dossier de presse global

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DOSSIER DE PRESSE
RETROSPECTIVE MARY JIMENEZ
du 4 au 27 septembre 2012 – Flagey, Bruxelles
et
AVANT-PREMIERE « HEROS SANS VISAGE »
le 4 septembre 2012 à 19h30 – Flagey, Bruxelles
présentée par DERIVES et la CINEMATEK
au Studio 5 de FLAGEY – Place Sainte-Croix – 1050 Ixelles
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Du verbe aimer (1985)
La position du lion couché (2006)
Le dictionnaire selon Marcus (2009)
Héros sans visage (2012)
Biographie de Mary Jiménez
Portrait Dérives
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1-3
4-6
7-9
10 - 13
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Dossier de presse : Rétrospective Mary Jiménez – sept. 2012
1
DU VERBE AIMER (1985)
Synopsis
Retour au pays d’origine, à l’enfance, au cœur des souvenirs, au cœur de la mère, pour que
cet amour rare qui était le nôtre, soit quelque part.
Fiche technique
Réalisation
Image
Son
Montage
Productrice
Mary Jiménez
Rémon Fromont
Guillermo Iglesias
France Duez
Carole Courtoy
Une co-production Les films de la Phalène et Centre Bruxellois de l’Audiovisuel (CBA)
Durée : 83 minutes - 1985 - couleur
Festivals
• Festival de San Sébastian, Espagne
• Festival de films des femmes, Strasbourg, France
• Forum de Berlin, Festival International, Munich, Allemagne
• Festival du nouveau cinéma, Montréal, Canada
• Festival of Festivals, Toronto, Canada
• Festival de Cartagène, Colombie
• National Film Theatre, Angleterre
• Tyne Side Film Festival, Angleterre
• Festival de Hong-Kong
1984
1985
1985
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1985
1985
1985
Extrait Article de presse
« Mary Jiménez n’aime pas que l’on colle des étiquettes à ses films. Elle a raison. A propos
Du verbe aimer, on pourrait parler tour à tour d’autobiographie, d’autoanalyse, d’exercice
d’exorcisme. Mary Jiménez se confronte à son passé douloureux et tente, grâce à la
conjuration (et à la conjugaison) de l’image et du texte, de trouver son identité et de se vider
de son angoisse. Le passé : une enfance péruvienne où elle s’efforce de garder
(conquérir ?) l’amour de sa mère par le travail et les résultats (passer à l’école de la trenteseptième place sur trente-huit à la première, cela dénote plus qu’un don, une singulière force
de volonté pour un être fragile), douze ans d’analyse et des électrochocs (Jiménez est
discrète sur les motifs d’un traitement aussi barbare), ensuite le départ pour la Belgique, les
études de cinéma et la mort accidentelle de sa mère à qui elle espérait tant montrer ses
premiers films et qu’elle n’aura pas la possibilité d’enterrer.
Le présent : ce film de la conjuration qui est une production belgo-péruvienne où Jiménez
effectue le retour aux sources et accomplit les gestes et les rites dont elle a été frustrée : le
pèlerinage au cimetière, la recherche des témoignages (le père, l’amie, l’oncle) et la
reconstitution de la veillée funèbre qui devient pur simulacre.
Tout cela ne laisse pas d’être un peu morbide, mais ne sommes-nous pas précisément sur le
terrain de la cure analytique ? En allant au bout de sa démarche, Mary Jiménez ne triche ni
avec elle-même, ni avec le spectateur. L’artifice serait d’avoir tout imaginé, de s’être inventé
un passé fictif, mais le ton du film exclue cette hypothèse. Comme dans Piano Bar, le film
s’inscrit entièrement dans une dialectique de l’image et du texte. Mais alors que là, le texte
me paraissait très fabriqué par rapport aux images, ici, au contraire, il est très épuré. Sa
Dossier de presse : Rétrospective Mary Jiménez – sept. 2012
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densité, sa sincérité dans son dénuement le rendent très émouvant. L’image a une fonction
variable. Elle est tantôt simple illustration, tantôt métaphore ou commentaire. A l’intérieur
même de l’image s’institue une nouvelle dialectique entre le subjectif et l’objectif. Ce sont les
deux pôles d’une réalité unique que Jiménez s’efforce, on le sent, de concilier, car sa vérité
propre, son identité ne sont pas indépendantes de la vérité péruvienne, de ces images qui
collent à la chair de son enfance. N’existe-t-il pas un lien indicible entre la « folie » de
Jiménez et celle de ces êtres qui errent dans Lima, déguenillés ou nus (ce n’est pas un
hasard, évidemment si la cinéaste s’attarde si longuement sur la nudité d’un de ces laissés
pour compte de la société) ?
Réflexion sur l’amour et l’identité Du verbe aimer est une tentative très pathétique de
conférer à un film la fonction d’un journal intime. Le spectateur ne pénètre pas cette intimité
sans un certain malaise comme s’il violait un interdit. Auparavant, il aura dû surmonter un
certain ennui, car finalement, on n’« entre » dans ce film que lorsque l’on s’est laissé
imprégner par sa poésie secrète, celle qui hante notre subconscient et que Mary Jiménez
tente de ramener à la surface. »
Jean Leirens, La Cité, mars 1985
Dossier de presse : Rétrospective Mary Jiménez – sept. 2012
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Dossier de presse : Rétrospective Mary Jiménez – sept. 2012
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LA POSITION DU LION COUCHÉ (2006)
Synopsis
Il existe un art de mourir comme il existe un art de faire venir à la vie.
Ce dernier voyage, que nous ferons tous un jour, peut se convertir en une œuvre, au même
titre qu’une peinture ou qu’un film. C’est ce que fait Anne qui organise sa mort comme un
cadeau pour tous ceux qui sont près d’elle, les invitant dans un groupe qu’elle appelle « le
bateau ».
Avec les membres du bateau, elle va partager les bons et les mauvais moments, tout le long
de sa maladie du début jusqu’à la fin. C’est un peu ce que le film voudrait être à son tour,
une proposition de bateau pour les spectateurs.
Fiche technique
Réalisation
Image
Son
Montage Image
Mixage
Direction de production
Producteurs délégués
Coproduction
Mary Jiménez
Jorgé Léon
Gilles Laurent
Mary Jiménez
Philippe Baudhuin
Véronique Marit
DERIVES – Jean-Pierre et Luc Dardenne
CBA (Centre de l’Audiovisuel à Bruxelles)
RTBF (Télévision Belge)
Avec l’aide du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Communauté française de
Belgique, des Télédistributeurs wallons et de la Région wallonne.
Avec le soutien de la Communauté française Wallonie-Bruxelles et de la Loterie nationale
Contact production: www.derives.be
Contact distribution: http://www.cbadoc.be
Ventes: www.ventes-cbawip-sales.be
Page du film: http://www.derives.be/la-position-du-lion-couche
Durée : 90 minutes - Format : 16/9 - 2006 - couleur
Festivals
• Festival Filmer à tout prix, Bruxelles, Belgique
(Compétition belge dans la section « Cinéma de réalité »)
Prix de l’Interculturalité
• Festival du Film de Cinéma, Rome, Italie
(Section « Extra »)
• Festival Images citoyennes, Liège, Belgique
• Panorama du documentaire belge, Prix Henri Storck, Bruxelles
novembre 2006
octobre 2007
octobre 2007
décembre 2007
Diffusion antenne
La DEUX (RTBF, Belgique)
dans „Fenêtre sur Doc“
juillet 2007
Projections en salles
Projections dans le cadre de la programmation « Ecran total »
au Cinéma Arenberg, Bruxelles, Belgique
juillet 2007
Dossier de presse : Rétrospective Mary Jiménez – sept. 2012
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Entretien de Philippe Simon avec Mary Jiménez à propos de « La position du lion
couché »
« Disons-le d'emblée, une fois n'est pas coutume, La Position du lion couché, le dernier film
documentaire de Mary Jiménez est un grand moment de cinéma dans ce qu'il a de plus vrai
et de plus vital. Ce qui préside à l'aventure que nous propose Mary Jiménez tient dans
l'élaboration d'un regard si présent, si apaisé de tout conflit, qu'il nous permet de voir, audelà des apparences, ce qui, potentiellement nous lie à l'autre, et de saisir comment cet
autre est déjà l'apprentissage de nous-mêmes.
Expérience d'un lien qui naît comme il se noue, qui perdure alors que la mort le dénoue,
l'acte de filmer, chez Mary Jiménez, est l'acte qui fait surgir du commun entre celui qui filme
et celui qui est filmé. Son cinéma est la mise en partage avec le spectateur de cette
communauté qui dépasse, et de loin, l'instant particulier d'un film.
Pour Mary Jiménez, filmer est un geste d'une telle importance dans ses implications, qu'il est
avant tout une question de vie ou de mort, et il n'est guère étonnant si La Position du lion
couché se déploie entre ces deux mystères que sont la naissance et la mort. Le film
commence autour d'une caméra entre Mary, un bébé et un ours en peluche. Se trouvent
réunis là le cinéma, la vie et cet ours en peluche qui va nous conduire dans un établissement
en soins palliatifs où Mary visite, depuis des mois, des personnes condamnées par des
maladies incurables. Très vite, la nécessité de filmer va s'imposer à elle comme une façon
de se confronter à sa propre mort, à sa propre vie. Filmer ces hommes et ces femmes en
train de mourir, c'est, pour Mary, filmer ce qui en elle, à leur contact, s'éveille de questions et
d'émotions. C'est filmer ce qui, se posant d'abord comme un refus et une séparation, devient
progressivement une rencontre. Et ce lent mouvement de rapprochement, dépassant
souffrance et angoisse, va trouver les complicités d'une proximité débarrassée de la honte et
de la culpabilité d'être en bonne santé, d'être, pour Mary, différente. Commence alors un
véritable voyage initiatique où ce qui relève du verbe mourir prend tout son sens dans le
désir d'être ensemble. Pour raconter cet exorcisme de la distance et cette apparition d'une
affection commune, Mary invente un art cinématographique où, mélangeant sa sensibilité à
celle des autres, sa parole aux récits des autres, chaque moment de son film devient comme
l'écho, la résonance de ce qu'elle est en train de vivre et d'éprouver. Par un montage subtil
autant que maîtrisé, elle rend manifeste cette découverte de la mort dans tout ce qu'elle a de
nécessaire à la vie, dans tout ce qui la fonde comme instant fondamental du vivant au même
titre que la venue au monde.
Si en parallèle à cette saisie de la mort, Mary filme une femme se préparant à accoucher
suivant des rites anciens et collectifs, c'est bien pour faire le lien, encore le lien, avec ce
qu'elle apprend auprès d'une autre femme qui se prépare à mourir. Il est possible de faire de
notre mort, comme de la venue au monde d'un enfant, non pas une œuvre d'art mais une
création commune, l'affirmation d'une communauté.
Et ce voyage de trouver sa résolution évidente dans cette étrange communion où, la mort
étant survenue, les hommes et les femmes qui restent autour de la disparition, la vivent
comme un hommage à la vie.
Film d'une douceur extrême, La Position du lion couché est bien plus que tout ce qui
précède. Il est Mary Jiménez dans cette fragile beauté qui ouvre grand nos yeux sur ces
mondes qui nous entourent et fait se rejoindre dans la magie du cinéma le verbe mourir et le
verbe aimer. »
Philippe Simon
Dossier de presse : Rétrospective Mary Jiménez – sept. 2012
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Dossier de presse : Rétrospective Mary Jiménez – sept. 2012
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LE DICTIONNAIRE SELON MARCUS (2009)
Synopsis
Marc Sluse dit « Marcus » a été condamné à 20 ans de prison, dont 12 ans pour recel de
malfaiteurs et le reste pour usage de faux, vols de voiture, port d’arme, vols avec effraction...
En d’autres mots, Marcus aide des gens à s’échapper de prison, cache des évadés chez lui,
loue des planques, vole des voitures, part avec des hommes en cavale pour qu’ils puissent
gagner les frontières.
Ce ne sont pas des actes faits au hasard, c’est une vocation, un métier. Quelque chose qu’il
assume comme un acte de compassion comme son devoir d’homme.
Il connaît les prisons, il pense qu’elles ne sont pas une solution. Marcus vise toujours à
secourir ceux qui l’appellent.
Fiche technique
Réalisation
Musique
Mixage
Direction de production
Production
Producteurs délégués
Coproduction
Mary Jiménez
Garrett List, Thomas Luks
Luc Thomas
Véronique Marit
Dérives
Luc & Jean-Pierre Dardenne
RTBF (Télévision belge)
CBA (Centre de l’Audiovisuel à Bruxelles)
Avec l’aide du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Communauté Française de
Belgique, des Télédistributeurs wallons et de la Région wallonne
Avec le soutien de la Communauté Française Wallonie-Bruxelles et de la Loterie Nationale.
Contact production: www.derives.be
Contact distribution: http://www.cbadoc.be
Ventes: www.ventes-cbawip-sales.be
Page du film: www.derives.be/le-dictionnaire-selon-marcus
SANS
Durée : 80 minutes - Format : 16/9 - 2009 - couleur
Festivals
• Cinéma du Réel, Paris, France (Compétition internationale)
• Festival Lasalle en Cévennes – Films documentaires, France
• Festival du Film de Bruxelles « Elles tournent », Belgique
• Festival international du film policier de Liège, Belgique
Diffusion antenne
La DEUX (RTBF, Belgique)
mars 2009
mai 2009
septembre 2009
avril 2010
juin 2009
Note d’intention de la réalisatrice
Il y a des films que nous cherchons à faire, nous avons "un sujet", nous faisons des
recherches, nous rencontrons des gens, nous bâtissons une démarche en fonction de
quelque chose que nous souhaitons exprimer. Il y a d’autres films qui viennent à nous. En
quelques secondes, nous sentons qu’il y a un film dans une rencontre, dans une situation,
Dossier de presse : Rétrospective Mary Jiménez – sept. 2012
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avant même d’en avoir eu le désir. En un instant, nous voyons quelque chose qui fait
complètement sens.
Le réel vient à notre rencontre et s’impose. Nous avons VU. Ce VU est immédiat, nu et se
passe malgré nous. Dans un deuxième temps seulement nous décidons de bien regarder ce
que nous avons vu. C’est alors que commence le projet d’un film. C’est comme ça que Le
Dictionnaire selon Marcus a commencé.
Dans le récit qu’il me fait des sévices qu’il a vécus dans un orphelinat, de la perte de sa
famille, de sa première chute en prison, de son destin de laissé‐pour‐compte, je vois la
blessure, la victime, je vois la construction mentale, je vois la folie, je vois le personnage.
Orphelinat – école – usine – prison ont voulu le dresser, l’ont broyé. Foucault n’aurait pas
trouvé meilleur exemple. Mais heureusement Marcus n’est pas seulement une victime...
Toutes ces instances sociales, faites pour intégrer, cadrer, normaliser, rendre productif,
toutes semblent avoir contribué à détruire Marcus. Mais quelque chose a fait qu’il ne
devienne pas une victime, qu’il ne devienne pas un être passif, sans point de vue, haineux,
vindicatif, mais quelqu’un qui défend des valeurs à tout rompre. Ses valeurs. Il devient son
propre maître, quelqu’un qui agit et paie pour ses valeurs, qui se sacrifie pour ce qu’il croit et
qui ainsi devient davantage "hors norme". C’est les mouvements de l’âme de cet homme qui
m’ont intéressée et que j’ai essayé de rendre en me servant de ses propres récits.
Comment faire un film sur une personne qui se raconte à l’exclusion de toute autre
personne, de tout autre rapport ? Enfermé, Marcus l’a été toute sa vie. Comment filmer
quelqu’un qui a vécu enfermé dans un cadre, alors qu’il est par définition quelqu’un "hors
norme" ? Comment le filmer sans l’enfermer à mon tour dans un cadre ?
Le film est né de ce désir de voir le "hors cadre" de son discours, de prêter oreille à ses
histoires pour trouver un lieu dans lequel ses mots, son imaginaire et le mien puissent se
retrouver. Marcus se racontant avec une grande facilité, il devenait évident de travailler en
plan-séquence. Il fallait que ce soit moi qui cadre, allant et venant du lieu où surgit la parole
(toujours en son direct), cherchant le sens, l’émotion de celle‐ci, dans l’espace qui
l’environne.
C’était décider de filmer, sans saisir, me laissant aller sur un mode jazz au gré de
l’inspiration que ses mots et les lieux qu’il me faisait visiter engendreraient. Il fallait faire
confiance aux sensations, oublier mon inexpérience avec une caméra. C’était devenir les
yeux de ses paroles.
Mary Jiménez.
Dossier de presse : Rétrospective Mary Jiménez – sept. 2012
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Dossier de presse : Rétrospective Mary Jiménez – sept. 2012 10
HÉROS SANS VISAGE (2012)
Synopsis
Bruxelles, église du Béguinage : des migrants organisent une grève de la faim pour obtenir
des papiers. Un homme meurt. Tunisie, frontière libyenne, camp de Choucha, des réfugiés
racontent l’horreur de la traversée du Sahara vers le Nord. Liège, dans un centre pour
réfugiés, un homme raconte sa traversée de la Méditerranée sur une chambre à air. Trois
moments d’une guerre pour survivre.
Fiche technique
Réalisation & Montage
Image
Mixage
Producteur exécutif
Production
Producteurs délégués
Coproduction
Mary Jiménez
Rémon Fromont, Bénédicte Liénard
Rémi Gérard
Véronique Marit
DERIVES
Luc & Jean-Pierre Dardenne
RTBF (Télévision belge)
WIP (Wallonie Image Production)
Avec l’aide du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles et
de VOO (TV-NET-TEL)
Contact production: www.derives.be
Contact distribution: www.wip.be
Ventes: www.ventes-cbawip-sales.be
Page du film: www.derives.be/heros-sans-visage
Durée : 61 Minutes - Format : 16/9 - 2012 - couleur
Festivals
• Visions du Réel, Nyon, Suisse (Compétition internationale)
• Etats généraux du film documentaire de Lussas, France
(Compétition internationale)
avril 2012
août 2012
Diffusion antenne
la TROIS (RTBF, Belgique)
dans le cadre de l’émission « Spéciale Fenêtre sur Doc»
juillet 2012
Entretien de Mary Jimenez avec Hugues DORZEE
Un acte d’amour, une expérience vitale.
Au travers de son documentaire Héros sans visage, Mary Jiménez pose un regard singulier
sur la notion de migration(s). Un triptyque qui amène le spectateur à se ré-interroger sur les
causes de l’exil et à passer du cas particulier à l’universel, de l’Orient à l’Occident, de la vie à
la mort... La cinéaste mêle les histoires à hauteur d’hommes et nous rappelle combien fuir
son pays demeure à chaque fois une aventure « hors normes », une épreuve de tous les
instants.
Comment est né votre film ?
En 2008, plusieurs dizaines de personnes sans papiers ont mené une grève de la faim dans
l’église du Béguinage, à Bruxelles. J’étais à leurs côtés, comme simple citoyenne. Je me
rendais tous les jours sur place et, au fil du temps, plusieurs d’entre eux sont devenus des
Dossier de presse : Rétrospective Mary Jiménez – sept. 2012 11
amis. Je faisais des photos, mais c’était moins un travail artistique qu’une manière de créer
du lien, d’échanger au travers de l’acte photographique. Et puis, un jour, bien après que leur
grève de la faim soit terminée, j’ai reçu un coup de fil m’informant que l’un d’entre eux était
mort. C’était un jeune homme d’origine marocaine. J’ai décidé d’aller le voir à la morgue. Et
là, je me suis rendue compte que je n’avais jamais vu cette personne. J’ai alors cherché
parmi les nombreuses photos prises sur place, mais je n’ai pas retrouvé sa trace. C’était très
troublant.
Alors que j’avais fréquenté au quotidien tous ces migrants, il y avait là un homme que je
n’avais pas vu. J’ai donc décidé de faire un film sur « le fait de ne pas voir ».
Un triptyque, donc. Qui va se poursuivre sur fond de révolution libyenne, au cœur du
camp de Choucha, à la frontière entre la Tunisie et la Libye.
En effet, en mars 2011, j’ai tourné dans ce camp de réfugiés qui accueillait entre 15.000 et
20.000 migrants en même temps. Des Bangladeshis, des Tchadiens, des Ivoiriens, des
Soudanais... Tous ces africains qui remontaient vers le nord, cette route des « nouveaux
esclaves » si minutieusement décrite par Fabrizio Gatti dans son ouvrage « Bilal sur la route
des clandestins ». J’ai vécu à l’intérieur du camp pendant trois semaines.
J’ai recueilli des témoignages et j’ai également eu la chance de visionner une série de petits
films que certains d’entre eux avaient tourné avec leur téléphone portable. Autant de traces
de leurs odyssées incroyables...
Et puis, à Bruxelles, vous rencontrez un jeune camerounais, qui avait traversé la
Méditerranée sur une embarcation de fortune. C’est votre « héros sans visage » qui
vous racontera son histoire en profondeur. Laquelle relève, dites vous, quasi du
mythe.
Effectivement, c’est de l’ordre de la légende tant l’histoire de cet homme, qui a traversé la
mer sur une chambre à air, qui a vu son ami mort et qui a été au bout de son exil, incarne à
lui seul « les migrations ». C’est un héros des temps modernes et en un même temps un
homme parmi tous les autres.
Au bout du compte, vous accouchez d’un film en trois « tableaux » qui, grâce à ses
ellipses et ses silences, ses liens et ses temps de pause, transporte le spectateur
dans des histoires bouleversantes et en même temps le confronte à une réalité
politique, économique et sociale. C’était aussi votre volonté de faire un film militant ?
Non, ça n’est pas ça qui est au cœur de mon travail. Ce qui m’intéresse d’abord et avant
tout, ce sont les relations aux autres. J’ai vécu une expérience unique avec cet homme mort:
ma visite à la morgue, mes recherches, la rencontre avec sa famille, etc. J’ai croisé ensuite
des gens, des histoires, des mondes nouveaux. De tout ça est né mon film.
Un travail de longue haleine ?
Je dis toujours : « je couche avec mes films ! ». C’est plein et entier. J’ai fait l’image, le son,
le mixage. Près de trois ans de travail.
Mais derrière votre «acte d’amour», il y a tout même une volonté d’interpeller, de
bousculer les consciences.
Oui, mais ça n’était pas mon but premier. Je n’étais pas dans une démarche intellectuelle,
militante, qui vise à affirmer son indignation. C’est plutôt de l’ordre de l’expérience vitale, du
lien, du partage. Le thème des migrations est évidemment très actuel. On en parle partout et
de façon parfois très éculée. Mais je pense que, si cette question est aussi présente dans les
discours, c’est aussi parce que ces hommes et ces femmes sont les nouveaux héros de
notre siècle...
Nouveaux héros, mais aussi nouvelles victimes...
En effet. Victimes du néolibéralisme et de ses inacceptables dérives. Avec une Europe de
plus en plus repliée sur elle-même, qui se ferme à l’immigration sauf quand il s’agit de faire
Dossier de presse : Rétrospective Mary Jiménez – sept. 2012 12
venir une main d’œuvre jeune, facile et peu coûteuse. Pour faire face à la pénurie dans
certains secteurs d’activité, là on est prêt à importer des gens !
Revenons à votre film. Une de ses forces, c’est aussi le travail sur le non-dit, tout ce
qui se passe hors-champ. Avec une démarche originale qui consiste à intégrer des
photos dans votre documentaire.
Je voulais effectivement travailler sur la notion d’arrêt, d’immobilité. Par ailleurs, je ne voulais
pas d’une voix off. L’idée des tableaux entre les chapitres me permettait d’apporter au
spectateur des informations utiles à la compréhension. Au bout du compte, c’est un
hommage personnel à tous ces gens avec lesquels j’ai vécu une expérience vitale.
Dossier de presse : Rétrospective Mary Jiménez – sept. 2012 13
Mary JIMENEZ
9, rue César de Paepe, boîte 2
1060 Bruxelles
+32/ 476 40 82 04
[email protected]
Etudes
Diplôme d’Architecture et Urbanisme à l’Université d’Ingénieurs,
Lima, Pérou
Diplôme de réalisation de films à l’INSAS, Bruxelles, Belgique
Scénarios
Paysages de Florence
Nadia
(Prix de scénario au concours du
Ministère de la Culture de Belgique)
Mathias et Valéry
21:12 Piano Bar
La Moitié de l'Amour
L'Air de Rien
Yag (subsidié par le European Script Fund)
Doux Mirage (pour TF1)
Le Rêve du Tigre (pour FR2)
L'île aux Passions (pour FR2)
Le Rocher de la Paria (pour FR2)
L'Enfant Bombe
Sun Wild
LM
LM
1976
1978
LM
LM
LM
LM
LM
LM
LM
LM
LM
LM
LM
1980
1980
1983
1988
1991
1995
1996
1997
1997
1998
1998
A Propos de Vous
La Version d'Anne
Miserere
21:12 Piano Bar
(Prix de la Confédération du
Cinéma d'Art et d'Essai)
La Distance Sensible
Le Stylo Stylet
La Moitié de l'Amour
L'Air de Rien
(Prix de la Mise en Scène Fest. de Barcelone)
MM
MM
CM
LM
1976
1977
1978
1981
CM
CM
LM
LM
1981
1984
1985
1989
Du Verbe Aimer
Différences
Fiestas
Loco Lucho
La position du lion couché
(Prix de l’Interculturalité à Filmer à tout prix –
Bruxelles 2006)
Le Dictionnaire Selon Marcus
LM
LM
MM
MM
LM
1984
1985
1988
1998
2006
LM
LM
1984
2009
Réalisation (INSAS)
Réalisation (DAVI – Suisse)
Réalisation (Escuela San Antonio de los Baños
– Cuba)
1989-1990
1992-2000
Création du site web Icuna.be et production
de 35 films de 1 minute pour distribution online
2000-2002
Films de Fiction
Films Documentaires
Enseignement
Production
1999-2001
Dossier de presse : Rétrospective Mary Jiménez – sept. 2012 14
Dérives
Créé en 1977 par Jean-Pierre et Luc Dardenne, Dérives est un atelier de production
subventionné par la Communauté française de Belgique.
Depuis notre création, nous avons développé dans le secteur documentaire un travail de
producteur/réalisateur axé essentiellement sur l'histoire du mouvement ouvrier et un travail
de producteur où nous privilégions les œuvres qui regardent le monde (proche et lointain)
dans les yeux avec attention et insistance.
La spécificité de notre atelier est certainement de ce côté-là :
- accompagner et défendre des réalisatrices et réalisateurs de notre Communauté qui
peuvent donner à penser le monde grâce à la force, l'originalité et la pertinence de leur
regard,
- privilégier un travail sur le long terme avec ces auteurs en leur restant fidèle tout au long de
leur parcours.
En 1997, notre atelier et le réalisateur Benoît Dervaux ont reçu, pour le film "Gigi, Monica...&
Bianca", l'European Documentary Award pour "l'excellence de leur travail, de leurs
préoccupations sociales et pour leur esprit de recherche".
Nous voulons voir dans cette récompense une forme de reconnaissance internationale de la
politique des ateliers de production mise en place par la Communauté française de Belgique
qui permet de développer un travail sans être pieds et mains liés aux critères dominants de
l'audimat et des parts de marché.
Dossier de presse : Rétrospective Mary Jiménez – sept. 2012 15
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