INFERTILITÉ MASCULINE
La différentiation sexuelle masculine se produit quand le
gène SRY (sex-determining region Y) est actif. La présence du
gène SRY situé sur le bras court du chromosome Y induit la
différentiation des cellules précurseurs en cellules de Sertoli
lesquelles vont exprimer l’hormone anti-müllérienne.
Cette hormone est aussi connue comme la substance inhibi-
trice qui cause la régression des structures mülleriennes – les
trompes de Fallope, l’utérus et la partie supérieure du vagin
– et induit la production de testostérone paour les cellules de
Leydig. Les cellules de Leydig se différentieraient suites aux
messages des cellules de Sertoli. La testostérone induit la
formation des structures sexuelles mâles internes, comme
l’épididyme, les vas deferens, les vésicules séminales et le
canal éjaculateur. La production de dihydrotestostérone
induit la formation du pénis, des testicules, de la prostate et
de l’urètre. La sécrétion de l’hormone insulin-like 3 par les
cellules de Leydig cause la descente des testicules.
Environ 10% des hommes infertiles ont un problème majeur
de production de spermatozoïdes. Plusieurs cas sont associés
à des anomalies chromosomiques et à des maladies génétiques.
En général, les hommes infertiles avec un spermogramme
normal ont moins souvent des anomalies chromosomiques et
des anomalies génétiques. Environ 7,4% des hommes normo-
spermiques qui ont eu une ICSI
(intracytoplasmic sperm
injection)
ont une anomalie chromosomique constitutionnelle.
Les résultats varient selon les études, mais il semble que de
13 à 34% des hommes azoospermiques et de 3 à 5% des
hommes oligospermiques ont une anomalie chromosomique
constitutionnelle.
Les anomalies des chromosomes sexuels représentent la
majorité des anomalies chromosomiques retrouvées chez les
hommes infertiles. Les hommes avec un syndrome de
Klinefelter
(47,XXY)
et les mosaïques Klinefelter
(47,XXY/46,XY)
sont les plus fréquents avec une fréquence d’une naissance
par 1000 naissances mâles. Ces hommes présentent une
azoospermie ou une oligospermie sévère associée à
un hypogonadisme hypergonadotrophique. Les hommes
avec un caryotype 47,XYY et mosaïques
47,XYY/46,XY surviennent à une fréquence
d’une naissance par 1000 naissances mâles
et ont un spermogramme normal et une
fertilité normale.
Les anomalies chromosomiques qui impliquent un autosome
(chromosomes 1-22)
peuvent aussi conduire à de l’infertilité
masculine. Environ 0,6 à 1,6%
(1,1%, 8,9/1000)
des
hommes infertiles ont une anomalie chromosomique qui
implique un autosome, un taux 6x plus élevé que dans la
population générale. Les translocations robertsonniennes
sont les plus fréquentes, elles sont 10x plus élevées dans la
population des hommes infertiles que dans la population
générale
(5,9/1000 versus 0,6/1000)
. On retrouve une
translocation réciproque chez 0,5% des hommes infertiles.
Tous les chromosomes peuvent être impliqués dans une
translocation réciproque, mais les plus fréquents sont
chromosomes 3-7,9,11,13-17 et 19-22. Plusieurs types d’anomalies
chromosomiques de structure peuvent être retrouvés, en plus
des translocations réciproques et robertsonniennes, nous
pouvons mentionner des inversions et des insertions.
Une microdélétion (cars pas visible au caryotype à haute
résolution) du chromosome Y sera retrouvée chez 6 à 15%
des hommes qui présentent une azoospermie non obstruc-
tive ou une oligospermie sévère
(< 5 x 106/mL)
.
Considérant qu’environ 1/4000 hommes présente une
microdélétion, c’est une des anomalies de structure parmi
les plus fréquentes. Les microdélétions surviennent de
novo. La microdélétion concerne le gène AZF
(azoosper-
mic factor)
. La région AZF est subdivisée en 3 régions :
AZFa, AZFb et AZFc, de plus, il y a la possibilité d’une
4ième région, AZFd , située entre AZFb et AZFc.
Les microdélétions se retrouvent surtout au niveau de la
région AZFc ou AZFc + AZFb
(75% des microdélétions)
.
Les microdélétions AZFa représentent moins de 5%
des cas. L’ICSI augmente le risque de microdélétion du
chromosome Y, donc on peut supposer qu’il peut y avoir
une mosaïque dans les testicules.
Au niveau de la région AZFa, il y a 3 gènes : auparavant
connus sous les noms de DFFRY, DBY et UTY, ils sont aussi
appelés USP9Y. Le gène RBMY est situé dans la région
AZFb. C’est une protéine impliquée dans la maturation du
pré-ARNm et son transport. Au niveau de la région AZFc,
il y a le gène DAZ
(deleted in azoospermia)
/ SPGY
(spermatogenesis gene on the Y)
, il y en a de 7 à 10 copies
sur le chromosome Y, c’est une protéine de liaison de l’ARN.
Il y a environ 12 autres gènes présents sur le
chromosome Y et ils sont exprimés uniquement
dans les testicules.
02
Gêne Locus Phénotype Mode de transmission
KAL Xp22.3 Syndrome de Kallmann, hypogonadisme hypogonadotrophique,
anosmie, affecte seulement les hommes Liée à L’X, récessif
AHC Xp21 Hypoplasie congénitale des surrénales et hypogonadisme
hypogonadotrophique Liée à L’X, récessif
Leptine 7q31.3 Obésité, hypogonadisme hypogonadotrophique et
retard pubertaire Autosomale récessive
Récepteur de
la Leptine
1p31 Obésité, hypogonadisme hypogonadotrophique et
leptine sérique élevée Autosomale récessive
Gêne Locus Phénotype Mode de transmission
GNRHR 4q21.2 Hypogonadisme hypothalamique Autosomale récessive
HESX1 3p21.1-21.2 Dysplasie septo-optique Autosomale récessive
LH- 19q13.3 Défécite en hormone lutéinique Autosomale récessive
FSH- 11p13 Défécite isolé en hormone stimulatrice des follicules Autosomale récessive
PROPI 5q Courte taille, hypothyroidie et hypogonadisme hypogonadotropique Autosomale récessive
EXEMPLE DE GÈNES MUTÉS QUI AFFECTENT LA FONCTION HYPOTHALAMIQUE CHEZ LA FEMME
EXEMPLE DE GÈNES MUTÉS QUI AFFECTENT LA FONCTION PITUITAIRE CHEZ LA FEMME
En résumé, l’analyse chromosomique ou le caryotype à haute
résolution fait partie de l’investigation initiale de la femme
infertile chez qui une cause non génétique n’a pas été identifiée
avant d’avoir recours aux techniques de procréation
assistées. Les autres test génétiques sont faits en fonction du
tableau clinique. Par exemple, pour une ménopause
précoce, un test sera ajouté pour rechercher une prémutation
du X-fragile.
EXEMPLE DE GÈNES MUTÉS QUI AFFECTENT LE DÉVELOPPEMENT UTÉRIN
Gêne Locus Phénotype Mode de transmission
AR Xq11-q12 Syndrome de résistance aux androgènes
(mâle, 46 XY, phénotype femelle)
Liée à L’X, récessif
HOXA13 7p14.2p15 Syndrome main-pied-utérus Autosomale dominante