R É ALISATI ON PutEAux BAR D AG E . I N FO #0 1 MA I 2 012 Le renouveau minéral d’une résidence des années 1980 Près d’un an de travaux a été nécessaire pour rénover les 8 400 m2 de façades de l’un des plus grands ensembles de logements sociaux de Puteaux dans les Hauts-de-Seine. Un chantier d’envergure pour une mise à niveau à la fois esthétique et thermique. BASTIeN cANy 01 LeS INTeRveNANTS Maître d’ouvrage OPH de Puteaux Maître d’œuvre Vivrétude / Brelan d’arch Enveloppe GCEB Produits de Bardage Vetisol (pierre reconstituée et pierre naturelle) © Pyc 32 P arois encrassées, décollement des revêtements, fers apparents, infiltrations… : trente ans après sa construction, la résidence « Vieille Eglise » à Puteaux (92) nécessitait un sérieux rafraichissement. Situé, comme son nom l’indique, à deux pas d’une église classée du 15e siècle, cet ensemble des années 1980 et ses parements en carreaux de céramique commençaient à détonner avec l’image de ce quartier historique récemment rénové. D’où le choix par l’Office HLM d’engager une restructuration radicale des façades. Au passage, les travaux devaient également permettre une mise à niveau thermique et acoustique des 180 logements avec le remplacement de la totalité des menuiseries et la mise en place d’une isolation par l’extérieur. Près de 8 400 m2 de façades étaient concernés par cette opération. « Au plan technique, il s’agit d’une intervention plutôt classique. En revanche, ce type de chantier en milieu occupé n’est jamais anodin. Il faut savoir composer avec un environnement qui peut être sensible », note Daniel Mendes, conducteur de travaux au sein de l’entreprise GCEB en charge du lot « façades ». Deux TechNIqueS D’ITe Comme souvent, les côtés « cour » et « rues » vont faire l’objet d’un traitement différent. Les premiers, organisés autour d’un jardin intérieur, ont été entièrement rénovés à l’aide d’un procédé d’isolation thermique avec enduit mince sur polystyrène calé-chevillé. Pour les seconds, la maîtrise d’ouvrage a fait le choix d’un parement en pierre reconstituée. Un produit dont l’aspect traditionnel en fait depuis une trentaine d’années un matériau de prédilection pour la rénovation de logements collectifs. Au plan technique, il présente également l’avantage de pouvoir être installé en bardage rapporté. C’est la solution retenue pour la totalité des 4 200 m² de façades sur rues. Balcons, loggias et bow-windows ont été traités selon le même procédé. Au total, 8 200 dalles – mélange de polyester et de granulats 01 Au total, 8 200 dalles en pierre reconstituée posée en bardage rapporté ont été nécessaires pour restructurer les 4 200 m2 de façades côté rues. 0 2 ( AvA N T ) & 0 3 ( A p R è S ) Comme souvent en matière de logements collectifs, la rénovation des façades a d’abord été motivée par des raisons esthétiques. BARD AGE. INF O # 01 MA I 2 01 2 P u t E Au x 02 AvA N T 03 ApRèS de marbre - ont ainsi été mises en œuvre. Sur ces surfaces, les équipes de GCEB vont implanter un réseau de profilés aluminium verticaux constituant l’ossature primaire du système. « En rénovation, ce mode de pose permet de rattraper les défauts du gros œuvre et de recréer un support plan », note Daniel Mendes. L’entreprise a privilégié une conception librement dilatable. Ce squelette d’aluminium sert ensuite de support à une ossature secondaire. C’est l’une des principales caractéristiques du procédé : les dalles, rainurées sur leurs rives, viennent s’insérer dans des lisses horizontales par simple emboîtement. Les dalles sont posées avec des joints verticaux continus sur la hauteur totale des façades. Dans cette configuration, le joint est interrompu à intervalle régulier par une lisse de calepinage placée à chaque niveau de linteaux. « Au plan esthétique, cette lisse vient animer la façade mais elle est également utile pour la réalisation du bardage. Elle permet de rattraper les différences Libre dilatation Le fonctionnement en libre dilation de l’ossature repose sur un principe d’assujettissement au gros œuvre par points fixes et coulissants. Les premiers reprennent les charges verticales (poids propres des matériaux) ainsi que les efforts dus au vent. Les seconds permettent la dilatation de l’ossature et la reprise d’une partie des efforts liés au vent. RÉ A LISAT ION 33 R É ALISATI ON PutEAux BAR D AG E . I N FO #0 1 MA I 2 012 Les volumes de façades étant hétérogènes, ces ouvrages ont nécessité un calepinage très précis. D’autant plus que les éléments en pierre ont été intégrés selon un procédé de vêtage. L I A I S O N e N T R e B A R D A g e e T v ê TA g e e N p I e R R e N AT u R e L L e Dalle en pierre reconstituée 52 Profil d’ossature cornière aluminium L52/40 épaisseur 2 mm 130 Laine de verre épaisseur 100 mm R = 2,7 m2.K/W non combustible 100 80 Equerre alu lg = 100 mm fixée par gougon M8 x 70 ez Points dilatables : rivets 5 x 12 col.14 alu/inox Les soubassements ont été traités avec un vêtage en pierre naturelle de hauteur entre chaque étage sans devoir rainurer la dalle sur chantier. Les parements sont pincés sur chant et non maintenus dans la rainure, ce qui permet de rattraper les différences de hauteur entre chaque étage sans avoir à rainurer la dalle sur chantier », explique le conducteur de travaux. v ê TA g e e N p I e R R e N AT u R e L L e En plus de l’ossature et des parements, le système de bardage intègre une lame d’air de 20 mm ainsi qu’une laine minérale de 100 mm pour former un complexe de 150 mm d’épaisseur. Seules exceptions à cette configuration : les soubassements abritant des locaux techniques non chauffés et les jardinières. à ce niveau, le parement est constitué de dalles en pierre naturelle. Les volumes de façades étant hétérogènes, ces ouvrages ont nécessité un calepinage très précis. D’autant plus que les éléments en pierre ont été intégrés selon un procédé de vêtage avec une capacité de réglage de l’ossature plus limitée qu’en mode bardage. Autre particularité de cette opération : elle comportait un lot « fermetures » également pris en charge par GCEB. Quatre portes en bois monumentales motorisées ont ainsi été installées au droit des accès à la résidence. Les porches ayant des proportions différentes, chacune d’elle a fait l’objet d’un dessin sur-mesure. Douze mois de travaux seront nécessaires pour habiller l’ensemble des murs extérieurs avec, en période de pointe, jusqu’à vingt compagnons mobilisés sur le chantier. « Il s’agit d’une opération importante pour du logement, rappelle Daniel Mendes. En rénovation, des interventions de cette ampleur ne sont plus très courantes ». l Lame d’air 13 34 Profil aluminium 10/10e perforé en jonction 48 Clip acier inoxydable 18/10e 200 20 Dalle pierre naturelle teinte Façade support existante enduite vêtage en pierre naturelle Les dalles en pierre naturelle ne s’insèrent pas directement dans les lisses en aluminium mais sont maintenues par l’intermédiaire d’attaches ponctuelles. Ces clips rendent les plaques indépendantes entre elles et absorbent les contraintes que les pierres peuvent subir. Dans le cas d’une utilisation en vêtage sans isolant, les rails horizontaux sont fixés directement au gros œuvre. R É ALISATI ON P E R P I GNA N BAR D AG E . I N FO #0 1 MA I 2 012 un bardage à l’image de la diversité catalane Tôle ondulée dorée, acier Corten, bardage industriel et tôle plane recouverte d’affiches : le théâtre de l’Archipel à Perpignan révèle une diversité de façades en bardage dans un ensemble de bâtiments créés comme des références à la région catalane. cORINNe MONTcuLIeR à l’entrée de Perpignan, au bord de la Têt, un demi-hectare accueille un ensemble dédié à la création de spectacle vivant contemporain : le théâtre de l’Archipel, premier bâtiment culturel à faire l’objet d’un partenariat publicprivé. Spectacles de danse, concerts d’œuvres catalanes, italiennes, espagnoles et, de façon plus large, venant des pays Nord-Africains sont présentés en ces lieux. Avec pour objectif de mettre en valeur l’art vivant contemporain d’origine méditerranéenne, catalane en particulier, et de le hisser à un niveau national voire international. Cette volonté de représentativité se retrouve dans l’architecture du théâtre, signée Jean Nouvel associé à Brigitte Metra, la forme et le traitement des façades de chacun des six bâtiments renvoyant à des objets ou des sites familiers des Catalans. Joyau de l’ensemble, la grande salle de 1 100 places prend la forme d’un galet de rivière et la couleur du grenat, la pierre semi-précieuse longtemps exploitée dans le massif du Canigou. Juste à côté, la cage de scène en béton teinté couleur brique, haute de 35 m, évoque les forteresses et les palais des rois de Majorque. Pour la salle de création polyvalente, de 400 places, c’est la patine de l’acier Corten qui a été choisie en façade, pour son évolution au cours du temps, évocatrice du changement et de la créativité. Le calepinage des 1 435 m² de façades a dû être légèrement revu par rapport à la demande initiale de l’architecte : « nous avons réduit les formats pour obtenir un poids standard qui reste manipulable par les compagnons », détaille Antonio Fernandes, directeur général de l’entreprise Jean Rossi. L’esprit de départ a toutefois été conservé et les joints des cassettes sont alignés avec les différentes ouvertures des façades. Résultat, le parement est constitué de différentes tailles de modules, glissés les uns après les autres dans les rails verticaux fixés au mur par l’intermédiaire de consoles métalliques. Il a donc fallu adapter la gestion de chantier. « Chaque module était conditionné dans des emballages séparés. Pour monter les façades, nous avons donc fait livrer l’intégralité en une seule fois et non au fur et à mesure de l’avancement du chantier, ce qui a inévitablement compliqué la gestion du stockage », explique Antonio Fernandes. Détail esthétique, un caniveau autour du bâtiment recueille les eaux de ruissellement, évitant ainsi que les résidus d’oxydes ne viennent colorer le parvis. A c I e R c O R T e N p O u R L A S A L L e D e c R É AT I O N Les quatre autres bâtiments ont été traités en métal, à l’instar des zones industrielles de la région. L’espace de répétition est voulu comme un hangar en forme d’ogive, recouvert d’un bardage double peau classique en aluminium, teinte « alu zinc ». La tour, qui accueille la loge des artistes et les bureaux administratifs, est habillée d’un bardage doré, clin d’œil au blason catalan. 01 LeS INTeRveNANTS Maître d’ouvrage Partenariat public-privé Ville de Perpignan - Agir-Auxifip - Cofely Maître d’ouvrage délégué Agir Promotion Maître d’oeuvre Ateliers Jean Nouvel et Métra + Associés. Entreprise générale Fondeville Entreprise de bardage (hors bâtiment de répétition) Jean Rossi Bardage : - Bâtiment logistique : plateaux Hacierco C 500.90C perfo ; bac de couverture Hacierco 3.333.79 T ; tôle plane 15/10 ( Arval, ArcelorMittal). - Bâtiment administratif : tôle ondulée WP 18.76 HA en aluminium prélaquée dorée (Bemo). - Salle de création de 400 places : cassettes en acier Corten (PMA, ArcelorMittal). Le premier partenariat public-privé dans le domaine culturel Grâce au partenariat public-privé (PPP), la mairie de Perpignan a fait appel à des prestataires privés, via le groupement Agir Promotion (filiale de Fondeville), Auxifip, Cofely, pour le financement, la construction et l’exploitation du théâtre de l’Archipel. © Philippe Ruault 36 01 Avec leur couleur or, les façades de la tour administrative sont un clin d’oeil au blason catalan. BARD AGE. INF O # 01 MA I 2 01 2 P E R P I G N AN RÉ A LISAT ION 37 © Philippe Ruault 02 04 © Philippe Ruault 03 02 Les 1 435 m2 de façades de la salle de création polyvalente ont été habillés de parements en acier Corten. 03 © Philippe Ruault La forme et le traitement des façades de chacun des six bâtiments renvoient à des objets ou des sites familiers des Catalans. 04 Dessiné en forme d’ogive, l’espace de répétition est enveloppé d’un bardage double peau classique en aluminium, teinte « alu zinc ». 38 R É ALISATI ON P E R P I GNA N BAR D AG E . I N FO #0 1 MA I 2 012 Le revêtement de ce bâtiment est amené à évoluer… Chaque année, les affiches des spectacles seront scannées, imprimées et collées sur les murs et la toiture. Dernier bâtiment de l’Archipel, le local logistique est entièrement recouvert d’affiches de spectacles, scannées et réimprimées sur un film plastique autocollant, résistant au temps et aux intempéries. Sous les affiches se cache le métal. La façade est constituée d’un bardage en tôles d’acier nervurées, avec une isolation de 100 mm d’épaisseur, rapporté sur un mur en béton. « S’il n’y avait pas eu les contraintes des affiches, nous nous serions arrêtés là, commente Antonio Fernandes. Mais il fallait une surface adaptée au collage des impressions. Nous avons donc mis en place des profilés en Z dans les nervures pour pouvoir fixer des tôles planes en acier galvanisé ». Environ 1 130 m² de tôles ont ainsi été mis en œuvre. Des modules de grande taille qui minimisent les joints et dont la fixation a été réalisée par rivetage : « les têtes des vis auraient déchiré les affiches, alors que les rivets forment des petits dômes à peine visibles », explique le responsable de Jean Rossi. Le revêtement de ce bâtiment est amené à évoluer… Chaque année, les affiches des spectacles seront scannées, imprimées et collées sur les murs et la toiture. l 05 Des tôles planes ont été rapportées au bardage du bâtiment logistique afin de permettre le collage des affiches. Des accès pompiers dans la tôle ondulée dorée 74 1188 74 795 28 120 ° Reprenant la couleur or du blason catalan, le bardage de la tour (340 m2) est une simple tôle ondulée en aluminium prélaquée dorée. Elle est posée horizontalement sur une ossature en Z métallique fixée sur le béton. Une couche de laine de verre de Sous face 100 mm vient assurer l’isolation thermique, l’isolation phonique étant traitée de l’intérieur. Le point particulier de ce bâtiment réside dans le traitement des accès pompiers aux étages, au nombre de quatre sur la façade ouest. « L’architecte voulait une continuité sur toute la façade. La tôle ondulée devait Bavette - tôle alu donc se prolonger au niveau de ces portes », explique Antonio Lisses Fernandes. Celles-ci se trouvant en retrait par rapport à la Bardage façade, il a fallu concevoir une ossature avec lisses en acier, Bemo 18.76 HA (pose horizontale) permettant de positionner la tôle ondulée sur le même plan que le reste du bardage. Les portes forment alors des ensembles de 60 cm d’épaisseur, qui pivotent totalement vers l’intérieur, laissant un espace suffisant au passage des pompiers. Les Bardage Bemo 18.76 HA accès se trouvant juste en-dessous de fenêtres, une tôle (pose horizontale) aluminium prélaquée dorée vient former une bavette qui Détail vertical, porte accès pompiers recouvre l’épaisseur de l’ossature et du bardage. 175 74 74 74 368 70 19 30 30 25 19 60 912 1800 15 © Philippe Ruault 05 40 R É ALISATI ON 01 02 NA Ncy BAR D AG E . I N FO #0 1 MA I 2 012 BARD AGE. INF O # 01 MA I 2 01 2 RÉ A LISAT ION N AN c y Bardage millimétré pour façades cintrées C’est un parement en apparence plutôt classique qui a été posé en bardage de la nouvelle UHSA du centre psychothérapique de Nancy, mais avec une minutie toute particulière pour s’adapter à un calepinage exigeant et à des rayons de courbure variables. cORINNe MONTcuLIeR L’ 03 UHSA du centre psychothérapique de Nancy est le troisième bâtiment du genre en France. Pour cette réalisation, qui est à la fois un espace pénitentiaire et un lieu de soins psychiatriques, l’architecte Victor Castro a choisi un parti pris architectural humaniste : s’éloigner des codes de l’univers carcéral et faire un lieu de vie pour les détenus, tout en prenant en compte les contraintes de l’endroit, « avec une sécurité efficace et discrète ». à l’intérieur, ce sont des cellules individuelles, des parloirs agréables, des couleurs gaies sur les murs et une attention particulière pour la lumière naturelle. Et en extérieur, une façade toute en courbes, à la géométrie fluide, sans symétrie, dépourvue d’angle et illuminée par un jeu de six couleurs au calepinage précis. La partie basse des murs extérieurs, gris foncé, est traitée avec un enduit hydraulique. Au-dessus, prend place un bardage en damier de panneaux stratifiés rectangulaires de couleurs, cinq au total, agencés selon un rythme répétitif. C’est là que réside la principale difficulté de ce chantier : adapter le calepinage précis imaginé par l’architecte aux surfaces cintrées et diversifiées du bâtiment. Au final, 600 panneaux ont été découpés au millimètre près et positionnés avec un espacement de 8 mm. M O D É L I S AT I O N Le premier travail, long et minutieux, a été la modélisation de l’ensemble, avec le logiciel TopSolid. Compte tenu des exigences du calepinage, les dessins ont été finalisés à partir de relevés au laser réalisés une fois le gros œuvre achevé. « Deux ingénieurs ont été affectés aux études et aux relevés pendant un bon mois », explique Gilles Broggi, directeur de l’agence Soprema Entreprises de Nancy. Outre les rayons de courbure variables des parois, il a fallu prendre en compte les emplacements des châssis spécifiques à un bâtiment pénitentiaire, avec la contrainte de ne pas mettre en œuvre d’habillages rapportés pouvant être enlevés, tels des pièces de recouvrement entre parements et châssis. uhSA Unité d’hospitalisation spécialement aménagée : surnommée « hôpital prison », cette unité est placée sous la double autorité des ministères de la Justice et de la Santé. Elle a pour vocation de prendre en charge des détenus présentant des troubles psychiatriques. Deux unités étaient déjà ouvertes, à Lyon et Toulouse, et d’autres sont prévues d’ici à 2014. LeS INTeRveNANTS Maîtrise d’ouvrage Centre psychothérapique de Nancy Maître d’oeuvre Agence Victor Castro Architecte Entreprise mandataire du groupement Pertuy Construction Entreprise de bardage Soprema Entreprises, agence de Nancy Produits de bardage Meteon TS 150 ép.6 mm en cinq coloris (Trespa) Surface de façades 800 m2 01 Le calepinage met en scène cinq couleurs : jaune soleil, rouge orangé, terre de Sienne, vert gazon, vert printemps, selon un rythme répétitif. 02 & 03 Au total, 600 panneaux ont été découpés au millimètre près, pour la plupart en atelier de menuiserie, afin de faciliter le chantier et garantir au maximum la précision. 41 42 R É ALISATI ON NA Ncy BAR D AG E . I N FO #0 1 MA I 2 012 Il a fallu prendre en compte les emplacements des châssis spécifiques à un bâtiment pénitentiaire Vient ensuite la mise en place de l’ossature du bardage sur les voiles béton, calée au laser pour que le parement vienne se poser précisément. Là encore, le cintrage des façades va imposer un réglage millimétrique des pattes équerres afin d’ajuster l’espacement entre l’ossature et le mur porteur. Pour les équipes de pose, toute la difficulté consiste ici à reproduire les courbures du dessin d’architecte avec des panneaux plans. Elles ont toutefois pu s’appuyer sur la capacité de cintrage à froid des panneaux qui peuvent être montés avec une incurvation convexe jusqu’à 4 mètres de rayon dans ce cas précis. L’ossature est constituée par des chevrons verticaux en bois, espacés de 60 cm et deux couches croisées de châssis spécifiques et pose adaptée « Les châssis des menuiseries extérieures, avec barreaudage, sont soudés dans un précadre et forment un ensemble monobloc », explique Gilles Broggi. Non modifiables, ils devaient être intégrés avant le bardage. « Habituellement, il y a toujours une pièce de recouvrement entre les panneaux et les châssis. Ici, c’était interdit en raison du caractère pénitenticiaire du bâtiment ». Le parement vient donc affleurer sous le précadre, d’où la nécessité d’un dimensionnement exact. Seule exception à l’obligation d’absence de pièce rapportée : une goutte d’eau a été placée en partie basse du complexe de bardage, à la liaison avec l’enduit hydraulique. laine de verre viennent assurer l’isolation. Parallèlement, une fois les dimensions des différents éléments définis, les panneaux stratifiés sont envoyées chez un menuisier afin d’être découpés. Au total, sur les 600 éléments de parement, un peu plus de 500 sont de taille et de couleur différentes. Les panneaux sont fixés, tous les 50 cm maximum, dans l’ossature bois par des vis colorées dans la même teinte. Cinq mois de pose, mobilisant cinq personnes, ont été nécessaires pour réaliser l’habillage des façades. « Nous mettons régulièrement en œuvre ce type de produit, mais sur des petites surfaces, explique Gilles Broggi. Ici, c’est un bâtiment spécifique, complexe, qui demande de la minutie et de la dextérité à nos équipes ». l Châssis sur pré-cadre Trespa Pare pluie Isolant 2 x 60 mm BARD AGE. INF O # 01 MA I 2 01 2 RÉ A LISAT ION c lAM ARt habillage tout en douceur pour une clinique psychiatrique Mixité des matériaux, des formes et des couleurs, tel a été le choix de l’agence AS.Architecture-Studio pour la nouvelle clinique de soins psychiatriques de Clamart. Un bâtiment simple, contemporain, chaleureux et en harmonie avec son environnement. A u D e M O u TA R L I e R 01 LeS INTeRveNANTS Maître d’ouvrage établissement public de santé Paul Guiraud AMO Egis Architecte AS.Architecture-Studio BEt Arcoba (BET TCE), Eco Cités (Economiste & HQE) © AS.Architecture-Studio lot façade Axima-Seitha S ituée le long d’une bande arborée, mais dans un triangle très bruyant et exigu, entre les avenues du Général de Gaulle et Paul Langevin et la rue Andras Beck, la nouvelle clinique de soins psychiatriques de Clamart (92) se devait d’être empreinte de douceur et de chaleur. Livrée en avril 2012, elle accueillera, dès le mois de juin prochain, un peu plus d’une centaine de patients. Pour habiller les différentes façades extérieures de cet ensemble totalisant 10 600 m², composé de deux longues ailes de 131 et 52 mètres reliées par deux bâtiments, l’architecte a souhaité une image « naturelle » avec, comme matériau principal de bardage, la terre cuite. « L’objectif était d’apporter de la douceur et la terre cuite s’est donc imposée tout naturellement. Ce qui est également intéressant avec ce matériau, c’est la variété des tonalités résultant des différents modes de cuissons », explique Laurent-Marc Fischer, architecte associé de l’agence parisienne AS.Architecture-Studio, en charge de ce projet. En choisissant la terre cuite, l’architecte a aussi souhaité se rapprocher des matériaux utilisés dans l’environnement de ce bâtiment. « Nous avons, en effet, essayé d’homogénéiser et de créer un maximum de liens avec les différents ouvrages existants de cette commune des Hauts-de-Seine », ajoute l’architecte. Produits de bardage Zéphir (terre cuite), Terreal Panneaux stratifiés, Trespa Baïne (tôle nervurée), Arval pRÉDOMINANce De TeRRe cuITe Au total, ce sont donc 2 950 m2 de bardeaux qui ont été installés par les équipes d’Axima Seitha, en charge des travaux. AS.Architecture-Studio a sélectionné des modules de forme rectangulaire (605 × 295 mm). Certains sont perforés par des trous oblongs afin de donner une déclinaison de tonalités aux façades. « Dans les courbes serrées, ce sont des formats de 300 × 295 mm avec des joints de 5 mm qui ont été utilisés », explique Christian Oheix, chargé d’affaires chez Axima Seitha. Pour la pose des parements, l’entreprise a eu recours à un système d’équerres rapportées sur les voiles de béton et associées à une ossature primaire verticale. Celle-ci supporte un réseau de lisses en aluminium. Chaque module de terre cuite possède, au verso, en parties haute et basse, des ergots qui viennent se loger dans les rails 01 Bardage en terre cuite perforée sur des oriels. 43 44 R É ALISATI ON c lA M A Rt BAR D AG E . I N FO #0 1 MA I 2 012 C’est un parement volontairement plus neutre qui a été choisi pour traiter les façades intérieures des deux plus longues ailes : des panneaux stratifiés de couleur grise et rainurés. © AS.Architecture-Studio 02 TRAITeMeNT pLuS NeuTRe © AS.Architecture-Studio 03 02 Combinaison de bardages en terre cuite, panneaux stratifiés, tôle ondulée et murs-rideaux. 04 Façade intérieure en panneaux stratifiés. © AS.Architecture-Studio 03 Application du bardage en terre cuite en courbes. métalliques horizontaux. « L’ossature porteuse doit donc être posée avec précision. De plus, on applique deux points de colle sur chaque élément afin d’éviter qu’il ne bouge sur le rail », indique Christian Oheix. L’entreprise s’est également vu confier la réalisation d’un dispositif original : des oriels qui s’intègrent dans le pas de 605 mm. « Il s’agit de pare-vues dont la face intérieure est en tôle laquée colorée », note l’architecte. Au plan thermique, le concepteur a privilégié une isolation en laine de verre d’une épaisseur de 140 mm. Cette dernière est directement posée sur les murs et fixée à l’aide de chevilles. « Un écart minimum de 20 mm entre l’isolation et le bardage est conservé de façon à créer une lame d’air destinée à ventiler le complexe », continue le chargé d’affaires. 04 C’est un parement volontairement plus neutre qui a été choisi pour traiter les façades intérieures des deux plus longues ailes : des panneaux stratifiés de couleur grise et rainurés conformément aux souhaits de l’architecte. Quant aux bâtiments centraux, ils sont habillés d’un bardage en profils à ondes sinusoïdales qui remontent en toiture pour former une sur-couverture. Un peu plus de 900 m2 de tôles en acier ont ainsi été posées horizontalement. « Autant sur les façades extérieures, nous avons souhaité créer des homogénéités avec l’environnement et en particulier avec la bande arborée, autant à l’intérieur, nous avons cherché à créer des variations spatiales assez fortes », reconnaît Laurent-Marc Fischer. Enfin, l’aménagement d’un jardin au cœur de l’établissement crée une zone protégée et rassurante pour les patients. Cet environnement a été travaillé avec la même attention que la salle de musique ou de dessin, car il peut constituer un vecteur de soins tout aussi efficace. Sur ce terrain réduit, le maître d’ouvrage a également souhaité installer un espace de détente sur la toiture-terrasse dont une partie est végétalisée. l 46 R É ALISATI ON © Smac 01 GR E NO B l E BAR D AG E . I N FO #0 1 MA I 2 012 BARD AGE. INF O # 01 MA I 2 01 2 RÉ A LISAT ION G R E N OBl E «Lanterne japonaise» en panneaux composites à Grenoble, un immeuble de bureaux vise l’énergie positive tout en présentant de réelles qualités architecturales et urbaines. Un objectif qui se traduit en façades par une double exigence : réaliser un bardage extrêmement travaillé et assurer une isolation thermique haute performance. BASTIeN cANy C ’est depuis 2011 l’un des bâtiments vitrines de la ville de Grenoble. Avec une consommation annoncée de 27 kWh/m²/an, l’immeuble de bureaux « Bonne Energie » revendique les performances d’un ouvrage Bepos. Pour y parvenir, ses concepteurs - le promoteur PRD et l’équipe de maîtrise d’œuvre emmenée par les architectes Charon et Rampillon – ont d’abord évalué la capacité de production photovoltaïque du site avant de s’attaquer à la limitation des besoins énergétiques. Dès le départ, le programme du concours fixé par l’aménageur précisait que la consommation d’électricité serait totalement couverte par la production d’énergie solaire. En parallèle, une limite de 10 kWh/m²/an était imposée pour les besoins en chauffage. Enfin, le bâtiment se devait également de jouer un rôle pédagogique dans cette Zac de Bonne, fer de lance de la politique environnementale de Grenoble. Le résultat est une architecture toute en allégorie. Aux premiers niveaux, des poteaux croisés semblent sortir de terre, tels des racines, évoquant ainsi l’utilisation de la nappe phréatique alimentant une pompe à chaleur. Un squelette qui réapparaît en toiture pour capter l’énergie solaire à l’aide de panneaux en silicium formant une résille à la manière d’un feuillage. La structure porteuse de l’ouvrage est en réalité plus classique : un ensemble de voiles et de planchers en béton entièrement isolé par l’extérieur. C’est toutefois là que réside l’une des caractéristiques marquantes de cette architecture, comme l’expliquent ses concepteurs : « la peau extérieure se plie entre les tours d’une spirale continue, à l’image d’une lanterne japonaise ». Des parois en accordéon qui vont nécessiter le cintrage de 800 m² de panneaux composites en aluminium. TRAMe IRRÉguLIèRe Autre particularité de ces façades : elles sont percées de nombreuses ouvertures (22 % de la surface des planchers) aux géométries variables et disposées selon une trame irrégulière. Installées au nu extérieur, les baies sont intégrées sur d’imposants précadres en bois formant un ourlet périphérique habillé d’acier. Une configuration qui va largement compliquer le travail préalable d’étude. « L’exigence d’alignement panneaux composites Ces panneaux sont constitués d’un complexe multicouche composé de deux tôles d’aluminium collées de part et d’autre d’une âme en polyéthylène. Ils habillent la totalité de la façade y compris le bardage plan (265 m2) du rez-de-chaussée et du R + 1. La sous-face entre les deux systèmes (plan et cintré) a été réalisée avec des clins en aluminium (150 m2). sur les encadrements a imposé un calepinage unitaire de chaque panneau de bardage », indique Elise Garbi, ingénieur chez Smac au sein de l’agence Eurofacade à Vaulx-en-Velin en charge des travaux. Au total, près de 500 heures de conception seront nécessaires, de la mise au point du parement jusqu’à la réalisation des plans de fabrication. D e u x R Ay O N S D e c I N T R A g e Précision oblige, les cotes définitives ont été prises après réception complète des façades. Dimensionné sur-mesure, chaque panneau est cintré selon deux rayons de courbure concave : 1,5 m (parties basses et hautes des façades) et 4,5 m. Quant aux pièces d’angles, elles ont été assemblées et collées en usine avant d’être livrées mono-blocs par le façonneur. L’ensemble est solidarisé au gros-œuvre selon un principe de bardage rapporté, les panneaux étant fixés par rivets sur un réseau de profilés verticaux et horizontaux. Un mode de mise en œuvre qui a toutefois nécessité la fabrication de pattes équerres spécifiques. Celles-ci comportent une coupe biaise sur l’aile d’appui des profilés porteurs de manière à recevoir l’ossature primaire également cintrée. Par ailleurs, ces fixations ont été renforcées (acier galvanisé 30/10e) avec une semelle de 120 × 60 mm. De fait, le complexe affiche des épaisseurs importantes, jusqu’à 400 mm sur les façades courbes. LeS INTeRveNANTS Maître d’ouvrage PRD Maître d’œuvre HTC BEt Structure BE2T BEt Fluides Choulet BEt HQE Addenda Gros oeuvre Acquadro Favier Bardage Smac / agence Eurofacade de Vaulx-en-Velin Menuiseries extérieures Berriat Bâtiment Produits de bardage - Alucobond (façonnage, Tim Composites) - Fréquence (Arval) - Duripanel (Eternit) 01 Environ 800 m2 de panneaux composites en aluminium ont été cintrés afin de réaliser ces façades pliées en accordéon. 47 R É ALISATI ON GR E NO B l E BAR D AG E . I N FO #0 1 MA I 2 012 La mise en œuvre de l’isolant en laine minérale, principale exigence de l’entreprise de bardage, a été détaillée dans une note méthodologique rédigée pour ce chantier. 02 © Smac Dernier détail qui confère son allure finale à l’ouvrage : un bandeau saillant, continu sur les quatre faces, vient fermer les joints horizontaux entre panneaux tout en surlignant chaque pli des façades. Réalisé à partir d’un profilé en aluminium laqué doré, il est fixé sur l’ossature primaire du panneau supérieur. TRAITeMeNT DeS pONTS TheRMIqueS Sur ce chantier, l’autre enjeu pour Smac résidait dans l’isolation par l’extérieur. Dans la ligne de mire : les ponts thermiques dont le traitement était obligatoire compte tenu des performances énergétiques attendues. La principale 03 J O N c T I O N h O R I z O N TA L e e N T R e pA N N e A u x c I N T R É S © Smac 48 exigence pour l’entreprise pesait sur la mise en œuvre de l’isolant en laine minérale. Celle-ci a d’ailleurs été détaillée dans une note méthodologique rédigée pour ce chantier. Déroulé en deux couches de 100 mm, ce feutre semi-rigide est posé en lits croisés de manière à éviter les pertes d’énergie au droit des joints. Une attention particulière a également été portée à la continuité de l’isolation en assurant notamment le calfeutrement des points singuliers. Malgré la relative densité du matériau, les équipes ont dû veiller à ne pas le comprimer et à maintenir ainsi la totalité de l’isolant en contact avec les voiles béton. Des consignes de mise en œuvre très strictes qui ont fait l’objet d’auto-contrôles réguliers par les conducteurs de travaux. Une démarche d’autant plus utile ici que le mur-manteau a été au final soumis à une évaluation thermographique par la maîtrise d’œuvre. Preuve que désormais, en matière de bardage, la réussite du parement, aussi complexe soit-il, ne suffit plus forcément à faire la réussite du chantier… l 02 Les pièces d’angles, assemblées et collées par le façonneur, ont été livrées monoblocs sur le chantier. 03 La sous-face entre le R + 1 et le R + 2 est constituée de 150 m2 de lames en aluminium.