PERSPECTIVE DE JUIN AU 31 MAI 2002 PAGE 5
Si l’indice Mc Donald est une indication quel-
conque, l’amorce de remontée du dollar canadien
pourrait avoir encore pas mal de chemin à
parcourir. Le tableau 1 montre que, malgré sa
remontée récente, le dollar canadien est toujours
27 % en dessous de son niveau de négociation
par rapport au dollar américain de 1991, et bien
en dessous du niveau moyen de 76 cents qui
prévalait depuis 1980.
Au-delà de la standardisation économique
Il est certain que l’enquête du magazine « The
Economist » est simplement une tentative
goguenarde d’évaluation du principe économique
classique de « la loi du prix unique ». Ce
principe veut que les prix dans un pays ne puis-
sent pas s’éloigner de trop des prix d’un même
article dans un autre pays. En pratique, des diver-
gences de prix existent bien évidemment, et
quelquefois perdurent sur plusieurs années. Ceci
est particulièrement vrai pour des produits
locaux, comme le hambourgeois, qui ne font pas
l’objet d’un commerce inter-frontalier intense.
Il est tout de même intéressant de noter que cette
enquête simpliste du magazine « The Economist »
a souvent correspondu de près à d’autres
enquêtes plus sérieuses sur la parité du pouvoir
d’achat ayant essayé de comparer le pouvoir
d’achat de différentes devises en fonction d’un
panier important de marchandises et de services.
Pour obtenir une image plus fidèle des niveaux
de prix relatifs d’un pays à un autre, nous utilisons
une méthode développée par le Fonds moné-
taire international. Selon cette méthode, nous
obtenons une évaluation de la parité de pouvoir
d’achat à un taux de change de 80 cents pour un
dollar américain.
Chose intéressante, ce niveau est près de celui de
l’estimation faite par « The Economist », et laisse
à penser que le dollar canadien est toujours
sous-évalué de 18 %. Cette évaluation se fonde
sur la comparaison des indices des prix à la
consommation des deux pays sur leurs moyennes
à long terme. Elle se fonde également sur
l’hypothèse que sur de longues périodes, disons
20 ans, les marchés arrivent à un taux de change
à peu près correct en termes de nivellement des
prix inter-frontaliers.
Selon cette analyse, comme le montre le tableau 2,
la valeur intrinsèque du dollar canadien (du
moins en termes de pouvoir d’achat relatif) a
progressé depuis 1991. Ceci en raison du fait que
l’inflation au Canada a été inférieure à celle des
États-Unis depuis cette date. Ce qui fait suite à
une période (les années 80) au cours de laquelle
la valeur intrinsèque du dollar canadien s’est
écroulée, parce que l’inflation était beaucoup
plus élevée au Canada qu’aux États-Unis.
De toute évidence, les marchés des changes
internationaux ont accordé peu de crédit au
Canada pour l’amélioration de ses données
fondamentales au cours de la dernière décennie,
car le taux de change réel à continué à baisser.
(L’écart du taux de change réel par rapport au
niveau suggéré par la parité de pouvoir d’achat
est indiqué sur le tableau 3.) Ayez pitié des
Jusqu'où ira le dollar canadien ? (suite)
LE MONDE SELON BILL STERLING