Librairie 223 Son exposé est historique, il décrit la constitution du

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font que les évolutions de l’une engagent décidément l’autre.
qui invalide la prétendue rationalité de
l’homo eoconomicus et oriente l’étude
du comportement économique des individus, si l’on veut conserver ce vocabulaire, vers « les intérêts passionnés ». C’est dire si l’économie est irrationnelle et trouve ses explications hors
d’elle. Dans Psychologie économique,
il écrit :
Son exposé est historique, il décrit
la constitution du « régime aristocratique du goût », puis sa « conversion
économique » et enfin, « l’industrialisation du plaisir esthétique ». C’est là,
que les choses se gâtent et que la
consommation aliène le consommateur,
plus qu’elle ne satisfait ses attentes.
D’où le recours à Tarde et à sa conception de la mode, ce tour de passe-passe
qui accélère l’obsolescence des biens.
L’auteur écrit justement que
Le problème se résume, en somme, à
ceci : serrer le plus près possible la
genèse des inventions, et les lois de
leurs imitations. Le progrès économique
suppose deux choses : d’une part, un
nombre croissant de désirs différents ;
car, sans différence dans les désirs,
point d’échange possible, et, à chaque
nouveau désir différent qui apparaît, la
vie de l’échange s’attise. D’autre part,
un nombre croissant d’exemplaires semblables de chaque désir considéré à
part ; car, sans cette similitude, point
d’industrie possible, et, plus cette similitude s’étend ou se prolonge, plus la
production s’élargit et s’affermit.
la volatilité des goûts est une source
psychique et immatérielle de plus-value
économique.
Et plus loin, il constate :
La consommation trouve dans la destructibilité sa source principale de plusvalue.
Le philosophe Olivier Assouly sort
l’économie de son habituelle étude des
conditions de production des marchandises, de leur circulation et de la
répartition des richesses, générées par
la consommation, pour élaborer un
« capitalisme esthétique », dans lequel,
Ce n’est pas l’accumulation qui sert
de carburant à la machine économique,
mais l’invention. Quant à l’instance
économique, elle s’imbrique entièrement dans le social. On le voit, ces
deux essais proposent de penser l’économie hors de son domaine spécifique,
qui n’existe pas au demeurant, et donnent à l’appréciation de chacun, à l’esthétique, l’invention, la mode, l’imitation, et aux innombrables intersubjectivités qui s’entrelacent, etc., les rôles
essentiels dans ce « fragment d’histoire » en cours.
le marché n’est pas le lieu de production du goût, mais celui de la captation,
de la formalisation et de l’exploitation
des jouissances.
À une économie quantitative, il substitue une économie des appréciations
et ouvre ainsi une piste passionnante
pour comprendre la mutation actuelle
du capitalisme, prolongeant ainsi les
travaux d’André Gorz sur l’immatériel… Le second est plus impertinent
et polémique, les auteurs n’hésitent pas
à brocarder la science économique
dominante (à dire vrai, toujours en
retard d’une crise…) et à en changer
les bases. Pour Tarde, ce sont les idées
(et les idées que les économistes se
font de l’économie, aussi) qui guident
les transformations des sociétés. Les
auteurs notent que chez Tarde, « rien
dans l’économie est objectif, tout est
subjectif ou, plutôt, intersubjectif », ce
Thierry Paquot
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