Notes Colloque sur le dollar

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Notes Colloque sur le dollar
Bonjour, au nom de la FTQ, il me fait extrêmement plaisir d’être ici aujourd’hui. J’aimerais tout
d’abord remercier l’Institut de recherche en économie contemporaine et son directeur Robert
Laplante pour l’initiative de tenir un colloque sur cette question.
À ma connaissance, il s’agit du premier forum public sur un enjeu d’une importance névralgique
pour l’industrie et les emplois au Québec, nommément l’impact du taux de change et du système
monétaire.
Depuis le début officiel de la récession au Canada, on a souvent souligné que les pertes d’emplois
dans le secteur manufacturier au Québec avaient été somme toute très modestes. Il faut se
rappeler que pour le secteur manufacturier qui exporte de façon prédominante aux États-Unis, la
« récession » a plutôt commencé en 2003 lorsque le taux de change est passé de 66 cents à la
presque parité avec le dollar américain.
Durant la période qui a précédé la récession, le Québec avait déjà perdu 120,000 emplois, soit
presque un sur cinq. Le taux de change n’est pas l’unique cause, bien entendu, mais il a été un
facteur important dans l’équation.
Ce que je sais de la théorie économique, c’est que le taux de change doit traduire les prix relatifs
entre économies. Or ce que nous constatons, c’est qu’à la parité des pouvoirs d’achat, un point de
référence raisonnable sur la question, le dollar canadien ne devrait valoir qu’à peu près 85 cents.
De même, si on regarde les niveaux de productivité relative de nos deux économies, les
statistiques révèlent que l’économie du Canada se situe sensiblement au même niveau, c’est-àdire à 85% de l’économie américaine.
Un observateur un peu néophyte comme moi pourrait donc penser que les mécanismes du marché
nous donneraient donc un dollar qui oscillerait vers cette valeur.
Or vous savez aussi bien que moi qu’il n’en n’est rien.
En fait, le dollar canadien est arrimé à la valeur des ressources naturelles et particulièrement celle
du pétrole. On a vu les fluctuations depuis un peu plus d’un an où il est passé de 95 cents à 78
cents et est revenu depuis à 95 cents.
Un dollar fort n’a pas que des désavantages. Il s’en est trouvé beaucoup pour souligner qu’un
dollar plus fort permettrait à nos entreprises de moderniser leurs équipements, généralement
importés d’Europe ou des États-Unis. À la FTQ, pour faire bonne mesure, nous avons
certainement plaidé auprès des pouvoirs publics pour une dépréciation plus rapide des nouveaux
équipements.
Qu’en est-il vraiment advenu? Comment les entreprises se positionnent-elles? Voilà une question
sur laquelle j’espère que nous aurons un meilleur éclairage après le colloque d’aujourd’hui.
***
Le répit que la récession a accordé à notre devise semble bel et bien tirer à sa fin.
Il faut voir l’évidence, l’économie canadienne est de plus en plus dualisée entre les secteurs des
ressources et celle de la fabrication. Un dollar canadien dopé par le prix du pétrole, flottant à des
niveaux qui dépassent notre productivité relative, risque d’axphisier le secteur industriel de l’est
du pays.
Il ne s’agit certainement pas d’une vue de l’esprit. La valeur actuelle et anticipée de la devise
entre en ligne de compte dans les décisions d’investissements à tous les jours.
Or dans nos échanges avec la Banque du Canada depuis 2003, nous constatons une indifférence
calculée de sa part face à la question. Le message officiel que nous avons trop souvent reçu est à
l’effet qu’il n’est pas dans son mandat de gérer la devise ou de porter un jugement sur l’avenir des
secteurs économiques à risque.
Nous voyons évidemment la chose autrement.
Il va de notre intérêt national de voir à ce que un secteur aussi névralgique que le secteur
manufacturier n’est pas étrangler par une devise artificiellement surévaluée.
Le secteur manufacturier n’est pas un secteur comme un autre, mais le vecteur de toutes sortes
d’activités dont celles d’innovation notamment. Pour le Québec, les exportations manufacturières
continuent de jouer un rôle névralgique dans nos échanges avec le reste de la planète.
À notre avis, la Banque banalise les conséquences d’une désindustrialisation et ce mets la tête
dans le sable en espérant que tout aille pour le mieux.
C’est un peu comme si on prenait la comme une fatalité à laquelle on ne peut échapper. Or nous
savons qu’il n’en ait rien et que des options se présentent au gouvernement canadien et à sa
banque centrale.
Pour notre part, nous commençons à croire que l’option de l’union monétaire avec les États-Unis
devrait être sérieusement examinée. Elle aurait le mérite de protéger les entreprises canadiennes
des fluctuations indues de la devise avec notre principal partenaire commercial et elle aiderait à
neutraliser l’effet pétrole.
Si les autorités monétaires canadiennes se révèlent incapables de relever le défi. On ne peut
écarter cette option.
Quel que soit le point de vue que nous privilégions, il est urgent de faire le point et le plus
franchement possible.
J’espère que le colloque d’aujourd’hui sera le début d’une telle discussion.
Merci et bonne journée.
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