Repères
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rappel de la mort d’un guerrier ou un
événement marquant de la vie d’un
saint. Cet ouvrage privilégie l’anniver-
saire de la naissance (birthday et
Geburtstag) et Alain Montandon pré-
cise : « Au Moyen Âge, on fête le jour
du saint dont on porte le nom (une date
qui marque soit la naissance, soit le
plus souvent la mort du saint). Dès la
seconde moitié du XVIIesiècle, ce
furent les pays protestants qui mar-
quèrent les anniversaires de naissance.
En France, l’anniversaire de naissance
commença à être fêté un siècle plus
tard, au XVIIIesiècle, lors de la recon-
naissance du moi et de la valorisation
de l’individualité. » L’ouvrage nous
entraîne de Narbonne au temps d’Au-
guste (Renée Carré), aux anniversaires
du cinéma (Les Damnés de Visconti,
par Suzanne Liandra-Guigues, Hôtel de
France de Chéreau et Festen de Vin-
terberg, par Valérie Deshoulières et
Providence de Resnais, par Jean-Louis
Leutrat), en passant par l’anniversaire
dans la poésie (de Johan Heinrich
Voss, par Alain Montandon, d’Eliza-
beth Bishop et Mario Luzi, par Caro-
line Andriot-Saillant), le roman
(Claude Roy par Bernadette Puijalon
et Jacqueline Trincaz, Naïm Kattan par
Jean Arrouye, Tadeusz Kantor par Isa-
belle Michemot), le théâtre (Harold
Pinter par Virginie Iché) ou l’art
(Sophie Calle par Frédérique Toudoire-
Sullapierre). Le philosophe Alain
Roger propose un récit désopilant sur
la « vérité » de l’âge. Régine Sirota
décortique la cérémonie d’anniversaire
et explicite ses règles (de l’invitation,
du cadeau, de la décoration, de l’ha-
billement, de l’offrande de nourriture,
du gâteau et ce qui va avec le moule,
la levure chimique et le thermostat du
four, des bougies, du chant, etc.).
Claude Grimmer s’attarde sur l’histoire
de cette « fête laïque », qui n’entre
vraiment dans les mœurs, en France,
qu’au cours du XXesiècle, avec la carte
postale, cessant alors d’être l’apanage
des « biens nés » et de la bourgeoisie.
Le cyber-anniversaire n’est qu’évoqué,
de même que les anniversaires de
mariage et autres commémorations plus
ou moins collectives, voilà de quoi ali-
menter un prochain livre…
Thierry Paquot
Olivier Assouly
LE CAPITALISME ESTHÉTIQUE.
Essai sur l’industrialisation du goût
Paris, Cerf, 2008, 190 p., 23
Bruno Latour
et Vincent Antonin Lépinay
L’ÉCONOMIE, SCIENCE
DES INTÉRÊTS PASSIONNÉS.
Introduction à l’anthropologie
de Gabriel Tarde
Paris, La Découverte, 2008, 136 p.,
11
Voici deux courts essais, menés ron-
dement, qui replacent l’économie à sa
juste place – pas celle que lui confè-
rent les « sciences économiques »
depuis plus d’un siècle – et rendent
hommage à Gabriel Tarde (1843-1904),
trop longtemps mésestimé et même
ignoré. Le premier démontre, avec
talent, que
l’évolution du capitalisme serait carac-
térisée par la captation et la transfor-
mation de productions superflues, à
l’instar de la beauté, des loisirs et de
l’appréciation esthétique, en valeurs
mesurables, échangeables et capables
de coloniser la plupart des dimensions
de la vie sociale. Il en va de l’inscrip-
tion de la culture au sein de l’économie.
Mettre en lumière ensemble les grandes
mutations du domaine de la consomma-
tion économique et esthétique, c’est
souligner des articulations majeures qui
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