Pathologie du long biceps et séquelles des traumatismes

1. Bourrelet glénoïdal
2. Échancrure glénoïdale
3. Tendon du chef long du biceps
4. Capsule
5. Ligament coraco-huméral
6. Ligament gléno-huméral supérieur
7. Ligament gléno-huméral moyen
8. Ligament gléno-huméral inférieur
9. Processus coracoïde
10. Épine scapulaire
11. Tubercule infraglénoïdal
(tubérosité sous-glénoïdienne);
insertion du tendon du triceps
La Lettre du Rhumatologue 343 - juin 2008 |I
n° 1
FICHE À DÉCOUPER
Le tendon du long biceps (figure 1) est souvent impliqué dans les suites
d’un traumatisme de l’épaule, son atteinte faisant partie intégrante de
la pathologie de la coiffe des rotateurs dans la majorité des cas. Des
symptômes résiduels tels que la douleur, voire la limitation fonctionnelle,
peuvent être dus en partie à une lésion de ce tendon. La mise en œuvre
d’un examen clinique précis et d’explorations complémentaires adaptées
permet de mieux comprendre et traiter la pathologie du long biceps.
Plusieurs tableaux cliniques sont possibles: épaule douloureuse simple
chronique, épaule pseudo-paralytique (bien connue) et limitation de l’élé-
vation antérieure passive.
La douleur du tendon du long biceps est de topographie antérieure avec
une irradiation dans le corps musculaire. Le signe de la “boule”, ou signe
de Popeye, est évocateur d’une rupture du tendon. Certains tests cliniques
doivent être classiquement recherchés, mais ils manquent de spécificité:
ce sont le
palm-up test
, le test de O’Brien et le test de Yergason.
Sur les plans physiopathologique et anatomique, on relève:
– des lésions du long biceps généralement constatées dans le cadre
d’une pathologie de la coiffe des rotateurs qui, macroscopiquement,
se traduisent le plus souvent par une tendinite;
– un taux de lésions du long biceps proportionnel à l’étendue des lésions
de la coiffe, notamment du sus-épineux, qui peut se chiffrer de la manière
suivante: 70% pour les lésions de stade 1, 80% pour celles des stades 2
et 3, et 90% pour celles de stade 4;
– un tendon hypertrophique, dans certains cas, voire un état de pré-
rupture ou de rupture, de subluxation ou de luxation.
Les tendinites dites hypertrophiques résultent d’atteintes traumatiques
ou microtraumatiques à répétition. L’hypertrophie siège principalement
à la partie intra-articulaire du tendon (lésion en sablier) et empêche le
glissement normal dans la gouttière lors des mouvements du bras. Elle
ne doit pas être confondue avec une raideur d’épaule de type capsulite.
Il s’agit d’un véritable blocage mécanique dont le traitement est essen-
tiellement chirurgical.
Les subluxations se définissent comme une perte de contact partielle
et transitoire entre le tendon et sa gouttière. Les instabilités tendineuses
sont souvent médiales et liées à une lésion de la poulie. À un degré
fiche
médecine du sport
Sous la responsabilité de ses auteurs
Pathologie du long biceps
et séquelles des traumatismes de l’épaule
Figure 1. Vues anatomiques du tendon du long biceps.
P. Le Goux*
* Rhumatologue médecin du sport, praticien attaché à l’hôpital Ambroise-Paré;
médecin de la Fédération française de tennis, consultant à l’Institut national du sport
et de l’éducation physique.
fiche médecine du sport n°1
Figure 2. Geste armé au tennis. Mise en tension du long biceps.
II | La Lettre du Rhumatologue 343 - juin 2008
FICHE À DÉCOUPER
supplémentaire, les luxations sont également médiales et se produisent
le plus souvent en avant du muscle sous-scapulaire. Cliniquement, elles
se traduisent par la mise en tension du tendon (faux signe de Popeye),
pouvant faire évoquer à tort une rupture du tendon. À l’examen, on note
une vacuité de la gouttière à la palpation et une mobilisation douloureuse
du tendon existe.
Les ruptures sont quasi systématiquement associées à une lésion de la
coiffe, même si cette dernière est non symptomatique initialement. On
peut aussi avoir affaire à une rupture dite “salvatrice” mettant fin à un
tableau douloureux chronique.
Les lésions isolées du tendon du long biceps, plus rares, sont l’apanage
des patients sportifs (figure 2), qui sollicitent beaucoup leur épaule par
microtraumatismes répétés (sports de lancer) et dont la prise en charge
est essentiellement médicale. Les luxations du tendon sont, dans ce cadre,
presque toujours associées à une lésion du tendon sous-scapulaire et
les ruptures se manifestent de manière réellement isolée dans 10% des
cas. La prise en charge peut être chirurgicale chez un patient jeune ou
symptomatique.
À un degré plus important, les lésions du tendon du long biceps peuvent
interférer dans la pathologie du labrum ou du bourrelet glénoïdien:
– il faut rappeler que le bourrelet glénoïdien est en rapport étroit avec
l’insertion haute du long biceps au niveau du tubercule sus-glénoïdien, la
lésion la plus fréquente étant la lésion SLAP (lésion isolée du complexe
labrobicipital) de type 2;
– les microtraumatismes en position d’armé (abduction et rotation
externe maximale) chez les sportifs de lancer sont pourvoyeurs de ce
type de lésions et peuvent être associés à une pathologie d’instabilité du
bourrelet dans le cadre d’une épaule douloureuse avec tests d’examen
évocateurs d’une lésion SLAP: test de O Brien, biceps
“load”
de Kim,
anterior slide test
de Kibler, etc., sans aucune certitude formelle ;
– deux mécanismes traumatiques particuliers peuvent intervenir, à savoir
un traumatisme brutal en compression ou un traumatisme en traction
sur la longue portion du biceps.
Enfin, dans les suites de fractures de l’extrémité supérieure de l’humérus,
la portion intra-articulaire du long biceps peut être anatomiquement impli-
quée. Des séquelles douloureuses sont parfois possibles par incongruence
mécanique (cal vicieux après immobilisation orthopédique) avec apparition
d’une ténosynovite.
Quelles sont, en fonction du contexte
clinique, les explorations à effectuer
en imagerie ou en arthroscopie?
Quelle prise en charge adopter face à des
séquelles douloureuses du long biceps?
Si la radiographie standard semble peu contributive, elle peut montrer des
calcifications ou des ostéophytes dans la gouttière. L’échographie dyna-
mique met parfois en évidence des lésions d’instabilité du tendon. Seuls
l’IRM et surtout l’arthro-IRM ou l’arthroscanner sont capables d’analyser
précisément les lésions du long biceps. In fine, la corrélation entre les
examens de contraste et l’arthroscopie paraît satisfaisante pour l’étude
de la position du tendon du muscle long biceps par rapport à sa gouttière,
mais les lésions morphologiques du tendon (délaminations ou préruptures)
sont parfois sous-estimées par l’imagerie.
Le traitement des lésions du tendon du long biceps est essentiellement
médical en cas de formes avec tendinopathie pure (AINS, physiothérapie
antalgique, infiltrations, etc.). Les pathologies avec blocage mécanique
(lésion en sablier, instabilité, rupture) répondent, quant à elles, à un trai-
tement qui est plus d’ordre chirurgical: sachant que le rôle fonctionnel du
long biceps reste controversé, elles font, à l’heure actuelle, l’objet d’une
résection de la portion intra-articulaire du tendon associée à une téno-
dèse ou à une ténotomie effectuée sous arthroscopie. En ce qui concerne
les lésions SLAP, la réinsertion du labrum donne des résultats aléatoires.
Cependant, le niveau d’activité sportive du patient est à prendre en compte
dans la décision thérapeutique. N
Pour en savoir plus…
+Pelegri C, Boileau P. Le long biceps : une séquelle fréquente
des traumatismes de l’épaule. In : Rodineau J, Rolland E, eds.
Séquelles des traumatismes articulaires chez les sportifs.
25
e
Journée de traumatologie du sport de la Pitié-Salpêtrière.
Paris: Elsevier-Masson, 2007:9-16.
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