateur. Le projet de l’activité vise également l’analyse des actions d’opérateur dans le
cadre de l’automatisation du système “homme-machine” : il doit définir le actions qui doivent être
automatisées et les actions pour lesquelles l’automatisation est dangereuse. Dans le projet une
importance particulière est accordée à la définition des “zones” qui nécessitent des initiatives
créatrices dans l’activité. Il doit prévoir la formation chez l’homme des compétences pour planifier
son activité, pour l’auto-contrôle et pour utiliser ses propres réserves, notamment pour créer les
mécanismes spéciaux du comportement dans les situation imprévisibles (incidents). La conception
des moyens techniques (interfaces, systèmes de commande et de communication, etc.) est donc
intégrée à l’élaboration du projet psychologique de l’activité de l’homme-opérateur. Les moyens
techniques ne sont que les moyens d’une activité de l’homme consciente et finalisée [3].
L’approche anthropocentrique constitue le cadre de référence commun aux différents plans
d'analyse de l'activité de l'homme-opérateur. Nous allons maintenant présenter quelques uns de
ces plans de façon plus détaillée.
Le principe de "l'opérateur actif" (Zavalova, Lomov, Ponomarenko [8, 9])
Selon le principe de l'opérateur actif, l'efficacité et la fiabilité du fonctionnement du système
"homme-machine" sont déterminés par le niveau de prédisposition de l'opérateur à une action. A
tout moment il doit disposer des moyens non seulement d'observer mais également d'influencer
l'état des objets placés sous son contrôle. Ce principe permet, par exemple, d’expliquer
l'efficacité élevée des commandes d'avion de type "mixte" (automatisé + manuel). La baisse du
niveau d'activité peut donc être une cause d’erreurs graves, de refus de l'opérateur de continuer le
travail dans les situations de défaillance partielle de la technique, y compris pour des défaillances
pouvant être résolues par l’intervention d'un “opérateur actif”. D’où la nécessité affirmée de
maintenir un état actif de l'opérateur et sa prédisposition à la résolution des tâches motrices
perceptives et cognitives y compris dans des conditions exceptionnelles. Le degré
d’automatisation doit garantir le contrôle ininterrompu du processus de commande en fonction des
informations préparées par les automates. En même temps, certains opérations de commande
doivent être exécutées directement par l’opérateur. Ce principe a été pârticulièrement développé
dans le domaine de l’aviation.
La notion de "modèle informationnel" (Zintchenko, Panov [10])
Le modèle informationnel est un objet spécialisé de perception et d'action qui comprend (sous
forme codée) les informations sur l'état du système de contrôle et sur son environnement. C’est un
moyen externe de l'activité, médiateur entre l'homme et la technique dans les systèmes automatisés
de contrôle. L’opérateur élabore et fait fonctionner un moyen interne sur la base de ce moyen
externe : "le modèle conceptuel et d'image". Le niveau d’adéquation du modèle informationnel aux
objectifs de l'activité et à la situation constituent des caractéristiques importantes. Les exigences les
5
plus importantes pour le modèle informationnel sont : la pertinence (ne représenter dans le modèle
que les objets pertinents du système de contrôle), la représentation (codage) concrète des
informations, l'efficacité (rapidité, infaillibilité, etc.) de son utilisation par l'opérateur.
La notion "d’image opérative" (Oshanin [11])
L'image opérative est considérée comme un ensemble psychique, où sont concentrées et
organisées les informations sur l'objet pertinentes du point de vue fonctionnel. Elle se forme lors
d'une action concrète et contribue à son exécution efficace. Elle s'adapte aux conditions de
l'activité et assure ainsi la flexibilité des processus de contrôle. L'activité réelle est assistée par le
système des images opératives où chaque image particulière a sa propre charge fonctionnelle.
A travers les images opératives se réalise le développement du "modèle conceptuel" (Welford
[18]) ou de l'image “gnoséologique” de l'objet. Le modèle conceptuel est caractérisé par son
exhaustivité et par son indépendance vis à vis des conditions concrètes d'activité alors que l'image
opérative ne concerne que les conditions de la tâche concrète. Elle est adéquate à cette tâche et
de ce fait "laconique" : elle ne concerne que les particularités de l'objet qui peuvent être utilisées
dans la situation. C’est la raison des déformations fonctionnelles de l'image opérative : l'objet est
représenté de façon déformée en accentuant plus particulièrement ses caractéristiques les plus
pertinentes dans les conditions de l'action concrète.
Le modèle "feuilleté-étagé" du processus de traitement d'information (Rubakhin [12])
Le modèle ”feuilleté-étagé” décrit le processus de perception des modèles informationnels
primaires (photographies aériennes, schémas, radiographies, etc.). Le traitement des informations
par l'homme-opérateur est interprété en termes de résolution des tâches perceptives de
reconnaissance (détection des objets sur le fond, différenciation des objets similaires, correction
des altérations des objets, reconnaissance des objets sur la base de leurs éléments, dépassement
des illusions, etc.). Ce traitement inclut :
L'analyse "par couche" des images : à partir des éléments de grande dimension vers les
éléments de petite dimension.
Le traitement des informations dans les limites d'une couche qui constitue une "étape" de
traitement.
La formation des images intermédiaires aux sorties des couches.
L'intégration des images intermédiaires.
Le concept de "la structure d'activité" (Zintchenko, Zarakovsky [13])
Ce concept applique les principes de la théorie psychologique de l'activité (Leontiev [7]) à
l'analyse des systèmes homme-machine. L'activité de l'homme-opérateur est considérée comme
produisant des transformations informationnelles et/ou énergétiques de l'état de l'objet initial du
travail en un état cible : le but. La réalisation de ces transformations peut être directe ou
médiatisée, notamment, par une machine. L'objet du travail, son environnement deviennent des
sources d'informations nécessaires pour le fonctionnement finalisé du système homme-machine. Le
but se forme sur la base des motifs, des besoins, des attitudes et de l'expérience passée (propres
ou venant des autres), des émotions, des images. Il est stocké dans la mémoire pour l'action. On
distingue 3 types de traitement des informations par l'opérateur lors de son activité :
6
La liaison associative directe entre les éléments perçus et leurs représentations.
La transformation pas à pas selon des algorithmes et des indices connus.
Les décisions originales basées sur des mises en relation nouvelles d’indices qui ne
l’étaient pas auparavant.
L'objectif principal de l'analyse psychologique de l'activité d'un opérateur consiste à étudier la
structure du processus du travail, ses orientations du point de vue des motifs et des buts ainsi que
de l'état psychologique de l'opérateur. L'analyse de l'activité peut être réalisée à deux niveaux :
pragmatique (systémique) et opérationnel-psychologique. La structure d'action est décrite à
travers l'organisation des opérations qui la compose.
Le concept de la "synthèse structurelle-psychologique et d'adaptation des moyens
technique à l’activité des opérateurs" (Venda [14])
Il s'agit de principes de conception et d'organisation des systèmes homme-machine et d'adaptation
des moyens techniques (systèmes complexes de représentation des informations) à l'activité des
opérateurs. Ces principes essentiels peuvent être résumés ainsi :
Une diversité de stratégies de résolution des tâches de contrôle doit être possible.
Les stratégies utilisées sont statistiquement déterminées par la structure du système
technique.
Le concept décrit les correspondances concrètes entre les possibilités présentées par la structure
du système technique et les possibilités propres aux opérateurs (en relation avec les facteurs
psychologiques de complexité de l'activité). Ce type d’analyse a pour ambition de déterminer les
caractéristiques optimales du système homme-machine. Le concept vise le projet d’un système
adapté (“intelligence hybride”) où l’homme est le sujet central ; les composantes de la machine ne
sont que les moyens de son travail. Le travail de l’homme avec le système informatisé est
considéré comme un dialogue caché entre l’homme-opérateur et les concepteurs du système qui
ont implémenté les connaissances dans les logiciels et dans les interfaces. Contrairement aux
exigences techniques des ingénieurs pour la conception d’une intelligence artificielle, ce concept
s’appuie sur les exigences psychologiques pour la conception des systèmes “d’intelligence
hybride” conçus pour perfectionner et optimiser le travail de l’opérteur.
La méthode de "modélisation et de synthèse par étapes des systèmes biotechniques et
ergatiques" (Akhutin [15])
La méthode décrit le processus de “mise en concordance” de l'homme-opérateur avec le système
technique. Ce processus comprend plusieurs étapes :
La “mise en concordance” des caractéristiques de l'objet du contrôle avec des
capacités de l'homme-opérateur.
La “mise en concordance” des flux informationnels du système technique avec les
capacités de traitement des informations de l'opérateur.
L'élaboration du portrait psychophysiologique de "l'opérateur optimal". La comparaison,
sur un simulateur, du portrait de "l'opérateur optimal" avec le portrait d'un opérateur
7
réel. L'élaboration des recommandations sur l'organisation d'un filtre - transformateur
logique permettant de mettre en “concordance” les caractéristiques de l'opérateur et de
la machine.
Modélisation du système avec opérateur réel.
Correction de la structure du système et des caractéristiques techniques de ces
éléments.
Elaboration de recommandations pour la sélection, la formation et l'entraînement des
opérateurs en fonction du système.
Une analyse détaillée de différentes approches et principes d’analyse des systèmes complexes
“homme-machine” et bien présentée dans un livre récent de Golikov et Kostin [16]. Les auteurs
développent une méthodologie d’analyse qui prend en compte les particularités de la technique
lors de sa conception. Cette méthodologie est basée sur la répartition de la responsabilité entre
le concepteur et l’opérateur. De ce point de vue, l’analyse doit définir le rôle que les concepteurs
laissent à l’opérateur et le caractère de la répartition des responsabilités pour le fonctionnement et
la fiabilité du système entre eux. Chaque approche particulière représente alors une description
des relations dans une triade “concepteur – technique – opérateur” ou dans une triade “sujet –
objet – sujet”.
Dans l’approche machinocentrique cette triade est réduite à l’étude d’une seule composante :
technique. La priorité des concepteurs est aux modes automatisés : ils possèdent des moyens
techniques pour assurer la fiabilité du système. Ainsi les concepteurs jouent, par le biais
d’automatisation, le rôle dominant dans le système et toute responsabilité pour la fiabilité du
système doit être prise par les concepteurs.
Dans une perspective anthropocentrique, l’homme-opérateur est toujours au centre du système.
L’objet technique est alors un outil de travail pour l’homme ; c’est un moyen qui est introduit dans
l’activité de l’homme. De ce point de vue, l’approche anthropocentrique n’a que deux
composantes : sujet et objet. Cette approche vise l’analyse de la dyade “opérateur – technique”.
L’approche anthropocentrique est notamment nécessaire quand il est impossible d’obtenir la
fiabilité demandée par des moyens d’automatisation. C’est l’opérateur qui doit exécuter le
passage entre les modes de commande automatisée et les modes de commande manuel dans les
situations de défaillance technique. L’opérateur devient le responsable principal pour la fiabilité du
système.
Les auteurs proposent une nouvelle approche pour l’automatisation où les concepteurs et les
opérateurs ont en alternance un rôle dominant dans le contrôle du système. Ils doivent porter la
même responsabilité et avoir la même pertinence pour assurer la fiabilité de contrôle et de
commande de la machine. Dans cette perspective, les relations entre les concepteurs et les
opérateurs ont considérées comme des relations d’interaction avec des apports égaux, comme
interaction de complémentarité et comme assistance mutuelle. L’objet de cette approche est donc
d’analyser tous éléments de la triade “concepteur – technique – opérateur”. Elle vise le problème
de répartition des fonctions entre l’homme et l’automate dans les systèmes complexes. Elle exige
des concepteurs l’élaboration d’un projet de l’activité de l’opérateur. Ce projet doit être basée
sur la psychologie de l’ingénierie : une participation des spécialistes en ergonomie, en psychologie
de l’ingénierie et en psychologie du travail parmi les concepteurs doit être envisagée.
8
Applications
L’approche anthropocentrique représente aujourd’hui la base scientifique principale pour la
plupart des recherches dans les domaines de la psychologie de l’ingénierie et d’ergonomie en
Russie. Mais dans le domaine d’application, le développement des différentes approches n’est
pas équivalent. Parmi les concepteurs, l’approche technocentrique est encore très présente. Dans
le domaine spatial, par exemple, cette approche s’est manifestée dans une priorité des modes de
contrôle automatisé aux modes semi-automatisés ou manuels [16]. On considérait ces dernièrs
comme des modes de réserve et toutes les situations nominales devaient être contrôlées par un
système automatisé. Cela a conduit à plusieurs incidents lors des vols spatiaux, notamment dans
les situations d’arrimage où l’équipage n’était pas prêt aux actions imprévues : le passage d’un
mode automatisé (réglementé) vers un mode de réserve. L’équipage n’était pas prêt
psychologiquement à un tel passage du fait du comportement passif qui lui était imposé lors du vol
automatisé.
La plus large application pratique de l’approche anthropocentrique concerne le principe de
"l'opérateur actif". Dans le domaine d’aviation, ce principe a permis d'élaborer des
recommandations pratiques concrètes pour les projets concernant l'activité de l'opérateur, ainsi
que les instruments, les organes de commande et le milieu informationnel dans son ensemble.
Nous pouvons mentionner, par exemple, le système automatisé pour l'analyse du niveau de
conscience de l'homme lors de la réalisation des manœuvres complexes d'avion de combat réalisé à
l'Institut de Médecine Aérospatial. Ce système empêche le pilote de perdre conscience en le
prévenant à l’avance. Si le pilote ne réagit pas à cette information, le système prend le contrôle de
l'avion pour le sortir de la situation dangereuse en le ramenant vers le vol horizontal. Ce système a
été élaboré sur la base de recherches expérimentales, notamment sur les résultats qui concernent
la répartition des informations instrumentales et non-instrumentales dans une image psychique.
La même approche a permis l'élaboration du système automatisé "PROSTOR" conçu pour la
formation de l'orientation spatiale et des actions mentales optimales lors de l'évaluation des
situations de vol et de prise de décision. Le système utilise un ensemble d’exercices pour la
création de représentations concrètes de l'avion lors de la réalisation de vols complexes. Les
informations sont présentées, lors de formation des pilotes sur simulateur, en utilisant le principe de
la "vue du côté", de façon à leur permettre de créer une image de vol complète. Le système a été
testé avec succès lors de formation des pilotes pour les compétitions sportives mondiales, dans les
écoles de vol lors de formation des élèves-officiers, dans les programmes de perfectionnement
des compétences des pilotes professionnels.
Nous ne pouvons, au delà de cet exemple, présenter le détail des résultats des travaux réalisés,
pour l’essentiel dans le cadre des programmes de conception grands systèmes techniques.
Ces travaux ont permis, durant la période 1975-1985, l’élaboration et l’adoption de plus que 25
standards d’État en ce qui concerne les exigences ergonomiques de conception des systèmes
"homme-machine". La plupart de ces standards concerne les tableaux de bords, les systèmes de
codage des signaux, l'organisation des salles de commande, les instruments, etc.
9
Plus de 100 ouvrages de recommandations ergonomiques pour la conception des postes et
environnements de travail ainsi que pour leur évaluation ergonomique ont été publiés.
Plus de 150 brevets de niveau nationaux et internationaux ont été enregistrés. Ils concernent les
simulateurs, les imitateurs et les dispositifs d'évaluation des performances des opérateurs de
différents systèmes "homme-machine" : centrales électriques, transport, aéronautique, etc.
ORGANISATION DE RECHERCHES ET DU TRAITEMENT DES DEMANDES DU
TERRAIN
Nous évoquerons d’abord la structure générale de la recherche dans l’ancienne URSS et ses
évolutions actuelles.
Trois types de structures d'organisation de la science existent dans l'ex-URSS.
Premièrement la recherche académique, concentrée dans les instituts de l'Académie des
sciences de l'URSS et des Académies des diverses républiques.
Ensuite, “la recherche industrielle et "ministérielle" (moins connue en occident) qui
était parfois mieux équipée et plus riche en personnel que la science académique. Deux
types de rattachement existent en même temps pour certains instituts de recherche :
rattachement à l'Académie des sciences et à un ministère ou un département de l'industrie
(Institut de recherches nucléaires, par exemple).
Enfin, la recherche universitaire, qui était toujours moins payée et moins équipée.
Les facteurs qui jouent un rôle primordial dans le développement actuel de la science en Russie et
dans les autres pays qui composaient l'URSS sont à notre avis les suivants :
1. Réduction global du financement des recherches. par l’État
2. Ambition des structures anciennes de gestion de la science de garder leur statut et leur
influence sur la distribution des finances et des ressources publiques affectées au
développement de la science.
3. Accroissement de l'indépendance économique des sociétés, des entreprises et des
individus dans tous les domaines.
L'effet le plus négatif du premier facteur concerne plutôt la science académique et industrielle. Le
système de gestion de la science n'a pas changé dans son principe, par conséquent le poids de
réduction du financement est renforcé par l'effet du deuxième facteur.
Cet aperçu d’ensemble va nous permettre de comprendre l’organisation de la recherche dans le
champ du travail.
L'Institut de psychologie qui comprend plus de 240 personnes dont 140 chercheurs fut créé au
sein de l'Académie des sciences de l'URSS en 1971. Il comprenait 12 laboratoires
multidisciplinaires dont 4 concernaient le travail et l'ingénierie. Il avait trois fonctions principales :
l'élaboration et la conduite du programme de recherche, les relations avec les entreprises qui
pouvaient faire appel à l'institut pour la résolution des problèmes du terrain, le développement de
laboratoires de recherche et de chaires universitaires dans différentes institutions.
10
Au total, à la fin des années 1990 on compte plus de 80 unités de recherche en psychologie du
travail, ergonomie et psychologie de l'ingénierie. Plus de 1000 personnes y travaillent. Ces chiffres
ne comprennent pas les unités organisées directement auprès des entreprises du complexe
militaro-industriel.
La coordination des recherches dans le domaine de la psychologie de l'ingénierie et de la
psychologie du travail était réalisée au sein du programme de l'Académie des sciences de l'URSS
et l'Institut de psychologie en était, dans ce domaine, le responsable principal. Le programme
définissait les principaux axes de recherches, les coordinations entre organismes et les
perspectives pour la formation des spécialistes de haut niveau.
Pour l'ergonomie, la coordination était assurée dans le cadre du "Conseil d'assistance économique
mutuelle" qui liait les pays de l'ex bloc soviétique : URSS, Bulgarie, Hongrie, R.D.A., Pologne,
Roumanie, Tchécoslovaquie au travers de programmes de coopérations pluriannuels (1976-1980,
1981-1985, 1986-1990). Ces programmes aboutissaient à la définition de normes et de standards
communs, à des recommandations et à la publication d'ouvrages à caractère scientifique ou
pratique.
Jusqu'au milieu des années 1980, la résolution des problèmes de terrain passait par la coopération
entre institutions définie dans le cadre du plan : les entreprises ou les ministères et autres
collectivités publiques étant ainsi liées aux institutions de recherche. Autour des années 1990 on
assiste à une libéralisation des contacts au sens où les entreprises et les laboratoires vont pouvoir
passer des contrats directement et indépendamment du plan. Le système gagne à ce moment
beaucoup en souplesse. Enfin, la dernière période est caractérisée par une disparition du
financement publique des institutions de recherche et une désorganisation générale de la
recherche. Une partie des laboratoires va chercher à se privatiser pour se transformer en centre de
recherches privés et en cabinets de consultants démarchant directement les entreprises
susceptibles d'être solvables. Il existe actuellement des dizaines de structures de ce type dont il est
très difficile de connaître le poids et l'opérationnalité réelle.
PUBLICATIONS
Les publications en psychologie de l'ingénierie, ergonomie et psychologie du travail se
trouvent essentiellement dans 3 revues : "Questions de psychologie", "Revue de psychologie" et
"Esthétique technique". On trouve également des publications dans beaucoup de revues
spécialisées : par exemple, dans "L'automatique et la télé mécanique", "La technique de
précision", "La physiologie du travail", "Les standards et la qualité", "La biologie et la médecine
spatiale", "La médecine et l'aviation spatiale", "L'aviation et l'astronautique", "Construction de
navires", etc.. D’autre part, une partie importante des publications est constituée d’ouvrages, actes
des congrès, manuels et recommandations pratiques.
Le tableau 1 permet d'analyser la répartition des documents selon leur type. Nous avons
regroupé les documents de la façon suivante :
Ouvrage (regroupement des ouvrages à orientation pratique.) ;
Thèse (regroupement de toutes les thèses soutenues dans les spécialités "psychologie de
l'ingénierie et psychologie du travail) ;
11
Théorie (regroupement des ouvrages, articles et autres documents à caractère théorique
de la psychologie de l'ingénierie, psychologie du travail et l'ergonomie) ;
Méthodes (regroupement des documents visant la présentation des méthodes de
recherche, de diagnostic des états du système, de correction des états fonctionnels, etc.) ;
Opérateur (regroupement des documents concernant les recherches expérimentales et
appliquées sur le comportement de l'homme-opérateur dans les systèmes "hommemachine") ;
Sélection (regroupement des documents concernant les problèmes de sélection,
formation et orientation professionnelle des spécialistes).
Brevet (regroupement des brevets).
Tableau 1. La distribution des documents par type.
ouvrage
232
thèse
218
théorie
208
méthode
352
sélection
221
brevet
166
opérateur
421
ENSEIGNEMENT ET FORMATION
L'enseignement des disciplines liées à la psychologie de l'ingénierie, l'ergonomie et la psychologie
du travail en l'ex-URSS concerne plutôt le système universitaire. La première chaire de
psychologie de l'ingénierie et de psychologie du travail a été créée à l'Université de Leningrad en
1966. Ensuite d’autres chaires ont vu le jour dans la plupart des grandes universités du pays : à
l'Université de Moscou, à l'Université de Kiev, à l'Université de Tbilissi, à l'Université de Yaroslavl
etc. En outre, des facultés et des chaires de formation complémentaire en psychologie de
l'ingénierie et psychologie du travail ont été ouvertes pour la formation des “spécialistes”
(notamment pour les ingénieurs) : à l'Université de Leningrad, à l'Institut électrotechnique de
Leningrad, à l'Université de Vilnus, à l'Université de Saratov, à l'Université de Tachkent, à
l'Université de Kharkov, à l'Université de Krasnoyarsk, à l'Institut de Radiotechnique,
d'électronique et d'automatique de Moscou etc.
La formation des spécialistes de haut niveau est certifiée en deux étapes : Conseil Scientifique
Spécialisé ; Commission Supérieure d'Attestation d’État. Le Conseil Scientifique Spécialisé a le
droit de définir le thème de recherche pour la thèse et sa spécialité. La Commission Supérieure
d'Attestation d’État coordonne l'activité des Conseils Scientifiques Spécialisés, réalise l'expertise
des thèses et décide de là nomination au grade de doctorat.
Les thèses concernant les domaines de la psychologie de l'ingénierie, de l'ergonomie et de
la psychologie du travail pouvaient être soutenues dans le cadre de la spécialité "Psychologie du
travail ; psychologie de l'ingénierie". La spécialité "Ergonomie" a été organisée en 1984 dans le
cadre des sciences techniques "Construction des machines, étude des machines". Cependant, les
Conseils Scientifiques Spécialisés pour la soutenance de thèses non confidentielles en cette
spécialité n'étaient pas créés (ou ne fonctionnaient pas). En 1989 deux Conseils Scientifiques
Spécialisés ont été organisés à l'Institut Électrotechnique de Leningrad (sciences techniques) et un
Conseil au Bureau de conception en cybernétique biologique et médicale de Leningrad. En 1991,
un Conseil Scientifique Spécialisé a été créé à l'Institut de recherches sur l'esthétique technique.
Les cycles d'études préparant à la soutenance de la thèse dans la spécialité "Psychologie du
travail ; psychologie de l'ingénierie" existaient à l'Institut de Psychologie de l'Académie des
Sciences de l'URSS, dans les Universités de Moscou, de Leningrad, de Kiev, de Tbilissi, de
12
Yaroslavl et à l'Institut de psychologie de Kiev. La préparation à la soutenance de la thèse dans la
spécialité "Ergonomie" était organisée à l'Institut de recherches sur l'esthétique technique 2.
CONCLUSION
La naissance et le développement des disciplines traitant de l’homme au travail ont été marquées
par les conditions spécifiques de la politique intérieure et extérieure soviétique. À l’euphorie et la
créativité initiale a succédé une longue stagnation durant la période stalinienne. Les années
soixante furent marquées par un redémarrage sous la triple influence du dégel politique intérieur,
de la compétition avec les États-Unis et de l’émergence d’une demande sociale, pour l’essentiel
en relation avec les grands projets industriels, spatiaux ou militaires. Des années 60 aux années
90, ces sciences ont connu un fort développement dans le cadre commun des théories de
l’activité. Depuis la disparition de l’URSS et de l’économie dirigée, on assiste à un effondrement
de l’organisation de la recherche et à la quasi disparition des travaux dans certains domaines. La
privatisation des structures et leur orientation vers la recherche de clients solvables constituera-telle une alternative possible? On peut en douter, mais on peut espérer, qu’après la phase actuelle
de quasi implosion d’une partie de la recherche, de nouvelles formes d’organisation émergeront
qui permettront de poursuivre l’oeuvre accomplie.
Car, au plan des acquis, la moisson est très importante : de multiples courants de recherche
empiriques, théoriques et méthodologiques se sont développés dont nous ignorons parfois
jusqu’aux concepts de base. Or, si les théories de l’activité constituent un des fondements de
l’ergonomie et une des sources de son renouvellement au plan international, elles ont une
importance toute particulière pour l’ergonomie francophone qui place l’activité de travail au coeur
de sa démarche. C’est pourquoi, nous allons faire en sorte que l’essentiel des résultats des
recherches développées dans l’ex URSS puisse bientôt être accessible en France... et en français.
2
On trouvera en annexe des exemples de titres de thèses.
13
RÉFÉRENCES
[1] LEONTIEV (A.N.), LOMOV (B.F.), Tchelovek i technika (L'homme et la technique).
"Voprosy psykhologii (Problèmes de psychologie)", 1963, 5, p.29-37.
[2] LOMOV (B.F.), Tchelovek i technika (L'homme et la technique). Université de Leningrad,
1963.
[3] LOMOV (B.F.), Sistemnyj podkhod v injenernoj psychologii (L'approche systémique de
la psychologie de l'ingénierie). "Studia psychologica", 1975, 17(2), p.86-93.
[4] ANANIEV (B.G.), Psikhologia tchuvstvennogo poznania (La psychologie de la
cognition sensible), Edition de l'Académie des Sciences pédagogiques, Moscou, 1960.
[5] RUBINSHTEIN (S.L.), Osnovy obschej psykologii (Fondements de psychologie
générale) Gosutchpedgiz, Moscou, 1946.
[6] RUBINSHTEIN (S.L.), Bytiye i soznanie (L'être et la conscience), Académie des sciences
de l'URSS, Moscou, 1957.
[7] LEONTIEV (A.N.), Deyatelnost, soznanie, litchnost (Activité, conscience, personnalité),
Politizdat, Moscou, 1975.
[8] ZAVALOVA (N.D.), LOMOV (B.F.), PONOMARENKO (V.A.), Printcip activnogo
operatora i rspredelenie funktcii mezdu tchelovekom i avtomatom (Le principe de
l'opérateur actif et la repartition des fonctions entre l'homme et l'automate), "Voprosy
psykhologii (Problèmes de psychologie)", 1971, 3, p.3-12.
[9] ZAVALOVA (N.D.), LOMOV (B.F.), PONOMARENKO (V.A.), Obraz v sisteme
psichitcheskoj regulyatcii deyatelnosti (L'image dans le système de régulation psychique de
l'activité), Nauka, Moscou, 1986.
Le résumé de ce livre est a été présenté dans : L'image dans le système de régulation mentale
de l'activité. Par N.D.Zavalova, B.F.Lomov, V.A.Ponomarenko. "Le Travail humain", 52(1),
1989, p.75-84.
[10] ZINTCHENKO (V.P.), PANOV (D.Yu.),. Uzlovye problemy injenernoj psychologii
(Les problèmes cruciaux de la psychologie de l'ingénierie), "Voprosy psykhologii (Problèmes
de psychologie)", 1962, 5, p.15-30.
[11] OSHANINE (D.A.), The operative image of a controlled object in Man-automatic
machine system, "Congrès international de psychologie, Symposium 27", Moscou, 1966, p.4857.
[12] RUBAKHIN (V.F.), Psikhologitcheskie osnovy obrabotki pervitchnoi informatcii
(Bases psychologiques de traitement des informations primaires), Nauka, Leningrad, 1974.
14
[13] ZINTCHENKO (V.P.), ZARAKOVSKY (G.M.), Analiz deyatelnosti operatora
(L'analyse de l'activité d'opérateur), "Ergonomika. Proncipy i rekomendatcii (Ergonomique.
Principes et recommendations)", 1970, 1.
[14] VENDA (V.F.), Injenernaya psychologiya i sintez sistem otobrajeniya informatcii (La
psyhologie de l'ingénierie et la synthèse des systèmes de représentation des informations),
Nauka, Moscou, 1975.
[15] AKHUTIN (V.M.), Poetapnoye modelirovaniye i sintez adaptivnykh
biotekhnitcheskikh i ergatitcheskikh sistem (La modélisation et la synthèse par étapes des
systèmes biotechniques et ergatiques). "Injenernaya psychologiya (La psychologie de
l'ingénierie)", Nauka, Moscou, 1977, p.149-180.
[16] GOLIKOV (Yu.Ya.), KOSTIN (A.N.), Psikhologiya avtomatizatcii uprvleniya
tekhnikoj (La psychologie d’automatisation du contrôle de la technique), Institut de
pasychologie de l’Académie des sciences de Russie, Moscou, 1996.
15
ANNEXE : Exemples de sujets de thèses :
Zilberman P.B. (1970) Résistance émotionnelle des opérateurs.
Agavelyan V.S. (1975) Etude des mécanismes psychologiques d'activité de poursuite
compensatoire.
Ambartsoumyan S.V. (1975) Etude des paramètres principaux et caractérisation de la fiabilité
professionnelle du conducteur.
Aseev V.G. (1973) Le problème de monotonie au travail industriel et les perspectives
psychophysiologiques de sa solution.
Babitskaye S.I. (1975) L'évaluation intégrale des produits industriels du point de vue de la
psychologie du travail et de la psychologie de l'ingénierie (l'analyse ergonomique).
Galygin V.F. (1977) La barrière psychologique et l'adaptation dans les systèmes de contrôle
automatisés.
Zazykin V.G. (1977) Etude des erreurs de l'homme-opérateur dans la tâche de poursuite
compensatoire.
Demidov S.R. (1980) Etude des propriétés psychiques de l'activité du pilote.
Nosenko E.L. (1981) La spécificité de manifestation dans la parole de l'état de la tension
émotionnelle.
Smirnov V.P. (1981) Méthode automatisée d'enregistrement des mouvement oculaires d'un
opérateur-observateur du dispositif optique.
Igonin D.A. (1982) Etude le la mémorisation des grands ensembles des graphèmes.
Levitsky V.N. (1982) Interdépendance des caractéristiques de personnalité de l'opérateur de
bord et des performances de son activité.
Marischuk V.L. (1982) Les bases psychologiques de la formation des qualités professionnelles
importantes.
Rebrik S.B. (1982) Les régulations sensori-motrices de l'action exécutive.
Slivitsky Yu.O. (1982) Mécanisme de contrôle courant dans la structure d'une action exécutive.
Smirnov M.V. (1982) Etude des particularités de réalisation du feed-back lors de résolution des
tâches opératives par l'homme.
Nikolaenko M.G. (1983) L'analyse psychophysiologique d'autorégulation basée sur les modèles
d'activité psychomotrice.
Pulkin B.V. (1983) Les modèles mathématiques des systèmes "homme-machne" adaptatifs.
Semenov V.G. (1983) Particularités psychologiques des pilotes qui influencent la réussite de
formation sur simulateurs.
Baranov P.B. (1984) Etude expérimentale des processus du contrôle réflexif du système "homme
– automate".
Zorina S.S. (1984) Adaptation individuelle des informations visuelles aux hommes victimes des
anomalies complexes de la vision.
Anisimova T.V. (1985) Les particularité psychologique des interactions professionnelles.
Kavetskyi I.T. (1985) Etude de la formation des acquis d'attention lors de la préparation des
opérateurs.
Kelendjeridze M.B. (1985) L'analyse fonctionnelle - ergonomique du système "homme-machine"
(sur l'exemple de l'industrie mécanique de Géorgie).
Rivera F.O. (1985) Les aspects psychologiques de sélection des responsables des équipes de
production à Cuba.
Zakharova L.I. (1985) Les états psychiques des pompiers dans les situations extrêmes d'activité.
Israelyan A.A. (1986) Prophylaxie de la fatigue visuelle et rétablissement des performances des
opérateurs-microscopistes avec la méthode auto-ophtalmotraining.
16
Kirukin E.V. (1986) L'analyse psychologique de l'activité des machinistes des machines de
coupes de bois pour la sélection professionnelle et la formation.
Lodkina E.V. (1987) Les aspects de la psychologie de l'ingénierie dans la préparation des
opérateurs dans les conditions du travail dans une entreprise.
Poltavuev V.P. (1987) Méthodes et algorithmes de reconnaissance des signaux de contrôle de
l'état des opérateurs dans les systèmes du contrôle automatisés.
Reshetina S.Yu. (1987) Approche de la psychologie de l'ingénierie pour le suivi des processus de
résolution des problèmes informationnels de dialogue dans les systèmes de contrôle automatisés.
Sergeev S.F. (1987) Le projet basé sur la psychologie d'ingénierie d'un système de préparation
professionnel des opérateurs des systèmes de poursuite travaillant dans les conditions extrêmes.
Lutchko L.N. (1988) Les aspects psychologiques du téléguidage dans les systèmes de contrôle
automatisés.
Mkrtytchan G.A. (1988) Les transformations directes et inversées des stratégies de résolution des
tâches opératives.
Nesterov V.M. (1988) Les aspects psychologiques de l'usage de training autogène dans les
conditions de travail dans une entreprise.
Svirko V.A. (1988) Particularités psychologiques de compréhension des images photo des objets
techniques.
Rodina O.I. (1989) La dynamique des manifestations émotionnelles et personnelles de fatigue
chronique.
Gabdreev P.V. (1990) Les réserves psychologiques de la formation des ingénieurs.
Korablina E.P. (1990) La formation de la prédisposition psychologique à une activité d'ingénieur
chez l'étudiant de l'école supérieure.
Natalina I.N. (1990) Différences individuelles dans la formation de la structure d'activité des
opérateurs - technologues.
Patchkovsky Yu.F. (1990) Etude des particularités des interactions professionnelles - d'affaire
dans les équipes de travail.
Andreev V.N. (1991) Les aspects psychologiques de représentations des informations sur l'écran
d'un système d'apprentissage automatisé.
Baklitsky I.A. (1991) L'état de tension psychologique du contrôleur des postes de télévision
couleurs.
Leontieva I.G. (1991) La structure psychologique des travailleurs dans les conditions du contrôle
de qualité différentes.
Groshev I.V. (1995) Etude des particularités de la création de l'image psychique d'une situation
imprévue lors de formation des opérateurs pour les systèmes automatisés.
17
Téléchargement