ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009 · 29
RÉALISATION >
Un bardage anticorrosion
pour la centrale de Flamanville
C’est sans doute actuellement le chantier
de construction le plus sensible de
France. Depuis mars 2007, la centrale nu-
cléaire de Flamanville (50) est en pleine efferves-
cence. En plus de ses deux réacteurs d’une puissance
de 1300MW chacun, le site accueille les travaux du
futur EPR. Coincées entre le bord de mer et une
falaise de granite haute de 70mètres, plus de
1700personnes et une dizaine de grues à tour
s’activent dans cet espace restreint pour construire le
réacteur de troisième génération qui doit entrer en
service en 2012. Mais alors que tous les regards se
tournent vers cette opération titanesque, un autre
chantier, certes plus discret et moins impression-
nant, vient de s’achever à quelques centaines de
mètres. Depuis trois ans, les salles des machines des
tranches1 et 2 de la centrale faisaient l’objet d’une
vaste campagne de réfection. C’est dans ces halls
que l’énergie générée par la fission nucléaire est
transformée en électricité.
À l’intérieur, six turbines et deux alternateurs ont in-
jecté dans le réseau, en 2008, 11milliards de
kilowatt heures, soit environ 3% de la production
électrique française. Contrairement au réacteur pro-
tégé par une double coque en béton, ces équipements
ne contiennent ni ne génèrent d’éléments radioactifs.
Autour, c’est donc un simple bardage qui assure le
clos et couvert des deux bâtiments. Seulement voilà,
au fil des ans, les 25 000 m2d’enveloppe métallique
ont été mis à mal par l’environnement salin et la
À Flamanville, dans la Manche, les équipes de l’agence Smac de Sarcelles viennent d’achever la réfection des 25 000 m2
de bardage protégeant les deux salles des machines de la centrale nucléaire. Un chantier complexe, placé sous haute
surveillance, qui doit permettre à ces deux bâtiments de mieux supporter un environnement salin particulièrement agressif.
RÉFECTION
RÉALISATION >
rudesse du climat local. Malgré un parement extérieur
en tôles d’aluminium nervurées, les façades de ces
deux bâtiments ont toujours été confrontées à des
problèmes d’oxydation, essentiellement à l’interface
entre la tôle et les plateaux intérieurs. Une première
réfection avait d’ores et déjà conduit à mettre en place
des fixations en acier inoxydable. Mais cette mesure
va vite s’avérer inefficace. Loin de régler la question,
l’association des trois métaux – aluminium, inox, acier
des plateaux – et d’une lame d’air ventilée avait alors
engendré un autre phénomène de corrosion par
couple électrolytique. Dès lors chez EDF, on va envisa-
ger une alternative aussi simple que radicale : si les
visseries apparentes posent problème, autant les sup-
primer. Restait toutefois à savoir comment. La solu-
tion viendra d’outre-Rhin avec un système de profilés
aluminium à joint debout (Kalzip) produit par
l’industriel allemand Corus. Un procédé qui se dis-
tingue justement par l’absence de fixations traver-
santes. L’assemblage et l’accrochage des tôles
s’effectuent en effet par sertissage des joints sur des
pattes de fixation à rupture de pont thermique. Une
technique plus connue dans l’Hexagone pour ses ap-
plications en couverture qu’en façade : «En France,
c’est même l’un des premiers chantiers de bardage réali-
sés avec ce produit», précise Dominique Royer de
Smac, dont les équipes vont assurer la conception de
cette double peau et sa mise en œuvre.
Trois tronçons de tôles aluminium ont été posés verticalement sur la
hauteur des bâtiments (50 m), le démontage de l’existant s’effectuant à
l’avancée du chantier.
Pour la réfection des 25 000 m2de bardage, EDF a opté pour un système de profilés aluminium à joint
debout sans fixation traversante.
Les profilés en oméga, posés à 45 degrés, servent de support aux pattes
de sertissage du parement extérieur.
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Trois ans de travaux seront nécessaires au personnel
de l’agence Smac de Sarcelles (95) pour envelopper
entièrement ces deux bâtiments. Un délai long qui
s’explique par les difficultés de phasage inévitables
sur un site nucléaire soumis à des conditions draco-
niennes de sécurité. «Il était par exemple impossible
de travailler à proximité des alternateurs en cours de
fonctionnement, note Dominique Royer, pour intervenir,
nous devions attendre un arrêt de tranche. Ce qui n’arrive
qu’une fois par an…» Le démontage de l’existant va
donc s’effectuer à l’avancement du chantier.
Un bardage chaud sans ventilation
En remplacement, les bardeurs installent un complexe
plus performant aux plans thermique et acoustique :
des plateaux intérieurs perforés équipés de deux
couches d’isolation – la première intègre un pare-
vapeur – entre lesquelles est intercalée une ossature
secondaire. Ces profilés en oméga, posés à 45degrés,
sont vissés sur leurs deux ailes à chaque croisement
de plateaux pour servir de support aux pattes de ser-
tissage du parement extérieur. Sur la hauteur des bâ-
timents (50 mètres), trois tronçons de tôles alumi-
nium vont ainsi être posés verticalement, chaque tôle
étant également solidarisée en tête par un point fixe.
«Ce système a été conçu comme un bardage chaud sans
aucune ventilation, expose le responsable de Smac,
l’objectif étant d’éviter toute condensation parasite qui
entraînerait des risques de corrosion.» C’est le même
principe d’enveloppe qui a été retenu pour abriter la
future salle des machines de l’EPR. Dessiné par
l’agence Bridot Willerval, ce parallélépipède de
114mètres de long, 60mètres de large et 49mètres
de hauteur est structuré par une toiture aux pentes
contrariées et une façade inclinée vers la mer. Une ar-
chitecture qui se veut le symbole de cette nouvelle
technologie tout en respectant le plan de masse
d’origine. D’ailleurs, le nouvel ensemble sera habillé
d’un bardage similaire aux tranches 1 et 2, y compris
pour la couleur: un brun foncé sélectionné à l’issue
d’une étude colorimétrique, pour une meilleure inté-
gration dans le paysage. BC
LES INTERVENANTS
Maître d’ouvrage : EDF
Bardage : Smac (Sarcelles)
Système de bardage : Kalzip (Corus)
La partie supérieure des pattes de fixation est prise dans le sertissage des bords latéraux des profilés.
Plus performant au plan thermique, le nouveau complexe comprend deux couches d’isolation entre
lesquelles est intercalée une ossature secondaire.
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EDF a envisagé
une alternative
aussi simple
que radicale :
si les visseries
apparentes
posent
problème,
autant
les supprimer.
RENNES
© PYC
Des façades
mixtes et
pédagogiques
Proposer aux apprentis un laboratoire de ce qui se
fait le mieux en matière de formation profession-
nelle» : c’était l’ambition de l’Institut national de l'hygiène
et du nettoyage industriel (Inhni) pour la construction de
ce CFA, le septième du genre au sein de la branche pro-
preté. Un outil attendu par ce secteur à forte proportion
de main-d’œuvre et dont les effectifs en apprentissage ont
doublé en quatre ans. Implanté au sein du campus de Ker
Lann, à quelques kilomètres de Rennes (35), l’ouvrage ac-
cueille depuis le début de l’année, 210 élèves de 16 à 25
ans. Vitrine de la profession, ce bâtiment se devait égale-
ment d’intégrer le volet environnemental dans sa concep-
tion avec notamment un système de récupération des
eaux pluviales et un chauffage thermodynamique. Vu de
l’extérieur, l’ouvrage se distingue par ses volumes qui
semblent en « lévitation au-dessus d’un socle monolithique
qui supporte l’ensemble de l’édifice », comme l’explique son
architecte, Philippe Loyer. Un effet largement renfor
par la présence de grandes boîtes en porte-à-faux
incrustées dans la façade principale. Point fort de cette ar-
chitecture, ces caissons en encorbellement s’appuient sur
les murs du rez-de-chaussée en béton banché alors que
les étages sont portés par une ossature métallique asso-
ciée à des poteaux béton.
Panneaux sandwich acier
En façades, c’est un bardage rapporté qui habille la struc-
ture isolée par 100mm de laine minérale. «Afin de garan-
tir l’aspect plan de cette enveloppe, indique Alain Sollet, le
PDG de l’entreprise SEO qui a réalisé les façades, le choix
des parements s’est porté vers des panneaux sandwich en
acier comportant une âme en mousse de polyuréthane.»
Des éléments qui ont également permis ici de travailler
sur des grands formats respectant la trame du dessin
d’origine (595×105 cm) tout en conservant une bonne
rigidité. En plus de leur isolation thermique complémen-
taire, ces parements (Planéa, Arval) offrent l’avantage
d’être associés à un système de précadres en aluminium
qui vient faciliter l’intégration des menuiseries au nu de la
façade. Posés horizontalement sur toutes les faces du
bâtiment, les panneaux ont été assemblés par un emboi-
tement des quatre champs qui dissimule les fixations. Des
garnitures en silicone installées sur les joints verticaux et
horizontaux permettent à ce type de bardage d’être consi-
déré comme étanche sans l’apport d’un écran pare-pluie.
C’est d’ailleurs le même principe de panneaux sandwich
À Rennes, le secteur de la propreté dispose depuis quelques
mois d’un Centre de formation des apprentis (CFA) flambant
neuf. Un bâtiment dont les bardages servent une architecture
à la fois valorisante pour la profession et conçue comme un
support pédagogique à part entière pour les élèves.
Le recours à des
panneaux sandwich
en acier a permis
de travailler avec
des parements
de grand format.
Ces éléments laqués
blanc et gris
contrastent avec
la finition
«oxydation»
des panneaux en
bois stratifié qui
habillent les boîtes
de la façade
principale.
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© PYC
LES INTERVENANTS
Maitre d’ouvrage : Inhni
Architecte : Atelier Loyer et Brosset
Maitre d’œuvre : Ingénierie Associés
Bardage : SEO Étanchéité
Système de bardage : Planéa (Arval) ; Meteon (Trespa)
acier qui assure l’étanchéité des boîtes rapportées en
débord de la façade principale. Alignées horizontalement
dans un même plan incliné, ces trois structures posées sur
un plancher béton ont été enveloppées d’une seconde
peau en bois stratifié (Meteon, Trespa). Outre les maté-
riaux, la couleur est également un élément fort de dis-
tinction de ces volumes : un décor façon « métal oxydé »
qui vient contraster avec la sobriété des laquages blanc et
gris des parements courants. Mais au-delà de leurs quali-
tés esthétiques, ces façades jouent aussi un rôle éducatif.
Conçues pour être accessibles avec un échafaudage rou-
lant, elles serviront de support pédagogique grandeur
nature pour familiariser les élèves au nettoyage des vitres
et des parements de bardage. «En fait, la totalité de ce pro-
gramme vise à satisfaire un usage éducatif», souligne
Philippe Loyer. À l’intérieur, plus de trente revêtements de
sols différents équipent les salles de cours qui simulent
divers environnements professionnels (salles blanches,
agro-alimentaires, hôpitaux). Les étudiants peuvent ainsi
s’exercer dans des conditions proches de la réalité aux
techniques d’hygiène et de mise en propreté. Même l’eau
pluviale récupérée à partir des toitures est réemployée
dans le cadre des travaux pratiques. BC
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