Bulletin de la Clinique de fertilité OVO • Numéro 4 • Février 2007
Génétique de l’infertilité :
quels tests demander ?
Régen Drouin, MD, PhD, FACMG, FCCMG, CSPQ
Service de Génétique, Département de Pédiatrie
Faculté de Médecine et des Sciences de la Santé, Université de Sherbrooke
3001, 12ème Avenue Nord Sherbrooke, Qc, Canada, J1H 5N4
Un couple sur 7 souffrira d’infertilité ou aura une fertilité
diminuée. Dans 40% des cas, l’homme est responsable du
problème de fertilité, dans 40% c’est la femme et dans 20%
des cas, il y a une combinaison des deux. Dans ce cours arti-
cle de mise au point, nous traiterons des causes génétiques,
soit chromosomique ou génique, de l’infertilité et de
l’investigation en génétique.
INFERTILITÉ FÉMININE
Les cause de l’infertilité féminine incluent : (1) l’obstruction
des trompes de Fallope et / ou des adhérences; (2) les
anomalies anatomiques du tractus génital; (3) les troubles
d’ovulation, lesquels incluent les causes hypothalamiques,
pituitaires et ovariennes; et (4) l’endométriose. La majorité
des pathologies décrites précédemment ont une composante
génétique d’importance variable. Il est estimé qu’une anomalie
chromosomique
(de nombre ou de structure)
ou génique
est 10x plus fréquente chez le couple ayant recours aux
techniques de procréation que dans la population normale
(10% vs 1%)
. L’anomalie chromosomique de nombre la
plus fréquente est le syndrome de Turner. Le syndrome de
Turner
(45,X et mosaïques 45,X)
se retrouve chez une
naissance féminine par 2500 à 5000 naissances. La très
grande majorité
(environ 90%)
des femmes 45,X et des
femmes mosaïques 45,X avec soit des cellules 46,XY ou
46,XX ou 47, XXX ou 46,X + chromosome X avec anomalie
structurale présenteront une aménorrhée primaire et un
retard de développement pubertaire.
Il ne faut pas oublier que jusqu’à 25% des femmes 45, X et
des femmes mosaïques 45,X développeront des seins, alors
que 2 à 3% des femmes 45,X et 10 à 15% des mosaïques
45,X auront un développement pubertaire normal avec une
ménarche normale, mais elles sont très à risque de présenter
une aménorrhée secondaire ou une ménopause précoce.
Compte tenu que les femmes 45,X et les femmes mosaïques
45,X peuvent avoir une taille réduite, il est important d’étudier
les chromosomes des femmes avec une courte taille et un
problème de fertilité.
Comité de rédaction :
François Bissonnette, Bernard Couturier, Robert Hemmings,
Louise Lapensée, Renée Cardinal, Simon Phillips
Graphisme : www.mediaurbain.com
Impression : Communication MD
OVO PROPOS est une publication de la
Clinique de fertilité OVO.
8000, boul. Décarie, bureau 100, Montréal (Québec) H4P 2S4
Tél. : (514) 798-2000 - Télec. : (514) 798-2001
[email protected] - www.cliniqueovo.com
Éditorial
Plusieurs types d’anomalies de structure de chromosome X
peuvent être retrouvés chez des femmes qui présentent des
troubles d’ovulation, mentionnons les délétions partielles, les
isochromosomes (chromosome anormal avec deux copies
de longueur égale d’un bras chromosomique ou d’une partie
d’un bras chromosomique qui résulte de la division transversale
du centromère) et les translocations. Il y aura infertilité, aménorrhée
et insuffisance ovarienne selon l’importance de la délétion.
Une translocation du chromosome X avec un autosome se
retrouve chez une 1 naissance par 30 000 naissances
vivantes. Le chromosome X normal est généralement inactivé
dans les cas de translocation équilibrée. Dans les cas de
translocation non équilibrée, le chromosome X normal
demeure actif alors que le chromosome X transloqué est
inactivé pour compenser le déséquilibre. Tous les garçons
et la moitié des filles sont infertiles.
Le tableau clinique dépend des points de cassures, de l’in-
activation ou non du dérivé X. Les autosomes les plus sou-
vent impliqués sont les chromosomes 15, 21 et 22. Une
anomalie génique peut toucher la fonction reproductive à
différents niveaux.
01
Gêne Locus Phénotype Mode de transmission
FMR1 Xq27.3 Syndrome du X fragile, insuffisance
ovarienne Liée à L’X, dominant
SRY Yp11.3 Syndrome de Swyer, infantilismesexuel, vaginet utérusnormaux,
gonades bandes fibreuses avec risque de gonadoblastome et
risque + ou - élevé de tumeur germinal
Sporadique, lié au Y
FSHR 2p21-p26 Aménorrhée primaire, 50% développent des seins, les hommes
présentent une oligospermie Autosomale récessive
LHR 2p21 Femme : anovulation
Homme : mascunilisation insuffisante Autosomale récessive
CYP17 10q24.2 Déficit en 17-hydroxylase, retardpubertaire chez les femmes,
absence de développementdes seins, aménorrhée primaire et
gonadotrophines élevée
Autosomale récessive
CYP19 15q21.1 Déficience en aromatase, ne peutconvertir les androgènesen
oestrogènes, amiguïtésexuelle chez les femmes clitoromégalie et
absence de développement des seins et amorrhée
Autosomale récessive
AIRE 21q22.3 Polyendocrinopathie autoimmune, candidiase, dystrophiesectoder-
mique (APECED), maladie autoimmune multisystémique, insuffi-
sance surrénalienne, ovarienne et testiculaire peuvent survenir
Autosomale récessive
FTZF1
(SF1)
9q33 Facteur stéroidogénique 1, insuffisance surrénalienne, chez
l’homme «sexreversal», présentent un phénotype féminin rare Autosomale récessive
GALT 9p13 Galactose-1-phosphate uridyltransférase responsable de la glac-
tosémie, puberté normale, 50% avec aménorhée primaire et 50%
avec aménorhée secondaire, 67% des femmes présente une insuff-
isance ovarienne, la fonction testiculaire serait normale; les
hétérozygotes sont non affectés
Autosomale récessive
DES EXEMPLES DE GÈNES MUTÉS QUI AFFECTENT LA FONCTION OVARIENNE
Bulletin de la Clinique de fertilité OVO • Numéro 4 • Février 2007
Génétique de l’infertilité :
quels tests demander ?
Régen Drouin, MD, PhD, FACMG, FCCMG, CSPQ
Service de Génétique, Département de Pédiatrie
Faculté de Médecine et des Sciences de la Santé, Université de Sherbrooke
3001, 12ème Avenue Nord Sherbrooke, Qc, Canada, J1H 5N4
Un couple sur 7 souffrira d’infertilité ou aura une fertilité
diminuée. Dans 40% des cas, l’homme est responsable du
problème de fertilité, dans 40% c’est la femme et dans 20%
des cas, il y a une combinaison des deux. Dans ce cours arti-
cle de mise au point, nous traiterons des causes génétiques,
soit chromosomique ou génique, de l’infertilité et de
l’investigation en génétique.
INFERTILITÉ FÉMININE
Les cause de l’infertilité féminine incluent : (1) l’obstruction
des trompes de Fallope et / ou des adhérences; (2) les
anomalies anatomiques du tractus génital; (3) les troubles
d’ovulation, lesquels incluent les causes hypothalamiques,
pituitaires et ovariennes; et (4) l’endométriose. La majorité
des pathologies décrites précédemment ont une composante
génétique d’importance variable. Il est estimé qu’une anomalie
chromosomique
(de nombre ou de structure)
ou génique
est 10x plus fréquente chez le couple ayant recours aux
techniques de procréation que dans la population normale
(10% vs 1%)
. L’anomalie chromosomique de nombre la
plus fréquente est le syndrome de Turner. Le syndrome de
Turner
(45,X et mosaïques 45,X)
se retrouve chez une
naissance féminine par 2500 à 5000 naissances. La très
grande majorité
(environ 90%)
des femmes 45,X et des
femmes mosaïques 45,X avec soit des cellules 46,XY ou
46,XX ou 47, XXX ou 46,X + chromosome X avec anomalie
structurale présenteront une aménorrhée primaire et un
retard de développement pubertaire.
Il ne faut pas oublier que jusqu’à 25% des femmes 45, X et
des femmes mosaïques 45,X développeront des seins, alors
que 2 à 3% des femmes 45,X et 10 à 15% des mosaïques
45,X auront un développement pubertaire normal avec une
ménarche normale, mais elles sont très à risque de présenter
une aménorrhée secondaire ou une ménopause précoce.
Compte tenu que les femmes 45,X et les femmes mosaïques
45,X peuvent avoir une taille réduite, il est important d’étudier
les chromosomes des femmes avec une courte taille et un
problème de fertilité.
Comité de rédaction :
François Bissonnette, Bernard Couturier, Robert Hemmings,
Louise Lapensée, Renée Cardinal, Simon Phillips
Graphisme : www.mediaurbain.com
Impression : Communication MD
OVO PROPOS est une publication de la
Clinique de fertilité OVO.
8000, boul. Décarie, bureau 100, Montréal (Québec) H4P 2S4
Tél. : (514) 798-2000 - Télec. : (514) 798-2001
[email protected] - www.cliniqueovo.com
Éditorial
Plusieurs types d’anomalies de structure de chromosome X
peuvent être retrouvés chez des femmes qui présentent des
troubles d’ovulation, mentionnons les délétions partielles, les
isochromosomes (chromosome anormal avec deux copies
de longueur égale d’un bras chromosomique ou d’une partie
d’un bras chromosomique qui résulte de la division transversale
du centromère) et les translocations. Il y aura infertilité, aménorrhée
et insuffisance ovarienne selon l’importance de la délétion.
Une translocation du chromosome X avec un autosome se
retrouve chez une 1 naissance par 30 000 naissances
vivantes. Le chromosome X normal est généralement inactivé
dans les cas de translocation équilibrée. Dans les cas de
translocation non équilibrée, le chromosome X normal
demeure actif alors que le chromosome X transloqué est
inactivé pour compenser le déséquilibre. Tous les garçons
et la moitié des filles sont infertiles.
Le tableau clinique dépend des points de cassures, de l’in-
activation ou non du dérivé X. Les autosomes les plus sou-
vent impliqués sont les chromosomes 15, 21 et 22. Une
anomalie génique peut toucher la fonction reproductive à
différents niveaux.
01
Gêne Locus Phénotype Mode de transmission
FMR1 Xq27.3 Syndrome du X fragile, insuffisance
ovarienne Liée à L’X, dominant
SRY Yp11.3 Syndrome de Swyer, infantilismesexuel, vaginet utérusnormaux,
gonades bandes fibreuses avec risque de gonadoblastome et
risque + ou - élevé de tumeur germinal
Sporadique, lié au Y
FSHR 2p21-p26 Aménorrhée primaire, 50% développent des seins, les hommes
présentent une oligospermie Autosomale récessive
LHR 2p21 Femme : anovulation
Homme : mascunilisation insuffisante Autosomale récessive
CYP17 10q24.2 Déficit en 17-hydroxylase, retardpubertaire chez les femmes,
absence de développementdes seins, aménorrhée primaire et
gonadotrophines élevée
Autosomale récessive
CYP19 15q21.1 Déficience en aromatase, ne peutconvertir les androgènesen
oestrogènes, amiguïtésexuelle chez les femmes clitoromégalie et
absence de développement des seins et amorrhée
Autosomale récessive
AIRE 21q22.3 Polyendocrinopathie autoimmune, candidiase, dystrophiesectoder-
mique (APECED), maladie autoimmune multisystémique, insuffi-
sance surrénalienne, ovarienne et testiculaire peuvent survenir
Autosomale récessive
FTZF1
(SF1)
9q33 Facteur stéroidogénique 1, insuffisance surrénalienne, chez
l’homme «sexreversal», présentent un phénotype féminin rare Autosomale récessive
GALT 9p13 Galactose-1-phosphate uridyltransférase responsable de la glac-
tosémie, puberté normale, 50% avec aménorhée primaire et 50%
avec aménorhée secondaire, 67% des femmes présente une insuff-
isance ovarienne, la fonction testiculaire serait normale; les
hétérozygotes sont non affectés
Autosomale récessive
DES EXEMPLES DE GÈNES MUTÉS QUI AFFECTENT LA FONCTION OVARIENNE
INFERTILITÉ MASCULINE
La différentiation sexuelle masculine se produit quand le
gène SRY (sex-determining region Y) est actif. La présence du
gène SRY situé sur le bras court du chromosome Y induit la
différentiation des cellules précurseurs en cellules de Sertoli
lesquelles vont exprimer l’hormone anti-müllérienne.
Cette hormone est aussi connue comme la substance inhibi-
trice qui cause la régression des structures mülleriennes – les
trompes de Fallope, l’utérus et la partie supérieure du vagin
– et induit la production de testostérone paour les cellules de
Leydig. Les cellules de Leydig se différentieraient suites aux
messages des cellules de Sertoli. La testostérone induit la
formation des structures sexuelles mâles internes, comme
l’épididyme, les vas deferens, les vésicules séminales et le
canal éjaculateur. La production de dihydrotestostérone
induit la formation du pénis, des testicules, de la prostate et
de l’urètre. La sécrétion de l’hormone insulin-like 3 par les
cellules de Leydig cause la descente des testicules.
Environ 10% des hommes infertiles ont un problème majeur
de production de spermatozoïdes. Plusieurs cas sont associés
à des anomalies chromosomiques et à des maladies génétiques.
En général, les hommes infertiles avec un spermogramme
normal ont moins souvent des anomalies chromosomiques et
des anomalies génétiques. Environ 7,4% des hommes normo-
spermiques qui ont eu une ICSI
(intracytoplasmic sperm
injection)
ont une anomalie chromosomique constitutionnelle.
Les résultats varient selon les études, mais il semble que de
13 à 34% des hommes azoospermiques et de 3 à 5% des
hommes oligospermiques ont une anomalie chromosomique
constitutionnelle.
Les anomalies des chromosomes sexuels représentent la
majorité des anomalies chromosomiques retrouvées chez les
hommes infertiles. Les hommes avec un syndrome de
Klinefelter
(47,XXY)
et les mosaïques Klinefelter
(47,XXY/46,XY)
sont les plus fréquents avec une fréquence d’une naissance
par 1000 naissances mâles. Ces hommes présentent une
azoospermie ou une oligospermie sévère associée à
un hypogonadisme hypergonadotrophique. Les hommes
avec un caryotype 47,XYY et mosaïques
47,XYY/46,XY surviennent à une fréquence
d’une naissance par 1000 naissances mâles
et ont un spermogramme normal et une
fertilité normale.
Les anomalies chromosomiques qui impliquent un autosome
(chromosomes 1-22)
peuvent aussi conduire à de l’infertilité
masculine. Environ 0,6 à 1,6%
(1,1%, 8,9/1000)
des
hommes infertiles ont une anomalie chromosomique qui
implique un autosome, un taux 6x plus élevé que dans la
population générale. Les translocations robertsonniennes
sont les plus fréquentes, elles sont 10x plus élevées dans la
population des hommes infertiles que dans la population
générale
(5,9/1000 versus 0,6/1000)
. On retrouve une
translocation réciproque chez 0,5% des hommes infertiles.
Tous les chromosomes peuvent être impliqués dans une
translocation réciproque, mais les plus fréquents sont
chromosomes 3-7,9,11,13-17 et 19-22. Plusieurs types d’anomalies
chromosomiques de structure peuvent être retrouvés, en plus
des translocations réciproques et robertsonniennes, nous
pouvons mentionner des inversions et des insertions.
Une microdélétion (cars pas visible au caryotype à haute
résolution) du chromosome Y sera retrouvée chez 6 à 15%
des hommes qui présentent une azoospermie non obstruc-
tive ou une oligospermie sévère
(< 5 x 106/mL)
.
Considérant qu’environ 1/4000 hommes présente une
microdélétion, c’est une des anomalies de structure parmi
les plus fréquentes. Les microdélétions surviennent de
novo. La microdélétion concerne le gène AZF
(azoosper-
mic factor)
. La région AZF est subdivisée en 3 régions :
AZFa, AZFb et AZFc, de plus, il y a la possibilité d’une
4ième région, AZFd , située entre AZFb et AZFc.
Les microdélétions se retrouvent surtout au niveau de la
région AZFc ou AZFc + AZFb
(75% des microdélétions)
.
Les microdélétions AZFa représentent moins de 5%
des cas. L’ICSI augmente le risque de microdélétion du
chromosome Y, donc on peut supposer qu’il peut y avoir
une mosaïque dans les testicules.
Au niveau de la région AZFa, il y a 3 gènes : auparavant
connus sous les noms de DFFRY, DBY et UTY, ils sont aussi
appelés USP9Y. Le gène RBMY est situé dans la région
AZFb. C’est une protéine impliquée dans la maturation du
pré-ARNm et son transport. Au niveau de la région AZFc,
il y a le gène DAZ
(deleted in azoospermia)
/ SPGY
(spermatogenesis gene on the Y)
, il y en a de 7 à 10 copies
sur le chromosome Y, c’est une protéine de liaison de l’ARN.
Il y a environ 12 autres gènes présents sur le
chromosome Y et ils sont exprimés uniquement
dans les testicules.
02
Gêne Locus Phénotype Mode de transmission
KAL Xp22.3 Syndrome de Kallmann, hypogonadisme hypogonadotrophique,
anosmie, affecte seulement les hommes Liée à L’X, récessif
AHC Xp21 Hypoplasie congénitale des surrénales et hypogonadisme
hypogonadotrophique Liée à L’X, récessif
Leptine 7q31.3 Obésité, hypogonadisme hypogonadotrophique et
retard pubertaire Autosomale récessive
Récepteur de
la Leptine
1p31 Obésité, hypogonadisme hypogonadotrophique et
leptine sérique élevée Autosomale récessive
Gêne Locus Phénotype Mode de transmission
GNRHR 4q21.2 Hypogonadisme hypothalamique Autosomale récessive
HESX1 3p21.1-21.2 Dysplasie septo-optique Autosomale récessive
LH- 19q13.3 Défécite en hormone lutéinique Autosomale récessive
FSH- 11p13 Défécite isolé en hormone stimulatrice des follicules Autosomale récessive
PROPI 5q Courte taille, hypothyroidie et hypogonadisme hypogonadotropique Autosomale récessive
EXEMPLE DE GÈNES MUTÉS QUI AFFECTENT LA FONCTION HYPOTHALAMIQUE CHEZ LA FEMME
EXEMPLE DE GÈNES MUTÉS QUI AFFECTENT LA FONCTION PITUITAIRE CHEZ LA FEMME
En résumé, l’analyse chromosomique ou le caryotype à haute
résolution fait partie de l’investigation initiale de la femme
infertile chez qui une cause non génétique n’a pas été identifiée
avant d’avoir recours aux techniques de procréation
assistées. Les autres test génétiques sont faits en fonction du
tableau clinique. Par exemple, pour une ménopause
précoce, un test sera ajouté pour rechercher une prémutation
du X-fragile.
EXEMPLE DE GÈNES MUTÉS QUI AFFECTENT LE DÉVELOPPEMENT UTÉRIN
Gêne Locus Phénotype Mode de transmission
AR Xq11-q12 Syndrome de résistance aux androgènes
(mâle, 46 XY, phénotype femelle)
Liée à L’X, récessif
HOXA13 7p14.2p15 Syndrome main-pied-utérus Autosomale dominante
INFERTILITÉ MASCULINE
La différentiation sexuelle masculine se produit quand le
gène SRY (sex-determining region Y) est actif. La présence du
gène SRY situé sur le bras court du chromosome Y induit la
différentiation des cellules précurseurs en cellules de Sertoli
lesquelles vont exprimer l’hormone anti-müllérienne.
Cette hormone est aussi connue comme la substance inhibi-
trice qui cause la régression des structures mülleriennes – les
trompes de Fallope, l’utérus et la partie supérieure du vagin
– et induit la production de testostérone paour les cellules de
Leydig. Les cellules de Leydig se différentieraient suites aux
messages des cellules de Sertoli. La testostérone induit la
formation des structures sexuelles mâles internes, comme
l’épididyme, les vas deferens, les vésicules séminales et le
canal éjaculateur. La production de dihydrotestostérone
induit la formation du pénis, des testicules, de la prostate et
de l’urètre. La sécrétion de l’hormone insulin-like 3 par les
cellules de Leydig cause la descente des testicules.
Environ 10% des hommes infertiles ont un problème majeur
de production de spermatozoïdes. Plusieurs cas sont associés
à des anomalies chromosomiques et à des maladies génétiques.
En général, les hommes infertiles avec un spermogramme
normal ont moins souvent des anomalies chromosomiques et
des anomalies génétiques. Environ 7,4% des hommes normo-
spermiques qui ont eu une ICSI
(intracytoplasmic sperm
injection)
ont une anomalie chromosomique constitutionnelle.
Les résultats varient selon les études, mais il semble que de
13 à 34% des hommes azoospermiques et de 3 à 5% des
hommes oligospermiques ont une anomalie chromosomique
constitutionnelle.
Les anomalies des chromosomes sexuels représentent la
majorité des anomalies chromosomiques retrouvées chez les
hommes infertiles. Les hommes avec un syndrome de
Klinefelter
(47,XXY)
et les mosaïques Klinefelter
(47,XXY/46,XY)
sont les plus fréquents avec une fréquence d’une naissance
par 1000 naissances mâles. Ces hommes présentent une
azoospermie ou une oligospermie sévère associée à
un hypogonadisme hypergonadotrophique. Les hommes
avec un caryotype 47,XYY et mosaïques
47,XYY/46,XY surviennent à une fréquence
d’une naissance par 1000 naissances mâles
et ont un spermogramme normal et une
fertilité normale.
Les anomalies chromosomiques qui impliquent un autosome
(chromosomes 1-22)
peuvent aussi conduire à de l’infertilité
masculine. Environ 0,6 à 1,6%
(1,1%, 8,9/1000)
des
hommes infertiles ont une anomalie chromosomique qui
implique un autosome, un taux 6x plus élevé que dans la
population générale. Les translocations robertsonniennes
sont les plus fréquentes, elles sont 10x plus élevées dans la
population des hommes infertiles que dans la population
générale
(5,9/1000 versus 0,6/1000)
. On retrouve une
translocation réciproque chez 0,5% des hommes infertiles.
Tous les chromosomes peuvent être impliqués dans une
translocation réciproque, mais les plus fréquents sont
chromosomes 3-7,9,11,13-17 et 19-22. Plusieurs types d’anomalies
chromosomiques de structure peuvent être retrouvés, en plus
des translocations réciproques et robertsonniennes, nous
pouvons mentionner des inversions et des insertions.
Une microdélétion (cars pas visible au caryotype à haute
résolution) du chromosome Y sera retrouvée chez 6 à 15%
des hommes qui présentent une azoospermie non obstruc-
tive ou une oligospermie sévère
(< 5 x 106/mL)
.
Considérant qu’environ 1/4000 hommes présente une
microdélétion, c’est une des anomalies de structure parmi
les plus fréquentes. Les microdélétions surviennent de
novo. La microdélétion concerne le gène AZF
(azoosper-
mic factor)
. La région AZF est subdivisée en 3 régions :
AZFa, AZFb et AZFc, de plus, il y a la possibilité d’une
4ième région, AZFd , située entre AZFb et AZFc.
Les microdélétions se retrouvent surtout au niveau de la
région AZFc ou AZFc + AZFb
(75% des microdélétions)
.
Les microdélétions AZFa représentent moins de 5%
des cas. L’ICSI augmente le risque de microdélétion du
chromosome Y, donc on peut supposer qu’il peut y avoir
une mosaïque dans les testicules.
Au niveau de la région AZFa, il y a 3 gènes : auparavant
connus sous les noms de DFFRY, DBY et UTY, ils sont aussi
appelés USP9Y. Le gène RBMY est situé dans la région
AZFb. C’est une protéine impliquée dans la maturation du
pré-ARNm et son transport. Au niveau de la région AZFc,
il y a le gène DAZ
(deleted in azoospermia)
/ SPGY
(spermatogenesis gene on the Y)
, il y en a de 7 à 10 copies
sur le chromosome Y, c’est une protéine de liaison de l’ARN.
Il y a environ 12 autres gènes présents sur le
chromosome Y et ils sont exprimés uniquement
dans les testicules.
02
Gêne Locus Phénotype Mode de transmission
KAL Xp22.3 Syndrome de Kallmann, hypogonadisme hypogonadotrophique,
anosmie, affecte seulement les hommes Liée à L’X, récessif
AHC Xp21 Hypoplasie congénitale des surrénales et hypogonadisme
hypogonadotrophique Liée à L’X, récessif
Leptine 7q31.3 Obésité, hypogonadisme hypogonadotrophique et
retard pubertaire Autosomale récessive
Récepteur de
la Leptine
1p31 Obésité, hypogonadisme hypogonadotrophique et
leptine sérique élevée Autosomale récessive
Gêne Locus Phénotype Mode de transmission
GNRHR 4q21.2 Hypogonadisme hypothalamique Autosomale récessive
HESX1 3p21.1-21.2 Dysplasie septo-optique Autosomale récessive
LH- 19q13.3 Défécite en hormone lutéinique Autosomale récessive
FSH- 11p13 Défécite isolé en hormone stimulatrice des follicules Autosomale récessive
PROPI 5q Courte taille, hypothyroidie et hypogonadisme hypogonadotropique Autosomale récessive
EXEMPLE DE GÈNES MUTÉS QUI AFFECTENT LA FONCTION HYPOTHALAMIQUE CHEZ LA FEMME
EXEMPLE DE GÈNES MUTÉS QUI AFFECTENT LA FONCTION PITUITAIRE CHEZ LA FEMME
En résumé, l’analyse chromosomique ou le caryotype à haute
résolution fait partie de l’investigation initiale de la femme
infertile chez qui une cause non génétique n’a pas été identifiée
avant d’avoir recours aux techniques de procréation
assistées. Les autres test génétiques sont faits en fonction du
tableau clinique. Par exemple, pour une ménopause
précoce, un test sera ajouté pour rechercher une prémutation
du X-fragile.
EXEMPLE DE GÈNES MUTÉS QUI AFFECTENT LE DÉVELOPPEMENT UTÉRIN
Gêne Locus Phénotype Mode de transmission
AR Xq11-q12 Syndrome de résistance aux androgènes
(mâle, 46 XY, phénotype femelle)
Liée à L’X, récessif
HOXA13 7p14.2p15 Syndrome main-pied-utérus Autosomale dominante
- Gersen SL’ Keagle MB,
The principles of clinical
cytogenetics.
Second Edition, 2005,
Humana Press Inc., Totowa,
New Jersey, USA
- Simpson JL, Elias S.
Genetics in obstetrics and
gynecology.
Third Edition, 2003,
Saunders, Philadelphia,
Pennsylvania, USA
BIBLIOGRAPHIE
Des mutations associées à la fibrose kystique se retrouvent
dans 85% des cas où il y a une absence bilatérale
(certaines
unilatérales)
congénitale des vas deferens
(CBAVD)
et chez
15% des hommes ayant une azoospermie obstructive. La plupart
des cas sont des hétérozygotes composés, ils présentent une
forme légère de la fibrose kystique. Presque tous les cas
homozygotes sont infertiles, généralement suite à une
CBAVD. Dans certains cas, il y a une seule mutation du gène
CFTR
(cystic fibrosis transmembrane regulation)
, une
mutation associée à un tableau sévère. Les mutations les plus
fréquentes sont les mutations deltaF508 et R117H, ainsi que
la variante 5T
(cinq thymidines)
dans l’intron 8.
En résumé, l’analyse chromosomique ou le caryotype à haute
résolution fait partie de l’investigation initiale de l’homme
infertile avec un spermogramme anormal. Une recherche de
microdélétion du chromosome Y devrait être faite lorsque les
chromosomes sont normaux chez un homme azoospermique
ou oligospermique. Les autres tests génétiques sont faits en
fonction du tableau clinique. Par exemple, dans le cas d’une
CBAVD, des mutations associées à la fibrose kystique
devraient être recherchées.
En conclusion, il faut demander des tests génétiques quand
les indications suivantes sont présentes : (1) Une anomalie
sévère du spermogramme, (2) un problème de fertilité ou
une infertilité réduite avant d’utiliser des techniques de
procréation assistées, (3) une insuffisance ovarienne
prématurée, (4) une courte taille chez une femme qui
présente une insuffisance ovarienne, (5) une histoire familiale
de maladie génétique et (6) des signes cliniques compatibles
avec une maladie génétique.
03
LES RÉGIONS DU GENE AZF ET LEUR PHÉNOTYPE
HABITUEL EN CAS DE MICRODÉLÉTION
Région du gêne Phénotype
AZFa Absence de cellules germinales, aka
stertoli cell-only syndrome (SCOS)
AZFb Arrêt de maturation au stade de
spermatocyte
AZFc Varie de SCOS à une
oligospermie sévère
AZFd Oligospermie légère ou nombre normal
avec une morphologie anormale
OVO BIOSCIENCE
Ovo bioscience, est heureux de vous annoncer que les
analyses chromosomiques et les analyses de génétique
moléculaire sont maintenant disponibles à la clinique.
LesCes analyses chromosomiques sont effectuées par
cytogénétique conventionnel (caryotype) ou par analyse
rapide avec immunofluorescence (F.I.S.H.) et ce tant au
niveau sanguin du liquide amniotique (amniocentèse) que
du chorion (biopsie chorionique).
Le délai de réponse sera de 24 à 48 heures pour une
technique FISH, 10 à 15 jours pour une amniocentèse,
7 à 10 jours pour une biopsie chorionique et 7 à 21 jours
pour un caryotype sanguin. Voici quelques exemples de
délai pour les tests de génétique moléculaire, une
recherche de microdélétion du chromosome Y sera de
7 jours, une analyse complète du gène pour la fibrose
kystique et une recherche de mutation associée à la dystrophie
myotonique de Steinert demandent 14 à 30 jours.
Les tarifs sont annexés (Nous pouvons peut-
être introduire les tarifs, nous avons
de l’espace.
Également, nous profitons de l’occasion pour introduire
OVOLUTION, test de dépistage prénatal progressif
contingenté.
Condition Mode de
transmission Incidence Mode de transmission
Fibrose kystique Autosomale récessive 1/2500 Problèmes pulmonaires et gastro-intestinaux
Absence bilatérale
(certaines
unilatérales)
Congénitales
des vas deferens (CBVAD)
Autosomale récessive 1 à 2% des
hommes
infertiles
Azoospermie, souvent associée à des problèmes des voies
respiratoires supérieures, forme légère de fibrose kystique
Syndrome de Noonan 2 gènes ou plus
autosomale dominante
1/5 000 Courte taille, multiples anomalies congénitales, cryptorchi-
die, azoospermie, oligospermie
Dystrophie myotonique Autosomale dominante 1/8 000 Myotonie, calvitie, cataractes, oligoasthénospermie, prob-
lèmes de conduction cardiaque
Syndrome de Kallmann Lié à l’X récessif (homme),
autosomale récessive et
dominante
1/10 000 Retard pubertaire, anosmie et azoospermie
Syndrome de Prader-Willi Microdélétion (70%) UPD
maternelle (29%), anom-
alie de l’empreinte (1%)
1/10 000 Hypotonie néonatale, appétit excessif qui conduit à une
obésité morbide, faciès typique, hypogonadisme et retard
de développement
EXEMPLE DE CONDITIONS GÉNÉTIQUES OÙ L’INFERTILITÉ MASCULINE EST UNE MANIFESTATION
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