RÉALISATION >

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R É A L I S AT I O N >
RÉFECTION
Un bardage anticorrosion
pour la centrale de Flamanville
À Flamanville, dans la Manche, les équipes de l’agence Smac de Sarcelles viennent d’achever la réfection des 25 000 m2
de bardage protégeant les deux salles des machines de la centrale nucléaire. Un chantier complexe, placé sous haute
surveillance, qui doit permettre à ces deux bâtiments de mieux supporter un environnement salin particulièrement agressif.
C’
est sans doute actuellement le chantier
de construction le plus sensible de
France. Depuis mars 2007, la centrale nucléaire de Flamanville (50) est en pleine effervescence. En plus de ses deux réacteurs d’une puissance
de 1 300 MW chacun, le site accueille les travaux du
futur EPR. Coincées entre le bord de mer et une
falaise de granite haute de 70 mètres, plus de
1 700 personnes et une dizaine de grues à tour
s’activent dans cet espace restreint pour construire le
réacteur de troisième génération qui doit entrer en
service en 2012. Mais alors que tous les regards se
tournent vers cette opération titanesque, un autre
chantier, certes plus discret et moins impressionnant, vient de s’achever à quelques centaines de
mètres. Depuis trois ans, les salles des machines des
tranches 1 et 2 de la centrale faisaient l’objet d’une
vaste campagne de réfection. C’est dans ces halls
que l’énergie générée par la fission nucléaire est
transformée en électricité.
À l’intérieur, six turbines et deux alternateurs ont injecté dans le réseau, en 2008, 11 milliards de
kilowattheures, soit environ 3 % de la production
électrique française. Contrairement au réacteur protégé par une double coque en béton, ces équipements
ne contiennent ni ne génèrent d’éléments radioactifs.
Autour, c’est donc un simple bardage qui assure le
clos et couvert des deux bâtiments. Seulement voilà,
au fil des ans, les 25 000 m2 d’enveloppe métallique
ont été mis à mal par l’environnement salin et la
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
· 29
R É A L I S AT I O N >
rudesse du climat local. Malgré un parement extérieur
en tôles d’aluminium nervurées, les façades de ces
deux bâtiments ont toujours été confrontées à des
problèmes d’oxydation, essentiellement à l’interface
entre la tôle et les plateaux intérieurs. Une première
réfection avait d’ores et déjà conduit à mettre en place
des fixations en acier inoxydable. Mais cette mesure
va vite s’avérer inefficace. Loin de régler la question,
l’association des trois métaux – aluminium, inox, acier
des plateaux – et d’une lame d’air ventilée avait alors
engendré un autre phénomène de corrosion par
couple électrolytique. Dès lors chez EDF, on va envisager une alternative aussi simple que radicale : si les
visseries apparentes posent problème, autant les sup-
primer. Restait toutefois à savoir comment. La solution viendra d’outre-Rhin avec un système de profilés
aluminium à joint debout (Kalzip) produit par
l’industriel allemand Corus. Un procédé qui se distingue justement par l’absence de fixations traversantes. L’assemblage et l’accrochage des tôles
s’effectuent en effet par sertissage des joints sur des
pattes de fixation à rupture de pont thermique. Une
technique plus connue dans l’Hexagone pour ses applications en couverture qu’en façade : « En France,
c’est même l’un des premiers chantiers de bardage réalisés avec ce produit », précise Dominique Royer de
Smac, dont les équipes vont assurer la conception de
cette double peau et sa mise en œuvre.
>
Trois tronçons de tôles aluminium ont été posés verticalement sur la
hauteur des bâtiments (50 m), le démontage de l’existant s’effectuant à
l’avancée du chantier.
>
>
Pour la réfection des 25 000 m2 de bardage, EDF a opté pour un système de profilés aluminium à joint
debout sans fixation traversante.
Les profilés en oméga, posés à 45 degrés, servent de support aux pattes
de sertissage du parement extérieur.
R É A L I S AT I O N >
>
La partie supérieure des pattes de fixation est prise dans le sertissage des bords latéraux des profilés.
> Plus performant au plan thermique, le nouveau complexe comprend deux couches d’isolation entre
lesquelles est intercalée une ossature secondaire.
Trois ans de travaux seront nécessaires au personnel
de l’agence Smac de Sarcelles (95) pour envelopper
entièrement ces deux bâtiments. Un délai long qui
s’explique par les difficultés de phasage inévitables
sur un site nucléaire soumis à des conditions draconiennes de sécurité. « Il était par exemple impossible
de travailler à proximité des alternateurs en cours de
fonctionnement, note Dominique Royer, pour intervenir,
nous devions attendre un arrêt de tranche. Ce qui n’arrive
qu’une fois par an… » Le démontage de l’existant va
donc s’effectuer à l’avancement du chantier.
Un bardage chaud sans ventilation
En remplacement, les bardeurs installent un complexe
plus performant aux plans thermique et acoustique :
des plateaux intérieurs perforés équipés de deux
couches d’isolation – la première intègre un parevapeur – entre lesquelles est intercalée une ossature
secondaire. Ces profilés en oméga, posés à 45 degrés,
sont vissés sur leurs deux ailes à chaque croisement
de plateaux pour servir de support aux pattes de sertissage du parement extérieur. Sur la hauteur des bâtiments (50 mètres), trois tronçons de tôles aluminium vont ainsi être posés verticalement, chaque tôle
étant également solidarisée en tête par un point fixe.
32 ·
EDF a envisagé
une alternative
aussi simple
que radicale :
si les visseries
apparentes
posent
problème,
autant
les supprimer.
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
« Ce système a été conçu comme un bardage chaud sans
aucune ventilation, expose le responsable de Smac,
l’objectif étant d’éviter toute condensation parasite qui
entraînerait des risques de corrosion. » C’est le même
principe d’enveloppe qui a été retenu pour abriter la
future salle des machines de l’EPR. Dessiné par
l’agence Bridot Willerval, ce parallélépipède de
114 mètres de long, 60 mètres de large et 49 mètres
de hauteur est structuré par une toiture aux pentes
contrariées et une façade inclinée vers la mer. Une architecture qui se veut le symbole de cette nouvelle
technologie tout en respectant le plan de masse
d’origine. D’ailleurs, le nouvel ensemble sera habillé
d’un bardage similaire aux tranches 1 et 2, y compris
pour la couleur : un brun foncé sélectionné à l’issue
d’une étude colorimétrique, pour une meilleure intégration dans le paysage.
BC
LES INTERVENANTS
Maître d’ouvrage : EDF
Bardage : Smac (Sarcelles)
Système de bardage : Kalzip (Corus)
© PYC
R É A L I S AT I O N >
RENNES
Des façades
mixtes et
pédagogiques
À Rennes, le secteur de la propreté dispose depuis quelques
mois d’un Centre de formation des apprentis (CFA) flambant
neuf. Un bâtiment dont les bardages servent une architecture
à la fois valorisante pour la profession et conçue comme un
support pédagogique à part entière pour les élèves.
«
qui supporte l’ensemble de l’édifice », comme l’explique son
architecte, Philippe Loyer. Un effet largement renforcé
par la présence de grandes boîtes en porte-à-faux
incrustées dans la façade principale. Point fort de cette architecture, ces caissons en encorbellement s’appuient sur
les murs du rez-de-chaussée en béton banché alors que
les étages sont portés par une ossature métallique associée à des poteaux béton.
Proposer aux apprentis un laboratoire de ce qui se
fait le mieux en matière de formation professionnelle» : c’était l’ambition de l’Institut national de l'hygiène
et du nettoyage industriel (Inhni) pour la construction de
ce CFA, le septième du genre au sein de la branche propreté. Un outil attendu par ce secteur à forte proportion
de main-d’œuvre et dont les effectifs en apprentissage ont
doublé en quatre ans. Implanté au sein du campus de Ker
Lann, à quelques kilomètres de Rennes (35), l’ouvrage accueille depuis le début de l’année, 210 élèves de 16 à 25
ans. Vitrine de la profession, ce bâtiment se devait également d’intégrer le volet environnemental dans sa conception avec notamment un système de récupération des
eaux pluviales et un chauffage thermodynamique. Vu de
l’extérieur, l’ouvrage se distingue par ses volumes qui
semblent en « lévitation au-dessus d’un socle monolithique
© PYC
Panneaux sandwich acier
34 ·
> Le recours à des
panneaux sandwich
en acier a permis
de travailler avec
des parements
de grand format.
Ces éléments laqués
blanc et gris
contrastent avec
la finition
« oxydation »
des panneaux en
bois stratifié qui
habillent les boîtes
de la façade
principale.
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
En façades, c’est un bardage rapporté qui habille la structure isolée par 100mm de laine minérale. «Afin de garantir l’aspect plan de cette enveloppe, indique Alain Sollet, le
PDG de l’entreprise SEO qui a réalisé les façades, le choix
des parements s’est porté vers des panneaux sandwich en
acier comportant une âme en mousse de polyuréthane.»
Des éléments qui ont également permis ici de travailler
sur des grands formats respectant la trame du dessin
d’origine (595×105 cm) tout en conservant une bonne
rigidité. En plus de leur isolation thermique complémentaire, ces parements (Planéa, Arval) offrent l’avantage
d’être associés à un système de précadres en aluminium
qui vient faciliter l’intégration des menuiseries au nu de la
façade. Posés horizontalement sur toutes les faces du
bâtiment, les panneaux ont été assemblés par un emboitement des quatre champs qui dissimule les fixations. Des
garnitures en silicone installées sur les joints verticaux et
horizontaux permettent à ce type de bardage d’être considéré comme étanche sans l’apport d’un écran pare-pluie.
C’est d’ailleurs le même principe de panneaux sandwich
acier qui assure l’étanchéité des boîtes rapportées en
débord de la façade principale. Alignées horizontalement
dans un même plan incliné, ces trois structures posées sur
un plancher béton ont été enveloppées d’une seconde
peau en bois stratifié (Meteon, Trespa). Outre les matériaux, la couleur est également un élément fort de distinction de ces volumes : un décor façon « métal oxydé »
qui vient contraster avec la sobriété des laquages blanc et
gris des parements courants. Mais au-delà de leurs qualités esthétiques, ces façades jouent aussi un rôle éducatif.
Conçues pour être accessibles avec un échafaudage roulant, elles serviront de support pédagogique grandeur
nature pour familiariser les élèves au nettoyage des vitres
et des parements de bardage. «En fait, la totalité de ce programme vise à satisfaire un usage éducatif», souligne
Philippe Loyer. À l’intérieur, plus de trente revêtements de
sols différents équipent les salles de cours qui simulent
divers environnements professionnels (salles blanches,
agro-alimentaires, hôpitaux). Les étudiants peuvent ainsi
s’exercer dans des conditions proches de la réalité aux
techniques d’hygiène et de mise en propreté. Même l’eau
pluviale récupérée à partir des toitures est réemployée
dans le cadre des travaux pratiques.
BC
LES INTERVENANTS
Maitre d’ouvrage : Inhni
Architecte : Atelier Loyer et Brosset
Maitre d’œuvre : Ingénierie Associés
Bardage : SEO Étanchéité
Système de bardage : Planéa (Arval) ; Meteon (Trespa)
R É A L I S AT I O N >
VA L - D ’ O I S E
Un bardage multimatériau
pour le premier Castorama écolo
Plus grand Castorama de France, ce magasin ouvert en juin 2008 à Cormeilles-en-Parisis dans le Val-d’Oise,
s’affiche comme le nouveau fleuron de l’enseigne de bricolage. Conçu selon une démarche HQE, le bâtiment
présente des façades élaborées et animées par la richesse des matériaux utilisés, en rupture avec
l’architecture habituellement primaire des surfaces commerciales.
>
© DR
Souvent
assimilées au
parent pauvre
de la construction,
les surfaces
commerciales
ne peuvent plus
ignorer le virage
environnemental
pris par le monde
du bâtiment. Si les
retombées restent
difficiles à évaluer,
l’engagement des
grandes enseignes
sur ce sujet est
avant tout une
question d’image de
marque.
A
près les bâtiments publics, les immeubles de
bureaux et les logements, c’est désormais au
tour des surfaces commerciales de se convertir
aux vertus de la Haute qualité environnementale. Sur
ce marché, le style « boîte à chaussures » semble bel et
bien en voie de disparition. Certaines enseignes ont en
tout cas décidé de rompre avec cette logique de
construction à l’économie. Et tentent même désormais
de séduire les consommateurs en misant sur l’argument
« vert ». A fortiori lorsqu’il s’agit de construire l’un des
plus grands magasins français de bricolage. En 2008,
Castorama a inauguré à Cormeilles-en-Parisis (95) plus
de 14 000 m² de bâtiment estampillé HQE. Loué par
l’enseigne au promoteur Les Arches Métropole, ce site
se veut un modèle d’écoconception. Espaces verts,
néons basse consommation, lumière naturelle, récupé-
ration de l’eau pluviale, le bâtiment est également le
premier du genre à inaugurer un puits canadien. Une
technique qui permet à Castorama de couvrir 10 % de
ses besoins annuels en chauffage et en refroidissement.
En toiture, le maître d’ouvrage a également investi dans
1 200 m² de membranes synthétiques d’étanchéité intégrant des cellules photovoltaïques. Chaque année,
celles-ci devraient produire environ 80 000 kWh
d’électricité, soit 5 % de la consommation du magasin.
Outre cette logique environnementale, le Castorama
de Cormeilles affiche également sa différence au plan
architectural. Loin des habitudes constructives du secteur, les architectes de ce bâtiment (Atelier 77) ont
joué sur la mixité et la richesse des matériaux de
façade. Inox, aluminium, bois massif, acier : l’ouvrage
est à lui seul une vitrine des parements de bardage.
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
· 37
© DR
R É A L I S AT I O N >
>
© DR
Les lames en acier
laqué ont nécessité un
pliage spécifique afin de
produire des éléments
d’une longueur de
2 mètres, avec un pas
de 250 mm, un format
indisponible dans les
gammes standard.
© PYC
Les parements en acier
inoxydable et en bois
massif ont été installés
selon un même principe
de bardage rapporté sur
des bacs acier de type
plateaux.
>
Six mois de travaux ont été nécessaires aux équipes
de l’entreprise Jean Rossi pour habiller ces 10 000 m²
de parois. L’ensemble des revêtements a été mis en
œuvre sur des plateaux de bardage, y compris les
lames de bois (pin) posées via une ossature secondaire en tasseaux. Plus rare sur ce type d’ouvrage, la
présence de parements en acier inoxydable témoigne
des choix qualitatifs opérés pour ces façades : les tôles
produites avec une finition polie miroir ont permis ici
aux architectes de travailler les jeux de reflets. « Pour
palier aux difficultés de percement de l’inox avec les fixations de bardage classiques, il a été décidé de prépercer
les matériaux après avoir établi un calepinage précis de
l’ossature », note Antonio Fernandes, directeur général
de Jean Rossi SA. Les parements en acier laqué vont
également faire l’objet d’un pliage spécifique, les
concepteurs souhaitant disposer de lames de 2 mètres
de long avec un pas de 250 mm, indisponibles dans
les gammes standard. Posées horizontalement, ces
lames ont été associées par groupe de quatre éléments
afin de former des caissons séparés par des joints
creux larges de 4 cm.
Autre signe distinctif de cette architecture : les auvents qui ceinturent les deux angles de la façade principale. Soutenues en partie par des poteaux en forme
d’arbre, ces structures métalliques servent de support
38 ·
Efficacité
énergétique
oblige,
l’enveloppe
du bâtiment
dispose
d’une isolation
thermique
renforcée
qui préfigure
les exigences
de la RT 2012.
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
à des profilés oméga constituant l’ossature de cassettes en composite aluminium. « Un choix de matériau qui s’explique autant par des raisons esthétiques
que techniques, indique Antonio Fernandes, il était
logique de sélectionner un matériau à la fois léger et
résistant pour habiller ces ouvrages en porte-à-faux. »
Efficacité énergétique oblige, l’enveloppe du bâtiment
dispose d’une isolation thermique renforcée qui préfigure les exigences de la RT 2012. En toiture, pas moins
de 200 mm de panneaux en laine de roche (deux lits de
100 mm d’épaisseur) ont été installés sur les bacs acier.
Côté façades, deux couches de laine de verre de 90 mm
assurent l’isolation des bardages. Ces complexes, associés à une gestion électronique des paramètres de
l’environnement intérieur, ont permis à l’enseigne de
réduire de 60 % la puissance installée pour le chauffage
et le refroidissement du bâtiment.
BC
LES INTERVENANTS
Maître d’ouvrage : Les Arches Métropole
Architecte : Atelier 77 (Alain Fache)
Contractant général : GSE
Bardage et couverture : Jean Rossi SA
Système de bardage : Arval (acier laqué et inox), Alcan
(Alucobond), Silverwood (bois)
R É A L I S AT I O N >
BOIS MASSIF
Une cabane dans les arbres
à Aubervilliers
La nouvelle maison de l’enfance d’Aubervilliers,
dans la Seine-Saint-Denis, est entièrement
habillée de lames en bois massif. Si la mise
en œuvre du matériau reste traditionnelle,
les exigences d’alignement imposées par
les architectes ont constitué un véritable défi
pour les équipes en charge de sa pose.
D
>
© Bastien Cany
epuis janvier, les bambins d’Aubervilliers (93)
ont investi un nouveau terrain de jeux. Après
un an et demi de travaux, la maison de
l’enfance Jacques Solomon vient d’ouvrir les portes de
ses locaux flambant neufs, offrant plus de 1 000 m2 de
surface d’activité. Pour ce bâtiment de deux étages
construit sur l’emplacement d’un ancien square, les
deux architectes Mina Nordström et Laurence Bertin
ont clairement joué la carte « nature », façon cabane
dans les arbres. Le site a d’ailleurs conservé
l’alignement de tilleuls environnant, dont les ombres
assureront une partie du confort thermique d’été. Des
jardins pédagogiques ont été installés sur le toitterrasse afin de faire découvrir aux enfants les joies du
jardinage, les zones inaccessibles ayant fait l’objet
d’une végétalisation extensive.
Un alignement parfait
En façade, le choix des concepteurs s’est porté sur un
bardage en bois naturel (sapin du Nord) dont la pose a
demandé quatre mois de travaux. Quoique faisant
appel à un matériau traditionnel, le résultat a nécessité
une forte implication de la part des équipes de
l’entreprise Batex, en charge du lot bardage.
Le cabinet d’architecture avait en effet clairement
annoncé son intention : pas question de se lancer dans
une pose en quinconce. « Nous voulions éviter un aspect
trop rustique, commente Laurence Bertin. La parcelle se
déroule tout en longueur, un aspect que nous avons
choisi d’affirmer. » En outre, la pose horizontale met en
valeur le veinage du matériau et estompe ses irrégularités
Construite sur un ancien square, la maison de l’enfance Jacques Solomon
a été conçue avec un thème principal : « une cabane dans les arbres ».
(nœuds, contre-fil…). « À l’origine, le bâtiment devait
être réalisé intégralement en bois, y compris son ossature. Nous avions alors envisagé une trame horizontale
de 120 cm. Quand le choix s’est finalement porté sur
une structure en béton, nous avons décidé de conserver
ce rythme de façade. »
Autre exigence des architectes : un joint vertical
constant et continu de 5 mm entre les éléments, qui se
présentent sous forme de lames à deux rainures.
« Maintenir un tel écart sur 600 m2 de façade est une
véritable gageure en termes d’alignement, précise
Jacques Tribout, directeur général de Batex. La réussite
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
· 41
R É A L I S AT I O N >
>
Les grands
cubes de couleurs
vives constituent
autant de
« cabanes »
dans lesquelles
peuvent venir
jouer les enfants.
© Bastien Cany
Plan du raccord
bardage/brise-soleil
>
© Bastien Cany
Avec leurs
lames à
l’inclinaison
calculée, les brisesoleil fixes sont
intégrés dans le
parfait alignement
des lames de
la façade.
de ces chantiers tient en grande partie dans le réglage
des chevrons de l’ossature secondaire. » Impossible en
effet de compter sur la distance entre les lames pour
dissimuler un éventuel décalage : chaque élément, fixé
par pointes inox (conformément au DTU 41.2 sur les
revêtements extérieurs en bois) sur les chevrons verticaux en sapin, fait directement face à son voisin.
Sans oublier qu’il faut également jongler avec les
caractéristiques du bois : « Avec un matériau naturel
débité, les fournisseurs travaillent difficilement au millimètre près et ne peuvent que proposer des dimensions
assorties d’une certaine tolérance », rappelle le responsable. Malgré un calepinage extrêmement précis, les
bardeurs ont dû travailler au rabot électrique l’épaisseur
des lames pour assurer leur parfait alignement.
L’isolation par l’extérieur est pour sa part assurée par
de la laine de verre. Le bâtiment, dont le permis de
construire remonte à 2004, dépasse légèrement les
exigences de la RT 2005.
Enfin, afin de dynamiser ces surfaces, les architectes
ont disposé de grands cubes en bois stratifié
(Trespa), telles des briques de Lego incrustées dans
les façades. Pour renforcer le contraste avec la
linéarité du parement courant, les baies sont disposées alternativement dans le plan et en saillie du nu
extérieur. Mais ces porte-à-faux sont plus que de
simples bow-windows : « Ils forment de véritables
petites cabanes, précise Laurence Bertin, se fermant
par des rideaux à l’intérieur et par des stores à
l’extérieur. Certaines sont basses, juste au-dessus des
plinthes, pour les plus jeunes, et d’autres plus hautes,
à 30 cm, afin que les “grands” puissent y évoluer.
Nous avons choisi le bois stratifié pour sa facilité
d’utilisation et les couleurs vives qu’il proposait, mais
aussi pour sa pérennité. »
Pour l’entreprise Batex, les exigences d’alignement
ont d’ores et déjà fait de ce chantier une référence :
« Il s’agissait d’une petite surface, mais nous tenions à la
réussir », indique Jacques Tribout. Défi relevé.
JM
Boîtes en façade
Venant interrompre cet ordonnancement, de grandes
structures brise-soleil en bois ont été fixées par leurs
montants latéraux sur des chevrons de l’ossature
secondaire, un habillage aluminium assurant la finition
autour des châssis. Si les larges lames de mélèze sont
fixes, leur inclinaison a été calculée pour laisser passer
le soleil d’hiver, mais arrêter les rayons estivaux. Et,
sens du détail, elles viennent s’aligner sur le même pas
de 132 mm que les doubles rainures des lames.
LES INTERVENANTS
Architectes: Mina Nordström et Laurence Bertin
(NB Architectes)
Maître d’ouvrage : Municipalité d’Aubervilliers (93)
Maître d’œuvre : Bouygues
Bardage : Batex
Système de bardage : Rhombo sapin du Nord (Pinus)
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
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R É A L I S AT I O N >
S TAT I O N - S E R V I C E
Une ellipse
bardée de composite
En Alsace, l’aire de services du Haut-Koenigsbourg met en avant ses objectifs environnementaux à travers une
architecture audacieuse. Le bâtiment principal, abritant l’accueil de la station-service, un magasin et un restaurant,
affiche un toit curviligne en forme de galette écrasée bardé de cassettes planes en composite d’aluminium.
S
ituée entre Strasbourg et Colmar (68), la région
du Haut-Koenigsbourg était surtout connue
pour son château fort du XIIe siècle. Depuis
2006, l’office de tourisme haut-rhinois peut également
tenir compte d’une imposante nouveauté : une aire
d’autoroute d’une vingtaine d’hectares, offrant entre
autres l’accès à une station-service « durable ». Si les
qualités environnementales de l’ensemble sont à la
hauteur de ses prétentions (lire encadré p.49),
l’architecture du bâtiment principal se voulait en accord
avec cette démarche. Celui-ci ne manque en effet pas
d’une certaine élégance. Ses deux ailes (abritant
respectivement un restaurant et un
magasin) encadrent une
haute structure vitrée au toit en forme de « galette écrasée », logiquement surnommé « la chips ». Le tout présente deux ensembles de bardage en bandeaux posé
sur la maçonnerie : l’un ceinturant la haute structure
circulaire qui donne sa physionomie à l’ensemble,
l’autre posé en devant d’acrotère sur le pourtour supérieur des deux ailes, surmontant un bardage en lames
filantes faisant ventelles brise-soleil.
Soprema, l’entreprise chargée de l’habillage de la structure, a dû faire face à deux contraintes. Tout d’abord, la
teinte : « Les architectes des bâtiments de France avaient
>
R É A L I S AT I O N >
Une « cassure », non prévue sur le plan, est apparue lors de la mise en place de la
charpente. L’entreprise chargée de la pose du bardage a eu pour tâche de rattraper au
maximum ce défaut.
Le bas du bandeau se termine par une goutte d’eau dans laquelle viennent se clipper les
lames du faux-plafond, elles aussi en aluminium.
>
fixé très précisément cette couleur, un brun dit “Hoggar”,
spécialement conçu à la demande du client », précise
Jean-Philippe Bisch, directeur de l’agence Soprema de
Mulhouse (68) et responsable du chantier bardage. Les
panneaux ont été laqués non loin de là, dans les ateliers d’Alcoa à Merxheim.
Des cassettes façonnées sur mesure
Seconde exigence : respecter la configuration architecturale voulue par le cabinet d’architectes. « La partie délicate a été de reprendre les dimensions de la charpente, la réalité ne correspondant jamais au plan ! »
Ainsi donc, après un précalepinage établi à partir du
plan de la charpente, un géomètre a été envoyé sur le
site afin de vérifier chaque cote. Les cassettes ont ensuite été façonnées sur mesure afin d’assurer la continuité des facettes de la chips. Une technique grande-
46 ·
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
ment simplifiée par le choix du matériau, un composite constitué de deux plaques d’aluminium encadrant
une épaisseur de polyéthylène : « À l’origine, le bureau
d’études avait prescrit des tôles acier planes, car il avait
déjà obtenu de bons résultats sur d’autres stationsservice, explique le directeur local. Mais nous avons
réussi à les convaincre que le composite se prêtait mieux
à ce genre de gymnastique. » Plus faciles à usiner et surtout plus rigides, les grandes plaques de Reynobond
ont été façonnées en éléments droits, tous différents.
R É A L I S AT I O N >
Le choix du composite
d’aluminium Reynobond
a permis une finition
parfaite, les panneaux
faisant preuve d’une
grande rigidité.
>
LES INTERVENANTS
Architecte: Philippe Tailler, P. Knapp
Bureau d’études : So.be.a, Ingérop
Maître d’œuvre : So.be.a
Bardage : Soprema
Système de bardage : Reynobond 55 PE, 4 mm (bandeaux)
et Renson L068.11 (ventelles)
Client : Sodiplec (E. Leclerc)
U N E S TAT I O N É C O L O G I Q U E
les panneaux
en composite
ont permis
de réduire
les ossatures
intermédiaires.
© E. Leclerc
Ces cassettes sont venues se fixer sur la structure secondaire posée par le charpentier métallique, elle-même
disposée sur une ossature primaire en arc en plein cintre.
Parmi les surprises révélées par les relevés, une cassure,
non prévue sur le plan, est apparue au niveau de la
courbe de la chips à la suite d’un problème technique
rencontré par le charpentier au cours de la réalisation.
« Pour l’estomper au maximum, il a fallu récoler, ajuster
les dimensions des cassettes de manière à n’avoir aucune
interruption et obtenir un joint vertical identique et parfait sur l’ensemble du périmètre du bandeau. » Sur les
parties droites situées au-dessus des ventelles, la
démarche a été plus simple, le relevé ne comprenant
pas d’approximation.
À la fois plus légers et plus rigides, les panneaux en
composite ont permis de réduire les ossatures intermédiaires et de venir accrocher les cassettes directement
par dessus l’acrotère. Faux-plafond et bandeaux supportent en outre une isolation par laine de verre. Le bas
du bandeau se termine par une goutte d’eau dans laquelle viennent se clipper les lames du faux-plafond,
elles aussi en aluminium, obtenant ainsi une finition
parfaite, qui ne se dément pas trois ans plus tard.
JM
Inaugurée en mai 2006 sur l’autoroute A35, près de Sélestat
(à 50 km au sud de Strasbourg), l’aire de services du HautKoenigsbourg se veut une station écologique. Non
seulement elle ne propose que des carburants respectueux
de l’environnement (gazole sans soufre, super 98 et super 95
additivés d’éthanol, gazole additivé d’ester méthylique et
gaz de pétrole liquéfié), mais en outre des équipements
spéciaux ont été mis en place. Des cuves double enveloppe,
pistolets de distribution et récupérations des vapeurs autour
des évents préviennent toute dispersion du carburant. Par
ailleurs, une station d’épuration permet le traitement des
eaux usées, un système d’arrosage unique par puits et des
urinoirs sans eau assurant les économies. Au-delà de ces
dispositifs, l’aire de 20 hectares intègre un aménagement
paysager avec jardins alsaciens, cours d’eau, vergers et aires
de pique-nique. Elle a nécessité 17 millions d’euros et six ans
de préparation.
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Une fabrication spéciale a permis de produire des bardeaux de terre cuite dans cinq
variations de brun. L’objectif : créer des façades qui s’animent sous l’effet de la lumière et des
changements de teinte.
Jeu de symétrie et alignement parfait : la réalisation de ces façades
extrêmement dessinées suppose une mise en œuvre rigoureuse et millimétrée
des ossatures et des parements.
SAINT-OUEN
Exercice de style autour de
Édifiés sur un même site mais confiés à deux agences d’architectes distinctes, les immeubles de bureaux C1 et C3
cumulent à eux deux pas moins de 6 000 m2 de bardage en terre cuite. En exploitant les possibilités esthétiques et
techniques des bardeaux, les concepteurs ont dessiné deux bâtiments très différents mais qui trouvent leur cohérence
autour d’une même thématique de façade.
D
ans la Seine-Saint-Denis, l’opérateur immobilier Nexity vient de réceptionner coup sur coup
deux bâtiments tertiaires qui marquent le premier acte d’un vaste plan de réaménagement des docks
de Saint-Ouen. Implantés sur un même site – des anciens terrains d’Alstom rachetés par le promoteur – la
conception de ces deux immeubles de bureaux (C1 et
C3) a été confiée à deux agences d’architectes distinctes. À l’arrivée, deux bâtiments à la physionomie
très différente mais qui trouvent leur cohérence autour
d’une même unité thématique en façade : la terre cuite.
À eux deux, ces ouvrages vont ainsi cumuler pas moins
de 6 000 m2 de bardeaux et près de 4 000 mètres linéaires de brise-soleil réalisés dans le même matériau.
« L’emploi de la terre cuite constituait bien un prérequis
même si toute liberté était donnée dans le choix des formats et des couleurs », confirme Jean-François Authier,
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architecte associé de l’agence Reichen & Robert, aménageur du site et concepteur du bâtiment C3. Construit
sur la partie est des terrains, cet immeuble d’une surface de 17 000 m2 (SHON) mêle deux typologies de façade, béton et terre cuite. « Une architecture duale et imbriquée » dont l’objectif était de maintenir ce bâtiment
d’une taille déjà imposante dans des proportions à la
mesure de l’environnement urbain.
Cinq variations de brun
Côté bardage, l’architecte a imaginé une façade vivante
qui s’anime sous l’effet des changements de teinte des
bardeaux. « Dès le départ, notre volonté était de travailler
avec des modules de petit format et surtout de jouer sur
les nuances de couleur sans pour autant utiliser la terre
cuite à contre-nature. L’idée consistait plutôt à tirer profit
du caractère vivant du matériau », expose Jean-François
©k.khalfi
>
>
Plus de 11 000 « mulots » de terre cuite ont été assemblés pour former des
dispositifs brise-soleil positionnés au rez-de-chaussée du bâtiment C1.
Le C1 joue davantage sur la mixité des systèmes de façades, en associant les bardages en
terre cuite à des ensembles constitués de murs-rideaux et de cassettes en aluminium.
la terre cuite
Authier. Séduit par le principe, l’industriel fournisseur,
Terreal, va mettre au point une fabrication sur mesure
pour générer cinq variations de brun en jouant sur la
température de cuisson et le taux d’oxydation des bardeaux (Piterak). Pour composer ce tableau, aucun plan
de calepinage ne sera élaboré : « En fait, nous souhaitions associer les équipes de pose à ce processus en leur demandant de réaliser elles-mêmes un prototype grandeur
nature », explique l’architecte. Au final, le résultat est
une enveloppe extérieure qui vibre dans la lumière. Un
effet souligné par un alignement parfait et un jeu de symétrie permanent entre les menuiseries et les éléments
de parement. Mais cette logique de façade extrêmement dessinée suppose également une mise en œuvre
d’une précision quasi horlogère. « Sur un tel projet, les
réglages se jouent au millimètre près, précise Gérard
Ceberio, le dirigeant de l’entreprise GCEB, en charge du
lot bardage pour les deux bâtiments, la marge de manœuvre des poseurs est limitée. Pour le C3 par exemple, la
totalité des joints verticaux est réglée dans la continuité
des châssis de menuiseries qui sont eux-mêmes placés au
nu extérieur de la façade sans aucun habillage. » Même
exigence de nivellement pour les jointures horizontales
alignées sur l’intégralité des pans de façade. Une
contrainte d’autant plus complexe à gérer ici qu’aucune
pièce d’angle ne vient arrêter les joints. « Les angles sortants ont été traités avec deux bardeaux à coupe bec
d’oiseau entre lesquels est ménagé un joint qui varie entre
2 et 3 mm », souligne le chef d’entreprise.
Des agrafes spéciales pour un remplacement
pièce par pièce
Dans sa composition, le système mis en œuvre reste
classique : un nu extérieur de 2 cm minimum sépare
l’isolant (ici un revêtement en laine de verre de 100 mm
d’épaisseur) des éléments de parement fixés par des
pattes-agrafes spéciales permettant, en cas de casse, un
remplacement pièce par pièce. Le support du parement
est constitué d’une ossature aluminium solidarisée à
la structure porteuse à l’aide de pattes de fixation qui
LES INTERVENANTS
Architectes: Reichen & Robert (C3) / Hubert Godet (C1)
Maître d’ouvrage : Nexity
Bardage : GCEB
Système de bardage : Piterak (Terreal) et brise-soleil
Autan (Terreal)
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permettent notamment de compenser les écarts de planéité du gros œuvre. Fractionnée à chaque étage, cette ossature est de conception bridée: «En effet, précise Gérard
Ceberio, le principe de libre dilatation n’est pas permis avec
ce type de matériau compte tenu de son épaisseur et de sa
masse surfacique.» Avec des bardeaux dont la charge unitaire représente à elle seule 57 kg/m2, la structure porteuse doit également répondre à des critères de performance et de qualité très stricts. Sans compter que
l’épaisseur importante des éléments augmente le moment sollicitant sur les chevilles et donc leurs valeurs de
résistance à la traction et au cisaillement. Des contraintes
particulièrement présentes dans le cas du bâtiment C1 où
le bardage atteint jusqu’à 48cm d’épaisseur.
Bardeaux
(40 mm Q3)
Isolant (100 mm)
Équerre en
aluminium
Profilé omega
Des organes d’ossature conçus sur mesure
Bardeaux
(68 mm Q4)
Patte-agrafe
>
Livré en juin 2009, cet immeuble de près de 20 000 m2
(SHON) répartis sur sept niveaux de superstructure
comporte près de 3 000 m2 de terre cuite.
Contrairement au C3, l’ouvrage conçu par le cabinet
d’architectes Hubert Godet, joue davantage sur la
mixité des systèmes de façade. Deux teintes (rouge
orangé et ébène) animent les zones de bardage installées uniquement en trumeaux et qui alternent avec des
ensembles constitués de cassettes en aluminium et de
murs-rideaux. Là encore, ces parements devaient présenter un alignement irréprochable. « Maintenir les éléments en ligne nous a conduits à réaliser des bardages de
13 à 48 cm d’épaisseur nécessitant des systèmes
d’ossature très spécifiques », note Ludovic Ferrières,
conducteur de travaux chez GCEB. Parmi les difficultés
du chantier : la mise en place sur la face est du bâtiment de bardage d’une épaisseur moyenne de 41 cm
aligné avec les montants tubulaires de murs-rideaux
saillants de 20 cm par rapport aux doubles vitrages.
Pour réaliser un complexe d’une telle épaisseur, des
équerres/consoles ont dû être fabriquées sur mesure et
soumises à une note de calcul afin de supporter
l’important bras de levier. En parallèle, les équipes de
GCEB ont dû également assurer la conception et la
pose de plus de 11 000 « mulots » de terre cuite pour
constituer des dispositifs brise-soleil positionnés au rezde-chaussée du bâtiment (voir encadré).
Au total, l’habillage des façades des deux ouvrages aura
nécessité un peu moins de douze mois de travaux pour
un chiffre d’affaires global de l’ordre de deux millions
d’euros. « Ce qui en fait aujourd’hui, reconnaît Gérard
Ceberio, un chantier de référence pour l’entreprise. » Mais
aussi sans doute l’une des plus belles vitrines pour
l’utilisation de la terre cuite en façade.
BC
Bâtiment C3 : coupe verticale
sur jonction entre éléments de classes Q4 et Q3
DES « MULOTS » EN GUISE
DE BRISE-SOLEIL
Produits spécialement pour ce chantier avec une
longueur de 300 mm, 11 520 « mulots » de terre
cuite (Autun, Terreal) ont été assemblés et collés
sur des tubes acier pour former des dispositifs
brise-soleil. À chaque extrémité de ces tubes, des
écrous ont été soudés dans l’épaisseur de la
section, de manière à recevoir ensuite une vis à
tête fraisée afin de fixer l’ensemble sur des cadres
supports métalliques. Boulonnés en partie haute
au profil de rives des balcons métalliques, ils sont
repris au sol par des platines et des goujons
d’expansion. 45 cadres comportant chacun 64
tubes vont ainsi être réalisés et disposés au rezde-chaussée du bâtiment C1.
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REFECTION
Une façade revitalisée
avec une peau en aluminium
À Saint-Ouen en région parisienne, la Compagnie la Lucette a décidé d’offrir une seconde jeunesse
à l’un de ses bâtiments tertiaires, entièrement restructuré. Côté façades, le parement d’origine va
laisser place à une peau en aluminium résolument contemporaine.
T
ransformer un bâtiment défraîchi des années
soixante-dix en une vitrine moderne de
l’immobilier tertiaire… Voilà comment pourrait se résumer le vaste chantier de rénovation que
vient d’achever la Compagnie La Lucette sur l’un de
ses immeubles de la région parisienne. Cette société
foncière qui gère un portefeuille de 700 000 m2 de
bureaux et d’entrepôts a entrepris en 2007 la restructuration totale de cet ensemble de 6 138 m2 situé à
Saint-Ouen (93). Une métamorphose confiée à
l’agence de Jean-Jacques Ory, concepteur entre
autres du Kenzo Building et architecte de la rénovation du siège des Galeries Lafayette. « Tout en conser-
vant la structure béton existante, explique JeanJacques Ory, nous avons souhaité créer une architecture qui s’affiche d’une manière tout à fait contemporaine et performante techniquement. »
Premier objectif des travaux : isoler intégralement le
bâtiment par l’extérieur. Côté cour, l’efficacité va primer avec la mise en place d’un enduit mince sur isolant. En revanche, standing oblige, la façade côté rue
va faire l’objet d’un traitement bien plus sophistiqué.
L’ensemble a ainsi été habillé d’une peau en aluminium constituée de cassettes composite avec une âme
en polyéthylène (épaisseur : 4 mm). Un choix de
matériaux qui s’explique ici par la volonté de travailler
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avec des grands formats tout en conservant une très
bonne rigidité. « Sans compter, précise Éric Pettiti, directeur de l’activité façade chez Face IdF, que les finitions
sont d’une excellente qualité et que le produit n’est aujourd’hui pas forcément beaucoup plus coûteux qu’une
solution acier. » Posées en bardage rapporté sur les
allèges et les poteaux de la structure, ces cassettes
laquées grises (RAL 7043) dissimulent une isolation
extérieure en laine de verre de 90 mm d’épaisseur. Pour
assurer le confort d’été et la protection solaire,
2 000 mètres linéaires de brise-soleil ont été installés, à
la manière de ventelles, en saillie du parement extérieur. Véritable signature architecturale, ces lames également en aluminium viennent, comme l’explique
l’architecte, « accentuer l’effet d’horizontalité du bâtiment
qui est contredit par des “boîtes” verticales en ton cuivre ».
Une mise en œuvre gérée au laser
Six mois d’études vont précéder les travaux. Une
période durant laquelle la maîtrise d’œuvre deman-
dera également la réalisation d’un prototype grandeur nature afin de valider les choix de couleur et
la teinte des vitrages. Comme souvent, les exigences d’alignement des éléments vont nécessiter
un calepinage extrêmement précis et une mise en
œuvre gérée au laser. Et ce d’autant plus que, sur
un bâtiment existant, les équipes doivent savoir
rattraper les défauts de planéité du gros œuvre et
des structures porteuses. « La réussite d’un tel chantier se joue d’abord dans le réglage de l’ossature primaire, indique Éric Pettiti. Cette opération est
longue et compliquée mais c’est bien à cette étape que
le savoir-faire de l’entreprise fait la différence. »
Solidarisés à l’ouvrage par des équerres, les profilés
de cette ossature primaire reçoivent un coulisseau
équipé d’un axe latéral permettant l’accrochage des
cassettes par simple emboîtement. Ce système réglable – les coulisseaux ne sont que prépositionnés
– est ensuite définitivement verrouillé grâce à une
vis autoforeuse.
Les cassettes en
aluminium sont
installées en allèges
ainsi que sur
les poteaux de la
structure du bâtiment.
Cette pose en bardage
comprend notamment
la mise en œuvre
d’une ossature
primaire dont
le réglage permet
de rattraper les
défauts de planéité
du gros œuvre.
>
Laine de roche
(45 mm)
Panneau
en laine
de verre
(30 mm)
Cassettes
aluminium
Bande
d’étanchéité
à froid
Panneau
en laine
de verre
(90 mm)
>
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Coupe verticale du bardage sur pied de chassis.
R É A L I S AT I O N >
> Pour réaliser ces
boîtes en décrochement
de la façade, les équipes
de Face IdF ont conçu et
réalisé des structures
métalliques servant
d’appui aux équerres de
fixation des profilés
d’ossature.
Profilé oméga
Un grand écran de verre
agrafé marque le hall
d’entrée du bâtiment.
Bracon : «U»
en aluminium
Cassettes aluminium
(laquées cuivre antique)
>
Coupe verticale sur boîtes basses.
Un casse-tête pour les bureaux d’études
Autre morceau de bravoure sur ce chantier : la réalisation des boîtes vertes (ton cuivre) en décrochement de la façade. Pour ces ouvrages, Face IdF va
concevoir et mettre en place une structure métallique servant d’appui aux équerres de fixation des
profilés d’ossature. Ces cadres en trois dimensions
ont été positionnés de manière à être alignés horizontalement en pied ou en tête de châssis des menuiseries et, verticalement, au droit des joints creux
des parements courants. « Au final, le résultat est
parfaitement intégré à la façade. Mais ce genre de
construction suit une trame très exigeante qui peut
vite se transformer en casse-tête pour les bureaux
d’études », souligne Éric Pettiti.
Outre cette structure rapportée, le personnel de
Face IdF va également mettre en place une série de
tubes aluminium utilisés comme supports des lames
brise-soleil. Près de 10 tonnes de profilés brise-soleil
ont été fixées par l’intermédiaire d’attaches invisibles pour une intégration la plus discrète possible.
Dernier grand dispositif identifiable de cette architecture : un grand écran de verre agrafé qui marque
le hall d’entrée de l’immeuble. Un ouvrage dont
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l’étude et la réalisation a également été prise en
charge par Face IdF, qui a d’ailleurs géré l’intégralité
des éléments de cette façade, y compris les menuiseries aluminium à rupture de pont thermique disposées dans le plan du bardage.
Au total, le maître d’ouvrage aura dépensé 5 millions d’euros pour la rénovation de ce bâtiment,
qui comprenait également le réaménagement et
l’équipement de l’ensemble des plateaux intérieurs. Un investissement plutôt rentable puisqu’il
aura permis d’augmenter de 20 % la valeur de cet
actif immobilier.
BC
LES INTERVENANTS
Architecte: Studio d’architecture Jean-Jacques Ory
Maître d’ouvrage : SCI Saint-Ouen Biron
(Compagnie la Lucette)
Façades : Face Île-de-France
Système de bardage : Reynobond (Alcoa)
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