Proposition d’Unifor en vue du budget 2016 Un retour à la gouvernance progressiste 16 février 2016 Jerry Dias National President Tel/Tél: 416.497.4110 Toll-free/Sans frais: 1.800.268.5763 Fax/Téléc: 416.496.6552 Représentant 310 000 membres dans tous les principaux secteurs de l’économie canadienne, Unifor est le plus grand syndicat du secteur privé. Unifor représente aussi des milliers de membres dans le secteur public. Unifor défend les droits économiques et sociaux des travailleuses et travailleurs canadiens, et milite en leur nom. Notre organisation s’appuie sur le principe que la citoyenneté démocratique devrait comprendre non seulement la dignité et la sécurité, mais aussi une part équitable de la prospérité canadienne. LE CONTEXTE POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE Le désengagement de l’État providence, qui caractérise la politique fédérale depuis les années 1980, a non seulement échoué à stimuler de plus hauts niveaux d’investissement et une croissance plus rapide du PIB, mais il a aussi affaibli de manière chronique la capacité fiscale du gouvernement fédéral à offrir les services sociaux auxquels la population canadienne s’attend. Il a aussi sérieusement compromis la possibilité du gouvernement à répondre de manière efficace aux crises économiques. Unifor croit en un système fiscal fort et progressif qui procure au gouvernement les outils fiscaux dont il a besoin pour jouer un rôle actif dans la valorisation de la vie nationale canadienne. Sur le plan fiscal, les gains progressifs obtenus pendant la période de l’après-guerre ont été réduits de façon considérable. Pendant l’année financière 2014-2015, les recettes du gouvernement fédéral représentaient 14 % du PIB, soit presque 20 % de moins qu’en 19741975. Depuis 1940, les recettes fédérales n’ont jamais été aussi basses qu’aujourd’hui. L’impôt des sociétés au Canada a diminué de moitié depuis 1988. Bien qu’un grand nombre d’économistes du milieu des affaires soutiennent que cette diminution est bénéfique à la population canadienne, les investissements des entreprises dans les immobilisations corporelles, la création d’emplois et la croissance du PIB ont baissé (et/ou ralenti) pendant cette période, plutôt que d’augmenter. Les estimations varient, mais la décision du gouvernement Harper de réduire la TPS de deux points a privé le trésor fédéral d’environ 150 milliards de dollars au cours des 10 dernières années. Il n’y a aucune preuve que des emplois ont été créés à la suite de cette baisse de taxe. Et les effets de la réduction de la TPS étaient trop faibles pour modifier de façon importante les décisions de consommation des foyers canadiens. Du côté des dépenses, quatre principaux éléments moteurs influencent la croissance du PIB : les ménages (consommation privée), les entreprises (investissements dans les immobilisations corporelles), les étrangers (exportations nettes) et les gouvernements (dépenses de programme). La dette des ménages canadiens a atteint des sommets record (160 % du revenu disponible). Cette tendance préoccupante signifie qu’on ne peut pas compter sur la consommation privée pour stimuler la croissance. Les entreprises canadiennes cumulent près de 700 milliards de dollars en liquidités, qu’elles ne semblent pas disposées à utiliser pour stimuler la croissance de l’économie. Avec une devise dévaluée, les exportations peuvent augmenter à l’avenir, mais pour le moment il revient au gouvernement fédéral, par le biais Unifor l Unifor Budget Submission 2016 2 d’une politique fiscale, de remettre les Canadiennes et Canadiens au travail et de stimuler le processus de croissance. L’inefficacité de la politique monétaire à combattre l’économie stagnante a fourni de multiples preuves que le gouvernement fédéral doit jouer un rôle de stimulation pour relancer le processus de croissance. Les dépenses du secteur public sont vitales pour la prospérité canadienne et, par nos programmes sociaux et notre filet de sécurité, pour l’identité canadienne aussi. Au-delà des mesures de relance (physiques) de l’infrastructure, dont la plupart des experts conviennent qu'elles sont indispensables, l’infrastructure sociale du Canada qui a subi des années de négligence doit être renforcée. Des investissements publics dans les services de garde, l’éducation, le logement social et la sécurité de revenu à la retraite ont démontré qu’ils réduisent la pauvreté et augmentent les opportunités. Les taux d’intérêt étant faibles, le moment est idéal pour emprunter, mais l’annulation de quelques-unes des réductions d’impôt ou de taxe irresponsables du gouvernement Harper serait une solution plus viable. L’évolution récente de la pensée économique suggère que les dépenses publiques rassurent les investisseurs hésitants en ces temps incertains. Au lieu d’évincer les investissements privés, des dépenses publiques considérables dans les secteurs stratégiques peuvent créer un effet d’entraînement, car elles incitent les entreprises à investir en leur montrant que la demande globale a grimpé. PRIORITÉS EN MATIÈRE DE POLITIQUES Imposition progressive. Dans sa plateforme électorale, le Parti libéral du Canada a proposé des réformes importantes au système fiscal canadien. L’annulation du fractionnement du revenu et du seuil plus élevé des contributions à un compte d'épargne libre d'impôt, de même que la nouvelle fourchette d’imposition de 33 %, va apporter des milliards de dollars aux recettes fédérales qui en ont grandement besoin. Unifor recommande la mise en œuvre immédiate des engagements du Parti libéral en matière fiscale, y compris le rétablissement d'un crédit d'impôt pour les contributions versées à un fonds d’investissement des travailleurs. Le syndicat recommande aussi que le gouvernement fédéral annule les réductions d’impôt de l’ère de Harper en augmentant le taux d’imposition obligatoire des sociétés. Investissement dans les infrastructures. En dépit de l’éventail des estimations sur le « déficit en matière d’infrastructure » au Canada (de dizaines de milliards de dollars à des centaines de milliards de dollars), il existe un consensus qu’il faut investir davantage non seulement pour améliorer les besoins de base, mais pour faire en sorte que l’infrastructure moderne nous aide à respecter nos objectifs d’un avenir de développement durable et productif. Pour que le Canada réussisse sa transition vers une économie verte, le gouvernement fédéral doit jouer un rôle actif en encourageant l’innovation, l’investissement durable et les technologies propres. Les déficits budgétaires annuels de 25 milliards de dollars sur quatre ans laisseraient le ratio de la dette du Unifor l Unifor Budget Submission 2016 3 Canada par rapport au PIB à un pourcentage inchangé de près de 30 %. Le ratio moyen de la dette au PIB des membres de l’OCDE est de près de 60 %. Voilà pourquoi Unifor croit qu’une hausse des dépenses publiques dans l’infrastructure verte est justifiée. Unifor recommande que le gouvernement fédéral augmente de façon considérable son programme de dépenses dans les infrastructures. Compte tenu des vents économiques négatifs, le calendrier des dépenses en matière d’infrastructure devrait être accéléré afin d’encourager des mesures de relance économique nécessaires, et devrait comprendre : des dispositions pour des matériaux et des intrants faits au Canada (y compris des matériaux de construction durables); des exigences d’embauches locales, notamment auprès des groupes vulnérables (par ex. les minorités, les jeunes travailleurs, les femmes dans les métiers spécialisés et les travailleurs autochtones); le retrait de tout critère pour des investissements du secteur privé comme condition de soutien financier fédéral; et des mesures pour améliorer l'accès au transport pour les Canadiennes et Canadiens ayant une incapacité. Stratégies de développement sectoriel. La quasi-absence complète de leadership fédéral au cours de la dernière décennie est une tendance commune parmi les nombreux secteurs de fabrication de pointe au Canada. Et cela est survenu à un moment où plus de 450 000 emplois dans le secteur manufacturier ont été perdus, soit près du quart de la base industrielle du Canada. Durant cette période, la position du gouvernement fédéral à l’endroit du secteur manufacturier canadien s’est largement caractérisée par l’absence de politiques industrielles équilibrées et efficaces, par une approche déséquilibrée relativement à l’exportation de marchandises non durables et par un programme commercial international et d’investissement idéologique et naïf. Unifor réclame une stratégie nationale dans des secteurs clés de la fabrication de pointe qui favoriserait la production canadienne, la compétitivité internationale, et assurerait une prospérité future. • Dans le secteur de l’assemblage et des pièces automobiles, Unifor recommande de mieux intégrer les efforts fédéraux et provinciaux pour attirer des investissements, y compris de développer un système de guichet unique pour obtenir de nouveaux investissements dans les usines canadiennes d’assemblage et de pièces automobiles; de s’assurer que les mesures incitatives aux investissements sont compétitives et efficaces avec des règles et procédures flexibles, et des caractéristiques financières et fiscales (par exemple, retirer la taxe fédérale actuelle imposée aux mesures incitatives initiales); de s’assurer que la priorité absolue d’Exportation et développement Canada est d’attirer et de soutenir les investissements dans des usines basées au Canada, et non à l’étranger; d’adopter une approche prudente à l’égard du Partenariat transpacifique et de s’engager à corriger les défauts de l’entente. • Dans le secteur de l’aérospatiale, Unifor recommande d’utiliser les travaux de recherche et de développement du gouvernement ainsi que le soutien aux investissements pour Unifor l Unifor Budget Submission 2016 4 s’assurer que les principaux programmes de développement de produits et la production sont entrepris au Canada; de maximiser le contenu canadien, les retombées avantageuses et les opérations de compensation de la production découlant de l’approvisionnement des aéronefs militaires et civils; de fournir du soutien aux principales entreprises, comme Bombardier, afin d’assurer une stabilité pendant que les programmes clés réussissent à percer le marché. • Dans le secteur de la construction navale, Unifor recommande de continuer à maximiser le contenu canadien par un approvisionnement public en vertu de la Stratégie nationale d’approvisionnement en matière de construction navale (SNACN) et une plus grande transparence quant à la sous-traitance du travail en vertu de cette stratégie; d’exiger un contenu canadien dans les projets de construction navale de l'exploitation des ressources en mer; de mettre en œuvre un équivalent canadien de la Loi Jones aux États-Unis pour garantir un contenu canadien proportionnel dans la construction navale dans le cadre du commerce maritime intérieur et côtier. • Et dans le secteur des ressources naturelles, Unifor recommande l’élaboration d’une stratégie multidimensionnelle des ressources naturelles dans les principales industries comme le pétrole et le gaz, les mines et la foresterie, qui permettrait de gérer l’abondante richesse des ressources au Canada d’une manière socialement inclusive, écologiquement responsable et avantageuse sur le plan économique. Un élément essentiel d’une telle stratégie serait d’approfondir les liens entre l’extraction, la valorisation au pays, la production de ressources naturelles et la consommation canadienne, maximisant ainsi les avantages économiques pour les Canadiennes et Canadiens. Unifor recommande d’accorder la priorité à des politiques et des programmes d’investissement conçus pour développer notre secteur manufacturier secondaire et tertiaire associé au traitement des ressources. Le Régime de pension du Canada. En ce qui a trait à la sécurité de la retraite, les données disponibles suggèrent que la moitié des salariés à revenu moyen de plus de 40 ans verront leur niveau de vie chuter à leur départ à la retraite, essentiellement en raison de la couverture restreinte des régimes de retraite (les trois quarts des travailleurs du secteur privé n’ont pas de régime de retraite d’employeur). Nos programmes de régimes publics ont réussi à réduire la pauvreté chez les personnes âgées, mais les prestations actuelles ne sont pas assez élevées. Le Canada consacre environ 4 % de son PIB aux pensions de l’État, alors que la moyenne de l’OCDE se situe à près de 8 %. En outre, Unifor est préoccupé par les développements liés aux régimes de retraite à prestations cibles à employeur unique dans le secteur sous réglementation fédérale. Le premier ministre Trudeau a laissé entendre que les régimes à prestations déterminées, qui ont déjà été payés par les travailleurs et les retraités, ne devraient pas être transformés rétroactivement en régimes à prestations cibles. Unifor recommande que le gouvernement fédéral travaille avec les provinces à la mise en œuvre de la proposition du Unifor l Unifor Budget Submission 2016 5 Congrès du travail du Canada, qui consiste en une bonification obligatoire du RPC qui ferait augmenter graduellement les cotisations au RPC et, au final, lui permettrait de doubler les futures prestations du RPC. Unifor demande aussi au gouvernement fédéral de s’assurer que les régimes à prestations déterminées dans le secteur sous réglementation fédérale, qui ont déjà été payés par les travailleurs et les retraités, ne sont pas rétroactivement transformés en régimes à prestations cibles. Banque canadienne de développement. Les entreprises non financières canadiennes détiennent près de 700 milliards de dollars en liquidités oisives et en actifs liquides. Le recours à des banques de développement de propriété publique est un outil efficace de développement sectoriel dans bien des régions, dont l’Asie, l’Europe et l’Amérique latine. Ces banques financent des projets d’infrastructures cruciaux, en particulier ceux qui sont associés à l’énergie durable et à la technologie propre. Unifor demande au gouvernement fédéral de créer une banque canadienne de développement pour financer les principaux secteurs de l’économie canadienne, dont l’énergie, le transport et la fabrication de pointe. Les investissements de la banque canadienne de développement aideraient à compenser l’incapacité persistante des entreprises privées à réinvestir leurs excédents de trésorerie dans des projets créateurs d’emplois au Canada. Cette nouvelle banque publique aurait le pouvoir de créer du crédit et de l’allouer à des projets novateurs dans des secteurs cibles de l’économie. De plus, elle serait autorisée à prendre des participations en capital dans des entreprises ou des projets ayant une valeur stratégique. La banque canadienne de développement évaluerait et financerait les projets potentiels selon des critères plus larges que ceux que les investisseurs privés prennent normalement en considération, notamment une analyse coût/avantage social intégrée. Comme les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi bas, même sur les obligations d’État à très long terme, le moment est tout indiqué pour créer cette banque. JB/ww/cope343 Unifor l Unifor Budget Submission 2016 6