Chickungunya, dengue,
bilharziose… ces pathologies
doivent-elles désormais
faire l’objet d’un nouveau
classement, de tropical
à endémique? Certes,
cela reste anecdotique
mais quand le moustique
tigre rôde aux portes de
Paris, il faut réviser nos
classiques en infectiologie
tropicale. Encore un effet du
réchauffement climatique !
À ce titre, l’épidémie
de bilharziose dans la
modeste rivière Cavu, en
Corse, est un cas d’école
qui a pour le moins servi
à occuper ministères, ARS
et parasitologues. Quitte,
accessoirement, à saturer
nos confrères corses et
à paniquer touristes et
populations locales. Le
laboratoire vous rappelle
comment il peut vous
être utile.
ÉDITORIAL
DES CAS RÉCENTS EN FRANCE
La maladie a été signalée en Corse au printemps 2014. Après investigation,
90 cas d’infection par S. haematobium ont été recensés (chiffre 26/11/2014) dans
15 régions françaises. Toutes les personnes concernées ont fréquenté les eaux de la
rivière Cavu en Corse durant l’été 2013 (deux cas possibles en été 2011). La moitié
d’entre elles a moins de 16 ans. Vingt-quatre personnes présentent des signes
d’atteinte des voies urinaires (hématurie) compatibles avec une bilharziose.
Jusqu’ici les bilharzioses sévissaient principalement dans les zones tropicales
et subtropicales d’Afrique (90 % des cas) et, dans une moindre mesure, au Brésil,
au Moyen-Orient et en Extrême-Orient.
INFECTION EN EAUX DOUCES
Les bilharzioses, ou schistosomiases, sont des maladies parasitaires dues à des vers
plats, les schistosomes. La présence d’œufs dans les urines ou les fèces assurent la
dissémination dans l’environnement. S. haematobium est le seul parasite strictement
humain.
Le cycle de vie de S. haematobium fait intervenir successivement un mollusque
d’eau douce (le bulin) puis l’homme. La contamination humaine se produit par voie
transcutanée après contact avec de l’eau douce infestée. Lors de la reproduction, les
femelles produisent des œufs qui s’embolisent et forment des granulomes dans les
tissus, responsables des symptômes et des complications de la maladie. Il n’existe
pas de transmission interhumaine du parasite.
Les formes asymptomatiques sont fréquentes (un cas sur trois) et les parasites
adultes peuvent persister 5 à 8 ans dans l’organisme.
DÉPISTER POUR TRAITER
AU BON MOMENT
Bilharzioses autochtones
STADE
Durée
Signes cliniques
évocateurs
INFECTION
En quelques minutes
Démangeaison
dermatite des nageurs
DISSÉMINATION LARVAIRE
Pendant plusieurs semaines
- Asymptomatique le plus
souvent
- Symptomatique : maux
de tête, fatigue, douleurs
musculaires et articulaires,
toux, fièvre
PHASE D’ÉTAT
Après 2-3 mois
Forme urogénitale :
- Hématurie terminale
- Hémospermie
- Pollakiuries
- Cystites à répétition
- Coliques néphrétiques
FORMES CLINIQUES
Il existe d’autres formes de bilharzioses provoquées par d’autres schistosomes : intes-
tinales, rectales, hépatiques. Des manifestations cardio-pulmonaires, neurologiques
et cutanées peuvent également survenir selon le territoire de ponte du ver.
Trois phases cliniques correspondent aux différents stades évolutifs du parasite chez
l’homme.
VOTRE LABORATOIRE DE BIOLOGIE MÉDICALE
Votre bulletin d’information sur la biologie médicale
LABINFO | N°29
Document édité par SAS LABSTER.
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Société fondée par R. Fabre, J. Canarelli,
J-F. Roubache, B. Rousset-Rouvière et B. Sébé.
Directeur de la publication : R. Fabre.
Comité de rédaction : A. Leriche, A. Millaret, F. Pfaff,
J. Peretti, D. Taourel, P. de Welle.
Imprimé par l’imprimerie Ménard 2721 La Lauragaise
31670 Labège • Parution Février 2015
Numéro ISSN : 2104 - 2136
N°29
LA PRÉVENTION EXPLIQUÉE
Compte-tenu de l’importante de la transmission de la maladie, le Haut conseil de la santé publique (HCSP) recommande
de s’abstenir de tout contact avec de l’eau douce dans les zones à risque (la rivière Cavu en Corse-du-Sud). Les baignades
en eau chlorée ou en eau de mer sont quant à elles sans risque.
En France, le dépistage est indiqué pour toute personne ayant été en contact cutané, même bref, avec l’eau de la rivière Cavu
à partir de l’été 2011, du 30 juin au 1er septembre. Pour interrompre la transmission du parasite, il est nécessaire de traiter
toute personne infectée, même en l’absence de symptômes, et d’éviter d’uriner dans les eaux douces.
RÉFÉRENCES
> « La surveillance de la bilharziose urinaire autochtone en France », Institut de Veille Sanitaire, juin 2014
> Avis relatif au dépistage et au traitement des infections à Schistonoma haematobium, HCSP, 23 mai 2014
> Schistosomoses ou bilharzioses, Actualités 2014, Pr Pierre Aubry – www.medecinetropicale.free.fr
> Prise en charge des personnes potentiellement exposées à la bilharziose en Corse à la suite d’un contact avec l’eau de la rivière Cavu, DGS, juin 2014
> Schistosomiasis haematobium, Corsica, France. Berry A et al. Emerg Infect Dis. 2014 sep; 20(9):1595-7.
LA SÉROLOGIE AU CŒUR DU DIAGNOSTIC
Bien que facilité par la notion de voyage en zone endémique par un bain exposant, le diagnostic ne peut être posé
sur les seuls arguments cliniques, les formes asymptomatiques étant fréquentes.
La sérologie permet le dépistage de la bilharziose urogénitale. Elle doit associer en dépistage deux techniques
(ELISA et hémagglutination) et si possible avec deux antigènes parasitaires de stades différents (œuf et parasite
adulte). Le Western Blot est la technique de confirmation utilisée en cas de résultats discordants des techniques
de dépistage. La sérologie doit être complétée par la recherche d’œufs dans les urines du matin ou dans une urine
après une marche forcée pour poser le diagnostic final.
Le traitement repose sur la prise de praziquantel pendant la phase d’état, à raison d’une dose de 40 mg/kg en une
ou deux prises le même jour. Le traitement est inactif pendant la phase de dissémination larvaire. La réinfection
reste possible après traitement. Pour l’heure, aucun vaccin n’est disponible.
RECHERCHE ET PRISE EN CHARGE D’UNE BILHARZIOSE UROGÉNITALE
Absence
de bilharziose
Suivi => examen clinique, bandelette urinaire, éosinophilie,
recherche de parasites dans les urines
Si échec => demander avis spécialisé + nouveau traitement après 6 mois
Bilan complémentaire
Créatinémie,
échographie rénale
et EPU, NFS
selon contexte
Traitement
Si > 8 semaines depuis 1er contact contaminant
=>
patient sous déxaméthasone * ?
Si < 8 semaines
depuis 1er contact
contaminant
Différer
le traitement
Non =>
praziquantel 1 dose
40mg/kg
en 1 ou 2 prises
dans la journée
Oui =>
arrêt + 8 jours =>
praziquantel
1 dose 40mg/kg
en 1 ou 2 prises
dans la journée
Bain exposant en zone à risque
et/ou
signes cliniques évocant une bilharziose urogénitale au stade chronique
=> dépistage d’une infection à S. haematobium
Double sérologie bilharziose ELISA + hémagglutination (confirmation par WB si discordance)
recherche d’œufs dans les urines
+
Bilharziose confirmée
* La déxaméthasone
diminue la concentration
plasmatique
du praziquantel.
LABINFO | N°29
Anomalie
des
cellules
glandulaires
FICHE PRATIQUE
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