Echanges sur "esthétique spéculative", dans l`optique de notre

Echanges sur "esthétique spéculative", dans l'optique de notre journée au Havre
entre Pierre Berger et Stéphane Trois-Carrés
Ne pas diffuser tel quel en dehors de nous trois. (chacun restant libre bien entendu de ses
propres propos).
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De Pierre :
J'ai fouillé un peu sur le terme "esthétique spéculative". Beaucoup de baratin.
Peut-on considérer que c'est un synonyme de « théorie spéculative de l'art », selon les termes
de Jean-Marie Schaeffer (voir ci-dessous).
Si oui, le projet même de Roxame est en rupture complète, à peu près autant que l'Urinoir
avec les pratiques des années 30...
Est-il souhaitable de venir aussi brutalement sur ce thème dans mon exposé au Havre, ou
vaut-il mieux que je reste au ras de la technique ? (Laissant de facto à nos hôtes, ou à toi-
même, le soin d'expliciter la contradiction que Roxame porte impliciement.
en note
L'âge de l'art moderne. Gallimard 1992/.
"Dans la théorie spéculative de l'art, le discours de célébration usurpe la place d'une
description analytique des faits artistiques, en même temps que l'expérience esthétique se voit
réifiée en jugement apodictique. Il n'est pas sûr que la philosophie y ait gagné, mais il est
certain que notre relation aux arts s'en est trouvée singulièrement appauvrie" p. 24
Sens 1
En termes d'école, un argument apodictique est un raisonnement démonstratif, suivant la
signification grecque du mot.
Sens 2
Dans la philosophie de Kant, qui obtient ou qui exprime l'adhésion la plus complète de
l'esprit, et porte le caractère de la nécessité absolue.
(Littré)
"Chaque jugement de goût affirme être un exemple d'une règle universelle que l'on ne saurait
énoncer conceptuellement" (p. 35)
" Il n'existe pas de procédure permettant de réduire les prédicats esthétiques à des propriétés
objectales conceptuellemnet descriptibles" (p. 43)
"On ne peut déterminer a priori quel objet conviedra ou non au gùot, il faut en faire
l'expérience" (p. 43)
"La distinction entre art et non-art est fatalement une ligne de partage tracée à l'intérieur des
pratiques artistiques : le geste d'exclusion est le complément de la sacralisation" (p. 84)
"Le poète ordonne, fusionne, choisit, invente ... sans comprendre lui-même pourquoi il agit
ainsi plutôt qu'autrement" (Novalis p.109)
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De Stéphane
JMS évoque "un discours de la célébration dans l'art"... C'est ce qu'il entend dans la "théorie
spéculative de l'art", sa position n'envisage pas que ce l'on tend par "art" est lié à notre
civilisation et que les choses s'entendent autrementdans de nombreuses autres cultures.
La situation spéculative de l'art est produite par une suite de dynamiques techniques et
sociales qui ont été mis en route des la Renaissance.
Au Moyen Age l'image était incarnée, autrement qu'une chose de beauté elle était une
présence, souvent l'explication évidente et tangible du miracle religieux... L'achéropoièse est à
l'origine du culte chrétien des images, la mimésis au coeur du mystère héllénique de l'image.
Ainsi dans une double dynamique, la ressemblance et la présence l'image a partcipé à
l'édification de notre imaginaire, si les synagogues romaines avaient eu gain de cause la
question ne se serait plus posée.
Nous sommes iconophiles autant pour des raisons religieuses que philosophiques. Tout cela
marchait bien tant qu'il y avait de la transcendance, cela marchait tant est si bien, que
l'Occident une fois pour toute christianisée n'a plus eu besoin de miracle, l'achéropièse
n'intéressant plus personne, l'immanence était cachée dans l'humanisme, l'habeas corpus à la
clé détache l'homme de son rôle de réceptacle divin et bientôt on ne s'intéressera plus qu'au
destin de l'homme. Nietzches un siècle après Laplace l'aura faite vide pour mettre l'homme au
milieu de son sujet puis l'immanence est devenue le moteur philosophique de ce moderne
coincé entre sa finitude et le cosmos qui en fait que de s'étendre. Car tant que l'on croit en
Dieu on n'a pas peur du vide du néant de l'obscurité, mais une fois seul au bord dela galaxie,
l'infinitude étreint l'âme... Dans ces conditions on ne peut plus peindre ce que l'on peignait il y
a encore un siècle, et l'on ne peut plus croire ce qui se disaint encore il y a dix ans. Au début
du XXe siècle le solde du XIX siècle se fait dans une successions d'accélérations et de crises,
d'autant plus violentes que l'histoire s'accélère comme jamais on a pu le voir. L'immanence
laisse le peintre guerrier stupéfait, il ne sait plus quoi peindre, l'horreur est indicible... Doit on
témoigner ? ou décriront nous le monde futur fondé sur les vertues du passé...
Georges Gross à côté du Bauhaus, Christian Schaad et Malévitch...
Ce siècle démarrant avec une épistémologie sure d'elle même vacille dans l'ontologie
inquiète.... tellement perdu qu'il faudra choisir les idéologies modernistes ternies par les
cauchemards obscurantistes du XIXe siècle...
Vraiment il n'est plus possible de peindre ce que fut la beauté au XIXe siècle tellement elle
prait hors de propos, il y a bien trop à dire de l'immanence et de sa violence d'une humanité
cette fois seule, face à elle même...
L'art change de propos... Il n'est plus le discours rassurant d'un modèle transcendant ou d'une
norme universel... C'est le discours de l'inquiétude ontologique, d'ailleurs c'est en 1925 que
"Le Christ rentre à Bruxelles" lors du Carnaval, déguisé en clown avec la banderole "Vive la
Sociale" James Ensor à bien compris son siècle à ce moment, il clôt une ère, et plonge la
seconde dans le canarval des équivoques... Il n'est plus possibles de peindre la beauté... Il n'ya
que l'inquiétude... Et tous suivent le pas à différentes mesures, explorent l'asymptote de
l'indicible, le voile de la synagogue chez Rothko, l'invasion du désespoir chez Malévitch, la
terreur du témoin chez Fautrier... Alors il falalit bien laisser de la place pour imaginer autre
chose et l'on ne pouvait aller plus loin que cetet inimaginable collection de désespoirs du XXe
siècle, Il fallait bien inventer autre chose alors que de nouveaux outils apparaissent, que les
deux premières ères du Capitalisme se cloturent tour à tour pour faire apparaitre celle du
capitalisme culturelle... Passage rapide de l'objet au concept, du phénomène au noumène,
alors l'art peut devenir une idée. L'art peut être simplement le geste d'un humain qui repose les
questions des limites de son monde et de son entendement... La machine électronique qui
imite l'art est une des phrase de cette vaste question. L'esthétique perd ainsi sa forme
trascendante et s'immerge dans la société, tour à mirage de l'espoir ou oukase commercial,
geste de puissance ou opportunité libertaire.
L'art perd sa définition, son opérateur devenant l'ouvrier de la troisième ère du capitalisme. Il
est clair que l'on ne peut qu'être perdu face à la disparition de ce qui a constitué l'Occident
durant deux mille ans. Mais une nouvelle ère vient lentement à jours nous contraignant à
ajuster nos idées et nos convictions à la mesure des outils qui portent notre pensée dans de
nouveaux horizons...
C'est cela "l'esthétique spéculative" certainenement par une révélation, mais une question
constamment réitérée sur la nature de nos geste et de notre pensée...
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De Pierre
A te lire, c’est clair : l’esthétique spéculative n’est pas une discipline. Malgré son apparence
d’humilité, c’est une dogmatique politique.
Elle assure radicalement l’autorité des professeurs d’art. Il n’y a qu’à voir la tête de Rancière
pour voir que c’est un Savonarole. Le genre de dictateur que mai 68 a failli nous imposer. (Je
vais quand même essayer d’acheter un de ses bouquins pour ne pas mourir idiot). Quand on
lit des choses « L’art du régime esthétique est de l’art à la mesure de sa capacité à n’être pas
de l’art. »
(http://ranciere.files.wordpress.com/2008/12/2eb9e91ec8b9cec9790eba5b4ed998dec9db5eb8c
801.doc), on ne peut plus discuter. A partir du moment où A et non-A sont confondus, on peut
prouver n’importe quoi et son contraire. Les élèves et le bon peuple n’a plus quà baisser la
tête.
Sous ses apparences d’extrême-gauche, ce genre de doctrine convient parfaitement aux
magnats financiers du monde de l’art. Puisqu’il n’y a plus de discours rationnel possible, seuls
comptent vraiment les intérêts de Pinaud et autres Sotheby’s. « Is it Art ? », just click
www.artinvestor.de » (je n’invente rien, je cite une pub). L’art n’est plus une recherche du
plaisir, mais, comme « Dieu », un mot au service des puissants ou des terroristes, main dans la
main comme Bush et Ben Laden.
Cela, Schaeffer a raison de le dire, fonde des exclusions contre lesquelles on ne peut pas se
défendre. Là-dessus, Fred Forrest a eu au moins le courage de se battre, pas tout à fait sans
succès. Mais, pour l’instant personne n’a d’autre doctrine à proposer (c’est clair chez JMS
notamment). J’y travaille, mais n’ai guère de moyens.
Concrètement, je ne viens pas au Havre pour imposer mes idées, ni pour m’en faire imposer
d’autres au nom de l’autorité professorale. Je compte donc me concentrer sur la description de
ma pratique « artistique » et éviter les débats politico-religieux.
Mais Xavier, Elise et Arnaud ne sont peut-être pas aussi « laïcs » que moi.
En ce qui concerne l’association, cela me confirme dans le fait qu’il faut éviter ces débats
pour se concentrer sur la création concrète d’oeuvres (ou de processus artistiques, si l’on
prèfère). Au Club de l’hypermonde, pour des raisons analogues, j’avais proscrit les
discussions sur l’IA . Mais j’étais le président, et aux Algoristes, c’est maintenant Xavier (il
faudra quand même faire une AG pour légaliser cela).
Cela est à murir encore.
de Stéphane (réponses)
A te lire, c'est clair : l'esthétique spéculative n'est pas une discipline. Malgré son apparence
d'humilité, c'est une dogmatique politique.
Non pas une dogmatique politique, c'est une potentialité. une question.
« L'art du régime esthétique est de l'art à la mesure de sa capacité à n'être pas de l'art. »
L'art ne fonctionne pas sur le tiers exclu...
il peut être A et Non A "ceci n'est pas une pipe"
c'est bien là où c'est un laboratoire mental...
Je n'aime guère mes collègues, mais je ne peux pas jeter le bébé avec l'eau du bain... peut être
qu'elle peut servir...
L'art n'est plus une recherche du plaisir, mais, comme « Dieu », un mot au service des
puissants ou des terroristes, main dans la main comme Bush et Ben Laden.
L'art n'a jamais été une question de plaisir... cela a souvent été une question de dogme, de
religions de convictions philosphique.
(re-réponse de Pierre : pas d'accord ; l'art a souvent été une question de plaisir, mais pas
toujours, certes)
Cela, Schaeffer a raison de le dire, fonde des exclusions contre lesquelles on ne peut pas se
défendre.
Les gauchistes et leurs rhéteurs sont spécialistes de ce système de défense.. C'est pour
cela qu'il est plus fin d'utiliser leurs outils et déplacer le débat ailleurs, c'est la vertu de
la philosophie analytique.
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